Il y a quelques semaines, je décrivais ici ce que j’allais mettre dans mon sac, pour trois semaines au Mali (photographiquement parlant, hein, je ne vais pas vous faire le détail de mes chaussettes !). Bien que la photo ne soit pas le but premier de mes voyages (je pars avant tout pour découvrir un lieu, une culture, des gens), j’ai toujours le secret espoir de ramener de bonnes images. Comme tout le monde, non ?
On ne peut pas dire que j’aie beaucoup de recul pour analyser mes photos, puisque ça fait à peine un mois que nous sommes revenus. Mais je peux au moins vous faire part des problèmes que j’ai rencontrés, et vous indiquer si oui ou non j’avais fait de bons choix en préparant mon sac, puisque c’était justement l’objet de mon premier article.
Je dois vous avouer que tout m’a semblé très compliqué, un vrai exercice ! La première raison, c’est la lumière qui est globalement très dure, ce qui n’aide ni pour les portraits (surtout sur des peaux si foncées) ni pour les paysages. Je suis toujours friante des golden hours, mais on ne peut pas toujours être au bon moment partout (faut bien s’occuper dans la journée) et il est frustrant de savoir qu’on va se retrouver avec une image dont toutes les ombres sont noires et le reste blanc.
Pour les portraits, c’est encore pire, puisque si nous ne sommes pas dans l’ombre, on va souvent se retrouver avec la moitié du visage, voire le visage entier, complètement bouché.
C’est, à mon avis, assez spécifique à la saison : pas le moindre nuage en vue, un ciel très clair et dégagé. Enfin, ça, c’était pour la première moitié ; ensuite, nous avons eu droit à un brouillard voilant les paysages sur tout le reste du séjour !
Du coup, sur le moment, je pensais ne pratiquement pas avoir de bonnes images (à part celles que j’ai postées ici en direct : Ma, Sokanda et l’arche) et j’étais plutôt déçue. Je pense que c’est en partie à cause de ça que je n’ai pas osé prendre autant de portraits que j’aurais voulu. J’avais quelques idées de séries, mais je me suis retrouvée incapable de demander aux gens, persuadée que ça serait inexploitable. Et si le voile ne m’a pas gâché le séjour, heureusement, je m’en veux quand même beaucoup de ne pas être allée au bout de mes idées de portraits. C’est un trait de caractère qu’il me faudra changer, avec les années : oser plus !
Finalement, en regardant les images sur un écran d’ordinateur et en retravaillant un peu les RAW, je suis plutôt agréablement surprise du résultat. Ce n’est pas la catastrophe que j’imaginais, ouf ! Je voyais déjà le carnet ne contenant que des croquis ! Comme quoi, il ne faut jamais supprimer ses images sur le moment...
Passons maintenant au matériel.
J’avais pris mon boitier (550d), un sigma 10 – 20, un tamron 17 – 50 2.8, un canon 50 1.8, un canon 70 – 200, une batterie de rechange, des cartes mémoires, un gorilla pod, un flash cobra et ma petite pogo.
Tout a servi ! J’avais une grosse interrogation quant au téléobjectif, le plus encombrant de mes cailloux, même s’il n’est pas lourd. J’espérais voir des hippopotames mais nous n’en avons croisé aucun. Par contre, entre les lézards et, surtout, les oiseaux, il a bien servi ! Je fais rarement de la photo animalière, mais ça m’a donné envie d’en faire plus ! Je crois qu’on ira faire un tour en Tanzanie !
Avoir le 50mm en plus du Tamron 17 – 50 ne fut pas une hérésie : il a servi dès que la lumière baissait et que j’étais en situation pour prévoir des portraits. Et il reste un bon objectif pour ça !
En tout, j’ai pris 1343 photos (en comptant déchets, panoramiques, aides mémoires...), ce qui correspond à ma moyenne sur des voyages de trois semaines (entre 50 et 60 photos par jour). La moitié ont été prises au sigma 10 – 20, mon chouchou en paysage, et le tiers au tamron 17 – 50 2.8. Le canon 50 1.8 a servi pour une centaine d’images, ce qui est peu, mais dans le lot, y’en a pas mal que j’aime bien et que je n’aurais pas pu prendre autrement.
La pogo a quant à elle beaucoup servi, mais c’était prévisible. Elle a fait des heureux partout, adultes comme enfants. J’ai même dû « rationner », parce que certains auraient bien voulu y repasser plusieurs fois. Chose amusante, pour la première fois, des gens ont voulu, à plusieurs reprises, me rendre le tirage, ne comprenant pas que c’était un cadeau pour eux. Ainsi, le petit Mohamed est venu me redonner le tirage après avoir paradé dans toute la maison avec, mais il ne s’est pas fait prier pour le garder !
La seule chose dont j’aurais pu me passer, c’est le flash, mais c’est ma faute. Il a été très utile un soir, où nous avons fait des portraits de la famille alors qu’il n’y avait plus de soleil (et juste une petite ampoule) mais n’est pratiquement pas sorti du sac autrement, alors qu’il aurait pu permettre de jouer le fill-in sur les visages. Pourquoi ? Hé bien simplement parce je n’ai pas osé...
Tirer le portrait à un Africain
Je n’ai pas l’habitude de photographier des peaux foncées. Qu’est-ce que ça change ? Hé bien ça rend l’exposition plus subtile : il faut des détails dans le visage, sans que le fond soit cramé. (C’est là que le flash aurait été utile...)
Pire, l’autofocus peut se retrouver à patiner en faible luminosité, ne trouvant pas sur quoi « accrocher ».
Du coup, selon les situations, j’ai utilisé deux techniques : la mesure « spot » pour garantir une bonne exposition du visage, et la surexposition globale de l’image pour avoir de la matière dans les valeurs sombres. Je ne sais pas si une solution est meilleure que l’autre, il me faudrait plus d’expérience sur le continent africain, mais ça m’a pas mal servi.
Je n’ai pas filmé.
J’ai hésité. J’ai bien fait quelques plans que j’ai utilisés dans un petit teaser. Mais rien de plus. Je vous avais déjà fait part de mes hésitations sur le fait d’être capable de concilier photo et vidéo, et sur le fait que toutes les destinations ne se prêtent pas à la vidéo. Hé bien je n’ai pas trouvé d’inspiration pour filmer le Mali, je n’avais pas d’idée. J’ai préféré me concentrer sur la photo, au lieu de me disperser. En sachant que les problèmes de lumière dure auraient été pires en vidéo.
Ce n’est d’ailleurs pas forcément une mauvaise chose, car j’avais un peu sous-estimé les problèmes d’électricité. On en a eu un peu partout, même s’il n’y avait qu’une prise et que notre téléphone malien avait la priorité (avec sa batterie chinoise toute pourrie). Mais pas une prise dans le Pays Dogon ! Quant à Siby, il y avait de l’électricité uniquement entre 17h et minuit, et la seule prise se trouvait dans la cour. Sachant que lorsque je filme, j’utilise une batterie par jour, et que je n’en avais qu’une de rechange...
Conclusion
Le poids ou l’encombrement n’ont pas été problématique (et mon Belge n’a jamais porté mon sac !), même en randonnée chez les Dogons. Du coup, si je devais repartir, je ne changerais pas grand chose dans mon matériel photo.
Je travaille depuis quelques jours au carnet, l’occasion de repasser toutes les photos en revue, et j’avoue que je suis quand même contente, finalement. Je vous laisse avec la couverture, non définitive !
22 commentaires
Loin d’être une catastrophe, quand on lit tes articles, on ne voit que de magnifiques images... félicitations, et merci pour ces nombreux « tuyaux »...
(par contre tu as mis une image en double « prise au 50 mm)
Sur les peaux foncées le réflecteur fait des merveilles mais c’est un objet encombrant même replié.
Comment tu prépares tes voyages au niveau de la photo ? on sait que tu réfléchis à ton sac mais sur le coté technique point de vue etc tu imagines des trucs ? tu te documentes et listes les éléments à ne pas rater ? ou tu laisses faire l’instinct.
Curieuse Voyageuse : merci, je m’étais plantée dans mes liens, je viens de corriger ça ! Sur le moment, avec les photos brutes sur l’écran lcd de l’appareil, c’était vraiment décevant.. Mais je suis contente, ouf !
Pyrros : on peut éventuellement utiliser des feuilles blanches, mais bon, pas simple sur le moment. Le flash me paraissait plus gérable, et on s’était entrainé avec mon belge pour qu’il sache comment le tenir, où le régler...
Honnêtement, j’évite de trop préparer : je ne veux pas avoir les photos des autres en tête. Pour autant, on a forcément un imaginaire. Je voyais déjà les tons chauds très présents, les couleurs vives. C’est intéressant de se documenter lorsqu’on cherche un truc précis (genre le coucher de soleil sur un batiment), pour être au bon endroit au bon moment, mais je préfère me laisser porter par l’ambiance de la ville. J’ai peut-être loupé des trucs intéressants, mais y’a quand même pas mal de choses qu’on devine sur place, où qu’on soit. Tu prépares vachement les tiens, toi ?
Pourtant les histoires de chaussettes, ça m’interesse ! 🙂
Avec tous ces objectifs, n’est-ce pas contraignant de les changer ? Avec la poussière ou le sable partout ?
Hahha Sacré momo !
Au final, tu t’es servie de ton télé :D ! Si c’était à refaire, penses-tu que tu reprendrais le flash ? J’essaye de me visualiser cela sur un long terme.
Autrement pour photographier des peaux noires, cette annecdote ma bien fait rire. J’ai eut le même soucis récemment en boite ou je devais prendre un ami noir et un ami blanc (ca sonne bizarre d’écrire cela ...). C’était « tricky » car je risquait de soit sous-exposer une peau en sur-exposer une autre.
Autrement, Je me disais pour tes portraits, tu n’avais pas la possibilité de prendre les photos en intérieur ? C’est toujours les meilleurs endroits avec la meilleur lumière quand celle de dehors est trop forte.
Estelle : alors j’en prends généralement trois de rechange (j’ai essayé d’en avoir moins, mais il faut avoir l’occasion de faire des lessives fréquentes) et je les lave le plus souvent possible 🙂
Je sais que certains n’aiment pas changer d’objectif, mais pour moi c’est la base même du reflex : un objectif pour chaque chose. Là dessus, le sac joue un grand rôle : il doit être pratique pour changer l’optique rapidement, sans risquer de la faire tomber, et sans devoir rien poser au sol.
Adil : yep, le télé fut bien pratique pour les oiseaux ! J’aurais limite pu avoir besoin d’un extender, d’ailleurs !
Ah oui, si en plus tu as une peau claire à côté, c’est chaud. Tu t’en es sorti comment ?
Sinon, la plupart des portraits « réussis » ont été pris à l’ombre. L’intérieur reste compliqué car il s’agit souvent directement de la chambre, et l’éclairage y est minimaliste.
Et la question qui tue : est-ce des chaussettes anti-ampoules ?
Concernant le sac à dos, c’est toujours le flipside 400 que tu trimballes ?
Finalement, il pese combien ton sac a dos ? Merci. Tres belles photos BTW
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=279458418782872&set=a.279457915449589.70232.168487143213334&type=3&theater Je trouve je m’en suis bien sorti faut juste bien calibrer le flash.
En tout cas tu me confortes, le 70 – 200 F/4L est mon prochain achat dans mon parc d’objectifs. Après je change mon 50mm f/1.8 par la version 1.4 et il me manquera plus que le 5d mark II.
Merci pour ce super retour d’experience. Très bien à partager et de faire le point 🙂
J’ai eu le soucis de la lumière très dur en Asie aussi, qui doit peut être l’être encore plus au Mali. C’est assez frustrant en effet...
Tu n’as pas essayer les filtres UV sinon ?
Oreille : bien sur que j’ai un minimum de préparation, ne serait ce que pour faire mon sac 😉
La photos c’est capturer l’instant décisif. Pour ne pas toujours le rater il faut être en mesure de capter certains de ces moments et les connaitre pour les anticiper.
Mais bien sur je me laisse aussi porter par ce qui m’entoure.
Il y a donc les photos préparées/imaginées qui servent de socle ou de point de départ à un reportage et les autres qui donne une plus value, un autre regard.
Les photos préparées sont celles que je qualifie d’inratables au pire ce sont celles qui restent après une séance de photos, une forme de service minimum...
Effectivement, à voir tes photos, tu t’es sortie de ce « mauvais pas » avec panache !
Estelle : des chaussettes normales, en coton 🙂 Et sinon, oui, toujours le flipside ! A part quelques taches, il est toujours en parfait état !
Rémi & Kate : 5kg ! Ce qui peut sembler beaucoup, mais avec l’appareil en bandoulière et le poids bien réparti, ça passe tout seul. J’ai même généralement des bouteilles d’eau en plus, dans les filets...
Adil : pour le 50 1.4, je lis beaucoup de bien de la version sigma, mais je ne l’ai pas testée. J’utilise le canon de temps à autres, et je trouve toujours l’af un peu naze... (ce que j’excuse au 1.8, mais pas au 1.4 !)
Et sinon, oui, le 70 – 200, même le moins cher des quatre, est terrible. Un détail : je ne me suis rendue compte qu’après achat que tous les L n’ont pas de joints d’étanchéité, et que c’est le cas du 4 non IS. A vérifier, mais ça peut valoir le coup de prendre la version au dessus, du coup.
Thomas : je pense que c’est assez comparable aux saisons sèches en Asie, effectivement ! j’étais au Laos en janvier dernier, et à midi, les photos étaient inexploitables. C’est peut-être pire au Mali, surtout en portrait, mais on retient la même chose : les moussons et autres saisons des pluies sont plus photogéniques 😀
LadyMilonguera : merci 🙂
Ha bin c’est malin, maintenant j’ai envie d’un sac à photo, depuis que j’ai fais le tour de miss numérique...
Une question me trotte dans la tête : le boitier ne s’abime pas, à force de changer d’objectifs ?
Eh bien si tu les trouves « juste bien », nous on n’a rien vu ! Elles sont superbes ! Je me rends compte que faire de la photo de manière sérieuse, c’est toute une organisation à planifier bien à l’avance selon la destination, une espèce de science, non ? ;D
Par contre, je pense que tu adorerai les photos animalières... J’en ai fait quelques une en Afrique du Sud et rien qu’avec mon bête bridge, je me suis régalée ! Par contre, il faut être assez vif... ;D
Estelle : certains parleront de poussières etc. mais franchement, si on le fait correctement... Il faut aller vite mais ne pas être brusque, éviter de la faire en pleine tempête de sable, et nettoyer de temps de temps.. Mais c’est conçu pour des objectifs interchangeables !
(un bon sac photo, c’est top pour le dos !)
Mélissa : sous-entendrais-tu que je ne suis pas vive ?!? 😀 Rah, ça me tente vraiment.. On a rencontré un mec qui nous a raconté son safari en tanzanie, et ça faisait rêver... Rester des heures à attendre le bon moment pour tel ou tel animal, et soudain l’excitation quand on ne le voit enfin ! ça doit être top ! (je veux voir des girafes, et des éléphants !)
Pour le problème de prise électrique, j’ai vu un photographe qui a un adaptateur pour se brancher directement sur le culot des ampoules. Mais je n’en ai jamais trouvé en boutique. cela doit se trouver sur internet mais le problème est de trouver le nom pour la recherche. J’ai essayé plusieurs nom logiques mais choux blanc.
Tu peux voir le tête que cela a sur le lien suivant :
http://karlgrobl.com/blog/advice/travel/electricity/
J’en ai trouvé un mais je vais pas payer du port pour un adaptateur de 2 euros :
http://www.oogalights.com/Leviton-1403-Single-Light-Socket-2-Outlet-Adapter-Black.aspx
Le nom français de « la bête » est une douille voleuse à vis. Mais rien sous Google.
Le 100mm ne t’as pas manqué ? T’avais les Cactus pour déporter le flash ?
Patrice : ah c’est pas mal comme système, je ne connaissais pas du tout ! J’imagine que ça doit se trouver en farfouillant dans un magasin de bricolage. Au Mali, ça n’aurait pas été gérable : choisir entre la lumière et la batterie, et devoir demander un escabeau pour accéder à la douille. Mais dans certains hôtels, on galère à trouver des prises alors qu’il y a pleins de lampes branchées derrières des meubles imbougeables sur lesquelles on pourrait piquer l’électricité...
Rgs_ : Le 100mm aurait pu être sympa pour les lézards, mais ça ne valait pas le coup de le prendre pour aussi peu de photos, je pense. Et sinon, pour les quelques photos au flash, j’ai déporté avec le câble. Mais un jour, il faudra que j’ose me frotter au srtobist en voyage (c’est quand même pour ça que je n’ai pas pris un gros kit type elinchrom, et au final je ne sors pas du studio !)
Merci pour ce site décidement très bien fait, abordant de manière concrète et illustrée les points techniques.
Pour l’electricité, tout simplement un bloc multi-prise 😉
pour les ampoules, du talc dans les chaussettes peut faire l’affaire.