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Mali épisode 7 : Siby et le pays Mandingue

par Madame Oreille

Siby com­mence par une décep­tion. Pour com­prendre, il faut dire que nous y arri­vons après avoir pas­sé une nuit à Bama­ko mais sur­tout, des séjours géniaux chez Ami­na­ta à Ségou et chez Sidi­bé à Mar­ka­la.
Nous arri­vons donc avec l’es­poir d’une nou­velle famille accueillante, où nous nous sen­ti­rons bien, avant de retour­ner sur Bama­ko pour attra­per notre avion de retour.

Le contact local de la Case à Voyage s’ap­pelle Daou­da. Nous l’ap­pe­lons la veille pour le pré­ve­nir, comme à chaque fois, et nous devons nous retrou­ver devant la mai­rie à notre arri­vée par le pre­mier bus. Sauf qu’il n’y a per­sonne et que son télé­phone est éteint. Heu­reu­se­ment, Siby est petite et tout le monde se connaît !
Il nous amène dans une auberge. Il s’a­git de petites cases indi­vi­duelles. C’est mignon, mais on réa­lise qu’il n’y aura pas de famille cette fois-ci : il est pro­prié­taire du lieu, et c’est là qu’il accueille. On décline sa pro­po­si­tion de petit-déjeu­ner et il nous lance alors un « bon, ben on y va, alors ». On obtem­père, sans vrai­ment savoir de quoi il s’a­git, pen­sant qu’on va ren­con­trer quel­qu’un, ou faire le tour de la ville. Daou­da marche devant nous, rapi­de­ment rejoint par un ami à lui. On reste silen­cieux, der­rière. Aga­cée par la fumée de leurs ciga­rettes res­pec­tives, je pro­fite d’un moment où ils s’ar­rêtent pour deman­der notre des­ti­na­tion. Il me répond alors, comme une évi­dence, « bah on va à l’Arche ».
A cet ins­tant, il n’y a plus de retour en arrière pos­sible : c’est un escroc qui pro­fite de l’as­so­cia­tion, rien de plus, et il n’au­ra pas un sous de nous, autres que ceux des­ti­nés à payer nos nui­tées. Le bon­homme s’ap­prê­tait en fait à jouer les guides à la jour­née, en nous ame­nant voir une des curio­si­tés locales, sans nous deman­der notre avis sur quoi que ce soit. A la fin de la jour­née, il nous aurait annon­cé qu’il fal­lait les payer, lui et son copain, et cer­tai­ne­ment une somme assez éle­vée. Est-ce qu’on veut voir l’Arche ? Est-ce qu’on pré­fère com­men­cer par autre chose ? Ou tout sim­ple­ment, est-ce qu’on a de l’eau dans nos sacs ?

Bref, on le plante là, et mal­gré les sol­li­ci­ta­tions futures, il ne nous ser­vi­ra pas de guide, ne serait-ce que par prin­cipe. J’en pro­fite pour vous décon­seiller au pas­sage son auberge, qui sert de chambre de passes cer­tains soirs, dont les mous­ti­quaires sont rafis­to­lées avec du scotch et où on se fait un peu chier. Il nous a tel­le­ment bien accueilli que lorsque j’ai vou­lu payer, je n’ai même pas su où trou­ver sa mai­son, et j’ai dû deman­der à des gens dans la rue ! Et là, pas un bon­soir, pas un mer­ci, rien. Bref, il y a plein d’au­berges plus sym­pas, évi­tez Daou­da Diawara.

Et tant qu’à par­ler du néga­tif, la ville entière a un peu ten­dance à vous prendre pour un pigeon : l’of­fice de tou­risme ne vous aide pas pour ne pas rui­ner les guides, on vous demande de payer si vous cher­chez votre che­min, et il y a un taxe pour blancs si vous essayez de vous pro­me­ner. Pas éton­nant, l’un dans l’autre, que cette ville ne soit pas sur la route de la majo­ri­té des agences et autres voyageurs.

Main­te­nant, pas­sons au posi­tif : on n’a pas payé la taxe, et on a réus­si à tout faire sans guide, même si on a lou­pé une ou deux grottes !

Reve­nons à notre deuxième jour. Après avoir vai­ne­ment cher­ché une grotte la veille, nous déci­dons d’al­ler à la fameuse Arche de Kama­j­dan, mais seuls. Une fois n’est pas cou­tume, nos guides nous sont inutiles : Siby n’est pas dans le Lone­ly Pla­net (...) ; quant au Via­tao, ses cartes sont risibles. On marche donc plus ou moins au hasard, mais le che­min est bien bali­sé : un pan­neau à la sor­tie de la ville, puis des che­mins sympas.

Deux heures plus tard, nos sommes en haut, et on exulte un peu de l’a­voir fait sans guide, je dois le dire ! D’en haut, on domine la plaine et c’est assez impres­sion­nant, sur­tout avec le vent. On est seuls, on reste long­temps à savou­rer avant de redes­cendre, dou­ce­ment, pour déjeu­ner à « L’Au­berge de l’Arche », petit truc à l’é­cart qui nous intriguait.


C’est tenu par un retrai­té fran­çais venu vivre ici, au calme. On y est super bien reçus, le cadre est agréable avec vue sur l’Arche, le repas très bon. On dis­cute un peu de nos res­sen­tis sur le Mali, sur Siby, et on ter­mine sur un accord : reve­nir le len­de­main pour prendre le petit-déjeu­ner et louer la moto du beau-frère.

En fait de moto, il s’a­git d’un scoo­ter chi­nois, le même que 90% des maliens (et thaï­lan­dais, et lao­tiens, ...) à 100cc. Nous vou­lons aller à Djend­je­ni, la cas­cade, un petit îlot de para­dis où l’on peut se rafraî­chir. Dit comme ça, ça a l’air chouette, mais on va devoir le méri­ter : deux heures de cailloux, la pédale du frein qui se brise dès le début, et aucun pan­neau, sauf un, à la fin, qui indique... autre chose : le vil­lage d’à côté qui cherche ain­si à pro­fi­ter des tou­ristes en leur ven­dant des bijoux. Ce qui est idiot, d’ailleurs, parce qu’un simple stand de nour­ri­ture aurait eu beau­coup plus de suc­cès mais il n’y a rien à man­ger là-bas.

Dès le départ, on galère à trou­ver le che­min. On demande pour­tant à tous les gens qu’on croise... Ain­si, alors que le che­min n’a déjà plus rien de pra­ti­cable pour notre pauvre scoo­ter, on arrive devant une mare. On s’ar­rête, le temps de voir la pro­fon­deur et de se deman­der si c’est ça, la cas­cade, puis on se décide à tra­ver­ser, ce qui est déjà bien com­pli­qué avec les rochers glis­sants. Dix minutes plus loin, on se dit qu’on a dû se plan­ter, que ça n’est pas pos­sible, trop chao­tique, et on décide de rebrous­ser che­min. Juste après avoir retra­ver­sé la mare, on ren­contre deux chas­seurs à vélo. Ils rigolent et nous disent qu’on était dans la bonne direc­tion... On tra­ver­se­ra donc cette fichue mare six fois dans la journée !

On finit par arri­ver enfin à la fameuse cas­cade. Une grande pis­cine natu­relle et un petit filet d’eau, c’est réel­le­ment super agréable ! On y reste quelques heures, à se repo­ser, à explo­rer les envi­rons, et aus­si à nager, même si l’eau est gla­cée de prime abord !

Et vers 15h, on se décide à repar­tir : il nous faut trou­ver un gara­giste sur le che­min pour répa­rer la moto avant de la rendre. On fait donc le che­min du retour sans encombre : c’est tou­jours éton­ne­ment facile dans ce sens-là... Le Belge galère un peu sans pédale de frein, mais je me laisse por­ter à l’arrière !
Arri­vés au pre­mier et unique vil­lage avant Siby, nous nous arrê­tons. Au Mali, pas la peine de cher­cher une grande enseigne, les bou­tiques ne sont pas si recon­nais­sables ; en fait, il n’y a pas de grandes bou­tiques. On se contente de deman­der en mon­trant la pédale cas­sée. Un gamin en chaus­sures à talons (?) accom­pagne alors Marc jus­qu’à quel­qu’un qui sau­rait nous dépan­ner. Et je reste à attendre, au centre du vil­lage, rapi­de­ment cer­née par les enfants du coin...


Il ne doit pas y avoir grand monde pour s’ar­rê­ter, alors je joue les attrac­tions, entre pho­tos des uns et démons­tra­tions de trous. C’est une chose éton­nante d’ailleurs, de les voir mimer la dou­leur lorsque je fais bou­ger les barres de métal qui trans­percent ma lèvre et l’une de mes oreilles, alors même que les pier­cings sont très répan­dus ici (ils vont par­fois dans les villes où les pros uti­lisent des pistolets).
Le Belge revient : il a trou­vé le gara­giste. Les enfnts nous suivent, ne sem­blant pas se las­ser de nous dévi­sa­ger, conti­nuant de rigo­ler en se voyant dans mon écran LCD...

Mais voi­là, impos­sible de faire ren­trer la nou­velle pédale de frein, le modèle ne s’a­dapte pas. Mal­gré les coups de mar­teau. On paie quand même, le gara­giste comme le gamin, même s’ils ne demandent rien, et aus­si parce qu’il a bou­sillé une pédale pour rien. On fonce vers Siby, ten­ter notre chance chez un deuxième gara­giste. Il galère, démonte tout, remonte, cours ache­ter la pièce, essaie, recom­mence, met de l’huile, et finit par tout faire remar­cher ! Ouf ! Nous racon­te­rons tout ça en ren­dant la moto, mais au moins, on la ramène dans le même état qu’au départ (voire mieux, vu l’é­tat de l’an­cienne pédale chan­gée pour du neuf) !

Jour­née épui­sante mais comme sou­vent, ce sont ces ratages qui font les bons souvenirs !

Dans le pro­chain et der­nier épi­sode, on rentre à Bama­ko pour le petit bilan.

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9 commentaires

tunimaal @ Un Gaijin au Japon 2 mars 2012 - 13:24

Et bien dis donc vous en avez vécu des aven­tures pal­pi­tantes. Sur le coup ça doit être vrai­ment très frus­trant et épui­sant, mais comme tu le dis si bien à la fin les ratages te feront cer­tai­ne­ment sou­rire plus tard.
En tout cas j’aime vrai­ment beau­coup tes pho­tos, c’est tou­jours aus­si bien fait et les émo­tions res­sorte très bien. Et j’aime beau­coup les des­sins des enfants. C’est toi qui les à réa­li­sés ? Pen­dant ou après le voyage ?

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cecilevision 2 mars 2012 - 13:56

vriment superbe les cro­quis, les enfants tu les as bien cro­qués :)j’a­dore le deuxième (avec le jaune). Au fait maquillage enfan­tin, maquillage tout court ou symbole ?

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Pyrros 2 mars 2012 - 14:01

quelle aven­ture ..
les des­sins apportent un gros plus et se marient bien avec les photos 

Les pay­sages sont magni­fiques et sont bien ren­du sur les photos

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Oreille 2 mars 2012 - 14:25

Tuni­maal : quand je repense à nos voyages pré­cé­dents, ce sont les his­toires qui par­taient mal qui ont fait nos meilleures anec­dotes 🙂 Quant aux cro­quis, je ne poste rien ici dont je ne sois pas l’au­teur (par­fois une ou deux pho­to de Mon­sieur Oreille, mais dans ce cas c’est pré­ci­sé.) et en l’oc­cur­rence ceux-ci ont été fait au retour, c’est plus simple de des­si­ner au calme ! 

Ceci­le­vi­sion : hon­nê­te­ment, je ne sais pas du tout, mais je pen­che­rai pour le jeu. L’une des gamines avait les sour­cils déco­lo­rés, d’autres de la pein­ture jaune.. J’ai cher­ché, mais sans résul­tat convainquant. :/

Pyr­ros : hé bien merci 🙂

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tewoz 2 mars 2012 - 14:31

Chouette aven­ture encore une fois !
Merci 😉

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Oreille 2 mars 2012 - 17:31

Mer­ci Tewoz 🙂 (hé, j’ai ache­té de l’a­qua­relle hier, his­toire d’es­sayer de mettre un peu plus de cou­leur ! Mais je scanne tout avant... !)

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Donlope 3 mars 2012 - 11:51

Les cou­leurs sur tes pho­tos sont sublimes ! ça me fait un peu pen­ser au genre de pay­sages qu’on peut voir en Australie.
En tout cas, que d’a­ven­tures ! mais vous vous en êtes glo­ba­le­ment bien sor­tis 😉 et le coup de la pédale de frein, ça c’est une réelle expé­rience africaine 🙂

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Lucie 3 mars 2012 - 16:54

Que d’a­ven­tures ! Elles sont vrai­ment superbes tes pho­tos, elles donnent envie d’al­ler y faire un tour. Pas de Pogo ce coup-ci ?

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Oreille 5 mars 2012 - 11:47

Don­lope : je crois qu’on peut trou­ver pas mal de paral­lèles avec l’Aus­tra­lie, oui ! Enfin, dans mon ima­gi­naire, on retrouve aus­si ces grandes éten­dues, cette terre rouge...
(et le belge était très fier de racon­ter à tout le monde qu’il avait réus­si à conduire sans la pédale 😀 )

Lucie : oula, je n’au­rais pas oser sor­tir la Pogo ici ! Les gamins se bous­cu­laient déjà pour être devant l’ob­jec­tif, alors ça aurait été l’é­meute si j’a­vais don­né des tirages ! C’est un truc que j’ai rete­nu : je limite la pogo aux moments où il n’y a pas de foule, sinon c’est ingérable :/

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