Je dois vous avouer un truc. Depuis que je suis rentrée du Canada, je fais une fixation sur les ours. Bon, j’ai toujours aimé aller observer les animaux, surtout les gros, qu’il s’agisse de baleines ou d’éléphants. A chaque fois c’est la même chose ; il faut attendre, espérer, plisser les yeux, être aux aguets, et enfin, mitrailler d’excitation. Et avec les ours, ça n’a pas manqué !
Au Canada, on peut observer trois espèces d’ours : les ours noirs, les grizzlis (en fait, techniquement, le grizzli est une sous-espèce de l’ours brun) et bien sûr les ours polaires, tout au nord. On pourrait aussi mentionner l’ours kodiak, autre sous-espèce de l’ours brun et véritable monstre de muscle et de poils, présent dans l’Alaska voisine mais l’Alaska, c’est les États-Unis... Pour les différencier, c’est plus une histoire de morphologie que de couleur. Ainsi, en Colombie Britannique, on trouve des ours noirs blancs... quant au grizzli, ses poils varient du blond au noir ! En fait, ils n’ont pas du tout la même tête et le grizzli a surtout une espèce de « bosse » reconnaissable entre les omoplates.
J’ai eu la chance de voir des ours noirs au Nouveau-Brunswick, puis deux grizzlis et un ours noir au Yukon (on les voit dans les vidéos : Nouveau-Brunswick – Yukon). Ils ont un charisme fou, le genre qui te fait les fixer pendant des heures alors qu’il ne se passe rien. Ils t’ignorent, vaquent à leurs occupations, et toi, tu fais la même photo depuis dix minutes, avec un ours dans la même position et des cadrages vaguement différents, mais c’est pas grave, c’est un ours et t’es juste super contente d’assister à ça !
Croiser un grizzli sur le bord de la route au Yukon, épisode 1
Au Yukon, les bords de route sont entretenus et dégagés sur quelques mètres. C’est une histoire de sécurité, pour avoir une visibilité maximale (avoir le temps de freiner si un animal sort de la forêt en courant) mais c’est aussi génial pour les touristes. Avec mes camarades du Collectif, nous sommes en route vers le Parc National de Kluane. On scrute donc les fenêtres, espérant tous secrètement apercevoir quelque chose (un orignal ou un caribou, par exemple) quand soudain Adeline pile (enfin, ralentit et se range sur le bas côté, parce qu’on n’est pas des dangers publics, non plus). Là, à quelque mètres de nous, un jeune grizzli creuse un trou. On ne sait pas trop ce qu’il cherche, mais il y met du cœur !
Nous l’observons, sagement (enfin, surexcités, mais sans faire de bruit, quoi !), depuis la voiture, quand deux motards nous dépassent pour aller se planter devant le grizzli. C’est incroyablement idiot, bien sûr, et complètement inconscient mais ils ont eu de la chance, l’ours a préféré fuir. Il a donc gardé dans sa gueule le pauvre petit spermophile qui venait de déterrer, et a couru jusqu’à la lisière de la forêt.
Croiser un grizzli sur le bord de la route au Yukon, épisode 2
Le lendemain, après une nuit à Kluane, nous reprenons la route en sens inverse. Et voilà que presque au même endroit que la veille, nous voyons un attroupement de voitures, arrêtées devant un grizzli occupé à manger des fleurs. Il n’a que faire de nous et traverse comme si de rien n’était, se promène sur le bas côté...
Je suis persuadée qu’il s’agit du même que la veille, même si impossible d’en être sure... Il a en tout cas la même couleur dorée, et semble avoir dans les mêmes ages.
Croiser un ours noir sur le bord de la route au Yukon
Après les grizzlis, il fallait bien que nous croisions un ours noir, le plus commun des ours du Canada. C’est arrivé le dernier jour, en fin de journée, alors que nous rentrions à Whitehorse. Un jeune ours noir se trouvait là, dans le bas côté, à manger des pissenlits (en s’en mettant partout). Tout jeune, il semblait un peu perdu mais pas farouche. Ce qui ne nous a pas plus donné envie de sortir de la voiture, bien sûr, mais rajoutait du charme à la situation, un petit côté grosse peluche pataude !
Observer les ours noirs au Nouveau Brunswick
Des ours noirs, nous en avions déjà vus beaucoup au Nouveau Brunswick. Nous nous étions en effet rendus au Little big bear safari. Il s’agit d’un observatoire qui permet de découvrir les ours en toute sécurité. Un minibus dépose le groupe juste devant la porte, tout le monde file à l’intérieur, et c’est parti pour deux heures à être gaga devant les oursons.
Les ours qu’on y aperçoit sont sauvages et vivent en liberté dans la forêt qui entoure l’observatoire, mais beaucoup viennent tous les soirs pour voir Richard, l’homme derrière la cabane. En fait, il y a quelques années, celui-ci s’est retrouvé à s’occuper d’une petite ours femelle orpheline. Ils se sont mutuellement adoptés et elle a continué à venir voir son humain tous les jours, même en ayant des petits, quelques années plus tard... Les petits ont à leur tour pris l’habitude de venir, puis les petits des petits, et la nouvelle s’est répandue dans la forêt tant et si bien qu’aujourd’hui, de nombreux ours viennent, à heure fixe, rendre visite à Richard, qui ne manque pas de leur donner quelques friandises.
Parlons sécurité : observer des ours mais rentrer en vie !
Terminons par un petit paragraphe sur l’aspect sécurité, quand même. Parce que oui, ça ressemble à une grosse peluche, oui ça se nourrit à 80% de végétaux (les ours noirs et les grizzlis, en tout cas), mais ça reste un animal sauvage et dangereux. Un ours, ça a une ouïe et un odorat sur-développé, ça court à 60km/h, ça nage et ça grimpe aux arbres. En bref, si ça décide de vous charger, bah... Ainsi, au Yukon, quasiment tout le monde a un chien, à commencer par les joggeurs, et ce n’est pas pour rien. Mais en tant que voyageurs, nous n’allons pas acheter un canidé pour quelques semaines de vacances ! Alors on trouve tout ce qu’il faut dans les centres d’informations des parcs nationaux : un petit livret très bien fait (et gratuit), rappelle les attitudes à adopter, et des bombes au poivre sont disponibles.
Dans tous les cas, le bon sens prévaut, même sans partir sur les grosses randonnées qui demandent alors une véritable organisation (avec des boîtes hermétiques pour la nourriture ou tout ce qui peut dégager une odeur...).
Ainsi, lorsqu’on voit un ours, on reste dans la voiture, même s’il a l’air tranquille : leur comportement reste imprévisible. On n’essaie pas d’interagir avec lui, et encore moins de le nourrir. Et on garde surtout en tête l’idée que même s’ils ne sont pas « si gros » (une femelle ours noir fait le même poids qu’un humain), ils sont quand même capables de courir beaucoup plus vite que nous, et d’avoir une certaine puissance dans le coup de patte...


















27 commentaires
Je suis jaloux ...
C’est effectivement le même grizzlis que vous avez eu la chance d’observer 😉 (l’implantation des poils du flan est un indicateur relativement fiable)
Reste à réaliser des photos similaires dans les Pyrénées où la cohabitation et autrement plus compliquée
La densité en ours des Pyrénées est assez faible, en plus, ça n’aide pas à l’observation !
C’est cro mignonnnnnnn !!! je veux aussi voir des ours en liberté !!!
J’avais visité un parc aux ours en Suède (Dalécarlie), c’était sympa car on les voyait de près, mais ils étaient quand même en captivité (même si extérieur, sur le colline), là c’est juste énorme...
Sinon, il y avait des Kodiak, ils étaient juste énormes, un regard hypnotisant..mais enfermés, les pauvres.
Je ne connaissais pas les kodiaks, ce sont de sacrées peluches en effet ! Un seul regret : le nombre de chasseurs qui posent devant la dépouille de ces énormes ours et qui publient leurs photos sur Internet. C’est écœurant !!!… 🙁
Laponico : tu serais près à faire un voyage au Yukon en été au lieu d’en hiver pour les voir ? 😉
Ils sont majestueux, les kodiaks !
J’ai voulu montrer à quoi ça ressemblait à quelqu’un, récemment... et google images est effectivement plein de photos de chasseurs, toutes plus immondes les unes que les autres. Tu tapes gentiment le nom d’un animal, et tu te retrouves face à des photos de cadavres 🙁
Bonjour,
Ton reportage est très intéressant, c’est une belle opportunité d’avoir pu les observer et encore plus d’avoir pu prendre de superbes photos d’eux ! Merci pour toutes les explications que tu donnes !
Merci à toi !
J’imagine que l’on peut oublier le camping dans ces conditions n’est-ce pas ?
En fait, y’a plein de gens qui font du trek et du camping mais c’est juste que t’as des précautions à prendre : en gros, éviter des trucs qui sentent fort, et tout entreposer loin de la tente, dans des boîtes hermétiques. Parfois y’aura des terrains avec des poubelles prévues pour les ours, sinon, il faut garder ses ordures avec soit. Selon les situations, tu suspendras carrément tes affaires entre les arbres, hors de portée des ours. Et globalement, faut pas poser sa tente n’importe où : genre regarder s’il y a des signes de passage récent d’un ours (ils se font les griffes sur les arbres, etc.), et s’éloigner de ce qui peut les attirer, comme les endroits où boire et manger.
Et puis après, bombe au poivre obligatoire !
C’est vraiment magnifique!!
J’ai fait un trek l’été dernier, on a été dans plusieurs parcs au Canada et USA. Le camping c’est gérable mais il ne faut pas prendre les avertissements à la légère et bien ranger la nourriture etc.
Ils nous ont dit aussi qu’il ne fallait jamais regarder un ours droit dans les yeux, ni s’enfuir en lui tournant le dos... youhouu !
On a pu observer des ours bruns (donc grizzly?), c’était à Yellowstone et Grand Teton... mais aussi entendre des loups la nuit 😀 alors dans ce cas mieux vaut rester sous la tente haha
Tes photos sont vraiment très très belles... C’est toujours un plaisir de faire un passage sur ton blog 🙂
super article comme toujours 🙂 les Kodiak j’adore j’en ai vu (en captivité) ds un parc près d’Ocala en Floride...de magnifiques bêtes ! j’éspère aller un prochain été à Vancouver et les Rocheuses canadiennes...mais je ne crois pas que je réaliserais d’aussi belles photos 🙂
Je suis allé au Québec, et on a vu un panneau attention ours le dernier jour de notre voyage de 15 jours...
C’est magnique ... les ours sont un de mes animaux préférés ... j’adorerai pouvoir les apercevoir comme ça
J’ai déjà été au Québec et vu des ours dans la nature, mais c’était dans une zoo/réserve, donc pas vraiment pareil =/
Ca me rappelle un séjour dans les parcs des rocheuses canadiennes il y a pas mal d’années déjà. Ils distribuaient à tout le monde des leaflets d’information et il y avait régulièrement des panneaux qui prévenaient de la présence des ours.
Il y avait pas mal de blagues là dessus comme par exemple :
Comment distinguer un grizzli d’un ours noir ?
Facile : il suffit de l’exciter un peu, puis de monter dans un arbre.
L’ours noir grimpera derrière vous pour vous chiquer dans l’arbre alors que le grizzli le secouera pour vous faire tomber.
Et l’écrivain voyageur Bill Bryson a des tas de mots savoureux sur les ours dans son livre « A walk in the woods » :
https://www.goodreads.com/work/quotes/613469-a-walk-in-the-woods
Et ce passage d’une visite présumée d’un ours dans son campement, de nuit :
https://www.bookbrowse.com/excerpts/index.cfm/book_number/132/a‑walk-in-the-woods
Pas mal la devinette !
On oublie souvent que ça court vite, nage et grimpe...
Merci pour toutes ces infos... moi même je n’en ai jamais vu en vrai.
Merci pour cet article ! Les ours sont des animaux qui m’intriguent beaucoup, je rêverais de les approcher ! J’ai été plusieurs fois au Canada et j’ai eu l’occasion d’en voir quelques-uns mais seulement de loin. J’ai passé du temps dans les cottages au Québec et je me souviens qu’il fallait faire très attention à la nourriture ! Et lorsqu’on se promenait seul en forêt, on avait toujours un sifflet sur nous pour pouvoir alerter du monde en cas de besoin !
Rolala ! Déjà le Canada, j’en suis amoureuse mais en plus pour avoir la chance de croiser ces gros nounours, le rêve ! Je suis tombée sur un reportage la semaine dernière, sur les ours en Roumanie, ils sont très nombreux aussi même dans les villes...
Bonjour,
Les photographies sont magnifiques et surtout impressionnantes. Je suis allé au Canada notamment au Québec, j’ai également vu des panneaux sur certaines routes concernant les ours mais je n’ai pas eu l’occasion d’en voir.
Wouah ces photos sont magnifiques ! Quelle chance de voir ainsi dans leur élément naturel de telles bêtes. Ces ours sont superbes. Mais c’est vrai qu’il vaut mieux être avisé avant, car ne vivant pas avec de telles espèces sauvages, je pense que les erreurs sont très très vite faites. Et là elles peuvent coûter chères ! A très vite.
Voilà qui donne envie d’aller au Yukon. Belles prises 🙂
Jolies photos ! (Mais quel crétin sur sa moto...)
Très belles photos... pour des ours la Laponie scandinave est un endroit en Europe ou tu prix trouver de beaux spécimens. Destination assez insolite et très riche en sensations.
magnifique photo
Bonjour, je dois me rendre au CANADA du 26 septembre au 10 octobre en particulier dans la région du Saguenay : est-ce que c’est pas trop tard pour voir des ours noirs ? Ne seront-ils pas déjà en hibernation ? Merci pour ta réponse. Je suis comme toi, j’adore les animaux.
Bonjour superbes photos ! Avec quels objectifs avez-vous photographié la faune sauvage au Canada ? La dernière série sur les ours est vraiment top 😉
Bonjour,
Il s’agissait du 70 – 200 🙂
J’ai récemment écrit un article sur la photo de safari : https://www.madame-oreille.com/quel-objectif-safari-conseils-photo/
Cela devrait vous intéresser ! Même si le Canada n’est pas en Afrique Australe, on retrouve quelques points communs dans l’approche photographique entre les ours et les animaux d’Afrique !