Il y a quelques semaines, j’ai emmené quatre lecteurs (tirés au sort après un message sur ma page Facebook) revivre un peu ce que j’avais vécu au Canada : une rencontre avec des chiens de traîneau.
Au Yukon, le chien de traîneau, c’est un peu une institution. C’est le chien de Jack London, avec ses gros poils, ses yeux perçants, et son hyper-activité. Oui, parce que, quelles que soient les espèces, alaskans, huskies, ou malamutes, tous ont un gros besoin de se dépenser, dans le genre « si tu me détaches, je vais courir partout comme un fou en faisant des aller-retours dans tous les sens ». Alors pour qu’ils se défoulent et s’entraînent quand il n’y a pas de neige, hé bien il y a des courses avec des Objets Roulants Non-Identifiés, entre vélos, tricycles, et bricolages maison.
C’est donc comme ça qu’on se retrouve, avec Gaël, Thomas, Coralie et Manon, dans la forêt de Sainte Apolline, en banlieue parisienne, pour assister à une course de chiens de traîneau. Cet atelier était l’occasion de partager quelques conseils, le tout devant la caméra de Léa Pétel :
Nous avons vraiment bénéficié de beaucoup de chance pour cet atelier. D’une part, il a fait beau, juste ce qu’il faut de soleil. D’autre part, c’est tombé le meilleur week-end possible : les couleurs de l’automne avec encore quelques feuilles aux arbres. Nous avons commencé par tirer le portrait des chiens qui attendaient pour courir, avant d’aller sur la ligne d’arrivée.
Du coup, plutôt que de vous résumer tout cela, je vais reprendre trois gros conseils pour la photo d’animaux !
Pour réussir ses photos d’animaux, il faut ANTICIPER
Anticiper, ça veut dire prévoir le comportement de l’animal, prévoir le cadrage que vous désirez, prévoir vos réglages. Parfois, on n’aura que quelques courtes secondes pour déclencher, et pas le temps de tripoter sa molette ni de chipoter ses menus. Il faudra mitrailler, vite, et on n’aura pas de seconde chance. Alors, autant que possible, il faut anticiper ce que l’on peut, être prêt.
Ainsi, au Canada, on voit beaucoup d’animaux en bord de route (j’ai croisé plusieurs ours, mais aucun orignal, ni caribou, malheureusement), et il faudra donc garder son matériel à portée de main, téléobjectif vissé, regard aiguisé. C’est pour cette raison qu’au Kenya, pendant mes safaris, j’avais toujours deux boitiers : un avec le téléobjectif et un avec le grand angle, pour jongler entre les cadrages sans louper l’animal qui déboule devant la voiture !
Mieux, en situation d’observation, lorsqu’on est dans la nature, à l’affût d’un animal, on anticipera au point de devoir connaître un minimum les habitudes des animaux. Savoir que telle espèce est plus facilement visible le long des points d’eau en fin de journée, par exemple. Les habitants seront parfois capables de nous renseigner et nous conseiller (je crois avoir harcelé tous ceux que j’ai rencontré à La Réunion en leur demandant s’ils avaient vu des endormis dans les jours précédents, en vain car ce n’était pas la bonne saison...).
Quels réglages ?
Et voilà la question cruciale, celle dont dépendra la netteté et la réussite de la photo. Oubliez le tout manuel, les changements lumineux peuvent être plus rapides qu’on le croit et vous faire rater votre image : il faut être réactif. Et oubliez aussi le tout automatique, parce que bon, franchement, faut vraiment que je vous explique pourquoi ?
Ici, il faudra jongler entre les deux modes semi-automatiques qui permettent de se concentrer véritablement sur le cadrage : on définit un paramètre, et l’appareil calcule le reste (voir cet article pour de plus amples explications sur les modes).
Quand utiliser la Priorité à l’Ouverture ?
Ces chiens sont des animaux domestiques, je ne vous apprends rien. Lors de l’atelier, on a pu s’approcher, tourner autour, prendre le temps. C’est donc le moment idéal pour utiliser la Priorité Ouverture. Pourquoi ? Hé bien parce que c’est le mode qui permet de choisir son ouverture, et donc de jouer avec la profondeur de champs. En d’autres termes, c’est là qu’on va pouvoir faire de beaux flous d’arrière plan en utilisant une grande ouverture.
Cependant, il faudra faire attention à ce que l’arrière plan soit esthétique, même s’il est flou, mais aussi à ne pas choisir des ouvertures trop grandes, au risque d’avoir une zone de netteté vraiment trop réduite. Par exemple, sur la photo ci-dessous, j’ouvre à 2.5, et on voit bien que le bout du museau n’est pas tout à fait net. A 1.4, il aurait été totalement flou !
Quand utiliser la Priorité à la Vitesse ?
Si, quand on choisit le mode Priorité Ouverture, on peut décider de la valeur de l’Ouverture, hé bien quand on choisit le mode Priorité Vitesse, on choisit la vitesse et l’appareil calcule l’ouverture nécessaire. C’est plutôt logique, non ?
C’est probablement le mode qu’on utilisera le plus souvent avec les animaux, en tout cas avec les animaux sauvages : c’est le mode de la sécurité, celui qui garantira des photos nettes. La bonne vitesse est donc celle qui va figer l’animal (même si on peut aussi, bien sûr, décider d’utiliser une vitesse plus lente pour justement valoriser un mouvement).
Si je prend l’exemple de ce petit ourson canadien (lui, c’était au Nouveau-Brunswick), je suis avec mon 70 – 200 (impossible de me souvenir si j’avais mon extender à ce moment-là). Au moment où je déclenche pour cette image, il est plutôt immobile. Mais d’un moment à l’autre il va remonter à toute vitesse, descendre, courir, ou un autre ours va débarquer... Bref. Qui dit ours qui bougent, dit vitesse élevée, et en l’occurrence je suis à 1/1000. Cette vitesse sera fonction des conditions lumineuses également : il va de soit que si la nuit est presque tombée et qu’on est au max niveau ISO, il faudra peut-être choisir de descendre la vitesse.
Composer ses photos animalières comme si on tirait le portrait à un humain
Ce n’est pas parce que c’est un animal que les règles changent ! Globalement, on essayera donc de faire la netteté sur l’œil de l’animal, et de laisser de l’espace devant le regard, en le positionnant sur la ligne des tiers. Et il n’est pas utile de systématiquement zoomer le plus possible sur l’animal, aussi tentant que ce soit.
En effet, montrer l’environnement de l’animal, le contexte, est tout aussi important. On ne raconte pas la même histoire si on ne voit que la tête de l’aigle (celui-là, c’était au Yukon).
Quel matériel pour la photo animalière ?
Terminons par l’épineuse question du matériel. Épineuse, parce que compliquée, tant il y a des situations. Pour les animaux domestiques comme nos chiens de traineau pendant l’atelier, le 50mm était parfait : nous pouvions nous déplacer, nous approcher, et le but était de tirer de beaux portraits où la grande ouverture des focale fixe est souvent appréciable.
Pour les animaux sauvages, globalement, on pourrait se dire qu’on va tout faire au 70 – 200, le téléobjectif classique. Oui mais voilà, celui-ci est bien trop court pour de nombreux animaux, surtout les petits. On pourrait alors envisager d’utiliser un objectif avec une focale plus longue, mais les coûts de ceux-ci sont souvent rédhibitoires pour qui ne pratique pas régulièrement la photo animalière.
Du coup, voici ce que je vous conseille :
- Si vous partez sur un voyage où les animaux tiendront une grande place mais que vous ne faîtes ce genre de voyage qu’exceptionnellement, LOUEZ !
- Si vous avez déjà un 70 – 200, aimez bien les animaux mais n’avez pas non plus envie de vous trimbaler un énième objectif de 15kg, regardez du côté des extenders et multiplicateurs (attention à la compatibilité).
Cet article a été réalisé en partenariat avec la Commission Canadienne du Tourisme et le Collectif des blogueurs voyage.
10 commentaires
Au top cet article !
merci pour ces précieux conseils. Mais avant d’arriver à des résultats tels que les vôtres, il faut de la passion et des heures d’entrainement !
Très sympa ces conseils.
Les photos d’illustrations sont top avec ces chaudes couleurs d’automne.
Si je peux me permettre juste une toute petite critique, le son mériterait peut être d’être amélioré sur la vidéo.
Disons qu’avec les chiens qui aboient de tous les côtés, c’était pas simple à gérer 😉
Un très bon kit pour budget modeste (faut vraiment en faire de la photo animalière sauvage quand même) et qui marche peut importe sa marque serait de s’acheter un Canon 7d avec un 400mm f/5.6 L. D’occasion tu tombe a moins de 1300€ en cherchant un peu.
Autrement jsuis contre les modes semi auto, mais je suis un « manual freak ». Mais je comprends les raisons !
Très bon article au final !
Franchement, en reportage, le tout auto c’est le meilleur moyen de rater un truc, et ce n’est pas nécessaire si on sait utiliser les modes de mesure d’exposition, je trouve.
Quant au 400, je le limiterai aux oiseaux : en safari, par exemple, tu passes d’un éléphant à 50m à une girafe à 10m à un tisserin à 200m... Avec une focale fixe, c’est vraiment difficile. Ça peut marcher quand tu es à l’affût pour un animal précis : tu sais où te mettre, à quelle distance, et tu ne retrouves pas coincé avec un bestiau qui ne loge pas dans le cadre !
Ouais je comprends ton point de vue. Y a le Tamron 150 – 600mm qui est plus versatile. Comme tu dis ça dépend ce que tu vas chercher.
Autrement, moi je suis plutôt la personne qui utilise uniquement le manuel. Ça a ses avantages et ses inconvénients.
Bonjour Aurélie
Merci pour ces précieux conseils, vos articles sont toujours très enrichissants.....
Bonne journée
Bonsoir et bonnes fêtes, sympa cette vidéo, explications claires, nettes et précises ! Maintenant plus qu’à s’y mettre!! Je vous encourage pour plus de vidéos!!!
Article très intéressant et remplit de super conseil ! Merci beaucoup et bravo pour ce travail