Voyage à Saint-Pierre et Miquelon, le seul territoire français d’Amérique du Nord : de petites îles très photogéniques !
Sommaire
Ça ressemble à quoi Saint-Pierre et Miquelon ?
Où ça se trouve Saint-Pierre et Miquelon ?
Que faire et que voir à Saint-Pierre et Miquelon ?
Histoires locales
- Patrick, photographe ornitho
- Leïla, éleveuse de chèvres et productrice de fromage
- Gilles et Stéphane, pêcheurs
- Yoann, kite-surfeur
Carnet pratique
Pourquoi visiter Saint-Pierre et Miquelon ?
Je suis restée une semaine, en étant basée à Saint-Pierre. C’est une bonne durée pour visiter l’archipel, mais j’aurais pu trouver à m’occuper encore une semaine facilement, tant les possibilités de randonnées sont nombreuses ! Chaque randonnée fut l’occasion de découvrir des paysages différents, en ne croisant quasiment jamais personne, mais en observant de nombreux animaux.
Car Saint-Pierre et Miquelon est aussi un paradis pour qui aime observer ou photographier les animaux. Si on trouve peu de mammifères terrestres ici, il y a, par contre, une grande variété d’oiseaux : macareux, bécasseaux, fulmars, aigrettes, mouettes, bruands, harfangs... La liste est longue : on en dénombre plus de 300 espèces dans l’archipel !
En longeant les côtes, ce sont les phoques que l’on peut observer, étalés sur les rochers au bord de l’eau. Plus loin, ce sont les dauphins, rorquals et baleines à bosses qui viennent profiter d’une nourriture abondante.
Mes bonnes raisons pour visiter Saint-Pierre et Miquelon :
- Le calme et la tranquillité !
- Les nombreuses randonnées (et la facilité de faire du hors sentier : impossible de se perdre trop longtemps sur de si petites îles !)
- L’accueil chaleureux des habitants : on trouve toujours quelqu’un avec qui bavarder !
- La faune !
- Le plaisir de découvrir la culture et l’histoire de ce petit bout de France : le seul territoire français d’Amérique du Nord !
Ça ressemble à quoi, Saint-Pierre et Miquelon ?
Si avant d’arriver, je pouvais vaguement situer Saint-Pierre et Miquelon sur une carte, je ne savais pas à quoi ressemblait l’archipel. Était-ce plat ou montagneux ? Très urbain ou très sauvage ?
Alors, avant de vous en dire plus, voici quelques images de mise en bouche pour vous montrer quels types de paysages on peut trouver ici.
Où ça se trouve, Saint-Pierre et Miquelon ?
Petites îles perdues au milieu de l’Atlantique ? Non. Archipel isolé par la banquise tout l’hiver ? Non plus.
Saint-Pierre et Miquelon, c’est un petit bout de France à côté des côtes canadiennes, à quelques kilomètres de Terre-Neuve. C’est une collectivité d’outre-mer, un territoire français avec un statut spécifique. À Saint-Pierre et Miquelon, on parle donc français et on utilise l’euro, tout comme à La Réunion, en Guadeloupe, en Nouvelle Calédonie ou en Polynésie.
L’archipel est constitué de trois îles principales habitées : Miquelon et Langlade qui sont reliées par un isthme, et Saint-Pierre où se concentre la majorité de la population (un peu plus de 6000 habitants dans l’archipel).
Que faire et que voir à Saint-Pierre et Miquelon ?
L’histoire de l’archipel est liée aux aventures de marins, des pêcheurs de morue aux transporteurs d’alcool de contrebande pendant la prohibition.
Saint-Pierre et Miquelon, c’est avant tout un paradis pour les amateurs d’activités de plein air, de rando, de nature, d’observation d’animaux. Les maisons étant toutes concentrées en ville, la nature y est très préservée, et il suffit de marcher quelques minutes pour se retrouver seule au milieu de nulle part !
Miquelon et Langlade
Miquelon et Langlade sont deux îles reliées par une fine bande de terre et de sable. Il y a environ 650 habitants ici, et quasiment tous habitent dans la ville de Miquelon. Autant dire que la ville est très calme, pas très étendue, et qu’on se retrouve vite en pleine nature loin des habitations !
Venir à Miquelon depuis Saint-Pierre est simple : il y a des liaisons en ferry plusieurs fois par jour mais il est difficile de visiter les deux presqu’îles sans véhicule. L’idéal pour explorer Miquelon et Langlade est donc de louer un vélo ! Vous pourrez en trouver à Saint-Pierre et les embarquer à bord du ferry.
Toutes les infos dans la rubrique comment se déplacer.
Ce qui frappe en visitant Miquelon, c’est la sensation de se retrouver dans un film. Des maisons en bois, souvent très colorées, qui bordent les rues calmes, avec les montagnes en arrière-plan. Des fenêtres sans volets mais avec des rideaux brodés, presque toujours. Des sas d’entrée, appelés tambours, qui permettent de se déchausser et de se dévêtir avant de pénétrer dans la maison, sans faire rentrer le froid.
Ce sentiment d’être au croisement de plein d’influences, avec des maisons et une ambiance qui rappellent des pays scandinaves comme la Finlande, mais également le Groenland ou le Canada. Et pourtant, nous sommes en France, un petit bout de France en Amérique du Nord.
Rando au Cap Miquelon
Le Cap Miquelon est une petite presqu’île au nord de Miquelon. La randonnée est donc assez courte (3h) mais présente un avantage non négligeable : la variété des paysages qu’on y rencontre. Au départ de l’étang de la Roche, où se trouvent le parking et la table d’orientation, on traverse des landes et des tourbières, on longe des lacs et des falaises et on se laisse engloutir par la forêt boréale et ses arbres torturés. Les déjections de renards jalonnent le chemin de caillebotis, laissant deviner la présence en nombre de l’animal.
Le clou de la randonnée, c’est le point de vue sur la vallée de la Cormorandière : deux lacs, les falaises et la mer. L’endroit est reposant. Et c’est précisément à cet endroit qu’un cerf de Virgnie est apparu devant moi, rejoignant le lac pour s’y abreuver.
Renards et cerfs ne sont pas des espèces indigènes de Saint-Pierre et Miquelon. Si on ne sait pas trop comment sont arrivés les renards, les cerfs ont, quant à eux, été introduits dans les années 50 par les chasseurs (je vous laisse deviner pour quoi faire...). Le cerf de Virginie, présent partout en Amérique du Nord, s’est très bien adapté à Miquelon et Langlade, si bien qu’ajourd’hui, trop abondant, il est devenu une menace pour l’écosystème local et la fragile forêt boréale...
L’isthme du Grand Barachois
L’isthme relie les presqu’îles de Langlade et Miquelon et offre une vision assez spectaculaire : une longue et fine langue de terre, bordée par une plage et des montagnes à chaque bout. Une petite route longe l’océan pour rejoindre Langlade par la terre. En chemin, je croise des dizaines de chevaux. On pourrait les croire sauvages, mais ce sont en réalité des chevaux domestiques laissés en liberté.
Langlade
Au bout de l’isthme, on découvre Langlade. Ici, ce sont principalement des résidences secondaires de saint-pierrais aisés. Les locaux viennent profiter du calme et du front de mer, loin de l’effervescence (toute relative, hein !) de la capitale. Peu de voitures : les résidents viennent en bateau, moyen de transport le plus rapide.
Saint-Pierre
L’île et la ville portent le même nom. C’est ici que se concentrent 90% de la population de l’archipel. C’est une ville calme, où il est agréable de parcourir les ruelles à pied, entre les maisons colorées et quelques surprises, comme un grand fronton de pelote basque ! On joue à la pelote basque ici ?! Eh oui ! Et pour cause, les habitants de Saint-Pierre et Miquelon sont des descendants acadiens, bretons... et basques ! Les trois identités sont très présentes. On peut voir ça et là des drapeaux, des bérets, des bateaux peints aux couleurs des ancêtres. Et puis surtout, on reconnaît les origines dans les noms de famille, bien sûr.
La ville est étonnement compacte, construite entre le port et la montagne, laissant vierge le reste de l’île, pour le plus grand plaisir des amateurs de nature. Mais même si on est là pour les randonnées, flâner dans les rues de Saint-Pierre reste incontournable, ne serait-ce que pour échanger quelques mots avec les habitants !
En quelques minutes de montée, on surplombe la ville (un chemin rejoint l’observatoire de l’Anse à Pierre depuis la rue Daguerre) pour une plongée vers la nature. Une nature minérale où les rochers tutoient les fougères et les petits résineux. C’est parfait pour marcher au hasard sans jamais se perdre !
L’île aux Marins
L’île aux Marins fait partie des visites incontournables de tout séjour à Saint-Pierre. L’île aux Marins a connu son heure de gloire à la fin du XIXème siècle. Elle abritait alors plus de 600 personnes, principalement des pêcheurs de morue. Aujourd’hui, l’île est un lieu de promenade et de villégiature. Certains de ces bâtiments, comme l’église, sont classés.
La navette le P’tit Gravier assure des liaisons plusieurs fois par jour, pour 6€ l’aller-retour.
Si vous voulez faire le tour de l’île, visiter le musée et l’église, comptez au minimum 2h sur place. L’île est, certes, petite, mais il y a beaucoup de choses à voir !
Le long de la côte est, entre l’église et le cap Baudry, repose l’épave d’un navire. Sur la carcasse rouillée on peut encore lire Transpacific. Il n’en reste pas grand-chose, juste le nez. Une nuit de tempête, en 1971, la brume et les rochers ont piégé un gros cargo et son capitaine, pourtant expérimenté. Nulle catastrophe ici, personne ne fut blessé.
Le Transpacific était un cargo à vapeur allemand, parti du golfe Saint-Laurent. Peu après le départ, il avait rencontré des soucis techniques, et demandé l’assistance des techniciens de Saint-Pierre et Miquelon. Il aurait dû rester au mouillage quelques jours ici, le temps d’effectuer les réparations, mais à son arrivée, la brume enrobait l’archipel.
La suite, les saint-pierrais la racontent en souriant : le navire s’est échoué sur un banc de pierre. Impossible de l’en dégager. Il fut donc décidé d’abandonner le cargo. Le capitaine donna un ultime dîner à bord, avec tout le faste qu’on peut imaginer. Puis les pêcheurs saint-pierrais se chargèrent de vider la cargaison (ou de la piller, selon les points de vue...) avant que le bateau ne soit brûlé : il s’agissait alors d’éviter une pollution massive des eaux alentour.
Et c’est ainsi que le premier juke box, qui se trouvait initialement sur le cargo, est arrivé à Saint-Pierre et Miquelon, tandis que les flots ramenaient le nez du Transpacific vers la plage de l’île aux Marins, où il gît toujours.
Rando du Grand Colombier
Le Grand Colombier est une île située tout au nord de Saint-Pierre. Elle n’est pas habitée, sauf par des milliers d’oiseaux en été ! Manque de bol pour moi, je suis arrivée à Saint-Pierre et Miquelon quelques jours après de départ des macareux et autres oiseaux migrateurs. Il ne restait plus sur le gros rocher que quelques mouettes tridactyles. Mais la rando vaut néanmoins la peine pour les paysages qu’elle offre !
Pour rejoindre le point de vue du Grand Colombier, j’ai suivi le sentier de l’anse à Henri, au départ du parking de l’étang Frecker (au-dessus des grosses cuves). Le sentier est bien balisé, avec des passerelles en caillebotis pour traverser les rivières et les tourbières.
Ce jour-là, la brume ne se levait pas, malgré le vent. Les paysages prenaient des allures mystérieuses. Les collines jouaient à cache-cache avec les nuages. Je n’ai croisé, pour seule âme qui vive, qu’un lièvre arctique.

J’ai croisé ce lièvre arctique sur le chemin du retour. Au milieu des pierriers, dans sa fourrure estivale, il était discret ! Il a détallé une première fois, allant se percher sur une colline plus éloignée. Je l’ai suivi du regard, enrageant intérieurement d’avoir laissé le téléobjectif à l’hôtel. J’ai vissé ma focale la plus longue, un malheureux 85mm. J’ai posé mon sac au sol avant de commencer à m’approcher, le plus doucement possible, en rampant dans les cailloux... Morale de l’histoire : à Saint-Pierre et Miquelon, il faut toujours être prêt pour la photo animalière !
J’ai rejoint la ville en longeant la mer. Impossible de se perdre, surtout en ayant pour point de repère l’île aux Marins voisine, bien visible depuis les hauteurs du nord de Saint-Pierre.
Rando dans la vallée des 7 étangs
C’était une après-midi de grand soleil. Pas la meilleure lumière pour la photo, mais quel plaisir pour la rando ! Le sentier de la vallée des 7 étangs fait longer des lacs et traverser des bois, en réalisant une petite boucle. Le point d’orgue de la promenade est sans aucun doute la vue sur les étangs et, au loin, l’île aux Marins.
La pointe du Diamant
Tout au sud de Saint-Pierre, il y a ce petit cap qui se détache : le Diamant. Un sentier permet d’en faire assez rapidement le tour. C’est une balade appréciée, ici.
Quelques chevaux profitent de l’air marin, tandis que des épaves morcelées de bateaux sont caressées par les vagues, dans la baie.
Observer les phoques
Dans le port de Saint-Pierre, il est tout à fait normal de voir un groupe de phoques se prélasser. On peut les voir depuis les quais, mais rien ne vaut la promenade en zodiac (ou en kayak) pour les approcher et aller voir ceux qui se trouvent un peu plus loin.
Entre deux bains de soleil, ils jouent dans l’eau, sautent, plongent, et observent ces curieux bipèdes dans leurs embarcations...
L’école de voile propose, pendant l’été, des sorties en zodiac pour aller découvrir le milieu marin de l’archipel. La promenade dure entre 1h30 et 3h et permet une nouvelle perspective sur la ville mais aussi et surtout d’approcher quelques espèces : les oiseaux du Grand Colombier, les phoques sur les rochers voisins, etc.
Les départs se font Quai Eric Tabarly. Comptez 22€/adulte et 18€/enfant.
On vous fournira une grosse combinaison imperméable et chaude afin que vous n’ayez pas froid sur le bateau.
Observer les oiseaux
Saint-Pierre et Miquelon est très réputé pour l’ornithologie. En saison, des milliers d’oiseaux migrateurs viennent séjourner ici. On dénombre dans l’archipel plus de 300 espèces typiques de l’Amérique du Nord et des régions arctiques ! Macareux, bécasseaux, fulmars, aigrettes, mouettes, bruands, harfangs, il y a de quoi faire !
Si je n’y étais pas au meilleur moment pour la plupart des espèces, j’ai quand même pu observer quelques sternes, mouettes, et surtout les parulines, des petits passereaux endémiques d’Amérique du Nord.
Sortie en doris avec les Zigotos :
ramer dans un bateau de pêcheur traditionnel
L’été, en fin de journée, il y a de l’animation autour des salines, ces bâtiments colorés : ce sont les Zigotos qui redonnent vie à une tradition locale, les doris. Les doris, ce sont les bateaux de pêche traditionnels de Saint-Pierre et Miquelon, de petites embarcations en bois, dans lesquelles prennent place plusieurs rameurs.
Aujourd’hui, les pêcheurs ont tous, bien sûr, des bateaux modernes, mais une association de passionnés continue de restaurer ces bateaux, et d’organiser des sorties, les soirs d’été.
Dès qu’il fait beau, tous se retrouvent en fin d’après-midi, aux salines. La première saline est un petit musée retraçant l’histoire des doris et de la pêche à Saint-Pierre et Miquelon. La saline voisine, n°20, est le lieu de rendez-vous des Zigotos. Lorsque je m’y rends, plusieurs sont déjà attablés, à discuter. Au fur et à mesure, d’autres arrivent.
Se retrouvent ici des mayous (nom donné aux métropolitains) et des saint-pierrais, de tous âges. Il y a l’adolescente, fille et petite-fille de pêcheurs, qui parade devant ses copines parce qu’elle va aller ramer. Il y a la dentiste parisienne, venue pour quelques mois dans l’île, et qui a trouvé ici une nouvelle famille. Il y a ce retraité qui passe ses soirées dans la saline n°20, parce qu’ici, on retrouve toujours les copains. Certains font partie des Zigotos depuis le début, il y a 20 ans, d’autres ne viennent qu’occasionnellement, mais tous ont plaisir à remettre à l’eau le doris en bois.
Je grimpe dans un doris à moteur, pour suivre les rameurs. Ils font le tour du port. La mer est belle, presque sans vague. C’est un jour parfait pour une sortie en doris. On longe l’île aux Marins tandis que le soleil décline doucement. Tout le monde sourit.
Pendant ce temps-là, ça s’affaire dans la saline : on prépare le repas. Car, après l’effort, tout le monde reste pour partager le repas. C’est ainsi tout l’été. On vient à la saline, car on sait qu’on trouvera avec qui papoter et passer un bon moment. Perpétuer la tradition du doris, c’est aussi une bonne occasion pour passer du temps ensemble.
Regarder le soleil se lever sur Saint-Pierre
Le petit belvédère de l’Anse à Pierre domine la ville. Et tout autour, de petits chemins mènent à travers les tourbières pour atteindre les sommets des collines qui dominent Saint-Pierre. Regarder le soleil se lever sur la ville encore endormie, voir les rayons éclairer progressivement les maisons colorées...
Histoires locales
À Saint-Pierre et Miquelon comme partout, ce sont les gens qui font les lieux. On apprécie toujours un beau paysage, mais ce qui marque un voyage, ce sont souvent les belles rencontres, non ?
Ici, je n’ai rencontré que des gens chaleureux, heureux de parler de leur archipel.
Rencontre avec Patrick, photographe ornitho
Patrick Hacala m’a ouvert sa porte un jour de pluie. Chasseur repenti, il consacre la totalité de son temps libre à la photographie ornithologique, au point d’avoir aménagé son jardin pour les oiseaux : plantation de tel ou tel arbre pour attirer certaines espèces, installation de perchoirs et de mangeoires pour l’hiver.
Voici plus de 10 ans qu’il se consacre à l’observation, et il est intarissable. Il a réussi à transmettre sa passion contagieuse à sa famille, sa femme venant notamment camper avec lui sur le Grand Colombier, et l’un de ses fils achevant un doctorat en écologie.
Il a accepté de partager avec moi quelques-uns de ses spots préférés et ses astuces pour repérer les parulines. Vous trouverez ses (très belles) photos sur la page e‑bird consacrée à Saint-Pierre et Miquelon, ou sur son profil facebook.
Nous avons longuement discuté de ce qui fait de Saint-Pierre et Miquelon une destination si prisée pour les amateurs d’ornithologie. Il y a tout d’abord la grande variété des oiseaux (on observe ici plus de 300 espèces différentes) et leur densité pendant l’été. Et comme l’île de Saint-Pierre est toute petite, il n’y a jamais besoin d’aller très loin pour observer des oiseaux.
Ce sont des oiseaux typiques de l’Amérique de Nord ou des contrées nordiques : on trouve donc des oiseaux très colorés et très photogéniques.
Enfin, Patrick apprécie particulièrement la flore de Saint-Pierre et Miquelon, sa meilleure alliée dans la recherche des oiseaux : les arbres bas permettent de trouver assez facilement les oiseaux et donc d’être à la bonne hauteur pour les photographier.
Rencontre avec Leïla, éleveuse de chèvres et productrice de fromage
Leïla avait un rêve un peu fou : quitter le plateau de Millevaches (une belle région, rurale, entre Corrèze et Creuse : voir l’article que j’avais écrit sur ma visite de la région) pour s’installer comme agricultrice au Canada. Et c’est en voyageant dans la région qu’elle a eu le coup de cœur pour Saint-Pierre et Miquelon.
En 2008, elle a donc posé ses valises à Miquelon pour créer le seul élevage de chèvres de l’archipel.
Les débuts furent compliqués, sur tous les plans. Leïla devait gérer en parallèle sa fille, encore bébé, et ses chèvres. Le tout dans des îles où les habitants n’étaient pas, de prime abord, de gros consommateurs de fromage. Heureusement, ses produits laitiers ont fini par convaincre et faire de nombreux adeptes !
Les chèvres de Leïla passent l’été dehors, avant de revenir au chaud pour l’hiver. À Miquelon, ce n’est ni l’espace ni l’herbe qui manquent !
Aujourd’hui, l’éleveuse et productrice ne fait plus de vente directe, faute de temps. Pour acheter ses fromages et yaourts, il faut donc se rendre à l’épicerie.
Rencontre avec Gilles et Stéphane, pêcheurs
Dire qu’il ne faisait pas beau ce matin-là serait un euphémisme. Je devais retrouver les deux pêcheurs à leur arrivée au port, après deux nuits en mer. Je me suis donc levée avant le soleil, j’ai enfilé mon plus bel imperméable et j’ai marché jusqu’au port sous une pluie battante. Il n’y avait pas un chat sur les quais. Et pas un bateau non plus.
Me voici donc, à 5h du matin, en train d’errer dans le port, sous des trombes d’eau. Au moment où je commence à désespérer, je repère deux phares de voiture qui approchent. Je m’avance vers le véhicule. Un homme ouvre sa fenêtre. Ce pourrait être le début d’un film d’horreur où je finis découpée en morceaux, à servir d’appât aux poissons dans le Golfe du Saint-Laurent. Mais comme nous sommes à Saint-Pierre et Miquelon, tout se passe différemment : j’explique que je cherche le bateau de Gilles et Stéphane et le conducteur me rétorque « oh ben vas‑y, grimpe, je t’emmène, tu vas pas y aller sous la pluie ! »
C’est comme ça que je retrouve les frères Gilles et Stéphane Poirier, descendants acadiens et pêcheurs à bord du Cap Percé, qui viennent de rentrer au port avec 10 tonnes de concombres de mer.
Le bateau de pêche reste amarré quelques heures à côté de la conserverie, le temps de vider le chargement. Les concombres sont aspirés directement de la cale à la boîte de transport. Et en quelques minutes, les voilà déjà sur le tapis, prêts à être triés.
Ces concombres, que les saint-pierrais appellent couilles de bretons, seront réduits en poudre et vendus en Chine, pour leurs supposées vertus aphrodisiaques.
Rencontre avec Yoann, kite-surfeur
Yoann passe sa vie dans l’eau. Scaphandrier dans la journée, il change de combinaison après le travail pour aller pratiquer le kite-surf. Je suis restée deux heures avec lui, à attendre le vent qui ne s’est jamais levé.
Si vous voulez lire son portrait, ça se passe sur France.Fr.
Saint-Pierre et Miquelon : carnet pratique
Comment venir à Saint-Pierre et Miquelon ?
Comment venir depuis la France métropolitaine ?
Il existe depuis 2018, en été, un vol direct entre Saint-Pierre et Paris. La liaison est assurée par ASL, en partenariat avec Air Saint-Pierre.
En dehors de l’été, il vous faudra faire escale à Montréal. Attention : cela suppose donc d’être en règle avec l’immigration canadienne, en faisant une demande d’AVE (7$) sur le site officiel.
Comment venir depuis le Canada ?
Si vous êtes en voyage au Canada, vous pouvez, très facilement, venir passer une semaine dans l’archipel français : il existe notamment un ferry entre Fortune, au Sud de Terre-Neuve, et Saint-Pierre et Miquelon.
Par avion, Air Saint-Pierre propose des liaisons depuis les îles de la Madeleine, Montréal, Halifax, ou Saint John’s.
Comment se déplacer à Saint-Pierre et Miquelon ?
Sans permis, j’ai parfois profité de la gentillesse de quelques habitants pour me faire déposer au départ de quelques randonnées, mais globalement, tout se fait très bien à pied. Il est, selon moi, inutile de louer une voiture pour visiter Saint-Pierre (la ville étant, qui plus est, un dédale de sens uniques !). Pour explorer Miquelon et Langlade, toutefois, il vaut mieux louer un vélo afin de rejoindre plus rapidement les différentes zones de l’île.
L’aéroport de Saint-Pierre est proche du centre-ville. Si vous n’êtes pas trop chargé, il est donc tout à fait possible de le rejoindre à pied. Sinon, il existe des services de taxi et de minibus avec chauffeur.
Ici, pas de grosse compagnie de loueurs, uniquement des indépendants. Il vous faudra donc les contacter directement si vous souhaitez comparer les prestations.
Une liaison régulière est assurée par ferry entre Saint-Pierre et Miquelon ainsi qu’entre Saint-Pierre et Langlade.
Comptez 1h30 en moyenne pour la traversée entre Miquelon et Saint-Pierre, un petit peu moins pour aller de Saint-Pierre à Langlade. Vous pourrez embarquer avec votre vélo pour un supplément de 4€.
Vous trouverez le détail des tarifs et des horaires sur le site de la compagnie.
La traversée est très agréable, car elle longe les côtes, permet de profiter de beaux paysages et même, parfois, d’observer quelques phoques !
Où dormir ?
Il y a (très) peu d’hébergements à Saint-Pierre et Miquelon. Il est donc vivement conseillé de réserver avant votre venue !
Vous trouverez la liste des hôtels sur le site de l’Office de Tourisme, ainsi que deux B&B sur Booking.
Personnellement, j’ai dormi à l’Auberge Saint-Pierre. C’était très bien.. Seul défaut : l’heure tardive du petit déjeuner !
Peut-on camper facilement ?
Il n’y a aucun camping officiel, mais le bivouac est très pratiqué par les locaux ! Essayez simplement de ne pas laisser de traces de votre passage derrière vous.
Même en été, prévoyez une tente qui supporte vent et pluie, ainsi qu’un duvet chaud : les nuits peuvent être fraîches !
Où manger ?
La gastronomie locale est très portée sur la viande et, bien sûr, les poissons ainsi que les fruits de mer. Toutefois, j’ai toujours réussi à avoir une option végétarienne, même si elle n’était pas au menu. Dans la plupart des restaurants, il est conseillé de réserver à l’avance pour avoir une table. Mais il existe également quelques possibilités de snacks.
Si vous n’avez pas de programme précis, et comptez simplement vous promener, je vous conseille de vous préparer un repas à emporter le matin : il n’y a pas de restaurant partout, certains peuvent être fermés, et vous risquez de vous retrouver sans rien.
Pour consulter la liste complète des lieux où manger dans l’archipel, rendez-vous sur le site de l’Office de Tourisme.
La météo à Saint-Pierre et Miquelon
Saint-Pierre et Miquelon n’étant pas dans les Caraïbes, on ne vient pas ici, bien sûr, en espérant y trouver la canicule. Ce serait même plutôt l’inverse : c’est un bon endroit pour profiter d’un été pas trop chaud ! Ainsi, la température moyenne oscille entre 15 et 19°C en été, et tourne autour de 0°C en hiver.
Le climat estival est, en fait, assez similaire à celui de pays comme l’Islande ou le Groenland : la météo est très changeante. On peut avoir de la pluie et du brouillard le matin, et un grand soleil l’après-midi, ou l’inverse. Il est donc vivement conseillé de toujours avoir une veste avec soi, bien sûr.
La meilleure période pour visiter Saint-Pierre et Miquelon dépend de vos attentes. Si vous venez pour la randonnée et les paysages, fin août/septembre est une très jolie période pour les couleurs et les lumières. En revanche, si vous espérez photographier les oiseaux, il vaudra mieux venir entre mai et juin.
Quelques photos en plus
(juste pour ne pas terminer sur des histoires de pluie et de brouillard !)
Un projet en collaboration avec France.fr, le ministrère des Outre-mer, Air Saint-Pierre et l’Office de Tourisme de Saint-Pierre et Miquelon.
33 commentaires
Superbe évasion dans ce territoire si peu connu et qui paraît si lointain ! Tes photos sont magnifiques et donnent vraiment envie de découvrir tous ces coins. On a l’impression d’une île hors du temps...
Tout simplement magnifique 👍👍👍
Votre reportage donne vraiment envie de découvrir ces îles ! Et les photos sont de toute beauté !!! Tout ce que j’aime 👏🏻👏🏻👏🏻Bonne continuation à vous
Bonjour,
Je viens de regarder avec bonheur votre magnifique reportage sur mon Archipel. Photos magnifiques ... reportage très complet, juste vous avez oublié les normands dans nos origines . Mes ancêtres venaient d’Avranches et Caen du côté paternel et du Pays Basque et Acadien et Bretons du côté Maternel ... beau mélange 😂 Merci pour avoir su mettre en valeur notre Archipel, encore trop méconnu ❤️
Bonjour je suis fils de la grande famille Girardin de St-Pierre. je vie à Matane Québec. Merci de l’excellent travail que vous faites, merci.
Merci à vous !
Je n’ai pas pris le temps de lire ‚une autre fois ...photos magnifiques.Bravo !pour avoir mis en valeur notre archipel !bonne continuation.
Depuis que j’a découvert ton voyage via Instagram, je n’ai plus qu’une envie : y aller ! Ces lieux respirent la sérénité...
C’est vrai, c’est plutôt calme et serein !
Natif de Miquelon, que j’ai quitté depuis de nombreuses années, à mon grand regret.., j’avais 13 ans, j’ai vu avec grand plaisir ce reportage, qui pour une fois est très bien raconté, avec de magnifiques photos et paysages que j’ai arpenté ??, (à cheval pour ceux qui ne connaissent pas)... Je le partage volontiers pour que ma famille et mes amis ne passent pas à côté..
J’espère que vous avez l’occasion d’y retourner régulièrement, tout de même 🙂
Très beau reportage de mon archipel, il y aurait encore beaucoup à dire, sur la flore, les cueillettes de baies sauvages, etc... mais votre article fait bien ressortir le principal, merci à vous.
Si j’avais l’occasion de venir plus longtemps, je crois qu’il y a même matière à un beau livre tant il y aurait à dire ! (et à photographier... quel regret de ne pas avoir vu beaucoup d’oiseaux, ni les baleines...)
Bonjour,
Joli reportage, juste un regret... Qu’il n’y ait pas plus de photos sur Miquelon (île souvent oubliée par rapport à St Pierre).
Miquelon ne s’arrête pas au village et il n’y a pas que le Cap à voir à Miquelon. Il y a plein d’autres balades.
Une Miquelonnaise
Je veux bien vous croire ! C’est d’ailleurs une petite frustration personnelle que de n’avoir pas plus exploré Miquelon, et même Langlade. Je n’ai malheureusement pas pu consacrer plus d’une (trop courte) journée aux deux presqu’îles...
j’ai adoré !! magnifiques paysages …………..
bravo
Merci Jeannine !
Pu**** qu’est-ce que c’est beau ! L’article est vraiment détaillé en tout cas, une bonne base pour préparer son voyage.
Une destination originale et sublime. Vous avez eu de la chance au niveau de la météo, par ailleurs 😉
J’ai eu pas mal de pluie, je vous rassure 😉
Mais la brume est très photogénique ici !
Même si je n’ai pas pris le temps de tout lire et regarder toutes les photos, je me demande quand-même avec quelle permission vous avez pris des photos des maisons de particuliers ???? en tout cas la notre
La photo N° 11 intitulée par vous « Vieille maison en bois à Miquelon », est un mur de notre propriété en travaux, cette photo n’a rien à faire sur votre site et je vous demande de la supprimer de cet article
Merci d’apporter une correction
Bonjour,
Le droit français autorise la photographie des biens des particuliers dès lors que l’image ne porte atteinte ni à l’intimité, ni à la dignité, et que sa publication ne cause aucun trouble anormal. En outre, il s’agit d’un détail de façade : la maison n’est absolument pas localisable.
Le cas présent, j’ai donc parfaitement le droit de publier ces photos.
Cordialement,
Aurélie
Bonjour,
J’ai eu la chance d’y aller professionnellement de avril à fin septembre 2019, le récit de votre article est tout à fait représentatif de spm, les photos également, une aventure humaine extraordinaire, un coin paisible au demeurant et une qualité de vie incroyable en ayant eu la chance d’un bel été chaud et ensoleillé
Bravo pour votre récit
Cordialement
Merci pour ce reportage et ces photos sur un archipel qui m’a toujours fait rêver. En espérant pouvoir un jour y mettre les pieds pour de vrai.
Merci pour ce très beau reportage ! Je rêve de cette destination... pourquoi pas pour y travailler un an d’ailleurs, cela me tenterait bien !
merci pour votre merveilleux reportage..j en reve depuis des années un jour peut etre....
Cet endroit a l’air magnifique. Je rêve d’y aller grâce à ton reportage ! Merci.
Un bel article accompagné de magnifiques images.
Est-il possible d’obtenir une photo en particulier en format HD ?
Pour en faire quoi ?
Fantastique, mon grand père venait de Saint Pierre, une vue réelle et em même temps artistique de l’archipel.
Magnifique reportage avec ces photos qui me donnent vraiment envie d’aller visiter les lieux où ma grand-mère paternelle est née. Catherine
Reportage magnifique ! Quelle belle découverte ! Cela m’a donné encore plus envie de connaître et d’explorer Saint Pierre et Miquelon ! Merci pour vos récits !
C’est un très beau reportage évidemment. J’ai toutefois une question naïve : j’ai habité au Québec et je me suis toujours demandé si les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon avaient l’accent canadien ?
Ahah ! Non, pas du tout.
Beau reportage ; je prépare un road trip à pied et vélo là bas pour y fêter mes 70 ans !! c « est decidé ! Merci ! SYLVIE