Carnet de voyage et infos pratiques pour trois jours de cyclo-tourisme en famille dans le Limousin, sur le Plateau de Millevaches.
L’idée de parcourir le Plateau de Millevaches à vélo a germé au détour d’une conversation. Découvrir, à coup de pédale, la montagne limousine qui borde le Massif Central. Et voilà comment, au début de l’été, j’ai embarqué ma fille dans 3 jours d’itinérance en Corrèze (avec une petite incursion dans la Creuse).
Notre itinéraire : une arrivée par le train depuis Uzerche et une boucle de 3 jours au départ de Chamberet
Jour 1 : Chamberet – Marcy
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 0 : Chamberet
Tandis que Petite Oreille dort encore, je prépare nos bagages. Je tâche de répartir nos vêtements, affaires de toilette et provisions contre les petits creux entre mes deux sacoches. Dans la carriole, je pose mon matériel photo et le sac de ma fille où elle trouvera ses crayons, son carnet, des magazines, sa casquette, ses lunettes de soleil, sa gourde, etc.
J’étudie la carte en mangeant mon croissant. Pendant les trois prochaines journées, je vais pédaler à travers le Plateau de Millevaches, entre la Corrèze et la Creuse. Des petits villages, des bois et des champs, ce sont les seules images que j’ai en tête. Petite Oreille finit sa tasse de lait et grimpe dans sa carriole. Elle a l’habitude du cyclo-tourisme, elle adore être promenée ainsi. À ma plus grande surprise, elle ne s’ennuie pas, loin de là.
J’attache Petite Oreille et c’est parti !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 3
Nous quittons Chamberet par une petite route en lacets à travers le Massif des Monédières. Et première constatation : ça monte ! Plateau ne veut pas dire plat, loin de là !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 7
Nous nous arrêtons pour discuter avec un couple d’éleveurs. Ils emmènent un veau se faire vacciner. Le bovidé monte dans la remorque avec sa mère. Hop, direction le véto ! Et nous, on reste regarder le troupeau en discutant avec la propriétaire. Ce sont des limousines, comme partout ici. Et au milieu, il y a Neuneu le taureau qui porte bien mal son prénom. Il a bien un autre nom, un vrai, mais son précédent propriétaire lui avait trouvé ce sobriquet, et Neuneu ne répond, depuis, qu’à son surnom.
Neuneu, neuneu. Petite Oreille s’époumone mais Neuneu n’est pas un taureau facile, il ne veut pas venir se faire papouiller. Alors on observe son harem, commenté par l’éleveuse. Les cornes asymétriques d’une des vaches fascinent ma fille.
J’apprends, au passage, que les voitures limousines tirent, elles aussi, leur nom de la région : en effet, les conducteurs de fiacres étaient souvent originaires du Limousin.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 20
C’est à cet instant que je fais une bêtise qui va me coûter quelques heures, et quelques litres de sueur.
En pensant faire un crochet pour admirer un belvédère, je m’arrête au mauvais point de vue sans le savoir, et je m’engage alors, insouciante, sur la mauvaise route.
Le belvédère que j’aurais dû voir surplombait le lac de Viam. Quelques tables de pique-nique pour un arrêt bien connu dans le coin, offrant une superbe vue sur le lac de presque 200 hectares. Raté, j’ai juste eu une vue (certes jolie) sur les champs.
Une heure et 15km plus tard, je finis pas m’arrêter pour vérifier la carte. On aurait dû croiser un autre village, là, dis-je à Petite Oreille qui ne bronche pas, absorbée par sa lecture. Et effectivement, nous voilà bien loin de notre itinéraire. Qu’à cela ne tienne, je sors mon téléphone : GoogleMaps à la rescousse. À coup de pouce et d’index, je trouve notre prochaine étape. Et à coup de pédale, je remonte la côte. Parce que se perdre c’est encore plus drôle si ça implique de se farcir une montée. Mais qu’importe. Il fait beau. Le paysage est joli. On est bien, là, toutes les deux.
À 200m, tournez à gauche. GoogleMaps connaît les raccourcis mais n’est pas toujours digne de confiance. Nous voilà lancées dans les pistes forestières. Une biche traverse tranquillement devant nous. Puis une deuxième, quelques mètres plus loin. Je n’ai pas le temps de dégainer l’appareil photo mais le souvenir restera imprimé dans nos têtes. Nous passons par quelques points de vue en hauteur qui laissent admirer la forêt et les lacs.
Ce chemin alternatif pour filles perdues n’est pas des plus praticables avec une carriole. À plusieurs reprises, je dois descendre du vélo pour le pousser dans les montées, sur des chemins trop caillouteux ou remplis de hautes herbes. Mais en VTT, on s’amuserait bien !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 24 (+30 !) : Bugeat
Je ne suis pas mécontente d’atteindre enfin Bugeat et de retrouver le tracé de l’itinéraire originel. Il m’aura fallu 30km pour revenir sur la bonne route. Mes cuisses ne me remercient pas mais ma fille ne m’en tient pas rigueur. Elle est tellement bien qu’elle refuse de descendre de la carriole quand je m’arrête devant la jolie église du village. Plongée dans son coloriage, elle lève vaguement les yeux. Ouais ouais, c’est joli, t’as raison maman. Ok, merci ma puce !
L’église du 15ème siècle se trouve sur une petite place, au centre du bourg, face à quelques commerces. Le clocher est typique de la Corrèze : deux cloches sont suspendues dans le mur, sous de petites arcades.
À côté de l’église, un grand bâtiment affiche sur sa façade École et Mairie. Aujourd’hui, l’école n’est plus ici, mais l’édifice résume à lui seul quelques années d’histoire de France.
À l’ombre des arbres de la place, nous grignotons un morceau en regardant quelques passants. Et puis j’étudie de nouveau la carte, parce qu’il est hors de question de se perdre à nouveau !
J’aimerais rester plus longtemps pour entendre les cloches, mais il faut reprendre la route : nous avons plein de choses à voir cet après-midi : des maisons au toit de chaume, un pont, un site gallo-romain... C’est qu’il y en a des choses à voir, sur le Plateau !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 32 (+30 !) : Variéras
L’histoire de Variéras est intimement liée à l’histoire d’un homme, Maurice Gorsse. Au début des années 60, il décide de restaurer une maison de famille en lui faisant un toit de chaume. Maurice devient artisan spécialisé en charpente et en couverture en chaume. C’est le début de sa carrière, mais pas encore le début de l’histoire du renouveau de Variéras. C’est 13 ans plus tard qu’il revient en Corrèze avec une idée folle : construire d’autres chaumières et redonner ainsi vie au bourg.
Aujourd’hui, Maurice Gorsse est décédé mais son fils continue de faire pousser les « maisons de schtroumpfs ».
Tandis que je pédale à travers le village, on observe les maisons, toutes au toit de chaume. Il y en a 70, réparties dans plusieurs quartiers différents. C’est pittoresque et original.
Au détour d’un carrefour, nous nous arrêtons. Je pose le vélo au bord du chemin. Ici, pas besoin d’antivol, tout le monde laisse les portes ouvertes. Et puis de toute façon, au pied d’une côte, il faudrait être motivé pour voler un vélo avec une carriole !
Petite Oreille et moi descendons le chemin, tout en rochers, bordé d’arbres. Nous croisons deux jeunes filles. C’est bien par ici le pont ? Elles acquiescent, ouf ! En bas, coule la rivière d’Ars. Et au dessus de ce petit cours d’eau passe un pont. On n’en connaît pas vraiment la date de construction même si on le devine assez ancien. Il a un charme fou, dans son petit écrin de verdure !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 35 (+30) : les ruines gallo-romaines des Cars
Nous quittons Variéras pour Ars. Ici se trouvent les vestiges des Cars. S’il est une chose qu’on n’attend pas en Corrèze, c’est bien une ruine gallo-romaine. Et pourtant, le Plateau est habité depuis plus de 2000 ans. Comme si des géants avaient perdu au jenga, de gros blocs de pierre jonchent le sol. Mais si on y prête un peu attention, on devine les escaliers et le podium. Il y avait ici, en effet, deux monuments religieux.
Plus bas, après avoir traversé un petit bois et un cours d’eau, on découvre les ruines d’une villa. Une grande habitation avec des dépendances et un ingénieux système d’acheminement de l’eau (puisque, rappelez-vous de vos cours d’histoire : à l’époque, ils aimaient barboter...).
Un couple de touristes est en train de finir de visiter les yeux, avec leur chien. Le canidé est plus grand que ma fille et s’appelle Hercule.
Petite Oreille essaye de comprendre à quelle époque c’était, tout ça. C’est entre la grand-mère de ta grand-mère et les dinosaures, oui, à peu près. Difficile à 3 ans et demi de se représenter quelque chose d’aussi abstrait que les millénaires passés, mais Petite Oreille s’amuse à explorer les pièces, à essayer de deviner ce que les occupants de la maison pouvaient y faire. Et on vérifie nos théories sur les panneaux explicatifs : ils avaient une piscine dans la maison ?!
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 47 (+30) : maison du PNR
C’est l’heure du goûter, amplement mérité. Pour moi, parce que j’ai pédalé toute la journée, oui. Et pour Petite Oreille parce qu’elle a été super sage, assise dans la carriole, à bouquiner ou à chanter entre deux pauses. Nous rejoignons la maison du Parc Naturel Régional. C’est un joli corps de ferme rénové dans lequel on peut trouver toutes les informations sur le Plateau de Millevaches. Et tous les mardis de l’été, le PNR propose un petit goûter où l’on découvre des produits locaux.
Parmi les spécialités, on trouve notamment le miel (délicieux) le jus de pomme (très bon) et des confitures et compotes de myrtilles. Je suis un peu surprise de voir ici des produits à base de myrtilles. Mais c’est oublier que le Plateau se trouve à 1000m d’altitude ! On y retrouve donc la flore de montagne classique, et donc les myrtilles. Et c’est succulent !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 1, Km 53 (+30) : fin de la journée
En fin de journée, nous regagnons notre hébergement. Nous sommes accueillies par Minette, la chatte des propriétaires : le meilleur argument pour faire sortir Petite Oreille de la carriole !
Francine et Jean-Claude ont quitté la Dordogne pour ouvrir une chambre d’hôtes en Corrèze, dans le hameau de Marcy. Ils ont trouvé une vieille ferme qu’ils ont retapée.
Après une douche, plus que nécessaire, nous nous installons à table. Enfin, je m’installe à table. Parce que Petite Oreille a repéré le petit coin avec les jeux, à côté de la cheminée. Nous partageons le dîner avec un couple de retraités en voyage, qui loge ici toute la semaine. Ils sont partis en voiture avec leurs vélos électriques pour rayonner à la journée en toute liberté. Ils ne tarissent pas d’éloges sur tout ce qu’ils ont vu !
Francine et Jean-Claude cuisinent en utilisant autant que possible les légumes et les fruits de leur potager, ou en privilégiant les producteurs locaux. Avoir une ferme, c’était un idéal de vie pour Jean-Claude. S’occuper de ses animaux, de son potager, être le plus autosuffisant possible. Une vie simple et heureuse, même si tenir une chambre d’hôtes n’est pas de tout repos !

Jour 2 : Marcy – Saint-Marc-à-Loubaud
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 5
Nous ne sommes parties que depuis quelques minutes, et déjà nous nous sommes arrêtées plusieurs fois pour regarder de petits lacs.
Oui, naïvement, on pourrait penser que les mille vaches sont les limousines qui peuplent le plateau. Quelques légendes locales viennent même renforcer cette idée. Pourtant, ça n’a rien à voir. Millevaches désigne en réalité les sources : vachas, en occitan. Et l’étymologie du lieu n’est pas mensongère, il y a bien de l’eau partout. Des sources, des cours d’eau, des lacs. Partout.
Et ce soir, nous rejoindrons justement l’un des plus grands lacs du Plateau. Mais avant, il faut pédaler !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 8 : Peyrelevade
Après avoir longé la tourbière de Ribière Nègre, nous voici à Peyrelevade. Des tourbières, il y en a quelques-unes, ici. Ce sont des zones humides avec de petites mottes, de la mousse. Certaines se visitent, avec des chemins en caillebotis pour protéger cet écosystème fragile.
Nous prenons quelques minutes pour regarder l’étrange Croix du Mouton avant d’aller faire la première pause de la journée au bord du lac. Non pas qu’elle soit vraiment méritée après si peu de kilomètres, mais l’endroit est agréable, tout simplement !

Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 20 : lac de Chammet
Les prochains kilomètres nous guident vers le lac de Chammet, à cheval entre la Creuse et la Corrèze (c’est le lac qui est à cheval, hein, moi je suis toujours à vélo). Comme les routes sont belles aujourd’hui, et qu’on avance bien, je me permets un petit crochet pour aller voir ce joli lac de plus près.
J’emprunte la route de l’ancien centre de loisirs. Tout au bout, la vue vaut le coup, en effet. Mais ce qui m’interpelle, c’est ce centre de loisirs, justement. Le site est censé être à l’abandon depuis plusieurs année, mais j’y croise plusieurs personnes en train de cuisiner, de discuter. Sur le bâtiment, un panneau fait à la main indique « la Soucoupe », en clin d’œil à la forme étrange de la construction. Le site n’est occupé que depuis quelques semaines avec l’idée d’en faire un centre d’études et de recherches autour de la forêt.
Car le Plateau de Millevaches est très boisé, mais il s’agit en partie de pins Douglas destinés à l’exploitation (derrière lesquels, seuls des chênes pourront pousser). Ils seront donc coupés, créant des zones rasées à blanc par endroits. L’idée est donc de réfléchir à comment on peut améliorer les choses.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 26 : Faux-la-montagne
Nous pique-niquons sur le bord du lac de Faux-la-Montagne. C’est là que nous rencontrons Stéphane Grasser. Guide de randonnée et urbaniste, l’ex-alsacien est très impliqué dans la vie locale. Il nous parle du village, du Plateau, de la Creuse. Je retrouve l’esprit que j’avais pu croiser dans quelques coins de Mayenne : des locaux qui aiment leur région et veulent maintenant les villages vivants. Ils montent donc des initiatives pour créer du lien social et dynamiser les bourgs. À Faux-la-Montagne, la Société Coopérative d’Intérêt Collectif, dont Stéphane est le président, a notamment construit un logement passerelle, en plein dans l’éco-quartier, pour accueillir de nouveaux arrivants qui veulent créer des projets dans la Montagne Limousine.
Pendant que Petite Oreille joue avec mon appareil photo, la télécommande et le trépied (ce qui donnera ce magnifique gif...), Stéphane nous raconte que la solidarité a toujours été une valeur importante ici. Dans une région rurale et pas très peuplée, il est naturel de s’entraider.
Stéphane me parle aussi des Maçons de la Creuse (qui venaient aussi de Haute-Vienne et de Corrèze), qui ont largement collaboré tant aux mouvements sociaux qu’au développement du communisme rural. Pendant plusieurs siècles, beaucoup d’hommes partaient à la fin de l’hiver. Ils rejoignaient les grandes villes pour travailler, pendant quelques mois, sur les chantiers. Ce sont eux qui ont popularisé les idées de gauche sur le Plateau. L’histoire a retenu Martin Nadaud qui, devenu député à la fin du 19ème siècle, a œuvré pour l’instauration des retraites ouvrières, la protection contre les accidents du travail, ainsi que pour le développement de l’école publique et laïque.

Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 31
Alors que je suis lancée en pleine descente, j’aperçois une jeune femme au milieu de la route, toute seule. Elle marche avec sur le dos un petit sac d’où dépasse un drapeau français. Je freine à sa hauteur, et sans trop réfléchir, je lui demande si tout va bien. Nous sommes loin d’une ville, en pleine forêt. Elle est surprise mais me répond que oui, aucun souci. Volume à fond sur son téléphone, elle écoute un podcast. Une aiguille dans chaque main, elle tricote en marchant. Étrange personnage. Ce pourrait être le début d’un film d’horreur comme d’un livre de développement personnel, la Cheryl Strayed de la Corrèze.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 34 : Gentioux
À Gentioux, je fais une pause pour montrer un monument un peu spécial à ma fille. C’est un monument qui rend hommage aux morts de la guerre 14 – 18. Chaque ville de France, ou presque, a sa plaque, sa liste de noms. Ici, point de glorification du héros de guerre ou d’appel à la haine de l’ennemi sanguinaire : Gentioux fait partie des rares villes à avoir choisi de faire un monument pacifiste (une page wikipedia les recense). À côté de la petite obélisque, un enfant brandit le poing fermé et l’on peut lire sur une plaque : maudite soit la guerre. Le monument n’a, bien sûr, plu ni aux autorités ni à l’armée, mais il est toujours là, et chaque 11 novembre, c’est un rassemblement pacifiste qui s’y tient.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 38 : Senoueix
Impossible de ne pas s’arrêter au pont de Senoueix ! D’une part parce que c’est l’heure du goûter, mais aussi parce que c’est un véritable appel aux pieds dans l’eau ! Le coin semble d’ailleurs assez connu, puisqu’une autre famille arrive peu de temps après nous, glacière dans une main, parasol dans l’autre.
Les berges ombragées sont parfaites pour se reposer, et le petit pont de pierre, pittoresque. Petite Oreille barbote un peu, avant que nous ne reprenions la route, direction notre hébergement du soir.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 2, Km 45 : Saint-Marc-à-Loubaud
Nous dormons chez Brigitte et Joël, sur les bords du lac de Lavaud Gelade, deuxième plus grand lac de la Creuse (nous verrons le premier le lendemain). Brigitte et Joël ont une jolie maison, mais nous n’y restons pas longtemps : Joël, passionné de pêche, nous propose d’aller faire un tour en bateau sur le lac. Tandis que quelques vacanciers se baignent encore, il nous emmène dans ses endroits préférés. Le lac de Lavaud Gelade est artificiel mais pourtant très sauvage. On passe deux heures à naviguer. Et moi, je me laisse conduire, ça fait du bien !
Jour 3 : du lac de Lavaud Gelade à Champeret
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 3, Km 4 : sur le barrage
Nous longeons le lac de Lavaud Gelade jusqu’au barrage. C’est ici que l’on se rend compte de sa taille. Et c’est aussi ici que je me rends compte que j’ai oublié les sandales de ma fille à la chambre d’hôtes. Je fouille la carriole, mais rien à faire, elles ne sont pas là. Petite Oreille a passé la soirée pieds nus, et ses sandales ont, quant à elles, passé la nuit à côté du bac à sable.
J’appelle Brigitte et Joël, pour vérifier que les chaussures sont bien chez eux avant de reprendre le vélo. Mais Brigitte me propose gentiment de nous apporter l’objet du délit elle-même. Je ne refuse pas.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 3, Km 12 : lac de Vassivière
Voici donc le plus grand lac de la Creuse, qui est aussi l’un des plus grands de France. Radicalement différent du lac de Lauvaud Gelade, il comporte beaucoup d’aménagements pour les loisirs aquatiques. Mais nous, on va se contenter de regarder les pêcheurs en pédalant. Et d’admirer les paysages, les petites plages qu’on découvre au détour d’un sentier... On pourrait facilement passer la journée ici.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 3, Km 37 : la Cité des insectes
À Nedde, nous faisons un crochet pour rejoindre la Cité des insectes. L’endroit est bien aménagé, mélangeant des installations en intérieur et de l’observation en extérieur. C’est ludique, et il est tout à fait possible d’y rester plusieurs heures sans s’ennuyer. Il y a le criquet géant et transparent dont les organes s’illuminent pour montrer leur disposition, des puzzles pour reconstituer une termite, une fourmilière dans un énorme vivarium qui permet de passer dans un tunnel pour observer les fourmis... Et puis quelques élevages de phasmes (et autres mantes religieuses) pour jouer à cache-cache. On observe d’ailleurs un cousin du phasme feuille que nous avions déjà vu à Belitung, et on s’amuse à tous les chercher malgré leurs camouflages. Saviez-vous que les phasmes peuvent se reproduire par parthénogenèse thélytoque, sans fécondation ? Ainsi, dans certaines sous-espèces, il n’existe pas de mâle : il n’est pas nécessaire à la reproduction, et la parthénogenèse thélytoque ne donne que des femelles !
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 3, Km 49 : l’Église-au-bois
Si j’aime le cyclo-tourisme, c’est parce que c’est un éloge de la lenteur et un rapport différent aux paysages. Sans vitre ni carlingue pour nous séparer du monde, on entend tout ce qui se passe autour de nous. On a le temps d’observer, on peut s’arrêter facilement partout.
Et en arrivant dans ce petit village, je repère une jolie église, isolée, loin du bourg. Je regarde sur la carte. Nous sommes à l’Église-au-bois, la bien nommée. L’édifice est loin du bourg, au milieu d’un champ. On retrouve ce mur-clocher typique. Je reste quelques minutes à regarder l’église avec Petite Oreille, simplement parce que c’est joli.
Le Plateau de Millevaches à vélo, Jour 3, Km 62 : Champeret
Retour à notre point de départ, je ne suis pas mécontente d’avoir fini la boucle ! Petite Oreille court faire de la balançoire pendant que je m’affale sur un banc.
Nous dormons au village des Monédières. Nous avions passé la première nuit dans une petite cabane tordue appelée « cabane magique », et pour cette nuit nous aurons une roulotte. De nombreuses familles font escale ici, pour découvrir la région en profitant des aménagements du site. Il y a la piscine couverte, qui a forcément du succès en cette chaude soirée d’été. À côté, on retrouve les classiques tourniquets, balançoires et toboggans. Et plus loin, une cabane (pour jouer, cette fois-ci), une table de ping pong et un trampoline gigantesque : ma fille s’étant fait des copains, ils sont montés à 6 dedans. C’est trop cool, il est plus grand qu’à la maison ! Nianiania.
Au matin, le petit déjeuner nous est apporté dans un panier. Pendant que Petite Oreille se réveille en douceur, je range nos affaires dans le sac à dos que j’avais laissé à l’accueil. Notre train n’est qu’en début d’après-midi, à Uzerche, mais j’ai envie que nous explorions un peu plus le Village des Monédières. Car au-delà des hébergements, il y a un vaste espace de promenade avec un plan d’eau, un arboretum, une bambouseraie, une petite ferme avec des animaux principalement issus de sauvetages...
Nous visitons également la Maison de l’Arbre, à l’entrée du village des Monédières, où l’on en apprend plus sur la flore locale. La scénographie est sympa, avec un arbre de granit gigantesque planté au milieu de la salle d’exposition, de petites traces de renard qui nous guident au fil des pièces, et des jeux ludiques : reconnaître les odeurs de la forêt, écouter les oiseaux...
Notre voyage s’achève ici. Nous déjeunons dans la jolie cité médiévale d’Uzerche avant de grimper dans un train, un intercité lent mais direct vers Paris. Petite Oreille est ravie de son voyage. Elle raconte à qui veut l’écouter qu’on a vu un ânon et un taureau qui s’appelle Neuneu, qu’on a été coursé par un chien mais qu’elle en a caressé plein d’autres super gentils, qu’elle a vu des phasmes et conduit un bateau.
J’aurais aimé une phrase de conclusion type « et elle s’est endormie dans le train en repensant à ses souvenirs corréziens », mais en vrai, elle pétait la forme après trois jours de carriole.
Carnet pratique
Faire le tour du Plateau de Millevaches à vélo
Parce que j’espère que ce récit vous aura donné envie de tenter l’aventure, voici quelques informations pour, vous aussi, faire du cyclo-tourisme sur le Plateau de Millevaches.
L’itinéraire
Nous avons suivi un itinéraire sur trois jours (donc cinq jours au total en comptant les journées de trajet en train) : la boucle nous a menées de Chamberet à Chamberet en passant par Saint-Merd-les-Oussines et Lavaud Gelade.
Si c’était à refaire, je rajouterais deux jours pour faire ceci :
- J0 : trajet vers Chamberet, location des vélos, nuit à Chamberet
- J1 : première étape (50km) : Chamberet > la Nouaille > les Places > Viam > Bugeat > Variéras > site gallo-romain des Cars (faire le tour par Fournol si vous avez une carriole car le chemin de randonnée est très caillouteux) > Saint-Merd-les-Oussines > (crochet possible vers le village de Millevaches et la maison du PNR) > Marcy
- J2 : deuxième étape (40km) : Marcy > Peyrelevade > Lac de Chammet > longer Faux-la-Montagne (crochet rapide jusqu’au lac) > Gentioux > Saint-Marc-à-Loubaud
- J3 : journée autour des lacs : baignade, marche, kayak... au choix !
- J4 : troisième étpage (60km) : Saint-Marc-à-Loubaud > Royère-de-Vassivière > D3 jusqu’à Faux-la-Montagne > Nedde > (crochet par la Cité des Insectes) > la Villeneuve > Prabonneau > Trassoudaine > Chamberet
- J5 : journée à Chamberet pour profiter du village des Monédières, faire de l’accrobranche, visiter le bourg
- J6 : trajet retour
Je vous conseille de prendre une carte papier (type IGN, comme celle-ci) car le GPS ne sera pas forcément en mesure de vous localiser partout.
Louer des vélos
La mairie de Chamberet propose des vélos électriques et des carrioles, à récupérer à la Maison de l’Arbre, au Village des Monédières. L’assistance électrique, surtout avec une carriole, est un confort appréciable dans une région aussi vallonnée : en trois jours, j’aurai fait plus de 3200m de dénivelé positif ! Les vélos sont confortables, et la batterie tient toute la journée si on ne l’utilise pas en permanence.
Les casques sont fournis mais pas les sacoches, pensez à prendre les vôtres (ou mettez tout dans la carriole si vous n’êtes pas très chargé).
Pensez à prendre avec vous :
- Des gourdes pour vous hydrater, indispensables
- De la crème solaire
- Une serviette de voyage (comme celle-ci, en microfibre) pour vous sécher après les baignades
- Quelques biscuits pour les petits creux
- Une carte ! (type IGN, comme celle-ci)
Où dormir
Ces trois hébergements sont adaptés (voire même labellisés) pour accueillir les cyclistes : on peut y ranger les vélos en toute sécurité, charger les batteries facilement.
Plus d’informations.
Réserver directement.
Chez M et Mme Deltreuil
Téléphone : 05 55 46 14 45 ou 06 81 97 54 99
Plus d’informations.
Chez Mme Lacroix et M Cappiot
Téléphone : 06 17 36 94 83
Plus d’informations.
Où manger
Dans le bourg de Chamberet, on peut manger en terrasse ou dans la chic salle intérieure. Cuisine de qualité. Pas d’option végétarienne mais possibilité de s’adapter assez facilement. Très bons desserts !
Pour les repas de midi, il est plus simple de pique-niquer. Les chambres d’hôtes peuvent vous proposer des petits paniers repas qui éviteront de devoir chercher des commerces.
Ce projet a été réalisé en collaboration avec l’Office de Tourisme de la Corrèze, avec le soutien de l’Office de Tourisme de la Creuse
14 commentaires
Quelle belle découverte ! La nature et la quiétude dans toute leur splendeur... ça fait plaisir de découvrir un article sur une région peu connue de notre beau pays !
Incroyable surprise que les ruines de Cras, c’est vrai qu’on ne s’attend pas à voir un tel site au milieu du plateau ! Je note tous ces jolis coins, cela me donne bien envie de les découvrir à vélo 🙂
Je ne vais pas militer pour que cette région soit trop connue, ça en gâcherait tout le charme. Gardons-la secrète juste pour nous :p
j’habite cette région ( Nedde exactement ) et le récit de votre voyage accompagnée de votre petite fille vient de me fasciner . Quels jolis souvenirs enrichissants pour votre Petite Oreille ! Bravo et merci de rendre un si bel hommage à notre région dont on parle si peu souvent.
Bon courage pour la reprise avec de jolies images dans la tête ...
Bien cordialement à vous.
Elisabeth GOETZ.
C’est toujours un plaisir de savoir que ce qu’on a écrit plaît aux gens qui vivent sur place. Si j’ai réussi à rendre l’âme de votre région, c’est que j’ai bien fait mon travail 🙂
Vous vivez dans un bien joli endroit, même si je me souviendrai de la côte jusqu’à la Cité de Insectes :p
J’ai du chercher sur Google où se trouvait Chamberet lol ! J’admire la performance d’avoir réussi à te mettre sur les photos, sa doit pas être évident ! Très beau voyage, à garder dans un coin de ma tête pour un jour peut être (mais en vélo électrique !).
Ahah !
Je vais faire un tuto sur comment photographier ses voyages à vélo 😀
Un grand merci pour votre article !!
Nous rentrons de une semaine en tandem sur le Tour de la Creuse en itinerance avec la tente.
Grace à votre blog, nous avons fait un détour au sud par le plateau de Millevache, en partant de Vassievjzre et en suivant votre itinéraire, ou presque ! Nedde, le lac de Viam, Varieras et ses maisons de hobbits (fléché nul part sauf sur votre site !) , pas les ruines gallo-romaines, pas eu le courage... , le lac Chaumet, nuit à Faux la montagne, Vassiviere, et suite au nord par la vélo route du tour de la Creuse
Superbe région que je découvre ! Les paysages sont beaux, le calme transparaît dans tes compositions, on a vraiment l’impression d’y être, merci pour la balade ! 🙂
Merci à toi 🙂
Le cyclotourisme : ce que je préfère ! Magnifique itinéraire <3
Excellent article ! J’y vais souvent car ma famille a migré dans cette magnifique région 🙂
Si j’avais su je t’aurai filé le contact de ma soeur qui vit en yourte sur le plateau !
Bravo pour ces très beaux dessins, chapeau !
Bonjour, super article comme toujours ! J’y étais juste avant l’été c’était également très beau 🙂
Pouvez vous me dire s’il est possible d’avoir les exif des photos présentées sur l’article ?
Merci d’avance
Baptiste
Superbe carnet de voyage qui illustre bien les facettes multiples de la région ! Bravo !
(Ps. L’inscription sur le monument aux morts de Gentioux a partiellement été effacé, en réalité elle dit : Maudite soit la guerre qui nous a rendu orphelins ; ce qui donne une vision finalement différente...)
Je suis originaire de Corrèze et tu me fais découvrir ma propre région ! hahah Je n’ai jamais eu l’occasion de faire de la randonnée / balade en vélo sur le plateau de millevaches mais les photos donnent trop envie !!! Avec la situation actuelle, le tourisme local sera surement beaucoup plus mis en valeur c’est quelque chose qu’il faut que je fasse absolument 🙂 Autre coin très sympa, c’est de descendre dans le sud corrèze pour aller du côté d’Argentat sur Dordogne. Le coin est aussi très sympa là-bas. En tout cas, je suis très ravi que tu mettes cette région (un peu délaissée) en valeur