Il y a certaines villes où visiter les musées s’avère presque obligatoire. Existe-t-il des touristes qui se rendent à Paris, à New York ou à Florence sans se rendre dans la moindre galerie (à part les japonais) ?
Pour autant, faire des photos dans un musée reste un exercice assez délicat. La première chose est de se préparer un minimum. Je ne parle pas de connaître le plan du musée, mais de savoir ce qui y est autorisé. La plupart refuseront le trépied et le flash, mais beaucoup peuvent aussi vous refuser l’entrée avec votre sac à dos. Je n’ai jamais vraiment compris comment certaines femmes pouvaient entrer avec des sacs à épaule gigantesques, voire des poussettes, mais qu’un pauvre sac à dos pose problème...
A cela, deux réponses possibles. Soit vous avez prévu le coup en n’ayant rien de valeur dans votre sac (pas d’autre objectif) et vous pouvez alors le laisser à la consigne, soit vous allez devoir argumenter. En effet, s’ils ont une pièce prévue pour garder les manteaux et les sacs, les musées préciseront souvent ne pas être responsables de ce qu’il s’y passe ! Du coup, dès lors que vous expliquez que votre sac contient quelques milliers d’euros de matériel photo, ils vous laissent le garder, exigeant généralement une petite contrepartie : ne pas le mettre sur le dos.
J’imagine que quelques égarés ont dû abîmer des objets exposés en se retournant sans penser à leurs sacs...
Une fois rentré, vous allez généralement être confronté à deux questions : celle de la technique, et celle du sujet.
Techniquement, c’est assez simple (je vous laisse vous reporter aux articles sur les bases de la photographie : I et II) mais il va peut-être falloir faire quelques essais. Il y a des chances pour que la lumière soit assez faible. Du coup, il va falloir exploiter les trois paramètres, selon les modes que vous affectionnez : monter dans les ISO sans dépasser le maximum acceptable de votre appareil, ouvrir le diaphragme, et descendre en vitesse.
Ainsi, avec un 50mm 1.8, on pourrait, en mode priorité vitesse, se mettre à 1/60 et laisser l’appareil gérer l’ouverture. Tout en sachant qu’on évitera le flou de bougé, quoiqu’il se passe, même si la photo est sombre.
En priorité ouverture, on pourrait faire défiler les valeurs jusqu’à 1.8 pour réussir à avoir assez de lumière. Tout en risquant le flou dans les pièces vraiment sombres.
A titre personnel, j’aurais tendance à jongler entre les deux modes. Si la lumière est suffisante, je passe en priorité ouverture pour flouter l’arrière plan sur une statue. Et si le lieu est trop sombre, je choisis la priorité vitesse pour assurer la netteté. Bon, sauf si c’est vraiment trop sombre : là, je range l’appareil !
Ensuite, vient la question du sujet. Et là, c’est bien plus complexe. Est-ce pertinent de ramener la photo d’un tableau ? Personnellement, je préfère acheter la carte postale, ou même un livre sur le peintre. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a rien à photographier dans un musée !
Les représentations en volume, qu’il s’agisse de sculptures, d’animaux empaillés ou de squelettes permettent de tourner autour pour trouver un angle intéressant, par exemple. On pourra alors jouer avec la profondeur de champs et la lumière pour isoler un sujet.
Et puis il y a l’ambiance ! Après tout, les musées sont aussi souvent des lieux à l’architecture particulière qui valent autant pour leurs murs que pour ce qui y est accroché !
J’aurais aussi envie de vous dire de vous intéresser aux gens. D’une part pour donner de la vie à vos photos, et d’autre part pour donner une échelle et une profondeur si vous tenez à photographier un tableau (cf. l’article sur les premiers plans). A ce propos, essayez toujours de vous mettre bien en face du tableau, et d’utiliser une focale assez longue, de sorte à avoir le mois de distorsions possible.
Et si, photographier les autres visiteurs était d’ailleurs plus intéressant que photographier les œuvres ?
Je vous laisse deviner ce que tous ces appareils peuvent bien essayer de photographier...
14 commentaires
Très bon article encore une fois (mais va pas te reposer sur tes lauriers, au premier faux pas on te tombera dessus, hahahaha!! 😉 )
Je pense aussi que l’approche de photographier non pas les oeuvres (ce qui n’a pas d’intérêt, d’autres l’ont déjà fait dans de meilleurs conditions) mais le musée en lui même, ou les gens est la meilleure possible.
J’aime beaucoup photographier les foules pendant les événements, parce que ca donne un point de vue différent justement.
Je suis tout à fait en phase avec toi : dans les musées, je suis rarement subjugué par une oeuvre en soi. Par contre les volumes m’intéressent, les éclairages et les contrastes et, bien sûr, l’attitude du public 😉
Par exemple, dans la salle où tu as pris le rideau de photographes (je ne déflore rien), j’ai fait un plan large qui montre le rapport ridicule entre le tableau (77×53cm) et le mur immense sur lequel il est posé. Je suggère aussi de prendre les Japonais se photographiant au garde-à-vous devant le tableau 🙂
Autres sources d’inspiration dans les musées : les escaliers, qui offrent souvent des perspectives et des clair-obscurs impressionnants ; les plafonds ; les reflets...
Je vais peut-être joué mon rabat-joie mais je ne suis pas d’accord avec toi sur 2 – 3 points.
Tout d’abord je trouve que la règle comme quoi quand on a un 50mm qu’il faille shooter à 1/60s est fausse. Personnellement mes photos restent (très) nettes à 1/15s. Je trouve cela bête de se restreindre à cela car vous pouvez gagner deux stops en descendant aussi bas et si vous n’avez pas parkinson il est largement faisable de shooter à 1/15s (1÷30 si vous avez un peu de mal ce que je comprendrez).
Ensuite, je trouve cela dommage de shooter dans un mode semi automatique. Un musée est un endroit où, à part les visiteur, tout est statique. C’est l’endroit parfait pour s’essayer au Mode M car c’est pas comme si on était dans le rush.
Et enfin, c’est incorrect de dire que la longueur focale de l’objectif crée des distorsions ou non. Ce qui crée des distortions c’est la distance par rapport au sujet. Forcément qu’on est proche du sujet on prend un grand angle ce qui fait penser à une causalité mais non.
Enfin bref, j’aime vraiment beaucoup la photo de la fille face au tableau bien centrée. Elle est superbement proportionnée.
Et aussi félicitation pour ta vidéo « pub » sur le Mali !
Chouette article, comme toujours 😉
Je passe mon tour sur la partie trop technique pour moi, mais je vais totalement dans ton sens sur les 2 derniers points : l’ambiance et les gens, ça vaut vraiment le coup de les mettre en boîte...
J’aime beaucoup photographier dans les musees. j’ai commecne une serie sur ce theme. je me concentre plus sur l’architecture et les scenes elles memes. je suis comme toi, un tableau je prefere avoir la carte postale ... je suis malheureuse que les photos soit maintenant interdites dans certains musees comme a orsay. tout ca parce que les directions ont peur que l’on achete plus leurs produits apres...
Tewoz : 😉 Je suis allée au Louvre la semaine passée, spécialement pour faire les illustrations de cet article (et pour combler une lacune honteuse : n’y avoir jamais mis les pieds en bientôt 6 ans de vie parisienne !), et comme c’était en nocturne, il y avait peu de monde. Un déception, car j’espérais pouvoir faire quelque chose avec les foules, justement ! Voir les gens se masser devant la joconde, appareil tenu à bout de bras... mais non !
Tangosierra : ah les japonais... mais pourquoi posent-ils systématiquement devant tout et rien ?!? Enfin, on est d’accord, les lieux peuvent offrir bien plus que les cadres dorés !
Adil : Les avis contraires sont toujours les bienvenus !
Concernant la règle des 1/60ème avec un 50mm, ce n’est bien évidement pas un dogme. Néanmoins, ce blog s’adresse plutôt à des débutants et dans la plupart des situations, appliquer cette règle reste une sécurité. Bien sûr, on trouvera toujours des gens qui sont nets à 1/10ème, et c’est plus flagrant sur les longues focales, mais dans les faits on tremble tous un peu, et plus le zoom est important, plus le tremblement est accentué sur le résultat.
Pour les modes, c’est pas faux, mais personnellement je n’ai jamais vraiment vu l’intérêt du mode M en dehors de quelques cas spécifiques comme le studio. Je préfère me concentrer sur mon cadrage que sur mon exposition... Pour le cas, c’est vraiment une histoire de personnalité, l’important étant d’être à l’aise avec ses choix. Mais je comprends qu’on puisse vouloir passer en M ici.
Enfin, pour la distorsion, c’est un raccourcit histoire de synthétiser et de simplifier les choses. Ici, le but était de dire : reculez et zoomez au lieu de vous approcher.
Curieuse Voyageuse : on a souvent tendance à ne pas vouloir de touristes sur nos photos, alors que ça peut justement être tout le parti pris que de les inclure !
Françoise : ça c’est vraiment lamentable... et je suis sure qu’Orsay va faire fuir une partie de ses visiteurs. Je trouve d’ailleurs ça tout aussi idiot dans les musées d’art contemporain ou dans les concerts : ce sont aussi les photos sur facebook, sur les blogs, etc. qui font la promotion d’un artiste, d’un lieu ou d’un événement !
A cote des musée qui interdisent les photos il y a ceux qui comme à Toulouse organisent des concours photos qui visent à créer des photothèques. Ils autorisent pour l’occasion de nombreux moyens habituellement interdits comme l’usage du trépied.
Le reste de l’année il est possible de faire des photos sans problème.
Mais il y a parfois des interdits quand les artistes (ou ayants droits) cela dépend des artistes
Sur les aspects techniques, il n’y a pas de dogme en effet et le mode M n’est pas un aboutissement ou une consécration en soi. Personnellement les musées sont plutôt des endroits où je vais aimer utiliser mon 10 – 20. D’abord parce qu’il permet de rendre les volumes des pièces avec une bonne profondeur de champ, et parce que justement il est peu sensible au flou de bouger. Qui plus est, il est très facile de se caler contre un angle de mur, et descendre au 1/10 voire au 1/4 est tout à fait envisageable, ça permet en même temps de flouter les visiteurs, en jouant sur les contrastes enre les promeneurs et les contemplatifs.
@Oreille, je ne sais pas si tu as ça dans tes cartons mais les galeries marchandes sont un thème assez proche dans son traitement, non ?
Pyrros : ah, les photothèques... Quelle merveilleuse idée ! Enfin, peut-être peut-on se faire plaisir, et ne leur donner que nos images ratées 😉
La question des droits reste délicate pour les artistes récents, c’est sûr. En théorie, le touriste ne devrait pas être bloqué, puisqu’il ne gagnera pas d’argent sur ses photos de vacances, mais ils préfèrent souvent nous interdire la photo plutôt que surveiller son exploitation...
Tangosierra : c’est pas faux pour les galeries marchandes, je n’y avais pas pensé ! Il me reste encore beaucoup de sujets à traiter !
Jouer sur les foules faisait partie de mes projets quand je suis allée faire les photos de cet article, mais outre le fait qu’il n’y avait pas grand monde, il y a un peu partout des petites barrières pour bloquer l’accès aux murs :/ Mais dans d’autres musées, il doit y avoir des choses très sympas à faire ainsi !
juste pour partager mon expérience :
- certains musées se mettent à avoir des consignes, comme les gares aéroport ou autres. Donc clés et aucun problème.
- Pour du matériel de valeur ils sont souvent compréhensifs.
- Pour du matériel photo ils sont souvent agressifs.
- Photographier une peinture est assez ridicule
- Le conseil sur la priorité vitesse est assez étrange. Mais sûrement utile pour un débutant.
- Photographier les statues est hyper intéressant, surtout avec un 50mm 1.4 ou 1.8
- Photographier les gens est également très intéressant.
En général j’évite de prendre des photos dans les musées. A force sinon, j’oublie de regarder.
Je trouve, en tout cas, les photos de visiteurs bien plus intéressantes que celle, plus convenue
des oeuvres.
(Mais comment tu fais pour poster autant ??? Je m’absente une semaine et tu remplis ton blog
de nouveaux articles !)
Azety : on est à peu près d’accord quoi ! 😉 Sur les consignes, voyant la facilité qu’on a à se faire voler dans les piscines, je continue de me méfier ! Si mon appareil n’est pas contre moi, c’est qu’il est chez moi !
Gaspard : Je suis bien d’accord, photographier les œuvres en tant que telles n’a pas un grand intérêt, à moins de faire des recherches iconographiques... Un bouquin, une carte postale, un poster sera certainement bien mieux pour garder le souvenir d’une peinture qu’on a aimée ! (et avec des photos prises correctement, dans de bonnes conditions !)
(je ne dois pas avoir de vie sociale ^^)
Un petit conseil supplémentaire (tout simple certes mais utile pour les débutants): penser à régler la balance des blancs : certains musées (ou les pièces qui y sont exposées) sont éclairés par des spots donnant des photos orangeâtres sans correction.
[…] (Source : Madame Oreille) […]