Un beau paysage, même très bien cadré, avec la lumière parfaite, ne se suffit pas souvent à lui-même. Il n’est pas toujours possible de rendre compte de ce qu’on voit : la photo aplatit. On ne réalise pas la hauteur d’un monument ou la profondeur d’un canyon en image. Mais on peut faciliter la lecture de la photo en travaillant sur les différents plans.
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer avec deux exemples. Pour la géolocalisation, nous avons en premier le Taj Mahal, en Inde, et en second Vang Vieng, au Laos. C’est n’est pas le jeu des 7 différences, il n’y a qu’une chose qui change (tout) :
(ouais, c’est fait comme un cochon)
Vous l’aurez, en théorie (quand même !) remarqué, vous avez à chaque fois une version avec un personnage et l’autre sans. Et si vous êtes normalement constitués, vous préférez la deuxième version. Dans les deux cas, l’humain donne une profondeur et surtout une échelle. Vous, vous l’avez vu, le bâtiment ou le paysage, et vous savez comment tout s’agence dans l’espace, mais ce n’est pas forcément le cas de la personne qui regarde la photo. On ne vous a jamais demandé « et en vrai, c’est grand » ? Sans référentiel, on ne sait pas interpréter une grande étendue.
Mais ces personnages ne servent pas qu’à ça : ils permettent aussi de commencer à raconter une histoire. Ce n’est plus « un joli paysage », c’est « des pécheurs dans un joli paysage ». Il y a une action, vous stimulez l’imaginaire. Il se passe quelque chose. L’action n’a pas besoin d’être très présente, un personnage en contemplation peut aussi faire l’affaire (si on veut jouer à analyser ce genre de construction, on peut dire que c’est une mise en abyme du spectateur, mais on ne va pas aller si loin). Vous connaissez probablement, même sans avoir son nom en tête, Caspar Friedrich. C’est un peintre romantique allemand qui a beaucoup travaillé sur le paysage :
Je ne vais pas me lancer dans une analyse de ses tableaux, vous avez déjà compris où je veux en venir : ces présences humaines donnent une dimension différente à la photo. Mais, vous allez me dire, on n’a pas toujours un compagnon à placer ou le temps d’attendre que la barque arrive. On peut être complètement seul, sans un passant. Dans ce cas-là, il suffit d’improviser avec ce que vous avez à disposition. Intégrez un arbre, attirez un animal (ahah), baissez-vous pour utiliser les cailloux, déplacez-vous pour trouver quelque chose ! (et sinon, shootez quand même, quitte à y revenir plus tard, ne laissez pas la belle occasion vous passer sous le nez, ce sera toujours un beau paysage !)
17 commentaires
Très bon article et quelques très belles photos 🙂
(c’est quoi la forme au premier plan du building désaffecté ? i.e. la photo en bas à gauche de ta dernière image)
En petit, c’est peut-être pas évident : c’est un fauteuil de bureau renversé. (c’est en Bosnie, les snipers se plaçaient dans cet immeuble à l’emplacement stratégique.)
C’est vrai que ça change tout ... je ne m’étais jamais penchée sur le sujet ... mais à présent je sais que j’y penserai en prenant mes photos. il faut dire qu’en la matière je suis une vraie novice.
😉
Merci de ces bons conseils.
J’espère que ça portera ses fruits alors !
C’est pas une règle absolue, juste un truc qui aide à approcher du « wow effect ».
C’est vrai que pour les photos de certains paysages/monuments, il est toujours plus intéressant d’avoir un personnage ou quelque chose de reconnaissable à qui/quoi on peut se référencer. Récemment j’ai vu une photo prise au Pôle Nord mais je ne pouvais pas du tout m’imaginer une seule seconde la grandeur du paysage faute de présence humaine ou d’élément de référence.
Tu as pris les photos exprès pour l’article ?! 😉
Incroyable l’écureil sur la quatrième, on a le sentiment qu’il pose.
Elyes : j’ai pas mal de photos du Lac Baïkal que je garde cachées justement à cause de ça. De grandes étendues blanches... sauf que s’y on n’y a pas été, on ne se rend pas compte. C’est sauvable si on les montre en série, je pense (ou en carnet !). Le côté accumulation doit renforcer l’idée de grandeur.
Bruno : non, j’ai même du fouiller pour trouver des exemples « sans humain » ! (c’est très bizarre, mais aux États-Unis, les animaux sont beaucoup moins craintifs que chez nous. J’ai pu approcher des bernaches à moins de deux mètres alors qu’en France, il ne faut pas y compter !)
Tres belles photos, moi ce que j’aime, c’est l’histoire derrière... a première vue, pour la dernière photo. Ok, un bâtiment désaffecté mais l’histoire lui donne une toute autre dimension, de la profondeur, du corps... comme du vin !
piotr : jette un œil aux pages sur Mostar, dans le carnet des Balkans, si ça t’intéresse. Je crois que ce fauteuil joue justement un grand rôle dans l’histoire, en tout cas pour moi. J’imagine les hommes qui se sont planqués derrière pendant la guerre...
Merci Oreille, j’irai voir oui !
Très bon conseil ! Ca me rappelle les quelques cours de photographies du DUT 🙂 Pour rendre une photographie intéressante, il faut une composition intéressante et grâce des astuces toutes simples (1er plan, règle des 3 tiers) on peut y arriver facilement. Faut juste les mettre en oeuvre.
Certains arrivent à rendre intéressants des objets du quotidien en jouant avec des astuces simples. Des trucs qu’on ne penserait même pas à photographier, mais qui prennent un sens différent avec le cadrage, la lumière. Bon, ce commentaire serait plus pertinent avec un exemple, mais je n’ai aucun nom qui me revienne pour l’instant..
Sinon, rien à voir et par pure curiosité, c’était quoi comme DUT ?
J’ai fait un DUT SRC (Services de Réseaux de Communication). C’est des études multimédia, avec une grosse partie de la formation axée sur le web. Mais on touche à tout, aussi bien des matières artistiques (photo, vidéo, infographie, sémiologie de l’image etc...) que technique (programmation java, php, sql, html, css, réseaux....) ou encore théorique (communication, marketing...). C’est bien complet !
Je l’aurais parié 🙂
(j’ai connu beaucoup de gens qui ont fait ce DUT)
J’aurai voulu trouver un DUT comme ca :/
Il est pas encore trop tard Piotr !
Non mais je n’ai pas envie de retourner sur les bancs de l’école... j’ai fait mon compte, assez 😛