Fait 1 : on risque davantage à voler un portrait qu’à demander la permission pour le prendre
Fait 2 : créer un lien avec le sujet est, sinon la garantie, au moins une chance supplémentaire pour une meilleure photo
Vous l’aurez compris, après un article sur l’éthique et un autre sur l’enthéléchie, le respect de nos modèles est un sujet qui me tient à cœur. Pour autant, je sais que ça n’est pas toujours simple d’aller vers quelqu’un, et que zoomer en cachette peut être tentant.
Il faut savoir que voler une photo peut vous attirer de nombreux problèmes, surtout si vous ne connaissez pas les moeurs locales. C’est le sujet que je développais dans cet article sur l’entéléchie du voyageur photographe. Vous n’avez pas envie de vous retrouver encerclé par toute la famille de la femme dont vous avez volé l’image ? Vous ne voulez pas courir sous les jets de pierres ?
Donc, comment on fait pour aborder quelqu’un ?
Il n’y a pas de recette miracle, malheureusement. Mais, dans tous les cas, il va y avoir deux éléments communs : sourire et prendre son temps. Le sourire, c’est pour dégager une aura sympathique, parce que vous êtes quelqu’un de bien, animé par des envies positives (en Russie, vous passerez pour un débile si vous souriez mais c’est à peu près le seul pays au monde où l’on attache une connotation négative au sourire). Le temps, c’est pour nouer un contact, ne rien brusquer, et pouvoir aller au-delà du portrait figé de bord de route (surtout pour ceux qui n’aiment pas quand c’est trop posé) ; puis les voyages, c’est avant tout rencontrer des gens et échanger les idées et les points de vue culturels (ou quand l’ontologie ne fait que résumer la phylogénie, dit le belge pour faire son intéressant...).
Une règle absolue est de ne pas rester sur un échec. Je l’ai appris à mes dépends, n’étant pas particulièrement à l’aise moi-même lorsqu’il s’agit d’aborder les gens. Aux Etats-Unis, je voulais profiter de la langue commune pour faire une série sur nos rencontres. Le premier portrait n’est pas une réussite, mais j’étais contente d’entamer ce projet. Je voulais prendre une personne par jour et la présenter avec ses mots. Le lendemain matin, nous discutons avec une expatriée chinoise très intéressante. Au bout de quelques minutes, comme le courant passe bien, je lui demande, et elle refuse. Elle explique gentiment qu’elle n’aime pas les photos. Je suis restée bloquée sur ce refus et je n’ai pas vraiment réessayé derrière, même si nous rencontrions des gens passionnants, et ça, c’est vraiment une grosse connerie. Si quelqu’un dit non, il faut trouver quelqu’un d’autre !
Comme aucune situation n’est identique, je vais vous proposer quelques exemples assez différents dans l’approche.
Cas 1 : la vieille dame au Laos (ປະເທດລາວ) près de Luang Namtha
Nous sommes dans un petit village. Nous avons salué tout le monde à notre arrivée et, quelques heures plus tard, nous nous promenons au milieu des gens. Cette dame me plaît, je m’approche donc, seule, et m’assieds en face d’elle. C’est tout simple, mais le fait d’être à la même hauteur, assise sur les mêmes pierres, établit d’emblée un rapport d’égalité. Je ne parle pas sa langue, elle ne parle pas la mienne, mais j’ai pris la peine d’apprendre quelques mots. Même mal prononcés, ils brisent les barrières, montrent mon intérêt sincère. Je le vois bien en temps que parisienne, je prends plus de plaisir à aider les touristes perdus lorsqu’ils essaient de baragouiner un peu en français, que lorsqu’ils me balancent un agressif « where is Père Lachaise ? », sans bonjour ni merci.
Après quelques minutes à se sourire, je remonte l’appareil photo que j’avais en bandoulière et le lui montre, avec un air interrogatif (j’essaie de mimer la demande de permission). Un hochement de tête plus tard, je déclenche. C’est tout simple, ça ne donne pas forcément de belles photos, mais c’est un premier pas.
Cas 2 : un marché en Russie (Россия), à Listvianka (Листвянка), sur les bords du Lac Baïkal (Озеро Байкал)
C’est un peu similaire au cas n°1, sauf qu’on rajoute une donnée : l’habitude. Les marchés sont des lieux très fréquentés. Les commerçants ont donc l’habitude d’y être photographiés. Ici, je me suis promenée plusieurs fois au milieu des stands, appareil bien en vue. C’est l’astuce : pour ne pas passer pour un voleur, il faut que tout le monde vous identifie comme touriste photographe. Ensuite, j’ai utilisé une focale suffisamment courte pour être proche de mon sujet, et j’ai pris du temps, pour qu’elle me voie, qu’elle sache que je m’apprête à la photographier, qu’elle sache aussi que je lui laisse le temps de dire non.
La plupart des commerçants ne diront pas non, parce qu’ils savent que leur représentation va attirer d’autres touristes, et qu’ils ne sont pas montrés dans leur vie privée. Par contre, photographier leurs marchandises sera parfois compliqué. Si vous n’êtes pas hyper à l’aise, acheter quelque chose peut être une idée pour avoir un contact, mais ne le faites que si l’achat vous tente vraiment, sinon ça revient à payer pour une photo. C’est surtout dangereux pour vous : oserez-vous ensuite reprendre des photos sans acheter ?
Cas 3 : un gamin chez les mongols
C’est l’exemple parfait pour illustrer le fait que prendre son temps est un bonne chose. Avant cette photo, j’ai pris des portraits posés de toute la famille, j’ai demandé pour la moindre image sans intérêt, et à chaque fois je leur ai montré le résultat. Et au bout d’un certain temps, il y a une forme de confiance qui naît. Vous êtes parmi eux avec l’appareil, et il savent que vous ne faites rien de mal. On vous laisse alors entrer dans la vie de la famille.
Je pourrais vous donner des dizaines d’autres exemples (autant que j’ai de portraits, en fait) mais je crois que ces trois-là correspondent à la plupart des situations. N’hésitez pas à partager vos techniques et anecdotes dans les commentaires !
25 commentaires
C’est à chaque fois une épreuve pour moi, vraiment ! Je me retrouve dans ce que tu écris, prendre son temps ça m’aide beaucoup : pas seulement à se faire accepter, mais aussi à s’accepter soi-même dans le rôle de photographe.
Je te l’ai déjà dit, mais la photo du gamin en Mongolie est magnifique !!
Tu ne parles pas de la relations avec la photo, certaines ethnies/cultures ne veulent pas être pris en photos d’autres au contraire adorent ça ...
Les membres de certaines tribus d’indiens d’Amérique ont par exemple peur que la photo soit un morceau de leur âme, ils refusent donc de paraitre sur les photos. A coté il y a des tribu qui font commerce de leur image en posant contre de l’argent
Rien qu’en France selon l’endroit où tu fais des photos tu te fais jeter ou au contraire le « sujet » joue avec toi ...
Il y aussi ceux qui veulent voir le résultat immédiatement et connaitre le canal de diffusion/ l’utilisation ...
Oui très important d’insister sur le respect des personnes rencontrées et éventuellement photographiées.
Et parfois un refus peut mener vers une autre aventure : très récemment en allant en train à Barcelone j’ai voulu faire un portait du conducteur du train, qui a refusé un peu abruptement, mais en voyant que je m’intéressait quand même à lui et à son métier, il m’a proposé de monter dans la cabine de pilotage et de prendre toutes les photos que je désirais (de la cabine, pas de lui ;-). Un très bon moment et un excellent souvenir !
Moi aussi j’ai beaucoup de mal a demander. je me retrouve donc a ne pas faire de portraits... ce que je regrette. Il faut que je me force a aller vers les gens ... ce donner l’objectif de faire un portrait par jour comme tu voulais le faire aux Etats Unis me semble une bonne idée.
Tout à fait d’accord avec Julie, ta dernière photo prise en Mongolie est sublime.
C’est un vrai exercice de demander à quelqu’un de faire son portrait... Je n’aime pas « gêner » les gens, alors il faut en effet prendre son temps, montrer ses intentions. C’est un peu comme un oral à l’école...
Mais j’accepte très bien les refus, je les trouve très compréhensibles (je fais la grimace quand on me demande de faire un joli sourire pour une photo... ).
Apprendre quelques mots de la langue locale me semble vraiment nécessaire.
Mais malgré toutes nos bonnes intentions, je ne peux m’empêcher de penser que l’on « prend » quelque chose à la personne que l’on photographie, on repart avec quelque chose d’elle. Ce n’est pas forcément négatif d’ailleurs. Je me sens très reconnaissante par rapport aux personnes qui acceptent que je les prenne en photo, elles me permettent d’attraper quelque chose d’une culture, d’une région.
NowMadNow
[...] background-position : 50% 0px ; background-color:#222222 ; background-repeat : no-repeat ; } http://www.madame-oreille.com (via @apprendrephoto) – Today, 11:15 [...]
Excellent article avec des exemples réels.
Nous sommes tous confrontés à cette difficulté du « portrait » sans voler l’intimité des gens.
Votre méthode est la meilleure. Patience, sourire et complicité.
Merci pour ce partage d’expérience instructif.
Il faut de toutes façons avoir son appareil déjà sorti, que l’on soit clairement identifié comme personne qui prend des photos, discuter un minimum avec les gens. Bref, faire preuve d’humilité...
Rien de plus horrible que la chasse photo de gens avec un téléobjectif...
Ton système d’imprimante pour offrir un tirage est un vrai plus et ainsi éviter de sombrer dans le travers de donner de l’argent, un stylo ou un bonbon !
Laurent
C’est effectivement très difficile d’aborder quelqu’un pour lui tirer le portrait...déjà dans la famille j’ai du mal mais alors un étranger 🙂
Et comme je ne suis pas fan des photos volées, je prends très peu de portraits pendant es voyages, mais il va falloir que je me force un peu parce que sur ton reportage au Mali, ce sont les photos que je préfère !
Merci pour les conseils en tout cas, je n’oublierais pas de ne pas sourire en Russie !
Julie : je me dis de plus en plus, que ce qui me manque pour me pousser à oser plus souvent, c’est la légitimité. C’est à dire que je ne me sens pas forcément à ma place en demandant l’autorisation, vu que la photo n’est destinée qu’à ce blog... Préparer une expo, un reportage ou n’importe quoi qui puisse répondre au « vous allez faire quoi de la photo » rendrait peut-être l’approche plus simple. :/ C’est pareil pour toi ?
Pyrros : en fait, j’avais déjà évoqué le rapport à la photo selon les cultures dans un autre article, je n’ai pas voulu faire de redite 🙂
Marine : accéder à la cabine, c’est super sympa ! En occident, on voit de plus en plus de gens qui n’auraient rien contre les photos, mais ne sachant pas où va atterrir leur image, préfèrent refuser d’apparaitre. Cela dit, avec quelques détails (mains, affaires personnelles), on peut dresser un portrait sans visage !
Françoise : et puis rencontrer les gens, même sans photo, c’est quand même chouette 😀
NowMadNow : merci à vous deux 🙂 C’est pas faux. On ne leur prend rien qui puisse leur manquer, mais on repart quand même avec un petit bout d’eux . Mais comme certains demandent aussi parfois des photos de nous, c’est un échange plutôt sain !
En Amérique latine, tu dois t’éclater... Pouvoir avoir un réel échange avec tout le monde...
Landry : hé bien merci à toi !
Laurent Houssin : pour l’appareil déjà sorti, je me pose la question. D’un côté, on annonce la couleur, mais de l’autre, ça peut être agressif. Personnellement, je le garde en bandoulière, bien en retrait, pour qu’il ne paraisse pas caché, mais ne soit pas la première chose qu’on voit. Quant à la pogo, c’est un bon passeport : après, les gens demandent d’eux-mêmes !
Donlope : en Russie, je crois qu’il est vraiment difficile de faire des portraits... il faut prendre encore plus de temps qu’ailleurs pour réussir à se lier avec quelqu’un... Même si une fois la glace brisée, les gens sont, globalement, gentils ! Et pour le coup, connaître quelques mots de russe est indispensable : ils n’aiment pas trop trop qu’on leur parle anglais !
Comment gérer l’instantanéité ?
Etablir le contact c’est bien mais que faire si la personne accepte et ensuite « pose » alors qu’on cherchait justement une expression « naturelle », sans que la personne ait conscience de l’objectif ?
Une des solutions ne serait pas justement de shooter ce genre de scènes urbaines au télé ?
Alteriche : elle te parait posée la photo du petit mongol ?
Shooter au télé, c’est voler. Il faut se mettre à la place du modèle, est-ce qu’on apprécierait ?
La solution est simple : prendre le temps. On fait quelques photos figées pour briser la glace, puis on est ensuite autorisé à redevenir invisible pour photographier le quotidien, sans se cacher.
(mais personnellement, j’adore les yeux plantés dans l’objectif)
Super article. En effet, je pense que ce n’est pas la chose la plus facile que de tirer des portraits, mais je suis 100% d’accord avec toi sur le fait qu’il faille demander au gens avant de le faire. Personnellement je n’aime pas trop être pris en photo, donc si je vois qui va essayer de le faire sans me demander je serais énervé.
Mais, il y à des situations où cela est devenu quasi impossible d’obtenir une autorisation pour un portrait. Je prends l’exemple des Maid à Akihabara (Tokyo). Il y à eu tellement de pervers étrangers (hommes essentiellement) qui sont venus dans ce quartier, que lorsque tu demandes à une de ces demoiselles si tu peux la prendre en photo, tu as un non immédiat et elle tourne la tête. Après une des solutions, peut être de demander à une amie fille de faire la photo, mais pour le moment je ne suis toujours pas arrivé à obtenir l’autorisation (j’y arriverai bien un jour non?).
Et les exemples que tu donnes de situation où les personnes peuvent devenir agressives sont tellement vrai. Je me rappelle l’année dernière, j’étais à Harlem. Je voulais prendre une photo dans la rue, pas un portrait mais la rue en soit. Je sors mon trépied, pose mon appareil, fais mes quelques petits réglages (de débutant :)) et viens pour presser le bouton quand un grand black américain s’approche et me dis « je vais te casser ton appareil photo ». Je lui demande pourquoi et il me dit « parce que tu veux prendre mon stand en photo ». je lui réponds donc que non, mais il reste énervé. il me demande d’où je viens et mon prénom et puis subitement, il me dit « tu es musulman » (je ne sais pas pourquoi il m’a demandé cela) et je réponds que oui. Là il a immédiatement changé de ton « ah mon frère, excuse-moi, mais juste ne prends pas de photos de mon stand »....Cocasse
Pour un bon portrait ‚le photographe doit être clairement identifié mais surtout rapide .Ce que la plupart des gens détestent ‚ce sont les photographes qui « rodent » autour d’eux ‚qui les « amadouent » pour obtenir une photo.
Tres jolie photo la derniere ! Cette semaine je suis trouvee du cote de « celui-a-qui-on-demande-la-permission » a Sydney un groupe d’Indonesiennes prenait des gens en photos, j’ai a peine eu le temps de comprendre ce qui se passait, elle parlait super vite en montrant son appareil. Mais elle avait l’air tellement gentille et souriante qu’au final c’etait pas un probleme. J’espere juste que c’etait pour usage prive, elle ne m’a pas laisse le temps de lui poser la question 🙂
Encore d’excellentes règles à suivre, Aurélie, merci !
Même cas que Françoise... Je suis une grosse timide donc je demande rarement, donc je fais extrêmement peu de portraits... Ce que mes amis qui ont droit au « diapo » de mes voyages trouvent plutôt bizarre d’ailleurs (« y’a presque jamais de gens sur tes photos »). Je vais peut-être reprendre ton idée de faire un portrait par jour la prochaine fois, histoire de me forcer.
[...] Affrontez votre peur de demander un portrait à un inconnu : Julien Bencore nous propose d’affronter notre timidité et d’aller faire des portrait dans la rue. Un article plein de bons conseil et de bon sens. Dans le même genre il y aussi l’article de Madame oreille qui propose de s’intéresser au portrait lors de voyage à l’étranger Aborder quelqu’un pour lui tirer le portrait. [...]
Tunimaal : c’est sûr que passer après des dizaines de pervers n’aide pas le photographe normal à se faire accepter, et je crois que ton exemple à Harlem résume bien la situation : montrer qu’on est comme eux, qu’on ne veut rien de mal, surtout respecter leurs demandes.
Je serai curieuse de savoir si c’est plus facile pour une fille d’aborder les maids. Ce pourrait être logique, mais elles seraient peut-être méfiante quand même, non ? C’est limite le genre de sujet qui demanderait d’avoir un ami d’ami pour nous introduire ^^
Le Chat Photographe : je suis d’accord sur le fond, faut pas non plus tourner autour d’eux pendant des siècles, et quand ils ont dit oui, on ne s’y reprend pas à dix fois parce qu’on s’est planté dans ses réglages... Pour autant, il ne faut pas non plus être brusque. En fait, j’ai l’impression que tout ça pourrait être instinctif : on le sent si on fait chier la personne, si on doit la laisser tranquille rapidement ou si au contraire elle a envie qu’on s’intéresse à elle. Y’a pas mal de gens qui seront fiers de nous faire rentrer dans leur vie.
Lucie : ça m’arrive souvent en tant que touriste, mais jamais en tant que locale et ça doit être hyper rigolo, de se retrouver de l’autre côté, comme ça ! Tu feras le tour de facebook en indonésie 😀
Mélissa : je ne te jetterai pas la pierre vu le mal que j’ai à me forcer ^^ C’est hyper frustrant de ne pas oser !
bonjour
je viens de decouvrir votre site : genial
Mais... je voudrais comprendre qqch : vous appelez votre doux et tendre « le belge » et pourtant vous avez l’air d’etre parisienne.
bref ...
En plus vous m’avez donné l’envie d’un tamron 17 – 55 aie aie aie
encore merci
Gabriel
Gabriel : bonjour et bienvenue. En fait, n’aimant pas trop utiliser le prénom de mon compagnon dans les articles, je lui donne des surnoms. Il a longtemps été le Chauve, mais depuis qui a des cheveux, c’est devenu le Belge, puisque c’est sa nationalité, même si nous vivons effectivement ensemble à Paris depuis quelques années !
Et sinon, le Tamron est vraiment très bon, et très pratique 🙂
Un article intéressant, et de très jolies photos ! Je crois que chaque photographe, et chaque personne prise en photo (ou qui refuse de l’être), a son point de vue sur la question...
A moins d’être dans un coin vraiment très reculé où Internet n’existe quasiment pas, les gens se doutent bien que leurs clichés finiront sur la Toile un jour ou l’autre. Je comprends que cela soit dérangeant pour eux et je ne crois pas que j’aimerais voir des portraits de moi circuler sur Internet. Par contre, j’aime beaucoup prendre les personnes de dos, généralement assises sur un banc, en train de regarder un joli paysage. On pourrait certes appeler ça un portrait volé mais pour moi, ils deviennent simplement un élément dans la construction de l’image et apportent une touche humaine de charme à la photo. Ils ne seront pas vraiment reconnaissables et donc, pas de problème de droit à l’image pour eux comme pour moi. Rien n’empêche d’aller discuter avec eux (ou avec d’autres personnes) après. Effectivement, les rencontres sont le sel des voyages, l’occasion d’échanger et d’aller au devant d’autres cultures 🙂
Lorsque je décide tout de même d’aborder quelqu’un pour lui tirer le portrait, le sourire et la patience jouent un rôle indéniable. Je crois aussi que nos modèles méritent une certaine honnêteté et que si l’on décide de les prendre bien en face, ils doivent en être conscients et accepter, au moins tacitement, d’être pris en photo. Lorsqu’on voit des clichés aussi réussis que ces trois-là, on se dit que ça vaut vraiment la peine de prendre son courage à deux mains !
Tout à fait d’accord avec vous. Il ne faut pas prendre de photos sans la permission, à moins vraiment qu’on soit loin et que la personne concernée ne soit pas la « cible » de la photo.
J’ai testé l’expérience au Kenya en photographiant des femmes dans la rue avec des chevelures très extravagantes. Après 2 refus, « ai abandonné (ou je n’ai pas pris le temps d’insister sur d’autres modèles).
Je penserai à cet article lorsque dans mon prochain voyage, je demanderai à des passants de les prendre en photo.
Merci pour cet article, et je suis d’accord : non aux photos volées !
Ça m’est arrivé aussi de me retrouver de l’autre côté de l’objectif ! Par exemple des touristes frigorifiés qui voulaient nous prendre en photo à Paris en plein hiver alors qu’on sortait d’une fontaine après un plongeon tout habillé, ou qui me voyaient en shorts dans la rue par ‑25 °C à Montréal 🙂 En tous les cas c’est une expérience intéressante car elle prouve que les photos demandées avec le sourire passent très bien, et que celles volées laissent une certaine amertume.
Pour revenir sur l’article, je suis d’accord avec ce qui est mentionné ici : tant pis si vous ne prenez pas la photo voulue ! Et demandez-vous : serait-elle si exceptionnelle que cela ?
Et en cas de refus, proposez un compromis : prendre seulement les mains, une partie de la tenue, l’outil de travail,... Dans tous les cas, soyez honnête et montrez la photo à la personne pour qu’elle « valide » la prise de vue (vive le numérique).
Autre conseil : avant de demander de prendre une photo, je fais comprendre à la personne ce qui me plaît chez elle. Jolie tenue vestimentaire, boutique ou étal fascinant, etc. Le sujet se sent valorisé et comprend pourquoi vous voulez le prendre.
Si la personne qui vous intéresse est en groupe, prendre d’abord des photos du groupe, puis des personnes individuellement (même celles qui ne vous intéressent pas) permet de casser la glace. Être deux pour prendre une photo est aussi un atout : première photo avec votre compère à côté du sujet, puis sujet seul. Et quand c’est le ou la compère qui aborde le sujet, ça passe souvent mieux !
Bref, dans tous les cas, sourire et échange humains rendent l’expérience agréable pour tout le monde !
Je crois bien que c’est la première fois que je trouve sur un blog de voyage un article sur les portraits... J’ai envie de dire : enfin ! Mais surtout un grand merci pour ce récit et ces « cas pratiques ». D’abord parce que les photos de l’article sont fabuleuses, que votre expérience est un cas concret auquel je peux me rattacher et enfin parce que ça me réconforte dans mon envie de le faire 🙂 Encore une fois merci Madame Oreille !
Tout d’abord un grand merci à Madame Oreille pour ce fabuleux blog, je l’ai découvert il n’y a pas très longtemps et depuis je suis complètement fan ! Un blog réunissant mes deux passions, la photo et les voyages, c’est exactement ce que je recherchais 🙂
Je viens de rentrer d’un voyage en Thaïlande et au Cambodge où je me suis confrontée de plein fouet à la difficulté de faire des photos de portrait. En effet, il est hors de question de prendre des photos volées et donc, cela demande d’aborder les gens. Pas facile quand la timidité et la gêne vous gagnent ! Mais l’envie irrésistible de déclencher tous les beaux visages rencontrés sur la route prend vite le dessus, ce qui oblige à sauter le pas.
Vos articles m’ont beaucoup aidé, je me suis par exemple rappelé de votre conseil de montrer au modèle les photos prises et j’avoue que j’ai ainsi vu des sourires s’afficher. Un pur moment de bonheur et de complicité échangés même sans mot échangé !