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Luang Prabang

par Madame Oreille

Après le trek, nous pas­sons une der­nière soi­rée sur le mar­ché de nuit de Luang Nam­tha, avec deux japo­nais et un sud-coréen. Ce der­nier est un féru de vélo et tra­verse ain­si le Laos, après avoir voya­gé dans beau­coup d’autres pays, tou­jours avec son VTT.

Et, au petit matin, il nous faut par­tir pour Luang Pra­bang, ancienne capi­tale royale et capi­tale actuelle du tourisme.
Un taxi pour la gare et on monte dans le bus, un petit truc ultra lent qui s’ar­rête tous les deux kilo­mètres pour char­ger et déchar­ger des marchandises.

Ca ne semble pas loin, sur une carte, mais il faut la jour­née pour y aller. Les pay­sages sont magni­fiques, on ne s’ennuie pas. Des pauses régu­lières sont amé­na­gées, dans les prin­ci­pales villes du tra­jet. On peut ain­si tes­ter les toi­lettes des gares (2 fois moins chères que dans les vil­lages impro­vi­sés en pis­so­tières où les arbres sont de fac­to très utiles), ou tes­ter de nou­velles bro­chettes de trucs bizarres mais par­fois bons. J’in­siste sur le par­fois. Cous, pattes, vis­cères de pou­let... On avait quand même pré­vu des biscuits !

Mais 70 km avant d’arriver, le chauf­feur casse sa boîte de vitesse dans une mon­tée sinueuse. Impos­sible de repar­tir. Tout le monde doit sor­tir du bus. Comme nous sommes dans une côte et que le bus ne tient que par une cale en bois et quelques pierres, on ne se fait pas prier. Nous res­tons sur le bas côté, à rigo­ler avec les autres pas­sa­gers. C’est à cet ins­tant qu’on mesure les dif­fé­rences cultu­relles : per­sonne ne râle ! Seconde dif­fé­rence, une demi-heure plus tard, un autre bus est là pour nous emme­ner à des­ti­na­tion. Les diri­geants de la SNCF devraient faire un stage ici !

Le nou­veau bus est bien mieux que le pré­cé­dent. Flam­bant neuf, cli­ma­ti­sé, grand, rapide. Mais le chauf­feur décide de mettre une vidéo très mal fil­mée d’une chan­teuse à la voix très aiguë avec le son à fond. Mal­gré les boules Quiès, c’est avec de gros maux de crâne que nous arri­vons à Luang Pra­bang. Comme quoi, on était bien mieux dans notre vieux bus, finalement.
Il fait nuit quand nous arri­vons dans le quar­tier des hôtels. Il nous fau­dra en faire plu­sieurs pour enfin en trou­ver un qui nous pro­pose un lit double, une fenêtre et un prix cor­rect ; de pré­fé­rence avec un pro­prié­taire qui n’est pas un vieux blanc tant obèse qu’é­tran­ge­ment entou­ré de jeunes femmes asia­tiques aux visages fermés...

Nous pas­sons la pre­mière jour­née à visi­ter la ville, plu­tôt agréable même si l’omniprésence des tou­ristes est assez hal­lu­ci­nante. Je croyais le Laos rela­ti­ve­ment peu tou­ris­tique, mais nous nous concen­trons tous dans les mêmes endroits (oui, c’est tou­jours la faute des autres touristes !)…

On com­mence par une décon­ve­nue. Alors que nous cher­chons un bateau pour les grottes de Pak Ou, un homme nous dit qu’il cherche jus­te­ment d’autres per­sonnes pour par­tir avec des clients qu’il a déjà. On s’accorde sur le prix, et il nous dit de reve­nir à midi. On se pro­mène donc le long du Mékong, on visite un temple, puis on revient. L’autre couple cen­sé venir n’est pas là. On attend. Tou­jours rien. Un peu pani­qué, l’homme revient nous voir et nous dit qu’il va trou­ver d’autres per­sonnes, si on attend un peu. Il aurait un copain qui… Bref, on attend. Il trouve. On attend. Et per­sonne ne vient. Ça fait plus d’une heure qu’on fixe le Mékong quand notre homme revient, un baril d’essence à la main, en nous disant qu’on peut y aller, on sera seuls mais ça ne sera pas beau­coup plus cher. On lui explique qu’on s’était mis d’accord sur un prix au départ, que ça n’est pas notre pro­blème si les autres l’ont plan­té. Le ton monte un peu et on finit par s’en aller, ques­tion de prin­cipe. C’est un peu éner­vés et dégoû­tés d’avoir per­du ain­si une demi-jour­née qu’on se met en quête d’un res­tau­rant où nous détendre. La rive du Mékong regorge de ter­rasses. On en choi­sit une qui ne paie pas de mine mais où les prix nous semblent nor­maux. Et non seule­ment l’en­droit est agréable, mais en plus la nour­ri­ture y est déli­cieuse. Ce sera notre meilleur res­tau­rant sur les 3 semaines de périple.

Après avoir fait le tour de quelques temples, nous déci­dons de tra­ver­ser l’un des ponts de bam­bous, his­toire de voir ce qu’il y a de l’autre côté. Hé bien, en fait, pas grand chose. Une petite plage à tou­ristes avec un bar ; c’est agréable mais on n’a pas fait autant de kilo­mètres pour res­ter sur le sable avec des com­pa­triotes occi­den­taux. En allant un peu plus loin, on retrouve la ville. Mais tra­ver­ser l’un de ces ponts reste amu­sant, et vaut bien les quelques cen­times don­nés à l’en­trée !A Luang Pra­bang, nous décou­vrons les fruit shake, et nous y deve­nons vite accro (sur­tout moi parce que le Belge, il pré­fère évi­dem­ment la Beer­Lao locale...). Des dizaines d’é­tals pro­posent de choi­sir un gobe­let avec des mor­ceaux de fruits dedans (on peut ain­si choi­sir la com­po­si­tion du bre­vage). La ven­deur vide alors le verre en plas­tique dans un mixeur, un peu de glace pilée, un peu de sirop ultra sucré, et voi­là, un jus de fruit frais à dégus­ter. Rien de bien nou­veau, je fais déjà ça chez moi, à peu de choses près, mais là, c’est très peu cher (un jus d’o­range indus­triel à Paris équi­vaut à 1L de fruit shake...) et on peut donc se faire plai­sir, au petit déjeu­ner, au goû­ter, en dessert...

Le soir, les rues du quar­tier tou­ris­tique se trans­forment en mar­ché de nuit, où on retrouve toutes les spé­cia­li­tés plus ou moins arti­sa­nales. Même sans ache­ter, c’est l’oc­ca­sion d’une pro­me­nade sym­pa entre les boîtes, les tis­sus, les bijoux et le café...

Nous pre­nons rapi­de­ment nos petites habi­tudes. Tous les matins, nous irons déjeu­ner au même endroit, sur les bords du Mékong, en regar­dant le soleil se lever et en par­ta­geant un petit déjeu­ner pas fran­che­ment local, mais ô com­bien agréable (ma revanche sur le riz).
Pour notre deuxième jour, nous déci­dons de louer une moto (100cc), direc­tion les chutes de Kuang Si. A une tren­taine de kilo­mètres de Luang Pra­bang, on découvre un lieu para­di­siaque, mêlant pis­cines natu­relles et cas­cades, le tout dans la forêt, avec de petits sen­tiers, de petits ponts, et une eau tur­quoise vrai­ment limpide.
Sur le che­min, nous croi­sons nos pre­miers élé­phants. Leurs cor­nacs rient de nous (moi) voir ain­si cou­rir der­rière pour prendre des pho­tos, quitte à mar­cher dans la bouse, mais je suis ravie ! Après tout, il est cen­sé y avoir un mil­lion d’é­lé­phants au Laos, non ?

L’a­près-midi, nous pre­nons la route du Nord, mais sans rien trou­ver d’in­té­res­sant, sinon un bras de rivière où quelques enfants jouent. Un peu déçus de ne pas avoir plus pro­fi­té des idyl­liques chutes du matin, nous ren­trons à Luang Pra­bang décou­vrir l’autre face du mar­ché de nuit : la nourriture.

Un peu à l’é­cart des mar­chands de sou­ve­nir, on trouve des dizaines de « can­tines » : une table, une ven­deuse, quelques bro­chettes, du riz, des nouilles, un feu, et pour trois fois rien on s’at­table tous côte à côte et on mange très bien !

Pour notre troi­sième et der­nier jour, on rées­saie d’aller aux grottes de Pak Ou. Nous payons 80 000 kips cha­cun à une agence, sur le bord du Mékong. Ils nous emmènent à l’embarcadère où une petite cin­quan­taine de tou­ristes est divi­sée en groupes de cinq ou six. Les bateaux partent alors à la queue leu leu. Il nous fau­dra plus d’une heure pour rejoindre la grotte, et décou­vrir que l’entrée n’était pas incluse (20 000 kips), et que ladite entrée ne com­prend pas le prix des toi­lettes (« donation »).
En che­min, on s’arrête dans un vil­lage. Dans Le Rou­tard, ça avait l’air sym­pa. En vrai, c’est juste hor­rible. Les tou­ristes errent, tels des zom­bies, dans les rues d’un vil­lage trans­for­mé en Dis­ney­land. Il n’y a pas une seule mai­son qui ne soit pas une bou­tique, on est sol­li­ci­té de tous les côtés, même par des enfants. Les maga­sins vendent les clas­siques, tis­sus, bijoux et bes­tioles dans de l’alcool de riz. Nos com­pa­gnons de bateau étant aus­si pas­sion­nés que nous, on ne tarde pas à repar­tir. Les grottes seront éga­le­ment assez déce­vantes. Bah, ce sont des trous avec des Boud­dhas par­tout… Mais au moins, la balade en bateau était sympa !

Je ter­mine ce long résu­mé par un der­nier petit détail : l’au­mône des moines. C’est un rituel. Tous les matins, les moines de tous les monas­tères font le tour de la ville aux aurores et les croyants leur donnent un peu de riz. C’est une pra­tique cou­rante par­tout dans le pays, mais à Luang Pra­bang, c’est deve­nu une véri­table attrac­tion touristique.
Bien sûr, j’ai eu envie d’y assis­ter, mais je ne m’at­ten­dais pas fran­che­ment à ça (le Belge l’a­vait pour­tant pré­dit). Tous les tou­ristes sortent ensemble des hôtels et se font direc­te­ment abor­der par des lao­tiens qui tentent de nous vendre du riz, his­toire de prendre part à la céré­mo­nie. Et, effec­ti­ve­ment, on retrouve des dizaines de per­sonnes qui se prennent mutuel­le­ment en pho­to, au flash parce qu’il fait encore nuit, en train de dis­tri­buer leur riz. Ça a de quoi mettre très mal à l’aise.
Pour autant, en mar­chant un peu et en s’é­loi­gnant de la zone des hôtels, on peut assis­ter à cela de manière beau­coup plus agréable. Le Belge refu­sant de m’ac­com­pa­gner, je suis allée le plus loin pos­sible et me suis ins­tal­lée un peu à l’é­cart, sur un trot­toir où ne pas­saient pas les moines. J’ai alors pas­sé un moment très agréable, empreint de calme et de res­pect. Sur le retour, j’ai croi­sé d’autres tou­ristes qui avaient aus­si cher­ché à être dis­crets, et même si nous n’a­vons pas de pho­tos de nous à côté d’un petit gamin au crâne rasé dans un magni­fique drap orange, nous avons pu pro­fi­ter de ce moment.

La semaine pro­chaine, on change radi­ca­le­ment d’am­biance en allant à Vang Vieng, haut lieu de la débauche au Laos !

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14 commentaires

Escapades 14 octobre 2011 - 13:23

Hel­lo,
Je connais­sais la qua­li­té de tes pho­tos ... Mais ces cro­quis, c » es toi aus­si ?! Quel talent 🙂 !
Bon, bah en tout cas, tou­jours aus­si agréable à lire cha­cun de tes nou­veaux articles !
Zou ...
Jean-Fi .

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Oreille 14 octobre 2011 - 15:21

Des fois je des­sine, mais c’est vrai que jus­qu’à pré­sent, je n’ai jamais rien publié ici (quelques cro­quis trainent dans les car­nets, mais un peu plan­qués !), mais ici, je trou­vais les des­sins plus appro­priés que les photos 🙂

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Viivii84 15 octobre 2011 - 0:33

Cou­cou madame Oreille , cette fois ci je ne dirai pas le mot « com­pote » lol.
Je tien juste a dire que j’a­dore tes articles et sur­tout bra­vo pour les pho­tos qui sont vrai­ment très belles.
Es que la 7eme pho­to est un HDR ? Je la trouve tout sim­ple­ment sublime avec ce ciel.
Pas mal tes des­sins, tu devrai en mettre plus souvent :).

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Astrid 16 octobre 2011 - 5:42

Je suis d’ac­cord avec Viivii84, tu devrais mettre plus sou­vent tes dessins !

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Oreille 16 octobre 2011 - 11:50

Viivii84 : aha­ha ! La sep­tième pho­to, ce serait le cou­cher de soleil à côté du bus ? Si c’est de celle-ci que tu parles, non, ce n’est pas un hdr (je n’en fais pas) et elle fait presque sur­na­tu­relle alors que je n’ai presque rien fait des­sus. Juste devant, on voit deux autres tou­ristes qui viennent de faire la même pho­to, tel­le­ment la lumière est surprenante !

Astrid : Pour les des­sins, on ver­ra... 😉 C’est presque plus « intime » qu’une pho­to, et moins facile à partager.

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Viivii84 16 octobre 2011 - 14:28

Oui c’est bien cette pho­to de cou­cher de soleil.
Ce n’es pas une cri­tique quand je par­lais de HDR car j’a­dore vrai­ment ce genre de pho­to et j’ai­me­rai m’y mettre.
En tout cas bra­vo encore pour ton article , tes pho­tos et tes dessins. =)

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Oreille 16 octobre 2011 - 21:52

J’a­vais bien com­pris que ça n’é­tait pas une cri­tique, ras­sure-toi ! (même si celles-ci res­tent les bien­ve­nues) Mer­ci 🙂 Le HDR, je n’y connais vrai­ment rien. Je pré­fère tra­vailler par calques de réglages pour choi­sir moi-même ce que j’é­clair­cis ou fonce.

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Curieuse Voyageuse 17 octobre 2011 - 11:52

Superbes cro­quis, ouhaou, on découvre un de tes nou­veaux talents...
Tu as bien retrans­crit l’am­biance de Luang Pra­bang. J’y étais hors sai­son, et les tou­ristes étaient déjà bien nom­breux, alors j’i­ma­gine pen­dant la haute saison...
Et par contre je pense que vous avez eu un coup de chance pour le bus, car ce n’est pas sys­té­ma­tique qu’un autre bus se pointe seule­ment une heure plus tard (et je parle avec expérience 🙂 )

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Luang Prabang | Diariata SALL | Scoop.it 17 octobre 2011 - 17:16

[...] Luang Pra­bang Après le trek, nous pas­sons une der­nière soi­rée sur le mar­ché de nuit de Luang Nam­tha, avec deux japo­nais et un sud-coréen. Source : http://www.madame-oreille.com [...]

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bacri 18 octobre 2011 - 7:22

Le mar­ché de nuit bien qu’à l étroit est très agréable .
Ce qui m’a le plus sur­pris dans Luang Pra­bang c’est qu’il n’y est aucune grille métal­lique, mais des portes en bois ‚c’est deve­nu extrê­me­ment rare en Asie du Sud-Est maintenant.

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Oreille 18 octobre 2011 - 10:31

Curieuse Voya­geuse : la semaine pro­chaine, je me mets à la musique 😉
Je pense que la ville doit res­ter tou­ris­tique en toute sai­son, même si c’est for­cé­ment pire en Jan­vier. Et c’est quand même très étrange de croi­ser plus de fran­çais que d’ha­bi­tants ! (je passe sur les vieux bizarres venus ache­ter des hôtels...)
Les gens qui étaient avec nous dans le bus sem­blaient effec­ti­ve­ment ravis qu’on soit « dépan­nés » aus­si rapi­de­ment ! On ne va pas s’en plaindre !

Bacri : Amu­sant le coup des grilles, je n’y avais pas por­té atten­tion... Tu expliques ça comment ?

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liloulivi 23 octobre 2011 - 16:09

je me réveille un peu tard pour com­men­ter sur ce post... l’a­nec­dote des moines m’a amu­sée. J’ai pu voir ce genre de quête mati­nale au Cam­bodge, en par­ti­cu­lier a Bat­tam­bang ( http://liviaahk.blogspot.com/2010/11/battambang-cambodge-part‑4.html ) , ou pour le coup il n’y avait aucun tou­riste. J’ai ose une pho­to de moine, de loin... mais j’ai sur­tout regarde le pro­ces­sus... De bons souvenirs !

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fabrice 29 octobre 2011 - 22:03

Cette ville a un charme cer­tain, j’en garde un bon sou­ve­nir:-) Rien que pour la beau­té du Mekong, c’est chouette !

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Oreille 1 novembre 2011 - 12:40

lilou­li­vi : sans tou­riste, c’est déjà plus sym­pa. Enfin, le pro­blème n’est fina­le­ment pas les tou­ristes en géné­ral, mais le com­por­te­ment de cer­tains. Bat­tam­bang a l’air très joli 🙂

Fabrice : ce n’est fran­che­ment pas le lieu que j’ai pré­fé­ré, mais les longues pro­me­nades sur les rives étaient repo­santes. Je com­prends vrai­ment que cer­tains puissent avoir un coup de cœur pour la ville.

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