Un week-end dans les Alpes Mancelles, à randonner en famille avec ma fille et Coco, un âne bâté adorable !
Tout commence un soir d’été, à Gesnes-le-Gandelin, un petit village du nord de la Sarthe. Petite Oreille et moi y retrouvons Elyane et Claude Danjou. Ensemble, ils élèvent des ânes et accueillent les touristes. Certains voyageurs ne restent que pour une nuit au gîte ou dans la yourte, d’autres viennent pour faire une promenade avec l’un des ânes. On met ses affaires dans les sacoches de l’équidé, on tient bien la bride, on dit « en marche » (et ceci sans connotation politique aucune) et c’est parti ! Il est alors possible de faire une balade de quelques heures ou de partir plusieurs semaines pour rejoindre le Mont-Saint-Michel ou Compostelle, selon les envies des marcheurs.
Nous, on a opté pour une randonnée sur un week-end (enfin, j’ai opté, parce que Petite Oreille aurait choisi « on le garde toute la vie ») : deux jours pour découvrir les Alpes Mancelles en douceur.
Elyane et Claude ont quitté la vie parisienne il y a 20 ans, pour venir se mettre au vert dans la Sarthe. Leur ferme se trouve dans un petit village, au calme.
15 route d’Assé
72130 Gesnes-le-Gandelin
Leur site web.
Elyane et Claude nous présentent Coco, l’âne avec lequel nous partirons le lendemain. C’est un hongre d’une dizaine d’années, calme et doux. Petite Oreille l’adopte immédiatement. Elle le caresse, il se laisse faire. Coco a l’habitude, il vient chercher les gratouilles avec les autres ânes du pré. Et comme à chaque fois qu’elle a le droit de toucher un animal, Petite Oreille est aux anges. C’est pour ça que la rando avec un âne est si appréciée par les jeunes enfants. Outre le fait qu’ils vont pouvoir monter dessus, c’est aussi agréable pour eux de se promener en compagnie d’une peluche géante !
Petite Oreille joue avec les vieux Playmobils des enfants devenus grands, le coffre regorge de trésors. Et moi, je passe la soirée à discuter avec Elyane et Claude. Ils me parlent de la Sarthe, de comment ils ont décidé de revenir vivre là, 20 ans plus tôt. Ils m’expliquent comment fonctionne leur élevage, me parlent des petits ânons qui naissent ici tous les ans. Et puis surtout, ils me donnent les derniers conseils pour que tout se passe bien avec Coco : être ferme dès le début, ne pas le laisser manger pendant qu’on marche mais lui laisser faire une belle pause à midi, tenir la bride serrée mais le bras relâché. Autant de consignes qu’il faudra que je me remémore le lendemain matin lorsque nous partirons.
Nous dormons dans une roulotte foraine, installée dans le jardin, à côté d’un grand cerisier. Une chambre double, un salon, une petite chambre pour les enfants. La caravane vintage a son charme !
Nous partons tôt le lendemain matin. Claude fait monter Coco dans la bétaillère pendant que j’attrape Petite Oreille. La promenade commence juste en dessous de Saint-Georges-le-Gaultier. Claude fait descendre Coco, l’attache, et le prépare : une couverture, un bât, des sacoches. Je n’ai pratiquement pas d’affaires, mais quelques litres d’eau pour la journée, qu’il faut répartir de la façon la plus équilibrée possible entre les sacoches. Coco, lui, n’a besoin de rien : il ne boit pas dans la journée, mangera sur le chemin, et notre hébergement est prévu de façon à ce qu’il puisse aussi y séjourner.
On peut partir avec un âne à tout âge ! Simplement, il faut que les enfants soient suffisamment grands pour pouvoir se tenir sur le bât (c’est plus facile que sur une selle, on ne peut pas glisser d’un côté ou de l’autre), et ne dépassent pas un certain poids (mais arrivés à l’adolescence, ils n’auront peut-être plus envie d’être vus assis sur un âne !). S’ils sont trop petits, il faudra prévoir un système de portage et les prendre avec soi. Et pour les plus grands, ils pourront être en charge de la bride, ce qui devrait les amuser (et les motiver à marcher).
Au moment où nous sommes parties (juin 2017), Petite Oreille avait un peu plus de 2 ans et demi. Et normalement, à cet âge-là, il est déconseillé de partir avec un seul adulte : il faut un parent qui tienne l’âne, et l’autre qui surveille l’enfant. Si l’enfant se tient bien (et avec tous les tours de manège qu’elle fait, Petite Oreille a l’habitude), il n’y a aucun risque. Il faut juste garder un œil sur lui au cas où il s’endormirait. Au calme, bercé par le pas de l’âne et les chants d’oiseaux, l’enfant pourrait piquer du nez et chuter.
Personnellement, j’avais prévu un sac porte-bébé de rando (Osprey Poco, le même depuis le début !) au cas où (mais finalement, Petite Oreille a préféré rester sur Coco tout du long !), et c’est pour cela que je me suis permis de partir seule avec elle (pendant que Monsieur Oreille restait coincé derrière son ordinateur à Paris, et toc).
Ma fille a adoré ces deux jours avec Coco, et ils se sont très bien entendus ! Elle le caressait pendant les montées, lui parlait, chassait les mouches qui se posaient sur lui, lui proposait des fleurs à manger pendant les pauses... Bref, randonner avec un âne c’est top pour les enfants !
Et c’est top aussi pour les parents, parce que pendant deux jours, je n’avais rien à porter (si ce n’est le porte-bébé vide), et pas à courir derrière Petite Oreille puisqu’elle était vissée sur son âne ! Par contre, randonner avec un âne n’est pas non plus de tout repos (mais on s’ennuierait, sinon !). Ainsi, il faut repérer les champs de blé avant lui, pour bien lui dire que non, il n’a pas le droit d’aller s’y servir !
Une fois Petite Oreille bien installée sur Coco, nous sommes parties pour notre première journée : 13km le long du GR36. J’avais une carte, mais le fléchage est globalement facile à suivre, comme sur tous les sentiers de Grande Randonnée. Aux intersections, il faut chercher les petites barres blanches et rouges, ou à défaut, demander à Coco qui connaît très bien le chemin !
Depuis le viaduc de Saint-Georges-le-Gaultier, notre point de départ, nous avons longé les champs jusqu’à Saint-Paul-le-Gaultier, puis rejoint Saint-Léonard-des-Bois, dans les Alpes Mancelles. La variété des paysages que nous avons découverts (forêts, champs, anciennes ardoisières, ...) nous a permis de passer une très belle journée, pendant laquelle la marche n’a pas été monotone !
Les Alpes Mancelles, c’est une petite région naturelle du nord de la Sarthe. Pourquoi ce nom ? Une légende locale raconte que le nom d’Alpes Mancelles aurait été donné au VIIe siècle par deux frères. Partis d’Italie, ils avaient décidé de ne s’arrêter que quand ils verraient un paysage leur rappelant les Alpes. Et c’est en arrivant dans la Sarthe qu’ils l’ont découvert. Ils se sont donc installés ici, comme ermites. Un monastère (qui n’existe plus) a été construit après leur mort, et l’un des frères a donné son nom au petit village voisin de Saint-Céneri. Quant à Mancelles, c’est tout simplement lié au fait que la ville la plus proche ‑et chef-lieu de la Sarthe – est Le Mans, dont les habitants s’appellent manceaux et mancelles (non, moi non plus je ne savais pas !).
Les Alpes Mancelles, c’est parfait pour une petite randonnée en famille. C’est vallonné, avec la rivière qui serpente entre les collines, et très calme. Il y a quelques villages, toujours très beaux et pittoresques (le plus beau village de France est d’ailleurs sur mon itinéraire du deuxième jour). Les traverser avec un enfant en bas âge assis sur un âne a provoqué de nombreux sourires à chaque fois ! L’âne attire à coup sûr les regards et la sympathie, et le fait d’être en famille donne envie aux gens de venir nous parler.
En suivant le sentier, nous traversons le bois de Chemasson, avant d’arriver dans un lieu totalement différent : la vallée de la Misère. Derrière ce nom peu engageant se trouve l’un des plus beaux endroits des Alpes Mancelles. Le sentier nous fait passer par les hauteurs, parfois à flanc de versants très pentus. On marche sous les arbres, et puis soudain, une percée dans la végétation laisse entrevoir le paysage. Ce jeu de cache-cache rend la promenade un petit peu plus magique. Et si le lieu s’appelle ainsi, c’est parce qu’en contrebas se trouvent des pierriers. Un gigantesque éboulis de cailloux et de rochers (datant du quaternaire, il y a trèèèès longtemps) où rien ne pousse. C’est accessible mais pas vraiment depuis les hauteurs, et surtout pas avec un enfant en bas âge. Alors on est resté sur le chemin !
En fin d’après-midi, nous arrivons tranquillement à Saint-Léonard-des-Bois. On croise quelques marcheurs sans âne, contraints de porter le sac. Ah, les pauvres ! Et quelques habitants attablés au bistrot du coin nous font signe de la main. Petite Oreille, telle une Miss France, leur lance un élégant crie « bonjour » en faisant un petit signe de la main grand coucou avec le bras. Elle s’est vite habituée à faire sensation, juchée sur son âne, dès que nous croisons quelqu’un !
Mais maintenant, il est temps pour Coco d’aller se reposer, ou se défouler, au choix. Le Moulin de l’Inthe, notre gîte, héberge les promeneurs et les ânes : tout est prévu ! Coco a l’habitude, on le sent qui trépigne. Je vide les sacoches, retire le bât, les couvertures, et mène Coco devant le pré. Il sait parfaitement où est la barrière. Notre hôte ouvre, je détache la corde, et voici Coco qui part en courant pour se rouler par terre. Il va partager l’herbe avec les deux ânesses résidentes du moulin avec qui il s’entend visiblement très bien !
02 43 33 79 22 – 06 78 70 91 26
Après une bonne nuit, nous repartons tôt pour une boucle qui nous fait voir une autre facette des Alpes Mancelles. Nous reprenons le GR36 jusqu’à Saint-Cénéri-le-Gérei puis revenons à Saint-Léonard-des-Bois par un autre chemin. Enfin, ça c’est ce qui était prévu. En réalité, on a écourté la promenade car la canicule rendait la marche difficile pendant l’après-midi. On est allé se réfugier au Gasseau, un pôle d’activités proposant à la fois restauration, accrobranche, escalade, équitation, expositions, vente de produits locaux (etc.), pour une fin de journée au frais !
72130 Saint Léonard des Bois
Le pique-nique est toujours sacré quand je suis en randonnée avec ma fille, même sans être de grosses mangeuses. C’est un moment où l’on s’arrête dans un joli cadre pour partager quelque chose, et si possible quelque chose de bon ! Et ça tombe bien, dans la Sarthe il y a une chouette initiative : lebonpicnic. Ainsi, chaque matin, nous sommes parties avec nos petits sacs de produits locaux frais, à découvrir à midi. C’est très pratique de ne passer que chez un seul commerçant et d’en repartir avec un repas complet (crudités, dessert, boisson...).
Leur site web.
On s’est arrêté tantôt au bord de l’eau, tantôt dans la forêt, là où ça nous semblait agréable (ben oui, y’a le midi, mais y’a le goûter aussi, et ça, c’est important !). On attachait Coco, avec une grande corde lui permettant d’aller loin choisir les meilleurs brins d’herbe (car oui, l’âne a un certain esprit de contradiction qui fait qu’il trouvera toujours que c’est meilleur ailleurs que là où on l’a attaché...).
Et comme on était obligé de laisser du temps à Coco pour brouter, eh bien on se sacrifiait pour rester un peu sur place à nous reposer. Ou à faire des activités d’une enfant de 2 ans et demi comme chercher le plus beau bâton, faire des bouquets (pour les donner à manger à Coco, hein !), se baigner dans la rivière, observer les libellules. Ou juste s’allonger et regarder les nuages.
Je crois que c’est ce qui s’appelle un week-end réussi.
Ce voyage est le fruit d’une collaboration avec Tourisme en Sarthe. Je garde toute liberté éditoriale.
9 commentaires
wwo génial !!! Je note ton article et l’idée pour dans un ou deux ans ! Ma fille a 18 mois, mais je sais déjà que c’est une expérience qui va la ravir !!
Balade sympathique et superbes images comme à chaque fois. Ça donne envie, surtout depuis le bureau !!
Waouh.... c’est chez moi !!! On y sort très régulièrement en famille (chaque mois au moins, l’atmosphère dans le pierrier est impressionnante en hiver), je ne me lasse pas de ce paysage ni de le prendre en photo, mais votre regard renouvelle encore l’expérience.
Vos articles sont toujours très beaux. Félicitations !!
C’est juste magnifique ! Quelle expérience ! Vous deviez être tristes de laisser Coco.
Tes photos sont très réussies, bravo et merci pour le voyage.
Marion
Bonjour ‚nous sommes une grande famille (18 pers)qui aimerait passer un week end sur ce site ‚combien avez vous de couchage ? Cordialement
La vache, quelle beauté ! Les photos sont parfaites. Coup de coeur notamment pour celle du pique-nique ou la lumière tombe sur vous, c’est magnifique. On dirait un tableau ancien.
Joli reportage champêtre...
Magnifiques photos, et je suis ravi de voir un article sur ma région natale, si souvent oubliée comme destination pleine de charme !
Joli article, à voir les photos ça donne envie d’y aller.