Après un trajet plus long que prévu, nous retrouvons Djeba à la gare Bittar de Ségou. C’est le neveu d’Aminata, notre hôte. Il est venu faire son lycée ici et passera le bac cette année. Trois générations vivent sous le même toit. Aminata est une grand-mère active, pas encore à la retraite. Elle a quatre enfants, et des petits-enfants qui se baladent partout !
Nous sympathisons particulièrement avec Djeba, et avec Oumou, la seule fille d’Aminata qui, quant à elle, s’apprête à partir pour Bamako, où elle fera des études dans l’hôtellerie et rejoindra le père de son fils.
Alors forcément, on est bien, ici. Il se passe tout le temps quelque chose, on observe sagement ! Et puis, forcément, les gamins sont adorables. J’aurais bien pris le petit Mohamed dans mon sac... Il a mis quelques jours à venir vers nous pour jouer, et j’ai vraiment adoré la dernière soirée, passée à faire des maths avec Abu, son grand frère (je mets 50 bananes dans un camion ; si j’en veux 250, combien me faut-il de camions ?), et à chatouiller/renverser cet enfant malicieux.
C’est là que notre choix d’hébergement chez l’habitant prend vraiment son sens. On se sent presque en famille ! Le Belge aide à porter les lourds seaux d’eau, ce qui amuse beaucoup Abu, et nous sortons voir un (très mauvais) concert avec Oumou et Djeba. Mauvais ? Oui. Enfin, presque touchant d’amateurisme : 20 minutes de balances alors que le public est déjà là (au bout d’une heure d’attente), le chanteur qui passe aux toilettes quand le groupe joue pourtant déjà, et looongues séances d’accordage de guitare entre chaque morceau. Tout ça avec un son rappelant ces « midi » que nous mettions partout sur le net, dans les années 90. Mais ç’aura été l’occasion d’une bonne soirée. Djeba sur son 31 et Oumou en survet » à capuche pour ne pas se faire remarquer (une femme ne sort pas trop sans son mari).
J’imagine que vous avez déjà connu ça également, ces villes où on sait qu’on pourrait s’installer, où on reste assez longtemps pour prendre des habitudes, où on se laisse vivre parce que tout y est agréable. La routine s’installe et on se sent bien, comme à la maison. Hé bien Ségou fait partie, pour moi, de ces villes ; au même titre que Luang Prabang ou Miami (oui, je viens de comparer une ville malienne à Miami). Le point commun, c’est qu’il n’y a rien à y faire, à part se promener et prendre le temps de regarder la vie autour de nous.
Oh, quand je dis « rien » à faire, c’est un peu injuste, mais comparé aux villes qui vous forcent à courir partout sans en faire le tour, c’est très reposant. On s’installe le long du Niger et on regarde les pirogues passer, le soleil tomber (boum... je sais que vous l’avez pensé).
Il y a une visite, tout de même, que je vous conseille : les coopératives de fabrication du bogolan. Il y en a plusieurs. Nous avons choisi celle qui, sur le guide, devait servir des jus de fruits frais : Soroble (derrière la Poste). Deux visites à une semaine d’écart et pas la moindre boisson, mais ça vaut le coup d’œil quand même. Le batiment en banco rouge est chouette, et on rencontre les artisans (et d’autres toubabs, espèce en voie de disparition au Mali en ce moment).
Les visites de coopératives (nous avons vu aussi les mangues séchées et le karité, je vous en parle plus tard !) fonctionnent sur le même principe : c’est gratuit, mais on attend plus ou moins de vous que vous ne repartiez pas les mains vides. Nous n’avons cependant senti aucune pression, et c’est avec plaisir que nous avons laissé quelques billets pour des écharpes (pas très utiles sur le moment, mais jolies).
Mais là, vous attendez que je vous dise quand même qu’est-ce que le bogolan, non ? Hé bien, c’est un bout de coton teint avec des techniques typiques du Mali (qu’on retrouve aussi dans quelques pays frontaliers) et des « couleurs » locales. Ils utilisent également des procédés de décoloration pour créer les motifs.
Il fut un temps où les dessins avaient une signification, mais chez Soroble, ils ont une vision qui me paraît très intéressante : ils partent du principe qu’un art qui ne se renouvelle pas est un art qui meurt, et ils se réapproprient les motifs pour créer leurs propres compositions. Ils nous ont aussi très honnêtement avoué créer quelques motifs et vêtements exclusivement pour les blancs, puisque nous rechignions à porter autant de motifs que les maliens (et que nous n’avons pas souvent les mêmes valeurs esthétiques) !
Et tant qu’à jouer les carnets pratiques, j’en profite pour vous déconseiller le restaurant « l’Auberge », tenu par un libanais infecte (il a débranché le routeur quand on lui a demandé s’il y avait un code à son wifi...), très cher pour une nourriture décevante. Quitte à passer la pause déjeuner sur une jolie terrasse ombragée, testez plutôt « L’Ariane »/« Espace Kora », car même si le concert fut risible, les gens y sont gentils, et la nourriture très bonne.
Dans le prochain épisode : oiseaux, bateaux et Niger !








23 commentaires
sont belles les photos, les croquis aussi mais j’adore la dégustation de la bouillie ! quelle bouille !
Très belles photos, les portraits sont excellents et la bouille du petit Mohammed !
Tu as sorti le flash pour ces portraits ? En tout cas, c’est réussi...
Ho bin dis donc, le petit Mohammed a une sacrée bouille de filou !! Il est trop mignon !!
En voyage j’ai toujours tendance à être hyperactive, tout voir tout faire, du coup je vais rarement dans des villes où il n’y a pas grand chose à faire... Et je ne me repose pas vraiment ! Des fois je me dis que je devrais ralentir aussi...
Après les histoires d’asticots, les histoires de lézards... 🙂
Cécile : partout, ils adorent cette bouillie alors que nous avons trouvé ça assez mauvais ! Tout comme la bière de mil, qui m’a donné envie de vomir... Une question d’habitude, surement. Eux n’aiment pas trop le fromage, comme quoi...
Donlope : on a fait une séance portraits + pogo alors que la nuit commençait à tomber, et j’ai effectivement sorti le flash sur les derniers. Photographier un malien dans le noir fut d’ailleurs assez compliqué : l’autofocus n’arrivait pas à se fixer, et je n’ai pas d’assez bons yeux pour leur faire confiance dans ces circonstances... Donc le flash a un peu servi ce soir-là !
(je n’ai pas trop osé le sortir ailleurs, et je le regrette)
Estelle : rah, il était trop chou !
En fait, au Mali, je ne crois pas que tu puisses être hyperactif ! Nous sommes aussi plutôt du genre à marcher toute la journée pour découvrir des choses, mais ici, si tu veux comprendre un peu, il faut regarder, y aller doucement, se laisser bercer 🙂
Vraiment des magnifiques photos que tu proposes.
On sent la sérénité des lieux vraiment cool. Tu aurais du m’envoyer le petit momo par la poste ;P.
Encore de magnifiques photos !
Je suis déçue que vous n’ayiez pas testé les lézards grillés !
Et si ça se trouve le lézard grillé est meilleur que la bouillie de Mil 🙂
Adil : franchement, si un jour j’arrive à convaincre Monsieur Oreille d’adopter, je crois qu’on ira faire notre marché là-bas ! ^^ Y’en a quelques uns , comme le petits Momo et Ma à Bamako, qui étaient si beaux et attachants...
Adeline : un jour où on se baladait le long du Niger, on a vu cinq ou six ados qui s’agitaient en lançant des pierres et en criant autour d’un truc. La scène était assez impressionnante ! On est resté en retrait le temps de comprendre : l’un d’eux venait d’attraper le lézard pour lui assener de nouveaux coups. Mine de rien, ça peut faire jusqu’à 40 cm... Quand on est repassé un peut plus tard, ils étaient en train de l’ouvrir... et franchement, ça n’était vraiment pas tentant !
Je n’ai aucune idée du out du lézard mais il est agréable à regarder sur la photo. ;D
Quand à Mohamed, on vraiment envie de lui courir apr!s pour lui faire de chatouilles et le faire rire !
Mohamed est très photogénique malheureusement l arrière plan le rideau et le mur rouge (tu aurais du faire un choix)se superpose à sa tête
Très chouette photos, et très chouettes croquis. Tu devrais en faire plus :p
Mélissa : il parait qu’ils s’attaquent aux poules, mais je ne les ai vu manger quelques grains de riz... Je n’irais pas y mettre les doigts, cela dit ! (là, je parle des lézards, hein)
Bacri : franchement, ça ne me gène pas, et ça n’aurait pas forcément été mieux en bougeant vu la configuration du lieu.
Tewoz : je me tâte à acheter de l’aquarelle, pour arrêter les mises en couleur aux crayons aquarellables.. mais je crois qu’il faut que je scanne tout avant de commencer le massacre ! Tu utilises quoi, toi ? J’ai vraiment envie de m’y mettre plus sérieusement, mais la couleur a toujours été mon gros soucis...
C’est culturel alors, d’y aller doucement ?
Mais dans les grandes villes ça bouge quand même un peu, non ?
Très jolies photos, ça fait voyager. Une destination de plus à ajouter à la longue liste des endroits sympathique:)
Vous avez bien fait d’aller chez l’habitant et ce Mohammed a l’air d’être un vrai filou !
Bon, parlons peu mais parlons bien : à quand l’édition d’un livre carnet de voyage?!!!
Ma-gni-fi-ques tes photos, comme toujours !
Parce qu’il y a eu un carnet de voyage ?
Merci Curieuse Voyageuse 🙂
( je reconnais ne pas être un lecteur assidu )
Bref, cette aventure est très belle. J’étais juste venu dire ça 🙂
L’afrique est un continent où il faut savoir prendre son temps en effet surotut en Afrique de l’Ouest. Mais est-ce tellement un mal ? Je ne suis pas sur. Il suffit de voir qu’en Occident de plus en plus de gens vivent à 100 à l’heure avec les réseaux sociaux et je suis sur que si on leur demande de faire un bilan le soir de ce qu’ils ont fait la journée, ils ne sauront pas dire car tout est passé tellement vite dans l’urgence...
Ils ont beaucoup d’artisanat là bas en effet. Et pour finir, tu as fait de très belles photos je trouve 🙂
Superbes photos madame Oreille !
Je sens que je vais aller faire un tour au Mali ! Les gens ont l’air très attachant dis donc!!!
Tu as aussi fait un beau voyage au Vietnam, génial, j’ai adoré les vidéos. Bons voyages et à bientot je vais continuer à naviguer dans cet univers si ludique.
nicolas.
C’est rigolo, Miami et Luang Prabang sont aussi deux villes dans lesquelles je me suis dis pourquoi pas acheter une maison et vivre au bord de l’eau et vivre de je ne sais pas quoi...
Voilà c’est tout...j’aime bien tes récits;)
Nicolas
ah mon précédent message n’a pas fonctionné.
Tes photos sont superbes ; les gens ont l’air si attachant au Mali!!ce sourire du petit momo super, au même titre que tes photos du plateau des bolovens ! Au passage j’ai beaucoup aimé ton voyage au Vietnam, il ne manquait presque rien, ah si peut être les millions de scooter mais peut etre pas facile à caser...
Bons voyages, je continue le mien à travers ton univers très ludique !
Nicolas.
madame Oreille j’ai envoyé deux messages précédemment et ce n’est pas apparu ; il doit y avoir une interférence entre le Mali et le Chili !
super voyage et photos au Mali, sans parler du fabuleux vietnam;).
Bons voyage !
J’ai adoré Ségou, qui m’a réconciliée avec le Mali après l’expérience loupée de Bamako. J’ai loupé cependant la fabrique de bogolan... rien que pour ça, il faut que j’y retourne un jour !
Je me régale à lire vos aventures !