Je suis dans le bus pour Los Angeles, le moment parfait pour écrire sur Las Vegas. Nous y sommes restés quatre jours pleins (si on ne compte pas le jour de notre arrivée ni celui de notre départ). C’est l’étape la plus longue que nous ayons faite, sans pour autant être la plus belle ville.
San Francisco marquait la fin de notre pass de train, et Las Vegas n’a pas de gare ferroviaire. Nous avons donc cherché un bus. On aurait pu faire ce genre de recherche avant notre départ, mais je n’ai pas eu le temps, et c’est vachement plus drôle la veille. Problème, tout ce qu’on trouve, ce sont des bus qui mettent plus de 13h, avec correspondance, et surtout, avec des horaires bien pourris (du genre départ à 1h du mat...). Comme en plus c’est cher, on regarde les avions. Je n’aime pas l’idée de faire un bout de trajet en avion. Je trouve que ça gâche tout. Mais pour le même prix, on est à Las Vegas en deux heures sans découvrir des gares routières de nuit.
Nous découvrons donc Virgin America, une compagnie dont l’éclairage intérieur des avions est rose, où les écouteurs et les films sont payants, où on apprend à l’enregistrement que le bagage en soute est aussi payant (et ils ne nous ont dit qu’après avoir payé qu’on peut garder un sac dès lors qu’il fait moins de 25 livres). Mais on arrive à bon port, c’est le principal. L’aéroport de Las Vegas annonce la couleur : des machines à sous entre deux fast food, des limousines en guise de navette pour le centre-ville. On peut aussi prendre des navettes normales, en forme de van, heureusement, et c’est ce qu’on a fait : 8,50$ pour notre hôtel parce qu’il est à 50m du Strip, au lieu de 6,50$ si on avait su.
La ville, pour les touristes de base que nous sommes, va se diviser en deux : le Strip, et le reste. Le Strip, c’est Las Vegas Boulevard, la grosse artère de tous les hôtels. Le reste, c’est là où vivent les gens normaux. Autant dire que nous n’avons vu qu’une infime portion de Las Vegas (en même temps, visiter des lotissements...).
Nous avons pris une chambre au Stratosphère. L’hôtel est situé à l’extrémité du Strip et possède une tour « d’observation » à 360° plus haute que la tour Eiffel (la vraie en référence, pas celle de Vegas). L’accès à la tour est payant, sauf pour les clients de l’hôtel. On peut y monter pour regarder la vue (un étage vitré et un en plein vent), boire un verre, manger (vous imaginez les prix... ben ajoutez 18% de taxe et vous n’aurez plus soif ni faim), ou faire les attractions : un genre de saut à l’élastique (sans rebond) et des attractions de fêtes forraines qui seraient classiques si elles n’étaient pas au-dessus du vide.
L’hôtel en lui-même a le plus mauvais rapport qualité-prix de notre voyage (à part le YMCA de NYC qui ne nous a pas encore remboursé). C’est l’un des moins chers, mais tout a été conçu pour qu’on n’en sorte pas et qu’on dépense des fortunes : vous êtes clients du casino avant d’être clients de l’hôtel. Mais nous, le casino, c’est pas notre truc, donc forcément, on n’a pas trop aimé.
Dès l’entrée, il faut parcourir les allées enfumées des machines à sous pour arriver à la réception ou aux ascenceurs. Le soir, c’est particulièrement pénible. Et c’est tellement grand qu’on vous donne un plan, pour savoir où trouver telle ou telle sortie.
Les couloirs sont grands et froids. 150 chambres par étage, sur 24 niveaux, on peut oublier l’ambiance familiale de certains de nos hôtels précédents. Ni le petit déjeuner ni le wi-fi ne sont compris, et ils le font payer cher (12$/j pour une liaison pourrie). Par contre, on peut accéder à une salle de sport et à une piscine extérieure sur un toit. J’aurais préféré l’inverse, mais tous les hôtels ici semblent s’entendre sur ce point.
Du coup, au Mac Donalds d’à côté (très sympa, déco et musique « à l’ancienne », avec des vieux tubes des années 70), on croise les fauchés qui viennent squatter avec leurs ordis plutôt que payer les 12 ou 13$ que réclamait l’hôtel pour nous fournir le wifi (le prix s’entend par 24h de disponibilité du flux... Je ne sais pas qui peut accépter de payer, en France ça représente un mois plein).
Le Strip est amusant à voir une fois (même si le soir où nous y sommes allés, ils ont coupé les lumières pour sauver la planète...). C’est une débauche de « bling bling » et de mauvais goût. Une imitation de statue romaine nommée « Maximus Shopilius », à l’entrée d’un centre commercial du Caesar Palace. Des valses viennoises pour accompagner les gondoles d’un Venise miniature. De l’alcool dans des verres toujours plus gros et aux formes originales (par exemple, une guitare en plastique presque à taille réelle, qu’on passe autour de son cou et dont sort une paille), des filles dans des fringues toujours trop petites sur des talons toujours trop hauts (et avec la guitare-gourde autour du cou, c’est la grande classe).
On pense aux shows de Las Vegas, le paroxysme du style local. Notre hôtel nous proposait 50% de réduction sur ses spectacles. Même gratuits nous n’y serions pas allés : un truc pseudo érotique avec des filles déguisées en vampires. La grande classe, je vous dis. D’ailleurs, après 17h, sur le Strip, des dizaines de distributeurs de tracts envahissent les trottoirs. Ils distribuent à tout le monde, groupes de filles, couples ou familles, des cartes avec des photos de filles dénudées faisant la promotion de club « masculins ».
Las Vegas n’a rien de romantique. C’est étonnant qu’autant de gens continuent de s’y marier. D’ailleurs, ce genre de mariage est loin de l’image qu’on en a. On se doute que c’est miteux, et pire, là encore, vous êtes une pompe à fric. Pour se marier, il faut une licence. On peut l’obtenir (l’acheter) au bureau de l’administration compétente, mais les « chapelles » vous proposeront de la faire faire pour vous, moyennant quelques dollars (quelques dizaines...). Ensuite, il vous faut choisir un « package » : si vous voulez une limousine, des fleurs, Elvis, etc. L’astuce, c’est que les photos ne sont autorisées que si vous prenez le « pack » avec photographe/vidéaste. Et ils vous donneront une pellicule avec 10 photos ainsi qu’une vieille VHS (qui ne sera même pas lisible en France à cause du PAL qui remplace notre SECAM), pour être sûrs que vous preniez ensuite les options « numériques ». Bref, tout monte vite et du forfait basique de 40$, on se retrouve très rapidement à 400$ pour des détails basiques.
Mais nous n’étions pas à Las Vegas pour tout ça (en tout cas, on n’en avait parlé à personne histoire de ne pas se sentir obligés). C’est aussi un bon point de départ pour les parc nationaux. Nous avons pris deux excursions dans une petite agence (ce qui nous a permis d’avoir de belles réductions) : la Death Valley et le Grand Canyon. Notre hôtel proposait les deux mêmes, mais sans le sourire ni la réduction.
Pour la Death Valley, nous nous sommes retrouvés dans une grosse voiture 7 places, mais n’étions que 5. C’est plutôt bien rôdé, le chauffeur vient chercher tout le monde à l’hôtel et fait un certain nombre d’arrêts immanquables, auxquels on peut aujouter tout ceux qu’on veut en demandant en chemin. La nourriture est comprise, l’eau à volonté, et il n’y a pas de visite de boutiques. On pourrait croire que partir seuls est mieux, mais je ne pense pas que ça change grand chose : on croise du monde partout sur les points principaux, et le mode de transport n’y changera rien.
Pour le Grand Canyon, c’était un peu différent : gros bus et gros trajet. C’est plus loin, et on passe quatre fois plus de temps dans le bus que sur place, en partant tôt et en rentrant tard, pourtant. Du coup, les versions sur deux jours peuvent s’avérer intéressantes.
Le gros bus, c’est une immersion dans le tourisme américain. Sur la vingtaine de passagers, il y avait trois mexicains, nous, et des familles de tous les Etats-Unis. Films pendant le trajet, pauses bouffe régulières, quizz du chauffeur (double sens) et bonne humeur. On avait peur en montant dans le bus, mais on a passé un bon moment.
Tous les circuits proposent la même chose : on passe par Hoover Dam, un gros barrage et un grand lac artificiel, puis on fait une pause sur la route 66 (et ça fait peur tant c’est ambiance Disney Land, vu que tous les bus s’arrêtent dans le même bled) et enfin on vous dépose à un point A du Grand Canyon. Vous pouvez rester dans le bus pour aller à D, ou marcher le long d’un chemin pour passer par B et C avant de rattraper le bus.
Forcément on a choisi de marcher, comme pratiquement tout le bus, histoire de voir quelque chose, quand même. Mais ça n’a pas été une très bonne expérience. Je l’ai dit dans le précédent article : il neigeait.
Le matin, nous étions en retard, et sommes partis en vitesse. Et dans les oublis figurent les pulls. En descendant du bus, notre premier reflexe fut d’aller à la boutique souvenirs, persuadés qu’on y trouverait un beau sweat de bon goût, mais ils n’avaient que des t‑shirts (les pulls étaient pourtant en vente dans le village qui se trouve à D... où le bus nous attendait pour repartir). Ce qui est rassurant, c’est que nous n’étions pas les seuls crétins persuadés qu’il ne pouvait pas faire mauvais !
Pour quitter Las Vegas, nous avons pu prendre un bus, par contre. Cinq heures pour rejoindre Los Angeles, et 25$, soit deux fois moins qu’en passant par Amtrak ou Greyhound, et en étant pris devant notre hôtel (bon, en fait c’est juste que le bus fait deux arrêts, dont un devant notre hôtel) : gotobus.com
5 commentaires
Cette ville a vraiment l’air folle. C’est pas trop mon truc, mais y rester un peu doit être intéressant sur les moeurs locales:-)
wouhouuuu je veux une gouuuurde !
sans déc, dommage que tu n’aies pas pris de photo, ça fait rêver !
et trop dommage pour le mariage Elvis... parce que ça c’est classe !!
Fabrice : ah mais la ville n’a aucun intérêt, c’est juste un bon point de départ pour les parcs alentours ! (il y en a plein d’autres pour ceux qui restent plus longtemps, d’ailleurs)
Par contre, c’est peut-être parce qu’on n’est pas sorti le soir, mais les mœurs ne nous ont pas choqués tant que ça (c’est bien pire à Vang Vieng avec la même population, pourtant)
Marine : ouais, dans ma tête c’était marrant ! Mais en vrai, c’est 40$ le truc de base, 200 pour avoir le droit de faire des photos, 100 en plus pour Elvis qui chante trois chansons. Plus 50 ou 60 de licence. Bon... On a laissé tomber, surtout que nous avons plus été accueillis comme des clients-pigeons que comme des futurs mariés (enfin, je veux bien que ça n’ait rien de romantique, mais là, c’était glauque)
Est-ce que tu as pris une photo depuis la haute tour ?
La première photo (pas celle en avant avec les filés) qui montre de strip en train de s’allumer, c’est depuis le Stratosphère. Mais on est quand même assez loin, donc on ne voit pas forcément grand chose.
On voit un peu mieux dans le résumé vidéo : https://www.madame-oreille.com/?p=3125