Si vous lisez ce blog régulièrement, ce n’est pas une surprise pour vous : j’aime les voyages à vélo. Sans être une inconditionnelle, c’est un mode de voyage que j’apprécie. On me dit de temps en temps que c’est fatigant ; certes mais ça vaut le coup, et aussi parce que c’est fatigant. Mine de rien, quand ce sont vos mollets qui vous font avancer, vous avez l’impression de mériter chaque paysage, et il y a un petit sentiment agréable lorsqu’on se couche le soir en ayant réussi à atteindre son point d’arrivée prévu.
Voyager à vélo, c’est accepter de voyager lentement, et ça favorise d’autant les rencontres (le cyclo-touriste attire forcément la sympathie). Et surtout, on a une perception autre des paysages, en sachant qu’on peut aller à son rythme, s’arrêter quand on veut.
Bon, je ne suis pas tout à fait honnête sur ce dernier point. Oui, on peut descendre du vélo quand on veut, mais dans les faits, c’est le premier inconvénient du cylco-tourisme : il faudra se faire violence pour s’arrêter. Typiquement, rouler non stop n’est pas forcément fatigant. Le plus difficile, ce sont les démarrages. Et dès lors qu’on a pris le rythme, on a facilement tendance à se dire que ça ne vaut pas le coup de faire la photo, et on préfère rouler plutôt que s’arrêter tous les 10m.
Lors de mon voyage en Roumanie, j’avais repéré un trajet sympa. Une soixantaine de kilomètres, une région un peu montagneuse. Le Lonely Planet précisait que l’itinéraire n’était pas conseillé à ceux qui ne sont pas en grande forme physique. Je suis partie tôt, et je ne me suis rendue compte de rien : j’étais rentrée avant 14h. Forcément, j’avais tracé, sans prendre vraiment le temps de m’arrêter, admirant le paysage dans les descentes, échangeant quelques mots avec les locaux lorsque je poussais mon vélo dans les côtes trop dures mais ne prenant quasiment aucune photo... Quelle frustration de se rendre compte qu’on a déjà fini et qu’on n’a pratiquement rien immortalisé !
Alors, conseil n°1 pour photographier ses voyages à vélo : se forcer à s’arrêter !
Il faut se motiver à poser le vélo, à chercher le point de vue, et pas, au mieux, se contenter de poser le pied à terre pour faire une photo depuis sa selle...
Quel matériel et comment le transporter ?
La première chose que l’on se demande, c’est où mettre l’appareil photo. On pourrait être tenté de le garder en bandoulière. Je le fais assez souvent lorsque je loue un vélo à la journée sans équipement. Mais dès lors qu’on voyage avec son propre cycle, on peut se permettre d’acheter quelques sacoches. En outre, il faut garder à l’esprit qu’une chute est toujours possible, et l’appareil en bandoulière devient alors problématique : non seulement il risque d’être endommagé, mais en plus vos côtes risquent de ne pas apprécier...
Personnellement, j’ai trouvé une sacoche de cintre (au guidon, quoi) qui me permet de loger mon appareil. Il est bien protégé, puisqu’elle est anti-pluie, mais en plus je le garde à portée de main. C’est finalement la solution qui me semble la plus simple...
Lorsqu’on voyage à vélo, il me paraît assez évident que l’on voyage léger. On va donc éviter de trimbaler l’intégralité de son parc d’objectifs, et faire des choix. Mais faut-il prendre un trépied ? J’ai vraiment envie de dire oui, parce qu’on aura immanquablement envie de faire quelques auto-portraits, pour garder une trace du périple. De mon côté, j’ai mesuré mon porte-bagage afin de déterminer la longueur maximale du trépied replié, et j’en ai acheté un, très léger, en conséquence. Le but est que le trépied ne devienne pas trop encombrant et ne dépasse pas.
Un accessoire que l’on voit de plus en plus souvent, c’est la GoPro. Cette petite caméra se fixe partout, y compris sur le cadre d’un vélo. A vous de voir, vous pouvez lui trouver une utilité... Le principal défaut, c’est que pour en tirer quelque chose d’intéressant, il faut la déplacer régulièrement, afin d’avoir des cadrages différents et de multiplier les points de vue.
Immortaliser le voyage à vélo mais penser aux détails, aux à‑côtés
Il y a une vie lorsqu’on n’est pas sur le vélo ! Et on ne pédale pas 18h par jour..
On n’y pense pas systématiquement, mais il est toujours sympa de photographier les détails, les scènes de repos, les situations cocasses. Tout cela fait partie intégrante du voyage et, que vous filmiez ou fassiez des photos, cela dynamisera l’ensemble.
Certes, une crevaison n’est jamais amusante, mais cela reste intéressant à montrer : il n’y a pas eu que du positif... Dans le petit film de notre voyage à vélo en Islande, on nous voyait ainsi lutter contre le vent avant de nous résigner à prendre le bus, on voyait aussi le Belge changer une chambre à air, toujours sous la pluie...
Le vélo va vous suivre pendant tout le trajet, il mérite quelque photos, même lorsque personne n’est dessus. Le but n’est pas forcément de réaliser votre plus belle photo mais de garder quelques souvenirs. Si vous ne photographiez que les paysages, vous risquez peut-être de regretter de ne pas avoir une ou deux images de votre compagnon de route, juste pour vous.
Ainsi, personnellement, j’apprécie garder quelques images de mon vélo dans tous ses états, quand il met sa housse pour prendre l’avion, quand il prend le train, ou simplement quand j’ai mis la béquille pendant une balade. Et il me sert d’ailleurs parfois de premier plan pour certains paysages ; ça dynamise !
A l’aéroport, dans un train hongrois, à la frontière Ukrainienne
Si vous êtes deux (ou trois, ou quatre...) profitez-en !
Se photographier seul sur un vélo est très compliqué, surtout si on veut être en train de pédaler. Il faut poser le trépied, lancer le retardateur, reculer, et s’élancer en croisant les doigts pour que le déclenchement ait lieu à un moment où on n’est pas trop mal placé dans le cadre. A plusieurs, c’est tout de suite beaucoup plus facile.
Le premier conseil, c’est de communiquer entre vous. Hurler « continue, je prends une photo » est un bon début mais le temps de s’arrêter, de sortir l’appareil, etc. les autres risquent d’être bien loin. L’idéal, c’est de se mettre d’accord le plus précisément possible. Si vous restez en arrière dans une descente magnifique, demandez aux autres de ralentir aux endroits qui vous semblent les plus intéressants, par exemple.
N’hésitez pas à utiliser le mode rafale. Il est compliqué de déclencher pile au bon moment, et prendre plusieurs photos facilite sacrément la tâche. Attention, ça ne veut pas dire qu’on ne réfléchit pas à son cadre, au contraire. C’est juste plus simple pour avoir le cycliste dans son cadre avec une belle posture.
tout seul, on est vite coincé...
Cherchez les lignes
Vous photographiez un sujet en mouvement. Dès lors, il va falloir le mettre en valeur, et jouer avec la route. Jouez sur les diagonales pour montrer la vitesse, utilisez un cadrage centré pour montrer à quel point cette route est longue et droite, essayer de montrer au spectateur le dénivelé, etc. Et surtout, placez le cycliste à des points stratégiques : l’idée est souvent de le mettre dans un coin de la photo, pour montrer « la route qu’il reste à – ou vient de – parcourir ».
30 commentaires
Quelle bonne idée cet article !
Merciii un article qui tombe à picpour nos amis rencontrés sur les routes de Nouvelle Zélande https://www.facebook.com/PierreEtPierretteNzBikeTour leurs photos sont déjà canon elles le seront peut être maintenant encore plus 😉
Merci pour les détails ! Je suis peu être un peu curieux, mais est-ce que tu pourrais indiquer sur quel trépied ton choix s’est finalement arrêté ? J’imagine que si tu dis en avoir racheté un, c’est qu’il ne s’agit pas du Vanguard Alta pro sur lequel tu as déjà fait un article ?
Non, c’est un manfrotto. Je ne l’ai pas cité, tout simplement parce qu’il n’est pas censé supporter un reflex (je reste d’ailleurs à côté dès que possible) et que je ne veux pas être responsable si l’un de vous a un soucis à cause de ça 😉
Mais il existe des modèles (chers) qui acceptent les reflex lourds tout en n’étant pas très encombrants)
de Natur’aux Pattes : Voila un article qui tombe à point nommé : On va entreprendre un tour d’Europe (Nord) en vélo couché. Je vais m’empresser de le lire. Merci !
Voila un article qui tombe à point nommé : On va entreprendre un tour d’Europe (Nord) en vélo couché. Je vais m’empresser de le lire. Merci !
Une sacoche très utile effectivement moi j’ai faillit perdre mon appareil lors de mon voyage en barcelone, une pluie torrentielle et j’avais que ma veste pour protéger mon Canon !!! je vous rassure il s’en est sortie indemne 🙂 mais moi pas 🙂
Je n’ai jamais voyagé à vélo mais c’est quelque chose que j’aimerais vraiment essayer (bon en ce moment j’ai un problème de genoux mais espérons que j’arriverai à le résoudre un jour!).
Je vois que tu as un petit vélo pliable, c’est bien ça ? C’est agréable de rouler ainsi ? Jje n’ai jamais essayé, je me demande...
Si tu as des problèmes aux genoux, oublie le pliable, c’est pas bon du tout ! En fait, le pliable, je trouve ça génial, pas besoin de le démonter dans l’avion, facile à plier pour prendre les transports ou le garder dans une chambre d’hotel, et les petites roues le rendent extrêmement maniable (on garde un fond déroulé, et on ne perd pas en vitesse du tout). Par contre, ça oblige à être constamment en train de relancer, donc c’est un poil plus physique, et pas top pour les jambes fragiles. Mais personnellement, j’adore, je l’utilise au quotidien depuis plusieurs années, et de plus en plus pour voyager...
[...] Voyager en vélo : une manière de voyager qui permet de prendre son temps, de savourer chaque scène d’un périple et de faire de la photo, pour peu qu’on prenne le temps de s’arrêter pour figer l’instant. La sympathique blogueuse Madame Oreille l’a bien compris et nous livre ici quelques tuyaux sur la photo de voyage à vélo. [...]
[...] Voyager en vélo : une manière de voyager qui permet de prendre son temps, de savourer chaque scène d’un périple et de faire de la photo, pour peu qu’on prenne le temps de s’arrêter pour figer l’instant. La sympathique blogueuse Madame Oreille l’a bien compris et nous livre ici quelques tuyaux sur la photo de voyage à vélo. [...]
Encore un super article. Merci pour tous ces bons conseils !
Merci pour cet article qui tombe à pic puisque nous avons prévu un tour d’Europe à vélo prochainement. La sacoche qui s’accroche au guidon doit être bien pratique, est ce qu’elle tiens grâce à des scratchs ? C’est vrai qu’un trépied doit être utile, mais il faut en trouver un pas trop lourd, ni encombrant et mixe vidéo/photo.... tu as un conseil la dessus ?
Ma sacoche de cintre se fixe grâce à un système de clip. En fait, tu as une accroche qui reste en permanence sur le vélo, et on vient cliper la sacoche dessus quand on en a besoin. C’est facile à installer, et rapide utiliser.
Pour le trépied, je ne peux que vous conseiller d’aller en magasin, pour tester et trouver celui qui vous conviendra le mieux.
Pour les trépieds, il y a les gorillapod qui s’accrochent partout ! Très pratique en vélo, je l’attache au guidon et hop mon apn est à portée de main !
Franchement, j’ai testé, jadis, mais ça ne va que sur les routes bien plates, sinon il se décroche assez vite... Et je n’aime pas trop l’idée de l’appareil qui peut tomber du vélo alors qu’on roule... Même à 20km/h, vl’a le choc ! En outre, lorsque c’est le cycliste qui tombe, il n’est pas du tout protégé.
[...] ... on a facilement tendance à se dire que ça ne vaut pas le coup de faire la photo, et on préfère rouler plutôt que s’arrêter... [...]
J’adore cette idée!! c’est à essayer sans doute
[...] ... on a facilement tendance à se dire que ça ne vaut pas le coup de faire la photo, et on préfère rouler plutôt que s’arrêter... [...]
Des bons conseils qui peuvent s’appliquer à d’autres types de voyages, je pense en particulier au premier, « mettre le pied à terre » de façon figurée 🙂
Oui, ça s’appliquera aisément en randonnée, ou à moto... Voire même en voiture !
[...] ... on a facilement tendance à se dire que ça ne vaut pas le coup de faire la photo, et on préfère rouler plutôt que s’arrêter... [...]
[...] Comment photographier (ou filmer) ses voyages à vélo ? | Madame Oreille : blog voyage Un ensemble de conseils forts judicieux de Madame Oreille… Dont la majorité ne s’appliquent d’ailleurs pas que pour les voyages à vélo !!! [...]
C’est vrai qu’on s’arrête rarement en vélo !
En Chine, où je voyageait à vélo, j’ai justement pris beaucoup de photos tout en roulant.
J’ai décidé de ne prendre qu’un iPhone avec moi avec l’app Hypstamatic.
Son gros avantage : être toujours sous la main, facile à tenir à bout de bras, et pas très lourd avec une coque caoutchouc pour l’éventualité d’une chute.
Du coup, les clichés de personnes étaient assez intéressants. Car étant sur mon vélo, les gens me regardaient passer avec air amusé ou interrogateur...
Puis côté qualité photo... je parlerais plutôt de « texture » retraçant bien la poussière et les cailloux de la route 🙂
Mon blog photo : sthovelo.blogspot.fr et vive la photo de randonnée !!!
Super conseils pour avoir de beaux souvenirs, je vais essayer de les appliquer pendant ma prochaine escapade !
Merci
Priscilla
http://www.velosimplissime.com
Bonjour,
J’adore l’idée de votre article ! Dans le feu des efforts et l’atteinte des parcours, on ne pense pas forcément à s’arrêter et encore moins pour prendre une photo avec les lèvres asséchées et les cheveux aplatis, mais bon, c’est tout de même des bons souvenirs. Il existe sur le marché divers perchoirs qui s’accrochent à au vélibiste pour prendre des vidéos et des photos sans s’arrêter. De même pour les dispositifs qui s’accrochent au vélo pour filmer vers l’arrière. Le prix est encore assez onéreux, mais c’est tout de même très pratique pour à tous les fanatiques de la discipline. J’invite les intéressés à s’informer davantage.
Bonjour Madame Oreille,
Etant moi-même une future cyclotouriste islandaise (fjords de l’ouest, me voici!) / photographe (enfin on essaie, on essaie...), je me demandais : n’as-tu pas eu peur que les vibrations du vélo anéantissent ton appareil photo ? Avais-tu un système pour essayer de réduire ces vibrations ou ces petites bestioles d’appareil ne sont-elles pas si sensibles après tout ?
Salut Madame Oreille,
Je viens de découvrir ton article et je me retrouve tellement dans tes conseils ! Merci beaucoup pour les avoir soulignés. C’est drôle, mais c’est vrai. J’ai fait un tour d’Europe à vélo, 8000km, et il me manque des journées entières, parce que j’ai eu la flemme de m’arrêter et de sortir l’appareil. Spécifiquement quand on souffrait. Sur le coup, tu te dis que « ouais, ça va, faut profiter de temps en temps », puis finalement, tu es un peu déçu.e... Et c’est drôle, car les plus beaux souvenirs que l’on a, c’est ces fois où j’ai eu le courage de sortir la machine en pleine galère !
Alors, la sacoche devant, je suis carrément d’accord. Mais il faut en prendre une qui peut supporter 5kg. La mienne, a fini le tour à la limite-limite, accrochée par des cordes, par ci par là. Elle était censée supporter 3kg, c’était une gaude et le poids de mon appareil était à moins de 3kg. Mais l’appareil faisait quand même quelques bons de temps à autre dans sa boite, c’est ce qui a entrainé la perte de la sacoche je crois 🙂
Bonjour,
Merci pour cet excellent article (et tous les autres d’ailleurs, j’ai même acheté votre livre).
Que prenez-vous comme matériel photo à vélo (objectifs, ordinateur portable...) ?
Je pars bientôt pour un voyage de 6 mois à vélo en Asie et je change chaque semaine d’avis sur le matériel photo à prendre ?.