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Mali épisode 5bis : souffrir chez les Dogons

par Madame Oreille

Je ter­mi­nais le der­nier épi­sode alors que nous pas­sions la nuit sur le toit de l’au­berge à Yaba­ta­lou. Je reprends donc au même endroit, au même moment, mais ce coup-ci, ça va faire mal.
Si ça, c’est pas de l’in­tro qui pousse à lire le reste...
Bon, tuons le sus­pense dans la poule : per­sonne n’est mort, et je n’ai pas trop de cicatrices.

Après une nuit dif­fi­cile, entre maux de ventre et bruits qui font peur, nous ava­lons un petit déjeu­ner (pain et confi­ture de mangue, un régal, avec lait en poudre ou café) et par­tons direc­te­ment. Gobi nous l’an­nonce d’en­trée, la route va être longue. Et pour­tant, nous emprun­tons le che­min le plus court. Aux tou­ristes qui ont le ver­tige, notre guide fait faire un détour. Le ver­tige ? Oui, car aujourd’­hui nous remon­tons sur le pla­teau, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est plu­tôt abrupt.

On l’ap­pren­dra plus tard, mais de temps en temps, des gens se tuent ici... Il faut dire que les Dogons n’hé­sitent pas à emprun­ter ces che­mins en pleine nuit, quand ils rentrent d’une bringue dans le vil­lage d’à côté, et le lieu est vrai­ment pro­pice aux chutes, entre pierres qui s’ef­fritent et petits pré­ci­pices. Sur les polas ci-des­sus, vous pou­vez par exemple voir un petit pont de bois conçu pour pas­ser au des­sus d’un trou d’une ving­taine de mètres : des troncs et des « esca­liers » ont sim­ple­ment été entassés !
On passe ain­si deux heures à esca­la­der des tas de pierres, à enjam­ber tout et n’im­porte quoi, et sur­tout, à essayer de ne pas tom­ber. En haut, domi­nant la falaise, on découvre Inde­lou, un char­mant vil­lage ani­miste. Je me dis que je me serais bien vue pas­ser la nuit là, que les gens sont gen­tils. Pour la pre­mière fois, aucun enfant ne nous demande quoi que ce soit, ils nous sou­rient sim­ple­ment. Mais non, à peine le temps de souf­fler, nous repartons.

Nous tra­ver­sons deux autres vil­lages avant d’ar­ri­ver à Dou­rou. Le soleil com­mence déjà à décli­ner. Nous décou­vrons le mar­ché et com­pre­nons que c’est quand même un grand vil­lage ! Et ça se res­sent aus­si : moins de charme pour plus de déchets par terre. Nous choi­sis­sons de dor­mir dans une des chambres, pour ne pas attra­per froid... Je ne vais pas dire qu’on a regret­té ce choix, mais on n’a pas chop­pé de rhume, c’est sûr ! La pièce fait 2m sur 2m, juste la place pour le mate­las, et l’u­nique fenêtre a été murée parce « les tou­ristes n’ai­maient pas le vent ». Un lieu confi­né sans ouver­ture, tout ce que j’aime...

Je vous disais que nous avions souf­fert, hé bien ce fut le len­de­main. De Dou­rou, nous des­cen­dons la falaise pour rejoindre Nom­bo­ri dans les dunes de sable, et devons ensuite reve­nir à Dou­rou avant la cha­leur, car c’est alors que vien­dra nous cher­cher la voi­ture pour « ren­trer ». C’est un tra­jet qu’on fait plu­tôt sur la jour­née, mais que Gobi a com­pres­sé sur la matinée.
La bal­lade vaut le coup pour les pay­sages. Depuis Yawa, nous décou­vrons les dunes et le sable à perte de vue. Et, qui l’eut cru, des gens vivent là-dedans ! Si vous regar­dez atten­ti­ve­ment la pho­to ci-des­sous, à gauche (cli­quez pour agran­dir), vous aper­ce­vrez les petits points noirs cor­res­pon­dants aux huttes de quelques peuls !

Là où ça se com­plique, c’est pour le retour. Nous quit­tons Nom­bo­ri vers 10h30, après avoir visi­té le musée (au pas­sage, on s’est fait avoir : on nous a dit de ren­trer, on a obtem­pé­ré, et on n’a décou­vert qu’à la fin qu’il fal­lait payer... Donc libre, mais je n’aime pas ce genre de sur­prise, par prin­cipe). Et là, il faut donc remon­ter, gra­vir des tas de pierres, puis mar­cher long­temps sur l’a­ride pla­teau alors que le soleil com­mence à cogner très sérieusement.
Le jeune frère de Gobi nous accom­pa­gnait pour l’oc­ca­sion. Ado, il fai­sait le kéké à mar­cher vite devant, fai­sant râler son frère. Sauf qu’il fai­sait tel­le­ment chaud qu’il a fini par sai­gner du nez, à deux doigts de faire un malaise...

On n’é­tait pas mécon­tents en arri­vant à Dou­rou... Mais nous n’é­tions pas au bout de nos efforts. Après le repas, nous grim­pons dans une vieille ber­line alle­mande garée à la sor­tie du vil­lage. La voi­ture n’est clai­re­ment pas adap­tée à l’é­tat des pistes locales. On entend régu­liè­re­ment le fond cogner contre les pierres ! Mais le chauf­feur sait ce qu’il fait, il roule dou­ce­ment et fait du sla­lom pour évi­ter les plus grosses pierres. Pour­tant, à plu­sieurs reprises, il nous fau­dra sor­tir pour pous­ser la voi­ture et ain­si redémarrer !

De retour à Ban­dia­ga­ra, nous savou­rons la « douche » (le saut d’eau, quoi) et la fraî­cheur de la mai­son. On se laisse même aller à regar­der la télé, même si elle est cas­sée et que tout est rose. Les pro­grammes sont en fran­çais, il y a de la musique et des séries à l’eau de rose... On mange, on joue avec les enfants, on se repose.

Le len­de­main matin, on part tôt pour prendre le bus de Séva­ré et retour­ner à Ségou. On attend qu’il soit plein et c’est parti !

Dans le pro­chain épi­sode : des mili­taires effrayants, un mar­tin pêcheur et un gros barrage.

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4 commentaires

tewoz 24 février 2012 - 15:20

Les pho­tos donnent vrai­ment envie ! (et tes cro­quis sont tou­jours aus­si bien sen­tis, droit à l’es­sen­tiel, tu captes l’at­mo­sphère, chapeau)

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Minami-o 24 février 2012 - 16:30

Pas trop le temps de com­men­ter en ce moment, mais j’ai sui­vi avec grand plai­sir toutes vos aven­tures au Mali...
Pour la ran­do périlleuse, ça m’a un peu rap­pe­lé le GR20, en Corse : de la caillasse et de la grim­pette per­ma­nente, les 3 pre­miers jours ! 😀
Sinon, les pho­tos sont tou­jours réus­sies, les cro­quis, avec ou sans cou­leurs, sont sen­sas », et le récit donne vrai­ment l’im­pres­sion d’être à vos côtés ! 😉
Comme lu dans un autre com­men­taire, à quand le car­net « papier » ? 😀
Vite, la suite ! 🙂

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Estelle 24 février 2012 - 20:57

Oula­la, cette marche à côté d’un ravin et des minis ponts en bois, c’est imprés­sion­nant !! Je n’en serais pas capable, crise car­diaque avant la fin...
Héhé pas mal ton « Dans le pro­chain épi­sode : des mili­taires effrayants, un mar­tin pêcheur et un gros bar­rage »... Tu appâtes le lec­teur là... 🙂

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Oreille 25 février 2012 - 10:11

Tewoz : merci 🙂

Minami‑o : ça fait quelques temps que je réflé­chis, et celui-là sera dis­po en ver­sion papier, c’est sûr. Je vais essayer de démar­cher un ou deux édi­teurs, et si ça ne les inté­resse pas, bah ce sera sur blurb.com ! (d’ailleurs, si vous avez des contacts... 😀 )

Estelle : Gobi nous a dit qu’il arri­vait de temps en temps que des gens ne le sentent pas. Dans ce cas là, il ne force pas et pro­pose un autre che­min, plus long mais moins impressionnant !
Allez, la pro­chaine fois, j’appâte le lec­teur avec des pho­tos exclu­sives de Britney !

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