Je terminais le dernier épisode alors que nous passions la nuit sur le toit de l’auberge à Yabatalou. Je reprends donc au même endroit, au même moment, mais ce coup-ci, ça va faire mal.
Si ça, c’est pas de l’intro qui pousse à lire le reste...
Bon, tuons le suspense dans la poule : personne n’est mort, et je n’ai pas trop de cicatrices.
Après une nuit difficile, entre maux de ventre et bruits qui font peur, nous avalons un petit déjeuner (pain et confiture de mangue, un régal, avec lait en poudre ou café) et partons directement. Gobi nous l’annonce d’entrée, la route va être longue. Et pourtant, nous empruntons le chemin le plus court. Aux touristes qui ont le vertige, notre guide fait faire un détour. Le vertige ? Oui, car aujourd’hui nous remontons sur le plateau, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est plutôt abrupt.
On l’apprendra plus tard, mais de temps en temps, des gens se tuent ici... Il faut dire que les Dogons n’hésitent pas à emprunter ces chemins en pleine nuit, quand ils rentrent d’une bringue dans le village d’à côté, et le lieu est vraiment propice aux chutes, entre pierres qui s’effritent et petits précipices. Sur les polas ci-dessus, vous pouvez par exemple voir un petit pont de bois conçu pour passer au dessus d’un trou d’une vingtaine de mètres : des troncs et des « escaliers » ont simplement été entassés !
On passe ainsi deux heures à escalader des tas de pierres, à enjamber tout et n’importe quoi, et surtout, à essayer de ne pas tomber. En haut, dominant la falaise, on découvre Indelou, un charmant village animiste. Je me dis que je me serais bien vue passer la nuit là, que les gens sont gentils. Pour la première fois, aucun enfant ne nous demande quoi que ce soit, ils nous sourient simplement. Mais non, à peine le temps de souffler, nous repartons.
Nous traversons deux autres villages avant d’arriver à Dourou. Le soleil commence déjà à décliner. Nous découvrons le marché et comprenons que c’est quand même un grand village ! Et ça se ressent aussi : moins de charme pour plus de déchets par terre. Nous choisissons de dormir dans une des chambres, pour ne pas attraper froid... Je ne vais pas dire qu’on a regretté ce choix, mais on n’a pas choppé de rhume, c’est sûr ! La pièce fait 2m sur 2m, juste la place pour le matelas, et l’unique fenêtre a été murée parce « les touristes n’aimaient pas le vent ». Un lieu confiné sans ouverture, tout ce que j’aime...
Je vous disais que nous avions souffert, hé bien ce fut le lendemain. De Dourou, nous descendons la falaise pour rejoindre Nombori dans les dunes de sable, et devons ensuite revenir à Dourou avant la chaleur, car c’est alors que viendra nous chercher la voiture pour « rentrer ». C’est un trajet qu’on fait plutôt sur la journée, mais que Gobi a compressé sur la matinée.
La ballade vaut le coup pour les paysages. Depuis Yawa, nous découvrons les dunes et le sable à perte de vue. Et, qui l’eut cru, des gens vivent là-dedans ! Si vous regardez attentivement la photo ci-dessous, à gauche (cliquez pour agrandir), vous apercevrez les petits points noirs correspondants aux huttes de quelques peuls !
Là où ça se complique, c’est pour le retour. Nous quittons Nombori vers 10h30, après avoir visité le musée (au passage, on s’est fait avoir : on nous a dit de rentrer, on a obtempéré, et on n’a découvert qu’à la fin qu’il fallait payer... Donc libre, mais je n’aime pas ce genre de surprise, par principe). Et là, il faut donc remonter, gravir des tas de pierres, puis marcher longtemps sur l’aride plateau alors que le soleil commence à cogner très sérieusement.
Le jeune frère de Gobi nous accompagnait pour l’occasion. Ado, il faisait le kéké à marcher vite devant, faisant râler son frère. Sauf qu’il faisait tellement chaud qu’il a fini par saigner du nez, à deux doigts de faire un malaise...
On n’était pas mécontents en arrivant à Dourou... Mais nous n’étions pas au bout de nos efforts. Après le repas, nous grimpons dans une vieille berline allemande garée à la sortie du village. La voiture n’est clairement pas adaptée à l’état des pistes locales. On entend régulièrement le fond cogner contre les pierres ! Mais le chauffeur sait ce qu’il fait, il roule doucement et fait du slalom pour éviter les plus grosses pierres. Pourtant, à plusieurs reprises, il nous faudra sortir pour pousser la voiture et ainsi redémarrer !
De retour à Bandiagara, nous savourons la « douche » (le saut d’eau, quoi) et la fraîcheur de la maison. On se laisse même aller à regarder la télé, même si elle est cassée et que tout est rose. Les programmes sont en français, il y a de la musique et des séries à l’eau de rose... On mange, on joue avec les enfants, on se repose.
Le lendemain matin, on part tôt pour prendre le bus de Sévaré et retourner à Ségou. On attend qu’il soit plein et c’est parti !
Dans le prochain épisode : des militaires effrayants, un martin pêcheur et un gros barrage.





4 commentaires
Les photos donnent vraiment envie ! (et tes croquis sont toujours aussi bien sentis, droit à l’essentiel, tu captes l’atmosphère, chapeau)
Pas trop le temps de commenter en ce moment, mais j’ai suivi avec grand plaisir toutes vos aventures au Mali...
Pour la rando périlleuse, ça m’a un peu rappelé le GR20, en Corse : de la caillasse et de la grimpette permanente, les 3 premiers jours ! 😀
Sinon, les photos sont toujours réussies, les croquis, avec ou sans couleurs, sont sensas », et le récit donne vraiment l’impression d’être à vos côtés ! 😉
Comme lu dans un autre commentaire, à quand le carnet « papier » ? 😀
Vite, la suite ! 🙂
Oulala, cette marche à côté d’un ravin et des minis ponts en bois, c’est impréssionnant !! Je n’en serais pas capable, crise cardiaque avant la fin...
Héhé pas mal ton « Dans le prochain épisode : des militaires effrayants, un martin pêcheur et un gros barrage »... Tu appâtes le lecteur là... 🙂
Tewoz : merci 🙂
Minami‑o : ça fait quelques temps que je réfléchis, et celui-là sera dispo en version papier, c’est sûr. Je vais essayer de démarcher un ou deux éditeurs, et si ça ne les intéresse pas, bah ce sera sur blurb.com ! (d’ailleurs, si vous avez des contacts... 😀 )
Estelle : Gobi nous a dit qu’il arrivait de temps en temps que des gens ne le sentent pas. Dans ce cas là, il ne force pas et propose un autre chemin, plus long mais moins impressionnant !
Allez, la prochaine fois, j’appâte le lecteur avec des photos exclusives de Britney !