Je pourrais faire une introduction expliquant qu’il faisait très chaud ce week-end-là en Loire Forez, et que ce n’était pas uniquement le fait de la canicule, qu’il y avait aussi une grande chaleur humaine. C’est le genre d’intro qui fonctionne mieux en hiver, quand on peut se lancer dans de grandes phrases sur la gentillesse des gens qui nous fait oublier nos doigts de pieds gelés. Mais non, j’étais en Loire Forez en juillet, et nous tentions de fuir la canicule avec Monsieur Oreille et notre fille. Une chose est sûre, la chaleur est plus supportable quand on est dans un bel endroit, bien entourés !
Dans tous mes voyages, j’essaie de rencontrer des gens, d’échanger, même lorsque je ne partagerai ensuite ici que des photos de paysages. Surtout en France, c’est impensable pour moi de ne pas aller discuter avec des habitants. Pour autant, il faut dire que c’est plus aisé dans certaines régions que dans d’autres. Loire Forez fait partie de ces coins où aller vers les locaux est simple. Les gens sont chaleureux, l’échange est simple.
Avant de dédier un article à ce séjour (vous avez déjà dû voir passer les photos des châteaux, églises, ou des gorges de la Loire sur mon Instagram !), voici cinq portraits, pour cinq rencontres.
Gilles Bonnefoy, viticulteur passionné
Les Vins de la Madone
Lieu-dit Jobert – 42600 CHAMPDIEU
Gilles nous accueille en fin d’après-midi. Il nous propose directement de goûter ses vins. On commence par un blanc bien frais, « Roussanne », qui passe tout seul et ne tape pas, malgré la chaleur. Gilles nous explique comment il a quitté son ancienne vie pour devenir viticulteur. Passionné, il rachète des terres au fil des années pour y implanter des vignes. Le domaine n’existait pas avant lui, mais s’est depuis fait un nom : Domaine de la Madone. Le vignoble se trouve autour de la colline de la Madone, d’où on domine les environs.
Note de Monsieur Oreille : avis aux amateurs, les vins de ce Domaine sont labellisés Demeter !
Géraldine Veyret, le paradis !
Comptoir de Zanzibar
7 chemin de l’église – 42170 Chambles
Vous le savez, même si je parle rarement de nourriture faute de savoir écrire sur ce délicat sujet, je suis gourmande. Mettez-moi devant une entrecôte et j’aurai un haut-le-cœur, lâchez-moi dans une confiserie et vous ne me revoyez pas avant la nuit.
Le comptoir de Zanzibar se trouve dans le petit village de Chambles, au pied de l’Église, avec une vue plongeante sur les gorges de la Loire. Il fait horriblement chaud lorsque nous débarquons chez Géraldine. Voilà plus de 10 ans qu’elle tient le Comptoir de Zanzibar, une confiserie artisanale, et c’est la première fois qu’elle est obligée de laisser les volets fermés pour s’isoler un peu de la canicule. Elle est en pleine confection de meringues et de guimauves quand nous poussons la porte. Je parcours les étagères et la carte du salon de thé. La chaleur nous pousse à opter pour des glaces (les Délices Foréziens, des glaces locales succulentes !), mais on goûtera quand même quelques petites pépites pour papilles.
Pourquoi Zanzibar ? Parce qu’elle adore Freddy Mercury (vous non plus vous ne saviez pas qu’il était originaire de là-bas ?). Et puis ça sonne bien, Zanzibar.
Géraldine aime les bons produits, sans arômes ou colorants, avec des ingrédients savamment dosés. Ainsi, dans la pâte aux noisettes, l’ingrédient principal n’est ni l’huile ni le sucre, mais la noisette. Et Géraldine aime l’originalité. C’est comme ça que meringues et guimauves ont des goûts rarement vus ailleurs, et qu’on se retrouve avec du Caramargue, sa spécialité : du caramel au beurre salé... avec du sel de Camargue !
Sébastien Pillet, cuisine locale
Auberge de Garnier
42990 Sauvain
Réservation conseillée : 04 77 76 83 86
C’est après une petite promenade sur le plateau que nous nous installons à la terrasse de l’Auberge de Garnier. C’est une ancienne jasserie, et c’est devenu un restaurant prisé des Hautes Chaumes !
Nous savourons la fraîcheur prodiguée par les hauteurs autour d’un apéritif, avant d’enchaîner sur une série de produits locaux et le fameux patia : des pommes de terres cuites dans de la crème. Ça pourrait ressembler à de la tartiflette ou à de la truffade, mais c’est plus léger. C’est d’ailleurs une surprise, moi qui me préparais déjà à devoir allonger ma ceinture d’un cran !
Sébastien a l’œil de celui qui aime son travail, et qui aime la nourriture qu’il sert. Le menu est unique, les produits sont frais, et les producteurs sont locaux. On mange à la bonne franquette, dans le brouhaha des gens heureux !
Hubert Tarit, la fourme artisanale
Fromagerie des Hautes Chaumes
42990 Sauvain
La fourme de Montbrison est le fromage du Forez, celui que vous mangerez partout, tantôt servi sur un plateau, tantôt cuisiné. Sa fabrication est assez précise et, pour avoir le droit à l’appellation Fourme de Montbrison (c’est une AOP), il faut respecter toutes les caractéristiques de taille, de poids, et de couleurs. Ça nous donne un gros cylindre d’une vingtaine de centimètres de haut, pesant environ 2,5 kg, avec une croûte orangée et de la pâte couleur crème marbrée de bleu ! Et étonnamment, c’est un fromage plutôt léger !
Pour comprendre l’origine de la fourme, il faut revenir à l’époque où les éleveurs passaient la moitié de l’année sur les Hautes Chaumes. Durant l’estive, ils vivaient dans des jasseries, bâtiment en pierre servant à la fois de maison et d’étable. En fait, il faudrait dire « elles », car c’étaient les femmes qui montaient les troupeaux, les surveillaient et préparaient les fromages qui étaient vendus en bas, pendant que les hommes restaient à la ferme ramasser le foin.
Note de Monsieur Oreille : le terme « Fourme » vient simplement de l’occitan « forma », dérivé simple de la traduction littérale pour « fromage ».
Hubert Tarit descend d’une lignée de producteurs de produits laitiers. L’homme est un peu discret, pas très loquace, mais il perpétue le savoir-faire acquis par sa famille, avec comme clef de la réussite un affinage toujours effectué dans une cave sur les Hautes Chaumes. Sa fromagerie se trouve à Sauvain, et on retrouve ses fromages un peu partout dans les restaurants du coin. Autant dire que le nom est immanquablement associé à la fourme, et inversement, la fourme au nom !
Audrey et Jean-Christophe Berthet, sourires et cuisine inventive
Restaurant l’Apicius
29 rue Martin Bernard 42600 Montbrison
Pour notre deuxième soirée à Montbrison, nous sommes sortis nous promener. La chaleur était encore écrasante, nous longions les murs. Pourtant, il était tard et toutes les boutiques étaient fermées. Au hasard d’une rue, nous sommes tombés sur l’Apicius. Par curiosité, j’ai jeté un œil au menu : des plats visiblement hyper créatifs et des produits de saison. Il n’en fallait pas plus pour que nous revenions le lendemain midi !
Nous sommes les premiers clients à pousser la porte. Audrey gère la salle pendant que Jean-Christophe est en cuisine. Ils sont jeunes parents, et même si leur fils est plus âgé, je ne peux que deviner le degré d’organisation qu’il faut pour tenir une telle entreprise à deux. Mais ils rayonnent, la fatigue ne doit plus avoir de prise sur eux, et je leur tire intérieurement mon chapeau.
Nous voilà devant les menus. Et là, problème, il faut choisir. Ma curiosité est piquée de toutes parts : sorbet menthe poivrée concombre, pop-corn d’amarante, œufs de cailles panés au Gomasio, mesclun de jeunes pousses de moutarde, mousseline de géranium odorant. Les plats sont complexes mais impeccables d’harmonie, et visuellement parfaits.
(Je n’en dis pas plus, pour deux raisons : les plats changent au fil de l’année, et il faut garder un peu de surprise !)
Plus d’infos, d’adresses et de rencontres sur le site de l’Office de Tourisme de Loire Forez, grâce à qui ce projet a pu être réalisé.
11 commentaires
— Des sourires inimitables, ceux des Foréziens !
C’et original comme article de dresser le portrait de 6 personnes rencontrées lors d’un voyage ou une escapade. A bientôt.
Cet article tombe plutôt bien, je rentre chez mes parents à 20km de Roanne à la fin de la semaine 🙂
Merci pour les infos !
Merci pour ces beaux portraits qui présente mon territoire. Je file découvrir le reste de ton blog...
Il est bon de se rappeler que notre France est belle ...
Merci
Sachez que je vs admire !!!!
C’est gentil 🙂
Bravo !
Les rencontres, la découverte, voila ce qui forme le voyage. Et pas seulement les paysages que l’on traverse ou que l’on ramène chez soi en photographie... On peut voyager près de chez soi, alors que certains ne font que se déplacer, même à l’autre bout du monde...
J’aime cet article qui oeuvre pour le développement local, à l’heure ou tout le monde en parle, sans pour autant en faire 😉
Et bien, çà y est, grâce à vous et votre élogieux et très bien renseigné article sur cette région, je viens de réserver mes prochaines vacances estivales... Je ne manquerai pas d’aller visiter tous ces jolis portraits dressés !
Merci pour superbe reportage sur mon département , si un jour vous revenez nous voir , je vous invites volontiers à me rendre visite sur ma ferme , située dans les monts du forez .
Cordialement
Laurence