fbpx

Transmongol VII : Pékin

par Madame Oreille

Nous voi­là à Pékin, ter­mi­nus. Il est 14h quand nous sor­tons de la gare. J’ai lis­té tout ce que nous avions à voir en grou­pant par quar­tier (vous vous dou­tez déjà que nous n’en ver­rons pas la moi­tié). Nous ne res­tons pas long­temps dans la capi­tale chi­noise, il faut être orga­ni­sé pour ne pas perdre trop de temps en trans­port. Cepen­dant, ça com­mence par l’an­nu­la­tion de notre pre­mière visite ! Je pen­sais aller au Temple du Ciel après avoir dépo­sé nos sacs à l’hô­tel, mais j’ai mal jugé la dis­tance et nous nous retrou­vons à le cher­cher, à mar­cher et à deman­der notre che­min pen­dant près de deux heures. Mon plan était une ver­sion sim­pli­fiée, sans les hutongs, ces petites ruelles, et sans échelle, ce qui n’aide pas !

Heu­reu­se­ment, les péki­nois sont, en plus d’être sou­riants, très ser­viables. Aus­si, nous voyant per­plexes, plan et guide en main, un jeune homme est venu spon­ta­né­ment nous pro­po­ser son aide. Et comme il ne connais­sait pas l’hô­tel ni le hutong dans lequel il se trouve, il a pas­sé quelques coups de fils pour se le faire indi­quer ! Sens de l’ac­cueil, fier­té de mon­trer son niveau d’an­glais, envie de faire une bonne action, je ne sais pas, mais on la cha­leu­reu­se­ment remer­cié ! (ça change de Mos­cou où les gens nous igno­rait quand on deman­dait notre chemin..)

Il nous a conseillé de prendre le métro, et de des­cendre à la sui­vante. Habi­tués au métro pari­sien, on s’est dit que ça n’i­rait pas plus vite, et on l’a bien regret­té, vu l’es­pa­ce­ment des sta­tions ! On a fini par arri­ver, s’é­ta­ler dans le lit et se dire qu’on irait plus tard au temple du ciel, tant pis.

Après un repos bien méri­té, nous allons visi­ter le quar­tier, plan gra­tuit pour les tou­ristes en main. Il fait beau, c’est calme, agréable. Nous nous arrê­tons dans un res­tau­rant pour tes­ter la méthode du « pékin en poche » : poin­ter du doigt la pho­to du plat qui nous tente, ou l’as­siette d’un autre client. On se retrouve ain­si avec un plat froid de cubes géla­ti­neux aux caca­huètes, un plat de bou­lettes chaudes, de la sauce piquante et deux bols d’une mix­ture jaune infecte. Ça pour­rait être pire. Après enquête-pic­tion­na­ry, il sem­ble­rait que nous ayons man­gé du porc.

On s’en­dort en regar­dant la télé chi­noise, très drôle même si on ne com­prend pas tout.
Le len­de­main, petit déjeu­ner. Ah, de la confi­ture et du lait nor­mal. On découvre que l’hô­tel est un vrai nid de tou­ristes occi­den­taux, pas mal en tour du monde, et qu’on a ain­si à dis­po­si­tion trois vieux ordi­na­teurs où ils vont sur face­book, mettent leur blog à jour, donnent des nou­velles, mais aus­si un sys­tème d’é­changes de livres. On peut en prendre un si on en laisse un. Ça évite de s’en­com­brer. Il y en a dans toutes les langues et sur tous les sujets, amusant.

Après ça, nous par­tons, à pied, en direc­tion de la Cité Inter­dite. En che­min, un jeune homme nous alpague en nous sou­hai­tant la bien­ve­nue, « wel­come to Bei­jing ». Il est étu­diant en Beaux-Arts, spé­cia­li­sé sur la cal­li­gra­phie. Il nous parle d’un pro­chain tour d’Eu­rope avec l’U­ni­ver­si­té, nous pose des ques­tions, semble ravi de nous mon­trer les rues. Il nous accom­pagne sur une bonne par­tie du che­min puis s’ar­rête dans une bou­tique et nous com­pre­nons alors mieux pour­quoi il jouait les guides avec nous : c’est la gale­rie de l’E­cole ! Il nous montre ses pein­tures, celles de ses profs, des autres élèves, et bien sur, nous pro­pose de les ache­ter. Comme on n’est pas très ten­tés et pour ne pas nous lais­ser repar­tir les mains vide, il baisse son prix de 3200 à 600Y. On ver­ra plus tard que c’est assez com­mun, en Chine, de mar­chan­der et de bais­ser les prix de moitié.

On entre enfin dans la Cité Inter­dite. Des hordes de tou­ristes chi­nois prennent pos­ses­sion du lieu. Ils portent tous une casquette/bob aux cou­leurs de leur tour ope­ra­tor, et suivent les petits dra­peaux que leurs guides agitent en réci­tant leur laïus dans un méga­phone. Le tou­riste chi­nois est vrai­ment pénible : il suit le groupe, bous­cule s’il faut, et tous s’ag­glu­tinent dès qu’il y a quelque chose à voir, pous­sant tous ce qui est sur le che­min. Assez impres­sion­nant à voir. Après avoir fait le tour de la Cité (ou tout du moins, l’im­pres­sion de, parce que je pense qu’on a du pas­ser à côté de cer­tains endroits), nous allons souf­fler au parc Behai, juste à côté.

Nous sommes en début d’a­près midi, et on décide alors de rat­tra­per notre lou­pé de la veille : allons au Temple du Ciel. On tend le bras à chaque taxi, mais ils ont tous déjà des clients. Un vélo-pousse s’ar­rête alors, et avant même que j’ai pu obte­nir une réponse sur le tarif, nous nous retrou­vons sacs sur les genoux, à l’ar­rière. La bal­lade est sym­pa­thique. Le bon­homme essaie de dis­cu­ter un peu.

Nous nous enfon­çons alors dans des hutongs moins sym­pa­thiques. Je com­mence à sen­tir le coup foi­reux où des copains l’at­ten­draient dans une de ces ruelles désertes. Et il s’ar­rête, fai­sant signe qu’il est essouf­flé, il ne peut pas aller plus loin, on est trop gros. Il ne doit pas prendre sou­vent des amé­ri­cains, parce qu’à deux, même en comp­tant les sacs, on ne devait pas dépas­ser les 120kilos ! Soit, nous ne sommes pas loin, on conti­nue­ra à pied. Et c’est là qu’ar­rive le coup foi­reux : il nous demande 300Y, somme qu’on n’a bien sur pas sur nous. On lui explique, il nous amène 100m plus loin à un dis­tri­bu­teur. On lui tend ses 300Y, mais là, il nous dit que c’est 300Y cha­cun, soit 600Y. On tire la gueule, on se fait clai­re­ment arna­quer, mais tant pis, c’est la pre­mière fois de tous le voyage. On aurait cru qu’il nous lais­se­rait là, mais non, il nous remet dans le vélo pousse pour nous rame­ner là où il nous avait deman­dé l’argent. Et là, ça devient clai­re­ment drôle. Alors qu’on des­cend, il nous explique que ça fait 300Y cha­cun à nou­veau, pour le tra­jet jus­qu’à la banque. On ne s’e­nerve pas, on se contente de par­tir en l’en­voyant bal­la­der. Mais il nous suit, insis­tant. Le Chauve lui lais­se­rait un billet de 100Y pour qu’il nous laisse tran­quilles, mais on se sera quand même fait bien allé­ger par ce petit escroc qui a ain­si fait son mois..

Nous arri­vons au Temple du Ciel, endroit fort agréable où de nom­breux péki­nois viennent se divertir.

Deuxième jour­née à Pékin, on enchaine sur le seul moment où nous auront un guide : la Grande Muraille et le Tom­beaux des Mings. L’i­dée était en fait plus d’a­voir un chauf­feur pour ne pas se perdre dans les bus en chi­nois. Sauf que bien sur, ça ne serait pas drôle si tout se pas­sait bien. Pre­mière sur­prise, nous ne somme pas seuls. Un autre couple de fran­çais se joint à nous. Et ça va nous sau­ver la jour­née, de la com­pa­gnie sym­pa­thique ! Ce qui embê­te­ra bien le guide qui n’a­vait pas fait exprès de mettre des fran­çais ensemble, et n’en parle pas un mot..

On com­mence par le Tom­beaux des Mings, visite expé­diée en 50minutes montre en main. D’a­près « Tony », le guide, y’a pas besoin d’y res­ter plus long­temps, le reste n’a aucun inté­rêt. Soit.

On enchaîne sur ce qui était une petite ligne du pro­gramme : une usine de Jade. Tony nous laisse avec un lec­teur de cas­settes sur pattes qui récite les bien­faits de l’u­sine, on voit trois ouvriers der­rière une vitre et on nous lache dans une immeeeense bou­tique sou­ve­nirs hors de prix où nous serons coin­cés plus d’une demi heure sans aucune envie d’a­che­ter quoi que ce soit.

Et comme si ça ne suf­fi­sait pas, on nous emmène ensuite dans une autre piège à tou­ristes, une deuxième petite usine don­nant elle aus­si sur une gigan­tesque bou­tique de sou­ve­nirs en tous genre. Nous y trou­vons un jeux d’é­checs, copie conforme de celui qu’on a ache­té la veille, mais cinq fois plus cher. For­mi­dable. On tire la gueule, nos com­pa­gnons d’in­for­tune aus­si, c’est pas pour ça qu’on a pris un guide !

Enfin, juste après man­ger, nous allons à la fameuse Grande Muraille. Mais pour n’y res­ter que deux heures, on a un der­nier attrape tou­riste à voir der­rière : une mai­son de thé aux méthodes de vente plus d’a­gres­sives mais où on n’a­chè­te­ra rien non plus ! Non mais ! On vous met dans une pièce pour une dégus­ta­tion et à la fin, la ven­deuse donne les prix, et attend, et on ne sort pas sans ache­ter, elle peut répé­ter en boucle les pro­mo­tions spé­ciales si on ne se lève pas pour par­tir sans poli­tesse. Lorsque l’autre couple a expli­qué avoir déjà fait une mai­son de thé la veille et avoir déjà ache­té, elle a rétor­qué « mais ici vous pou­vez ache­ter ça, ça, et ça pour vos amis, il faut en rame­ner à vos amis, et si vous ache­ter ça, vous avez ça pour vos amis, et blablabalabla ».

A 16h, le guide nous laisse tous les quatre pas loin de notre hôtel, et nous finis­sons la jour­née sans lui, à se bala­der dans les hutongs. Si j’a­vais su, j’au­rais pris un taxi ! (oui parce qu’en fait, guide, ça veut dire réci­ter des trucs dans la voi­ture, nous lais­ser devant et attendre)

Enfin, der­nière jour­née. Il est pré­vu de faire le Palais d’E­té puis de ren­trer pré­pa­rer les sacs pour repar­tir. Mais c’est un comble, il tombe des cordes. Le Palais d’E­té sous la pluie, c’est par­ti­cu­lier.. Du coup, la jour­née sera plu­tôt courte.

Au matin l’hô­tel nous appelle un taxi pour l’aé­ro­port. On part en avance, pas qu’on soit pres­sé de ren­trer, mais fau­drait pas lou­per l’a­vion. Les vols se passent bien, mis à part un pla­teau repas ser­vi encore congel­lé et une intoxi­ca­tion pour nous deux. On regarde des films, en com­men­çant par le meilleur pour ter­mi­ner sur High School Musi­cal 3. On joue aux échecs en réseau avec nos télé­com­mandes avec une règle qui trans­forme les pions tou­chant la ligne adverse en la pièce de notre choix (j’ai ain­si eu trois reines..). Le plus long sera le tra­jet dans Paris, à 22h30, avec le déca­lage horaire. On s’est ain­si cou­ché à l’heure à laquelle on se levait... Mais on repar­ti­ra quand même bientôt !

Poursuivre la lecture vers un autre article..