Les exifs, ce sont les données de la prise de vue : en gros, le temps d’ouverture, le diaphragme, etc. Or, vous l’aurez remarqué, je n’accompagne jamais mes photos de ce genre d’informations, et je vais vous expliquer pourquoi vous n’en avez de toute façon pas besoin.
Jadis, j’ai fréquenté les forums photo. Et à chaque image, il y avait toujours cette même question : « c’est quoi tes exifs ?». Dans certains cas, ce sera une donnée importante : lorsqu’il s’agit de comprendre pourquoi une image est floue, par exemple. Mais la plupart du temps, cette question n’a aucun intérêt, et, pire, elle peut vous induire en erreur.
Est-ce une info importante de savoir si telle ou telle image a été prise à 1/200 au lieu de 1/250ème ? Est-ce que ça change vraiment la donne si je suis à f/8 ou f/10 ? Et si j’utilise une vitesse hypra lente, ou une très grande ouverture, hé bien cela se verra sur l’image sans que j’ai besoin de le préciser, non ?
Ce travers du « c’est quoi tes exifs » est dangereux pour les débutants, puisqu’il occulte complètement le truc le plus important à comprendre en photo : on ne peut pas transposer des réglages d’une photo à l’autre. J’aime beaucoup le travail de Mathieu Paley. Est-ce que si j’apprends que l’une de ses plus belles photos a été prise à 1/1000 pour f/1.4, je dois prendre toutes mes images avec cela et espérer faire un jour d’aussi belles photos que lui ? Bien sûr que non, ce serait absurde.
Ce qui est important, en photo, c’est la lumière. Et en voyage, plus qu’ailleurs, on sait qu’elle est différente partout.
J’en veux pour exemple la photo ci-dessus, prise à Thorsmork, en Islande, ce mois-ci. Typiquement, mes réglages précis n’auront aucun intérêt pour qui voudrait photographier des ombres chinoises sur soleil couchant en France. Il vaut mieux savoir qu’en Islande, en Juillet, le soleil ne se couche pratiquement pas, et que quand j’ai pris cette photo, il était 23h. En outre, lorsqu’il se décide à pointer son nez, le soleil donne là-bas une lumière très pure, sauf que j’avais ce jour-là beaucoup de nuages autour de lui. Bref, autant d’éléments qui font que mes réglages ont correspondu au lieu et à l’instant, et que le lendemain ils auraient été différents.
Alors voilà. Je ne vous donnerai mes exifs que lorsqu’ils seront pertinents par rapport à mon propos, mais je reste persuadée que dans 90% des cas, on s’en fout. Je préfère expliquer pourquoi j’ai choisi un mode et un réglage, pour que vous compreniez le contexte, et puissiez le décliner face aux situations que vous rencontrerez, plutôt que de vous donner, bruts, ces chiffres qui ne disent rien de la lumière au moment du déclenchement.
Du coup, je vous propose un petit tableau récapitulatif (et simpliste) pour essayer, non pas de réellement choisir ses réglages, mais plutôt de comprendre le cheminement à avoir pour les choisir. Et dites-vous bien que c’est en se plantant qu’on apprend, et qu’avec l’expérience tout cela devient instinctif (même si on continue de se planter !)
Ce tableau reprend donc grossièrement les questions que je me pose personnellement avant de prendre une photo. Il n’est pas à suivre à la lettre, bien sûr : on adapte ses réglages à ses habitudes et à son matériel.
Bonjour,
C’est super comme article et surtout le tableau 🙂
Justement, je me disais que l’EXIF c’était un peu inutile dans le sens où nous ne voulons pas faire ressortir les même choses, et que les situations sont toujours différentes.
Merci 🙂
mmmh sur l’exemple précis que tu mentionnes, on est bien d’accord : des réglages ne doivent pas être considérés comme transposables tel-quels d’une photos à une autre.
Mais les exifs c’est plus que ça.
De mon point de vue ils prennent tout leur sens lorsque l’on à un gros catalogue d’images.
Exemple concret : si sur les 25000 photos que j’ai conservées et archivées je me rends compte que (par exemple) 80% on été prises aux alentours d’une focale de 35mm, peut-être qu’il serait pertinent d’investir dans une petite focale fixe en 35mm, plus légère que ce poids lourd de 24–70 afin de me balader plus léger puisque je sais que la plupart du temps je ne serai pas pénalisé.
Plus ou moins dans le même registre : si les exifs révèlent que j’utilise mon 70–200 essentiellement à 200mm, peut-être devrai-je envisager de lui offrir un extender.
Encore un autre, si en photo de concert (le gros de mon activité), mes iso sont à 5000 (valeur supérieur que j’ai définie sur mon boitier) la plupart du temps, peut-être n’est-ce pas suffisant et devrai-je revoir ma limitation.
On peut trouver beaucoup d’exemples mais en résumé, les exifs, me paraissent un bon outils de base à la génération de statistiques et plus on en aura collectés, plus les stats seront pertinentes. C’est pour cela que je suis en train de me programmer un site web m’affichant ces infos sous forme de graphes 🙂
Oui, tu as bien sûr raison. En fait, derrière le titre un poil provocateur, l’objet du billet était plus de dire « on s’en fout des exifs sur les photos des autres ». A titre personnel, j’apprécie bien sûr d’y avoir accès quand je regarde mes photos (en tant que blogueuse, c’est utile de trouver rapidement les photos prises à une focale précise, par exemple)
Entièrement d’accord avec vous : il est important de connaître la technique pour savoir comment ils influencent le rendu final d’un cliché mais il ne faut pas en être esclave.
La technique au service du photographe et non l’inverse 🙂
Merci, j’imprime ce tableau tout de suite pour mon prochain voyage !
Bravo pour ce recap, bien plus simple que tous les bouquins de 400pages que l’on arrive jamais á finir ! Merci xx
Meme le tableau est réducteur :
Beaucoup de lumière -> figer le mouvement -> iso moyens
car chaque mouvements (ou objet en mouvement) est différent et notre positionnement par rapport à celui ci peut tout changer...
Bien sûr, j’ai bien dit que c’était un tableau simpliste 🙂 Il n’est là que pour illustrer un cheminement de pensée, et sera affiné selon les situations !
Tu as bien raison ! Au début, j’accordais beaucoup d’importance aux exifs et je les consultais toujours sur des sites comme flickr. Je voulais reproduire les photos que j’amais bien...
Maintenant, je crois que c’est beaucoup plus les connaissances et l’instinct qui doivent orienter la prise de vue !
J’adore ton petit montage;)
ALex
bonjour
personnellement j aime connaître les exifs de mes photos ‚car cela me permets de mieux connaître les capacités de mon materiel,
un portrait de chat serré, photographié au 85 à 2. ou 8 ce n’est pas tout à fait la même chose
J’ai acheté un réflex il y a qqs mois, et j’ai du mal à lire des tutoriels etc pour prendre de jolies photos!Les exifs ne m’intéressent pas vraiment non plus... Je tâtonne, je tâtonne et je vois ce que cela donne. Je progresse, c’est déjà ça...:) et je me rends compte en lisant cet article que j’ai compris pas mal de bases, ouf^^ merci pour tous tes conseils !
Effectivement, si les exifs étaient à ce point important, la photographie serait une science exacte, or ce n’est pas le cas et c’est bien pour ça que cet art est si beau...
Une superbe méthode pour « démocratiser » la photo et ne pas décourager ceux qui débutent en photo. Je signe !
Bon, j’ai quand même regardé dans les exifs de tes photos ;-)) interpellé par la qualité de celles-ci (outre tout ton travail d’écriture photographique que je reconnais avant tout). 16–22 f/2.8 + MarkII... je comprends mieux 😉 Merci les exifs :-)))
j’imprime ce tableau.
que me conseillerais tu comme objectif pour faire toute une serie de photos en interieur style album de mariage. j’ai un 450d (pas tout jeune !!!) je me tate d’ailleurs pour le changer avec un 700d est ce que cela vaut le coup ? je voyage un peu.
Réalisant enfin mon rêve de voyage dans les mois à venir (merci le premier CDI ! ^_^), et ayant vraiment envie de prendre de belles photos de tous ce que je vais découvrir, j’ai passé l’après midi à dévorer votre blog ! Et même si cette infographie est sans doute simpliste pour les photographes chevronnés, pour une novice comme mois, c’est juste GENIAL !!! Merci beaucoup, je m’empresse de l’imprimer et de la scotcher sur mon appareil ! (J’exagère à peine)
Je mesure tous le chemin qu’il me reste à parcourir pour réussir à transmettre autant d’émotion dans mes photos que dans les vôtres, mais en tous cas, elles ne peuvent que pousser à suivre vos conseils.
Merci pour ce blog !