Vous êtes nombreux à m’avoir posé des questions sur comment j’ai pu réussir mes photos de colibris au Costa Rica, l’oiseau étant minuscule et très rapide. Je vais donc vous livrer mon petit secret : c’est en fait très simple, il suffit de connaître quelques astuces.
Photographier la vie animale, quelle qu’elle soit, suppose deux prérequis : la technique photo, et la connaissance de son sujet. Ah, et il faut un peu de temps devant soit aussi !
Je ne suis pas ornithologue, et je n’avais qu’un 70–200 classique (celui de Canon, version ouverture à f1/4 et non stabilisée), mais j’avais quand même deux heures devant moi. Du coup, je vais vous expliquer comment j’ai procédé.
Phase 1 : s’entraîner sur les mangeoires
Dans chaque hôtel, ou tout du moins dans ceux situés dans des régions où l’on trouve des colibris, il y a des petites mangeoires. Celles-ci sont remplies d’eau sucrée et les colibris viennent s’y nourrir toute la journée (selon les espèces, ils mangent autour de cinq fois leur poids, chaque jour).
Ainsi, la première étape va consister à s’installer à proximité d’une mangeoire puis à rester immobile pour les laisser s’approcher, et enfin à essayer de déclencher pour trouver les bons réglages. Pour ce genre de photos, je conseillerais le mode Priorité Vitesse, puisque le but est de figer le mouvement (pour les ailes, ce sera difficile : plus de 1000 battements/minutes, mais je crois que ce flou de mouvement typique fait partie de l’intérêt de la photo de colibri, on doit percevoir sa vitesse).
Une bonne base pour la vitesse est de choisir une valeur supérieure au chiffre de la focale qu’on utilise. Ainsi, avec un 200mm, j’éviterai les vitesses inférieures à 1/200ème. Avec un 400mm, je resterai au dessus de 1/400ème. Ce n’est pas une règle stricte, juste une astuce pour éviter le flou lié au tremblement du photographe !
Et à partir de là, selon le rendu et les conditions de lumière, vous allez pouvoir augmenter la vitesse ou les ISO, pendant que l’appareil déterminera l’ouverture nécessaire.
Le colibri est le seul oiseau capable de voler en arrière, et on le voit très bien lorsqu’il vient autour des mangeoires. C’est donc aussi le bon endroit pour s’entrainer à essayer de lui suivre, puisque c’est là qu’il va être le plus lent...
Phase 2 : repérer la « routine » du colibri
Les mangeoires c’est rigolo, mais honnêtement, c’est quand même très moche. Et puis, on préfère montrer un oiseau dans la nature que sur une mangeoire en plastique, non ?
Le colibri fait des aller-retours constants. Il mange un peu, va se poser sur une branche, retourne manger, retourne se reposer, et ainsi de suite. Et bien souvent, il revient sur la même branche. Et si ce n’est pas lui, ce sera son collègue.
L’astuce va donc, tout simplement, consister à les observer suffisamment pour repérer quels sont les endroits où ils reviennent sans cesse. Et il suffira ensuite de s’approcher, toujours doucement, et de rester le plus discret possible en attendant que les colibris se posent sur leur branche.
Cette technique a un défaut : vous risquez de vous retrouver avec plusieurs photos sur le même fond, et c’est toujours un peu dommage. Essayez donc de changer de point de vue régulièrement.
Phase 3 : mitraillez !
Les colibris sont très rapides. A ce stade, vous l’avez bien compris ! N’hésitez donc pas à enclencher la rafale !
21 commentaires
En un mot... persévérance... 😉
Exactement !
Chouette article ! Maintenant, pour la vitesse de sécurité, la référence que tu donnes est surtout valable pour le plein format... Bien sûr ce n’est qu’une indication, mais vu l’ampleur de la différence (150–160%) ça vaut peut-être la peine de mentionner qu’en APS‑C la règle est plutôt d’une fois et demie la focale, pour éviter des déceptions à ceux qui suivraient un peu trop à la lettre le conseil...
En tout cas, tes photos donnent envie d’aller s’y essayer ! (manque plus que le billet !)
C’est vrai, en aps‑c on peut monter un peu. Je vais éditer l’article !
Ça donne envie de faire pareil, manque plus que les oiseaux ... Ou comme d’autres le mentionnent les billets pour faire le déplacement.
C’est sûr que c’est rigolo avec des pigeons, mais on a quand même quelques oiseaux sympa dans les campagnes françaises, sinon 🙂
quelle merveille cet oiseau quand même !
Bon. Il ne me reste plus qu’à trouver des colibris. Et un boîtier avec un mode rafale qui fait plus de 1.5 images par seconde 😀
Merci pour les infos!! Il est temps que je prépare un post sur les oiseaux de Maurice!!
ça me servira pour la prochaine fois, car j´en ai passé du temps à jouer à cache-cache dans la Saskatchewan avec ce bel oiseau pour tenter d´avoir une photo « potable » 🙂 Bel article !
Bonjour,
belles images !
Tes photos sont splendides ! La technique m’aidera sûrement un jour 😉 En tout cas, il faut de la patience et de la persévérance mais au vu du résultat, ça vaut vraiment la peine.
Merci pour ces infos ! Je vois que l’on est pas mal à vouloir tester, tu voudrais pas qu’on fasse un groupe et tu serais notre GO au Costa Rica?^^
Ahaha, quand j’aurai assez de « bouteille » en matière de photo animalière, peut-être 😉
[…] nature du Costa Rica, sa faune, sa flore et ses superbes couleurs. Ne ratez pas non plus son tuto sur comment photographier les colibris au Costa Rica pour les non spécialistes de la photo […]
La dernière est superbe : un colibri à l´arrêt, je n´en avais jamais vu et cette faible profondeur de champ, hum, un délice.
Merci beaucoup Madame Oreille.
Elle me paraît d´ailleurs bien irréelle naïf que je suis : montage (je n´ose le croire de votre part) ?
En fait, l’oiseau est minuscule, et au bout du bout de la feuille. Avec une longue focale et l’ouverture maximale de l’objectif, il se détache vraiment du fond.
Mais c’est vrai qu’en y regardant bien, on pourrait presque croire à un collage !
Merci beaucoup pour ce tuto et pour ces belles photos 😉
[…] Pour ceux qui seraient tentés de photographier ces bestioles, je vous conseille l’excellent article de Mme Oreille sur le sujet. […]
Salut !
Premièrement, le blog fourmille de bonnes infos, et de magnifiques photos !
Je (re)pars au Costa Rica, mais cette fois ci je veux investir dans un appareil photo (la dernière fois j’ai laissé le reflex à la maison).
Du coup, je me penche sur les hybrides soit le EM-10 II soit le Gx7 avec deux ou trois objectifs. J’aurais bien pris le EM‑5 car tropicalisé, mais un peu trop cher !
Je voulais savoir ce que tu en penses, de ces appareils électroniques dans l’humidité des forêts du Costa Rica. (en plus ce sera la saison humide). Est-ce qu’un boitier tropicalisé va limiter l’impact ? J’ai bien lu le conseil des sachets de Silicat, mais est-ce suffisant ?
Je vous remercie d’avance pour les précieuses info que vous pourriez m’apporter !