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Mali épisode 4 : tours en pinasse

par Madame Oreille

Pinasse : n. f. petite embar­ca­tion à fond plat très uti­li­sée au Mali que ce soit pour la pêche, pour le trans­port des mar­chan­dises, ou pour pro­me­ner les touristes.

Lorsque j’ai com­men­cé à pré­pa­rer l’i­ti­né­raire que nous ferions au Mali, j’a­vais pré­vu de rejoindre Tom­bouc­tou depuis Mop­ti, et cela en pinasse. Puis, à la suite de quelques évé­ne­ments, nous avons aban­don­né l’i­dée de rejoindre Tom­bouc­tou et la porte du désert. Je n’ai aucun regret sur ce point, car j’ai appris sur place que le Niger était de toute manière trop bas pour navi­guer : une groupe de voya­geurs par­tis depuis 5 jours de Mop­ti n’é­taient tou­jours pas arri­vés à bon port (il faut nor­ma­le­ment 3 jours) !

Mais nous avons com­pen­sé en fai­sant tout de même deux pro­me­nades en bateau, assez repré­sen­ta­tives de ce qu’on peut faire au Mali : une pour aller visi­ter les vil­lages autour de Mop­ti, l’autre pour obser­ver les oiseaux vers Ségou.

Chapître 1 : Mopti

Lorsque nous arri­vons à Mop­ti, il fait déjà nuit. Comme il n’y a pas de cor­res­pon­dant local ici, nous avons réser­vé un hôtel. Peu pro­bable que la réser­va­tion fut réel­le­ment néces­saire, mais au moins, nous étions sûrs d’a­voir un toit au-des­sus de notre tête.
Notre but est de repar­tir le len­de­main pour Ban­dia­ga­ra, point de départ de notre ran­don­née chez les Dogons, et de visi­ter Mop­ti au retour. Fina­le­ment, nous n’y revien­drons pas, mais ça ne nous man­que­ra pas vrai­ment. Nous sommes les seuls blancs dans le bus, et plu­sieurs per­sonnes nous accostent en des­cen­dant, sachant où nous nous ren­dons. Vu la répu­ta­tion de l’hô­tel, le « Y’a pas de pro­blème », ce n’est pas dif­fi­cile de devi­ner que nous allons là-bas, un peu comme une voyante pré­di­rait « une ren­contre dans un futur plus ou moins proche ».
Le Lone­ly don­nant vague­ment la direc­tion, nous déci­dons de mar­cher. Bon, en fait leur carte était pour­rie (comme très sou­vent) : ils omet­taient le fait qu’il fal­lait tour­ner et s’en­fon­cer dans un dédale d’ha­bi­ta­tions à moi­tié debout, mais nous avions deux guides pour nous conduire au bon endroit ! En effet, nous avons rapi­de­ment été rejoints par Baba, pinas­sier, et un autre jeune qui s’en­nuyait et avait envie de papoter.
For­cé­ment, après nous avoir dépo­sés à l’hô­tel, il (Baba) nous a par­lé de ses excur­sions en pinasse. Il nous a pro­mis que c’é­tait com­pa­tible avec nos bus, qu’il y en aurait un à 10h (et c’est comme ça qu’on a atten­du 6h30, cf épi­sode 2 !) et nous avons accep­té de par­tir avec lui à 7h.

cli­quez pour agrandir

Nous avons donc visi­té quelques vil­lages, prin­ci­pa­le­ment bozo et peul, deux eth­nies d’é­le­veurs et de pêcheurs, qui vivent sou­vent ensemble. Si les expli­ca­tions de Baba étaient très inté­res­santes (la reli­gion, les mariages, les rap­ports entre les eth­nies...), nous avons par­fois été mal à l’aise. On sent bien que les vil­lages sont glo­ba­le­ment très pauvres, et que le tou­risme leur pro­fite peu. Et ici aus­si, on devine que beau­coup arrivent en dis­tri­buant de l’argent et des médicaments...

Chapître 2 : Kaladaga

La Case à Voyage, l’as­so­cia­tion grâce à laquelle nous étions héber­gés chez l’ha­bi­tant sur presque tout notre cir­cuit, avait deux contacts à Ségou. Le pre­mier était Ami­na­ta, à Segou même, chez qui nous avions pas­sé un moment très agréable (rap­pe­lez-vous du petit Moha­med). Le second, Ibra­him, se trou­vait quant à lui à Kala­da­ga, un petit vil­lage juste en face de Segou, de l’autre côté du fleuve. En arri­vant chez Ibra­him, nous avons tout de suite su que nous ne pas­se­rions pas la nuit ici : aller­gique aux gra­mi­nées, je n’au­rais pas sur­vé­cu à une nuit sur son mate­las de paille ! (on a quand même payé hein, ques­tion de prin­cipe sur notre engagement !)

L’é­tat très sale de la « chambre » n’empêche pas Ibra­him d’être quel­qu’un de char­mant. Il est pinas­sier de métier et nous sommes donc allés pas­ser trois heures avec lui pour chas­ser les oiseaux. J’u­ti­lise ici le verbe chas­ser au figu­ré, mais j’ai été dégoû­tée d’ap­prendre que ça n’est pas le cas de tout le monde. Ibra­him, depuis le bateau, nous a mon­tré un hôtel qui accueille les blancs venant tuer quelques ani­maux. Je ne met­trai pas le lien vers leur site, je m’en vou­drais de leur faire de la pub, mais je l’ai par­cou­ru en ren­trant, écœu­rée de voir des gros bons­hommes rou­geauds poser devant des cadavres d’a­ni­maux que les locaux ne peuvent d’ailleurs pas eux-mêmes chas­ser ; pas même pour les manger.

Mais reve­nons aux oiseaux en vie !
Ibra­him nous a emme­né, tou­jours sur le Niger, mais vers des rivages moins peu­plés, où les ani­maux viennent paître et où les oiseaux sont là par cen­taines. Il cou­pait le moteur de temps en temps, allait le plus dou­ce­ment pos­sible, à l’af­fut du moindre calao ! Fina­le­ment, ce fut, pour nous, une pro­me­nade en pinasse bien plus agréable que la pre­mière, nous per­met­tant d’ac­cé­der à des endroits que nous n’au­rions pu voir seuls.

Je ter­mine cet article avec une courte vidéo qui devrait vous don­ner un indice quant au pro­chain épisode :

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15 commentaires

jims34 17 février 2012 - 8:53

De magni­fiques pho­tos tou­jours. Les por­traits des gamines sont super.
Qu’est ce que le « banco » ?
Je n’ai pas trou­vé l’in­dice sur la vidéo pour le pro­chain épi­sode, mais vive­ment la suite.

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Pyrros 17 février 2012 - 11:03

Encore de belles pho­tos et un très bon texte qui donne de + en + envie d’al­ler décou­vrir les pay­sages de cette région ...

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Estelle 17 février 2012 - 12:44

Je com­prends pas trop pour­quoi les touristes/chasseurs peuvent chas­ser et pas les locaux, même pour manger ?

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Une Belge Un Français 17 février 2012 - 14:19

Le tou­riste paye­ra xxxx$ pour chas­ser, le local 0$ :/

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Oreille 17 février 2012 - 15:15

Jims34 : le ban­co, c’est tout sim­ple­ment de la terre crue qui sert comme maté­riau de construc­tion depuis quelques mil­lé­naires ! Ils font une ossa­ture en bois (et isolent main­te­nant avec du plas­tique) puis montent les murs avec des briques. D’où le côté rouge dans cer­tains endroits. Il faut l’en­tre­te­nir en remet­tant une couche tous les ans, mais c’est un très bon isolant.
Quant au pro­chain épi­sode, il s’a­git d’une région très belle et un peu mys­tique... (qui souffre mal­heu­reu­se­ment beau­coup de la chute du tourisme)

Pyr­ros : hé bien mer­ci ! Je crois que don­ner envie à quel­qu’un d’al­ler visi­ter un pays est la consé­cra­tion pour tous les blo­gueurs voyageurs !

Estelle, Une belge Un Fran­çais : voi­là, c’est aus­si simple que ça. Et là où c’est lamen­table, c’est que le malien ne chas­se­ra que quelques oiseaux et uni­que­ment pour la nour­ri­ture, là où le tou­riste chas­seur sera content d’a­li­gner les cadavres. Enfin, ces gens me débectent déjà en France... Cha­cun voyage comme il l’en­tend, mais voya­ger pour chas­ser, ça me dépasse un peu :/

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gaspard 17 février 2012 - 16:15

Encore une très jolie pro­me­nade... je n’ai jamais posé mon sac en Afrique et la, tout a coup, je le regrette...

(Très jolie ton « tea­sing » vidéo)

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Oreille 17 février 2012 - 17:32

Gas­pard : autant j’ai aimé nos vadrouilles en Asie, autant à l’o­ri­gine l’A­frique m’at­ti­rait beau­coup plus (celle de l’Ouest et celle des grands parcs plein d’a­ni­maux !). Mais Mon­sieur Oreille en avait un peu peur. Il est cer­tain qu’il est moins facile de voya­ger au Mali qu’en Thaï­lande, d’un point de vue pra­tique, et ça doit jouer quant aux affluts de visi­teurs (on n’a pra­ti­que­ment croi­sé aucun tou­riste de moins de cin­quante ans...), mais l’ac­cueil est tout aus­si cha­leu­reux ! (et quelle joie que de pou­voir par­ler avec presque tout le monde !)

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NowMadNow 18 février 2012 - 1:37

Des tou­ristes qui paient des excur­sions « chasse »...? Autant chas­ser pour se nour­rir me semble bien natu­rel, autant j’au­rais été aus­si cho­quée que toi par ce type de tou­risme, pas nou­veau mais... pas éteint. 

Le type de loge­ment que vous avez pri­vi­lé­gié est vrai­ment inté­res­sant. Dans les auberges de jeu­nesse, je com­mence à dépri­mer, alors que chez les locaux je suis tou­jours boos­tée, plus calme, plus curieuse... 

Ah petite paren­thèse pho­to : aujourd’­hui j’a­chète enfin un bon appa­reil ! Mer­ci m’dame Oreille de contri­buer – par vos influences néfastes – au non-res­pect de mon budget !

Now­Mad­Now

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Estelle 18 février 2012 - 17:00

Hmmmm, y’a vrai­ment des com­por­te­ment qui me dépassent...

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Le Chat Photographe 19 février 2012 - 4:47

bon­jour texte inté­res­sant ‚les pre­miers por­traits ont-ils un trai­te­ment particulier ?

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Julien 19 février 2012 - 10:40

Autant je peux admettre que des chas­seurs payent pour tuer de vieux lions ou autre dans cer­tains parcs très régle­men­tés en Afrique Aus­trale (cela per­met de finan­cer le parc sans tou­cher à la popu­la­tion ani­male elle même), autant aller au Mali pour tirer sur 3 pauvres oiseaux est un concept qui me dépasse un peu...

M’en­fin bon, c’est une caté­go­rie par­ti­cu­lière de tou­ristes qui se croient tout per­mis (ils doivent se croire encore en pays colonisé !).

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Rgs_ 19 février 2012 - 12:30

J’a­dore la petite vidéo de la fin !
Pour ajou­ter une touche au débat dans les com­men­taires : Pour­quoi la pira­te­rie explose, notam­ment en Soma­lie ? Car l’in­dus­trie de la pêche a vidé les mers de tout pois­son et les pauvres pêcheurs soma­liens n’ont plus de res­source pour sur­vivre. Ce n’est qu’un exemple sup­plé­men­taire de la cupi­di­té et des dégâts com­mis dans notre socié­té consumériste.

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Mélissa 19 février 2012 - 22:40

Le sus­pense de cette vidéo est insou­te­naaaaable §et les cou­leurs du ciel à la tom­bée du jour sur le fleuve, magnifiques).

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Oreille 20 février 2012 - 14:30

Now­Mad­Now : ah, chouette ! Tu ver­ras, tu regret­te­ras (presque) de ne pas avoir pris un bon appa­reil dès le début !
Quant aux auberges, disons que les ren­contres qu’on y fait sont dif­fé­rentes. Je ne vais pas cra­cher des­sus, j’ai pas­sé d’ex­cel­lentes soi­rées dans cer­taines, mais ça me fait tou­jours un peu mal de me dire que je suis à l’autre bout du monde et que je dis­cute avec un... fran­çais. Enfin, on y croise des gens hyper inté­res­sants, hein, mais c’est tel­le­ment agréable d’être en famille, au milieu de la vie !

Estelle : je suis bien d’accord :/

Le Chat Pho­to­graphe : je shoote sys­té­ma­ti­que­ment en raw et je post-traite tout (contraste etc.)

Julien : ah mon avis, ce sont les mêmes qui posent pro­blème en France.. Ces mecs coupent les bar­be­lés pour suivre du « gibier » sur une pro­prié­té pri­vée, etc. comme si le ter­ri­toire fran­çais leur appar­te­nait dans son intégralité.
(j’ai vu un repor­tage sur les « chasses éco­lo­giques » dans les parcs d’A­frique aus­trale, et si je com­prends l’i­dée, j’ai quand même du mal avec le mec que ça éclate de payer pour tuer un lion... Mais bon, ça fait ren­trer plus d’argent qu’un vétérinaire !)

Rgs_ : ah oui, là bas c’est catas­tro­phique... ils se paient tous nos déchets en plus (enfin, sur­tout ceux de l’a­sie, en fait), et je ne vois pas quel retour en arrière pour­rait être opéré...

Mélis­sa : aha­ha ! C’é­tait pour « ren­ta­bi­li­ser » les maigres vidéos que j’ai prises sur place 😉

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Le routard 23 avril 2012 - 17:05

Vrai­ment sublime toutes ces pho­tos et la vidéo ! Ca donne vrai­ment envie de décou­vrir le Mali !

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