Pinasse : n. f. petite embarcation à fond plat très utilisée au Mali que ce soit pour la pêche, pour le transport des marchandises, ou pour promener les touristes.
Lorsque j’ai commencé à préparer l’itinéraire que nous ferions au Mali, j’avais prévu de rejoindre Tombouctou depuis Mopti, et cela en pinasse. Puis, à la suite de quelques événements, nous avons abandonné l’idée de rejoindre Tombouctou et la porte du désert. Je n’ai aucun regret sur ce point, car j’ai appris sur place que le Niger était de toute manière trop bas pour naviguer : une groupe de voyageurs partis depuis 5 jours de Mopti n’étaient toujours pas arrivés à bon port (il faut normalement 3 jours) !
Mais nous avons compensé en faisant tout de même deux promenades en bateau, assez représentatives de ce qu’on peut faire au Mali : une pour aller visiter les villages autour de Mopti, l’autre pour observer les oiseaux vers Ségou.
Chapître 1 : Mopti
Lorsque nous arrivons à Mopti, il fait déjà nuit. Comme il n’y a pas de correspondant local ici, nous avons réservé un hôtel. Peu probable que la réservation fut réellement nécessaire, mais au moins, nous étions sûrs d’avoir un toit au-dessus de notre tête.
Notre but est de repartir le lendemain pour Bandiagara, point de départ de notre randonnée chez les Dogons, et de visiter Mopti au retour. Finalement, nous n’y reviendrons pas, mais ça ne nous manquera pas vraiment. Nous sommes les seuls blancs dans le bus, et plusieurs personnes nous accostent en descendant, sachant où nous nous rendons. Vu la réputation de l’hôtel, le « Y’a pas de problème », ce n’est pas difficile de deviner que nous allons là-bas, un peu comme une voyante prédirait « une rencontre dans un futur plus ou moins proche ».
Le Lonely donnant vaguement la direction, nous décidons de marcher. Bon, en fait leur carte était pourrie (comme très souvent) : ils omettaient le fait qu’il fallait tourner et s’enfoncer dans un dédale d’habitations à moitié debout, mais nous avions deux guides pour nous conduire au bon endroit ! En effet, nous avons rapidement été rejoints par Baba, pinassier, et un autre jeune qui s’ennuyait et avait envie de papoter.
Forcément, après nous avoir déposés à l’hôtel, il (Baba) nous a parlé de ses excursions en pinasse. Il nous a promis que c’était compatible avec nos bus, qu’il y en aurait un à 10h (et c’est comme ça qu’on a attendu 6h30, cf épisode 2 !) et nous avons accepté de partir avec lui à 7h.
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Nous avons donc visité quelques villages, principalement bozo et peul, deux ethnies d’éleveurs et de pêcheurs, qui vivent souvent ensemble. Si les explications de Baba étaient très intéressantes (la religion, les mariages, les rapports entre les ethnies...), nous avons parfois été mal à l’aise. On sent bien que les villages sont globalement très pauvres, et que le tourisme leur profite peu. Et ici aussi, on devine que beaucoup arrivent en distribuant de l’argent et des médicaments...
Chapître 2 : Kaladaga
La Case à Voyage, l’association grâce à laquelle nous étions hébergés chez l’habitant sur presque tout notre circuit, avait deux contacts à Ségou. Le premier était Aminata, à Segou même, chez qui nous avions passé un moment très agréable (rappelez-vous du petit Mohamed). Le second, Ibrahim, se trouvait quant à lui à Kaladaga, un petit village juste en face de Segou, de l’autre côté du fleuve. En arrivant chez Ibrahim, nous avons tout de suite su que nous ne passerions pas la nuit ici : allergique aux graminées, je n’aurais pas survécu à une nuit sur son matelas de paille ! (on a quand même payé hein, question de principe sur notre engagement !)
L’état très sale de la « chambre » n’empêche pas Ibrahim d’être quelqu’un de charmant. Il est pinassier de métier et nous sommes donc allés passer trois heures avec lui pour chasser les oiseaux. J’utilise ici le verbe chasser au figuré, mais j’ai été dégoûtée d’apprendre que ça n’est pas le cas de tout le monde. Ibrahim, depuis le bateau, nous a montré un hôtel qui accueille les blancs venant tuer quelques animaux. Je ne mettrai pas le lien vers leur site, je m’en voudrais de leur faire de la pub, mais je l’ai parcouru en rentrant, écœurée de voir des gros bonshommes rougeauds poser devant des cadavres d’animaux que les locaux ne peuvent d’ailleurs pas eux-mêmes chasser ; pas même pour les manger.
Mais revenons aux oiseaux en vie !
Ibrahim nous a emmené, toujours sur le Niger, mais vers des rivages moins peuplés, où les animaux viennent paître et où les oiseaux sont là par centaines. Il coupait le moteur de temps en temps, allait le plus doucement possible, à l’affut du moindre calao ! Finalement, ce fut, pour nous, une promenade en pinasse bien plus agréable que la première, nous permettant d’accéder à des endroits que nous n’aurions pu voir seuls.
Je termine cet article avec une courte vidéo qui devrait vous donner un indice quant au prochain épisode :





15 commentaires
De magnifiques photos toujours. Les portraits des gamines sont super.
Qu’est ce que le « banco » ?
Je n’ai pas trouvé l’indice sur la vidéo pour le prochain épisode, mais vivement la suite.
Encore de belles photos et un très bon texte qui donne de + en + envie d’aller découvrir les paysages de cette région ...
Je comprends pas trop pourquoi les touristes/chasseurs peuvent chasser et pas les locaux, même pour manger ?
Le touriste payera xxxx$ pour chasser, le local 0$ :/
Jims34 : le banco, c’est tout simplement de la terre crue qui sert comme matériau de construction depuis quelques millénaires ! Ils font une ossature en bois (et isolent maintenant avec du plastique) puis montent les murs avec des briques. D’où le côté rouge dans certains endroits. Il faut l’entretenir en remettant une couche tous les ans, mais c’est un très bon isolant.
Quant au prochain épisode, il s’agit d’une région très belle et un peu mystique... (qui souffre malheureusement beaucoup de la chute du tourisme)
Pyrros : hé bien merci ! Je crois que donner envie à quelqu’un d’aller visiter un pays est la consécration pour tous les blogueurs voyageurs !
Estelle, Une belge Un Français : voilà, c’est aussi simple que ça. Et là où c’est lamentable, c’est que le malien ne chassera que quelques oiseaux et uniquement pour la nourriture, là où le touriste chasseur sera content d’aligner les cadavres. Enfin, ces gens me débectent déjà en France... Chacun voyage comme il l’entend, mais voyager pour chasser, ça me dépasse un peu :/
Encore une très jolie promenade... je n’ai jamais posé mon sac en Afrique et la, tout a coup, je le regrette...
(Très jolie ton « teasing » vidéo)
Gaspard : autant j’ai aimé nos vadrouilles en Asie, autant à l’origine l’Afrique m’attirait beaucoup plus (celle de l’Ouest et celle des grands parcs plein d’animaux !). Mais Monsieur Oreille en avait un peu peur. Il est certain qu’il est moins facile de voyager au Mali qu’en Thaïlande, d’un point de vue pratique, et ça doit jouer quant aux affluts de visiteurs (on n’a pratiquement croisé aucun touriste de moins de cinquante ans...), mais l’accueil est tout aussi chaleureux ! (et quelle joie que de pouvoir parler avec presque tout le monde !)
Des touristes qui paient des excursions « chasse »...? Autant chasser pour se nourrir me semble bien naturel, autant j’aurais été aussi choquée que toi par ce type de tourisme, pas nouveau mais... pas éteint.
Le type de logement que vous avez privilégié est vraiment intéressant. Dans les auberges de jeunesse, je commence à déprimer, alors que chez les locaux je suis toujours boostée, plus calme, plus curieuse...
Ah petite parenthèse photo : aujourd’hui j’achète enfin un bon appareil ! Merci m’dame Oreille de contribuer – par vos influences néfastes – au non-respect de mon budget !
NowMadNow
Hmmmm, y’a vraiment des comportement qui me dépassent...
bonjour texte intéressant ‚les premiers portraits ont-ils un traitement particulier ?
Autant je peux admettre que des chasseurs payent pour tuer de vieux lions ou autre dans certains parcs très réglementés en Afrique Australe (cela permet de financer le parc sans toucher à la population animale elle même), autant aller au Mali pour tirer sur 3 pauvres oiseaux est un concept qui me dépasse un peu...
M’enfin bon, c’est une catégorie particulière de touristes qui se croient tout permis (ils doivent se croire encore en pays colonisé !).
J’adore la petite vidéo de la fin !
Pour ajouter une touche au débat dans les commentaires : Pourquoi la piraterie explose, notamment en Somalie ? Car l’industrie de la pêche a vidé les mers de tout poisson et les pauvres pêcheurs somaliens n’ont plus de ressource pour survivre. Ce n’est qu’un exemple supplémentaire de la cupidité et des dégâts commis dans notre société consumériste.
Le suspense de cette vidéo est insoutenaaaaable §et les couleurs du ciel à la tombée du jour sur le fleuve, magnifiques).
NowMadNow : ah, chouette ! Tu verras, tu regretteras (presque) de ne pas avoir pris un bon appareil dès le début !
Quant aux auberges, disons que les rencontres qu’on y fait sont différentes. Je ne vais pas cracher dessus, j’ai passé d’excellentes soirées dans certaines, mais ça me fait toujours un peu mal de me dire que je suis à l’autre bout du monde et que je discute avec un... français. Enfin, on y croise des gens hyper intéressants, hein, mais c’est tellement agréable d’être en famille, au milieu de la vie !
Estelle : je suis bien d’accord :/
Le Chat Photographe : je shoote systématiquement en raw et je post-traite tout (contraste etc.)
Julien : ah mon avis, ce sont les mêmes qui posent problème en France.. Ces mecs coupent les barbelés pour suivre du « gibier » sur une propriété privée, etc. comme si le territoire français leur appartenait dans son intégralité.
(j’ai vu un reportage sur les « chasses écologiques » dans les parcs d’Afrique australe, et si je comprends l’idée, j’ai quand même du mal avec le mec que ça éclate de payer pour tuer un lion... Mais bon, ça fait rentrer plus d’argent qu’un vétérinaire !)
Rgs_ : ah oui, là bas c’est catastrophique... ils se paient tous nos déchets en plus (enfin, surtout ceux de l’asie, en fait), et je ne vois pas quel retour en arrière pourrait être opéré...
Mélissa : ahaha ! C’était pour « rentabiliser » les maigres vidéos que j’ai prises sur place 😉
Vraiment sublime toutes ces photos et la vidéo ! Ca donne vraiment envie de découvrir le Mali !