1997, Afrique du Sud.
Mélanie a 9 ans. Assise dans une voiture, elle découvre la réserve de Pilanesberg, c’est son premier safari. Le véhicule est arrêté au milieu de nulle part. Le guide ne dit pas un mot. Il attend. Mélanie observe autour d’elle, regarde ses parents. Personne ne comprend vraiment pourquoi la voiture reste là. Le guide est impassible. Rien ne se passe, et pourtant la vie de Mélanie est sur le point de changer. Le guide finit par se retourner, yeux malicieux et sourire au coin des lèvres. « Et maintenant, je vais vous montrer un tour de magie », annonce-t-il. il entrouvre la portière, pose un pied sur le sol. Et la magie opère. Immédiatement, les lions apparaissent tout autour d’eux. Invisibles, tapis dans les hautes herbes, ils se sont redressés en sentant le sol vibrer sous le pied du guide. A cet instant, Mélanie sait ce qu’elle veut faire de sa vie. Elle sera guide en Afrique du Sud.
J’ai rencontré Mélanie en mai 2015, son rêve réalisé. Elle m’a fait visiter la réserve qui l’emploie, m’a parlé de son travail et de la manière avec laquelle elle a pu réaliser son rêve. En 1997, elle avait suivi sa famille en Afrique du Sud. Habituée à la vie d’expatriée, elle a grandi en déménageant régulièrement d’un pays à l’autre. Turquie, Thaïlande, Inde, Suisse, elle ne découvre vraiment la France que lorsqu’elle vient préparer son bac.
Durant toutes ces années, elle n’aspire qu’à retourner en Afrique du Sud et, dès que l’occasion se présente, elle s’engage comme volontaire dans une réserve. Le rêve est partiellement réalisé mais ce n’est que de courte durée. Au bout d’un an, elle doit rentrer, faute de papiers lui permettant de résider sur le sol sud-africain.
De retour en France, elle enchaîne les petits boulots. Mais sa vie est à nouveau sur le point de basculer. Serveuse dans un bar, le hasard lui fait rencontrer la bonne personne au bon moment. La voici qui sert un café à un sud-africain. Et pas à n’importe lequel, un homme d’affaire qui lui propose d’user de ses relations pour lui filer un coup de pouce, et obtenir des papiers de résidente sud-africaine. Nous sommes dans un petit bar du nord de la France, la rencontre est improbable et, pourtant, un an plus tard, Mélanie s’installe à nouveau en Afrique du Sud, papiers en main.
La demande de guides dans les réserves est grande. Elle valide un permis de conduire sud-africain, se forme avec la FGASA, et décroche rapidement un premier travail dans un beau lodge, puis un second à Gondwana, la réserve où je l’ai rencontrée.
Je séjournais dans une petite villa, en plein milieu du parc. Le premier matin, Mélanie a frappé à ma porte des étoiles plein les yeux. Il y avait des lions sur la route, à quelques mètres, il fallait se dépêcher. Il était 6h du matin, le soleil n’était pas encore levé et, à quelques mètres de ma chambre, se trouvaient une lionne, deux lionceaux et un gros mâle dévorant une carcasse. Ce matin-là, je ne savais pas encore comment Mélanie était devenue guide mais je sentais sa joie à nous montrer les lions. Pour moi, c’était un safari qui commençait en beauté. Pour elle, c’était l’occasion de jouer un peu les magiciennes, et de communiquer son amour pour ces grands fauves qui méritent largement leur qualificatif majestueux.
Gondwana est une réserve très jeune et vraiment très intéressante. Sur un terrain de 11000ha (soit la surface de Paris, quand même !), ils introduisent peu à peu des animaux, en essayant de garder un équilibre entre la végétation disponible pour les herbivores, et le nombre de prédateurs. Cela suppose d’acheter et d’accueillir les animaux au fur et à mesure, de les garder dans un enclos le temps qu’ils s’adaptent, puis de croiser les doigts. Malheureusement, ça ne marche pas toujours. Si le guépard qui occupait là l’enclos était calme et en pleine forme, son prédécesseur n’avait las pas supporté les tiques. La région du Cap n’est pas le milieu naturel de tous ces animaux et, même sans attaques d’insectes, certaines espèces ne prospèrent pas sur ces terres. C’est le cas du springbok, dont il ne reste plus qu’un seul représentant. Ces introductions progressives sont gérées par des spécialistes, vétérinaires, etc.
Dans quelques années, Mélanie évoluera sans doute vers un métier comme celui-ci. Car on ne reste pas guide très longtemps, et ils sont rares à continuer après 35 ans. Il faut dire que les conditions de travail sont assez difficiles. Ainsi, chaque guide commence sa journée vers 6h, avec le safari du matin, et la termine à 19h, après le safari du soir. Bien sûr, ils ont une pause entre les deux, et ils sont toujours susceptibles de devoir accompagner un client dans une activité.
Le travail d’introduction des espèces n’est pas celui de Mélanie mais il requiert des connaissances que seule une expérience de terrain peut apporter : connaître les comportement des espèces, repérer ce qui n’est pas normal pour prévenir chaque problème.
Ce voyage est issu d’une invitation de l’Office de Tourisme d’Afrique du Sud, dans le cadre de la campagne #MeetSouthAfrica. Néanmoins, je reste libre dans mes choix éditoriaux.
24 commentaires
Une article passionnant sur une histoire d’humains et d’animaux <3 je me suis régalée à la lire ! Merci pour cette magie matinale *_*
Damien Gau un jour j´aurais le droit de faire sa comme métier ? ..
Cet article et ces photos sont magnifiques. Bravo !
Ça fait rêver!!!
J´ai tout bien lu dans ton blog et admiré les photos surtout celle ci... les lumières sont topissimes ! jolie histoire que celle de ton guide...
Les photos des gnous sont à couper le souffle.. votre voyage tombe pile quand je commence à concoter un voyage en Afrique du sud, je travaille actuellement dans un refuge de montagne afin d’économiser pour un long voyage. J’aime beaucoup la photo et me suis inscrite dans un labo argentique. Je me demandais...pensez-vous que c’est possible de suivre un photographe animalier parti en « expédition » ? avez-vous des adresses/liens qui pourraient m’être utile ? Merci beaucoup si vous prenez le temps de me répondre, ça serait très chouette de votre part 🙂 Bonne continuation, au plaisir de vous lire !
Je suis encore plus interpellée par l’intensité de tes photos... je ne me lasse pas de les contempler. Alors ça appuie encore plus l’histoire de Mélanie et bien sûr ça donne envie d’aller voir d’un peu plus près les big five au cœur d’une réserve !
Il y a une petite coquille entre la photo de la lionne et le guépard : « Si le guépard qui occupait là l’enclos était calme et en pleine forme, son prédécesseur n’avait las pas supporté les tiques ». Sinon, très chouette portrait – et superbes photos, comme d’hab.
Jolie histoire ! Tres belles photos ! La vie est une histoire de rencontres !
C’est comme ça que j’ai finit guide archeologique et de nature au Mexique 🙂
Quand tu as 2mn fait un petit tour 😉
Une belle histoire et des photos sublimes !
Superbes photos comme d´habitude. On part bientôt en Afrique tu me conseille quoi comme objectif pour photographier tous ces animaux ? J´ai un nikon D7000
une bien belle histoire et surtout des photos magnifiques ! qui transmettent toute la magie de ces instants ... merci 😉
Les photos sont vraiment magnifiques, et l’histoire de Melanie aussi. C’est tellement beau de pouvoir realizer ses rêves 🙂
Merci beaucoup pour vos commentaires !! J’ai beaucoup de chance d’être là où je suis !! Un métier incroyable, je vis mon rêve chaque jour !!
Bonjour Mélanie,
Je viens de dévouvrir ce récit et je suis moi même à la recherche de contact pour savoir comment travailler dans le tourisme en afrique. Je suis allée en afrique du sud et j’ai eu un coup de coeur pour ce pays et la nature. Comment te contacter plus directement ?
Un grand merci à Aurélie pour ce magnifique article ! J’en ai eu les larmes aux yeux !!! C’est tout simplement super !!! Gros bisoux et continue à faire ce que tu fais !!
Sincerement je vous trouve GENIALE !!!!
Un article enrichissant accompagné de fabuleux clichés.
On partage avec Plaisir et Passion l´excellent article que voici : rêvons, rêvons et faisons rêver ... 😉
Bonjour Madame Oreille (Ce pseudo me fait vraiment rire),
Je suis tout nouveau sur votre blog, découvert par hasard, et je me pose une question.
Vos photos sont vraiment magnifiques et je me demande pourquoi dans un coin de l’article vous n’indiquez pas le matériel utilisé ?
C’est vraiment dommage de mon point de vue 🙂
En tous cas je vais devenir un lecteur régulier !
Merci pour votre article !
Un photographe passionné.
Voilà un job pour s’émerveiller au quotidien !
Une article passionnant ! j’ai beaucoup aimé te lire !
Tu as réalisé de très jolies photos d’animaux, dont certains en mouvement. Pourrais tu m’indiquer quel matériel tu as utilisé ? merciii
L’Afrique m’appelle de plus en plus et tes photos n’y sont pas pour rien ! Dommage que personne ne veuillent encore y aller avec moi, ça viendra 🙂 En tout cas belle énergie que celle de Mélanie.
Bonsoir je vous admire et vous suis sur Facebook.j avais quelques questions à vous poser pour finaliser un très joli voyage avec mon partenaire, pationne de photo.nous avons pour projet en mai 2019 de s offrir un safari et admirer la faune. Associer le plaisir de découvrir les grands de ce monde et tt ce qui gravite autour..observer les oiseaux....avez vous une destination à nous conseiller vivement.j ai vécu le Kenya il y a 10 ans mais voudrai partir ailleurs...merci pour l attention que vous nous porterez