C’est la phrase que nous avons entendu constamment ces derniers jours. ou ses versions alternatives « ça va les cadeaux, ça va les billets »... Nous venons de passer quelques jours en pays Dogon et l’un des effets pervers du tourisme ici est cette fichue phrase. Les enfants attendent de nous des cadeaux, des bonbons, quand ils ne nous lancent pas un agressif « donne-moi l’argent ». Quant aux adultes, ils sont plus discrets mais demandent quand même des médicaments.
Être interpellé par un « toubab » ne nous surprend plus (même si je retiens parfois un « oui renoi »), mais voir des enfants associant notre peau et notre statut de touriste à une distribution nous a quelque peu déçu. C’est comme cela presque partout où nous sommes passés, mais c’était particulièrement frappant en pays Dogon.
Fort heureusement, la région ne se limite pas à cela, et la plupart de ceux que nous avons croisés n’ont fait que nous saluer sans mendier la moindre friandise. Nous avons passé quatre jours à marcher ici, sous le cagnard. Descendre la falaise, découvrir les plaines, remonter pour voir le plateau, puis faire un dernier aller-retour vers le bas et les dunes. Le dernier jour a été particulièrement éprouvant avec un rythme très soutenu et, surtout, un soleil de plomb.
Mais je garde le récit et les photos de cet endroit et de la variété de paysages qu’il offre pour mon retour (quand j’aurai le temps de tout trier) et je vous propose en guise d’illustration une photo de Sokanda, notre hôte à Bandiagara, devant son magasin.
Bandiagara est l’une des capitales pour le tourisme Dogon. C’est son neveu qui nous a servi de guide, un jeune très sympa : Gobi. Pour l’anecdote, nous aurons mis 7h à faire les 70km qui séparent Mopti de Bandiagara : le mini-bus ne part que quand il est plein !


23 commentaires
Cette mendicité « touristique » va de paire avec l’affluence de plus en plus importante de visiteurs en pays DOGON.
C’est sans doute pour eux le seul moyens de (sur)vivre. Je sais que certains gamins abandonnent même l’école pour devenir « guides » sans aucune formation.
Le pays DOGON c’est bien parla qu » a été tourné un épisode de « Rendez-Vous en Terre Inconnue ? »
Malheureusement ce genre de choses et de plus en plus véridiques dans certains pays. Et c’est dommage car cela gâche la beauté du pays et de la majorité des gens qui le peuple. L’année dernière j’étais au Maroc (à Fès) et j’y ai rencontrés un Canadien et un Autrichien. Quand nous étions ensemble, nous avions plusieurs jeunes qui venaient à nous pour nous proposer des conseils touristiques ou nous proposer d’être nos guides. Quand j’étais seul dans les rues de Fès, personne ne m’abordait, tout cela parce que je suis d’Origine Tunisienne et que e me fond mieux dans la foule.... Des fois ça en devient agaçant et voir même risqué. Nous avons évités de justesse de nous faire emmener dans une petite ruelle et de nous faire dépouiller par des jeunes « voyous » locaux (heureusement que je parle l’Arabe et que j’ai compris ce qui se tramait)....En tout cas profite bien de ton séjour et à plus dans le bus
C’est bien dommage cette dérive touristique ! Je trouve ça triste !
On trouve parfois dans le monde de belles initiatives locales pour lutter contre ces dérives.
Au Brésil j’ai rencontré une guide qui se bat contre les touristes qui donnent de l’argent « facile » aux enfants mendiants. Faire cela ne les aide pas, ça les dessert plutôt.
Pour aller au bout de sa démarche elle a monté une maison pour accueillir ces enfants des rues afin de leur apprendre que la mendicité ne réglera pas leur problème et que pour recevoir de l’argent il fallait proposer quelque chose en échange. Elle leur apprend donc à chanter dans la rue plutôt que d’aller mendier ou encore fabriquer des petits objets et les vendre. En gros elle leur apprend les valeurs du travail et de l’argent. C’est une belle initiative.
J’ai lu cette semaine un article sur une projection du Népal en 2045 et ton article quelque part m’y fait penser...
http://voyages.liberation.fr/voyager-autrement/kathmandu-22-octobre-2045
@Pyrros : effectivement il y a eu un RV en terre inconnue au pays Dogon avec Edouard Baer
Je pense que malheureusement aucun pays à la fois pauvre et touristique n’échappe à ce constat. C’est inévitable étant donnée la différence absolument phénoménale de niveau de vie. Sans parler du fait que le tourisme déséquilibre aussi certaines sociétés (je ne connais pas le Mali, mais c’est le cas par exemple à Madagascar). Un vrai problème éthique pour le voyageur... Y aller ou pas ?
J’en ai endentu parler de cette mendicite tournee vers les touristes, tres agressive. Je me souviens d’une fille avec qui j’etais a la fac (je ne me souviens plus si elle venait du Mali ou un pays voisin), bref, elle nous disait qu’ils font pareil avec les membres de leur famille qui vivent en France. Parce qu’ils considerent que tu vis en France forcement, tu es riche, donc forcement pour toi c’est pas un probleme de partager. Cette fille nous racontait que des cousins qu’elle ne voyait quasiment jamais ne lui parlait que pour lui demander de leur envoyer des appareils technologiques ou de l’argent. C’est vrai que ca doit faire bizarre quand meme...
Pour ma part, après avoir passé plusieurs semaines au Burkina et au Mali, cette manie de « quémander » a lieu dans les lieux touristiques... mais une fois hors des sentiers... Bonheur total ! Pour preuve, j’ai adoré le pays Dogon et je n’ai jamais été embêté car on a pris un guide avant.
A la place de se rendre à Bandiagara, on a négocié à Djénné avec un guide officiel pour un tour à la carte en pays Dogon.
Désavantage, prix plus élevé mais taxi brousse qui vient nous chercher à notre hotel à Mopti, puis balade à 4 avec le guide pendant 5 jours, hors des sentiers battus, et donc très peu interpellés par les enfants
Je crois qu’on a eu de la chance de faire comme ça, ce fut plus avantageux et surtout très agréable.
J’espère que vous profitez bien de votre séjour au Mali. Bon voyage
Un bel exemple montrant qu’il ne faut pas habituer les locaux à leur donner des choses. Quitte à le faire, autant le faire via des ONGs ou donner directement aux écoles plutôt que les habituer à ces pratiques. Le plus dérangeant en fait ce n’est pas qu’ils le font mais qu’ils considèrent cela comme obligatoire.
Encore une superbe photo, hâte de voir les suivantes. Et à quand le tuto pour faire les carnets ?
La couleur et l’ambiance est franchement est sympa,je suis un peu moins fan de l’expression du sujet.
gwenolé dit :
19 janvier 2012 à 14:25
Je pense que malheureusement aucun pays à la fois pauvre et touristique n’échappe à ce constat.
c’est beaucoup moins vrai en Asie(pour avoir visité le Bangladesh( aucune mendicité, l inde très peu,et la Birmanie pas vu n’on plus)là ou il y en à un peu au le Népal et au temple d’Angkor
Vous me pardonnerez, je fais une réponse collective rapide !
En fait, cela ne concerne que certains villages, les plus gros, et les plus touristiques. Il nous a aussi semblé que la chute du tourisme devait rendre la pratique plus agressive, les rentrées d’argent étant forcément diminuées pour nombre de familles.
Dans tous les cas, nous nous sommes toujours refusés à distribuer quoi que ce soit, même si ça fait parfois mal au coeur... Un don, même minime, à une association sera bien plus intéressant sur le long terme que de gros billets dans les mains des enfants... Au final, c’est autant l’éducation des enfants que l’éducation des touristes qui est à faire !
(ici ce n’est heureusement pas le cas, mais dans certains pays, on va jusqu’à estropier les enfants, parce qu’un handicapé mendie mieux...)
Triste... et malheureusement inévitable dans les zones les plus touristiques et ça ne date pas d’hier ! Je me souviens d’u voyage en Turquie quand j’étais ado, à Istanbul, un gamin qui ne devait pas avoir plus de 12 ans s’est présenté devant nous pour se proposer comme guide.
On était encore plus stupéfaite quand il nous a commencé à nous parler en français et en néerlandais et qu’il ait commencé à s’adresser en allemand a un groupe quand on lui a fait comprendre que nous nous voulions pas le prendre comme guide.
La meilleur chose à faire, c’est de résister, même si c’est dur... et contacter les ONG’s sur place pour voir comment les aider ou rapporter du matériel scolaire, si c’est possible.
La mendicité est un réel problème et il faut bien avouer que de nombreux touristes tombent dans le piège tout simplement car ils ne sont pas informés. Donner dessert plus les habitants locaux qu’autre chose car ça crée un décalage entre celui qui mendie et celui qui travaille dur, ça incite à mendier, à voler et ça génère une criminalité qui sera en plus nocive au tourisme qui peut être générateur de revenus.
Un bon moyen de donner indirectement à part les ONG peut être de faire du tourisme équitable, dormir chez l’habitant, etc.
... La photo qui illustre l’article est juste fantastique ! Déglingue et couleurs vives, tout ce que j’aime.
Mélissa, Julien : je suis bien d’accord. On ne sent bien en donnant à un gamin, mais ça ne sert à rien sur le long terme, et ça peut mettre avoir des effets négatifs :/
Mais ça fait des années que les touristes distribuent tout et n’importe quoi eux-mêmes dans certaines régions. Sur certains forums, on lit d’ailleurs encore le conseil « pense aux crayons » qui m’horripile. Mais le don à une association est moins agréable, on ne peut pas photographier les enfants heureux avec leurs bonbons... Vivement le moment où les japonnais distribueront des bics aux enfants parisiens.
Gaspard : tu aimerais le pays 😉
je suis pour le don aux organisations, mais là aussi renseignez vous, certains « orphelinat » ne sont ouverts que la saison touristique, le reste du temps ‚les orphelins sont chez leurs parents
Le Chat Photographe : j’ai aussi entendu parler d’arnaques où on demande aux touristes d’acheter des livres pour les orphelins... qui seront à nouveau vendus aux voyageurs suivants. Mais personnellement, je trouve de toute façon bien trop malsain les visites d’orphelinats... Que les gens qui cherchent à adopter y aillent, mais ce n’est pas la place d’un touriste :/ Il y a suffisamment d’organisations connues et reconnues si on souhaite donner avec un minimum de sérieux !
à vrai dire, même pour les dons aux associations, je suis assez réticente. je trouve que ça perpétue trop l’idée du « gentil blanc » qui apporte des crayons et des cartables au « pauvre petit africain » (cf ce débile 4L rallye dont nous parlions sur twitter tout à l’heure). je pense que l’afrique doit trouver les moyens de se développer en mobilisant ses propres ressources (qui sont nombreuses) en cessant d’attendre que ce soit à nous de les aider...
J’ai un souvenir qui me revient de l’école où j’ai fait du volontariat au Pérou... Les gentils blancs comme les appelles Sarah sont venus déposer crayons et cahiers, ils sont restés 10 mn avec nous pour offrir leurs biens et sont repartis. L’acte est gentil mais au final quel est l’intérêt de venir et repartir comme ça ? Je n’en vois qu’un : soulager sa conscience de « gentil blanc ».
Donner du temps est à mon sens la meilleure des façons de faire une bonne action et de préférence choisir des organisations locales !
« les gentils blancs« n’ont pas tous le temps de choisir des ONG locales qu’ils ne connaissent pas et l’on risque de les écœurer
Non maintenant avec internet il y a moyen de se renseigner avant de partir.
C’est vrai que quand on voyage au long cours, c’est plus facile de repérer ces petites organisations. Les voyageurs sont de bonnes sources dans ce domaine. Beaucoup ont de bonnes expériences à partager.
Sarah, Adeline, Le Chat : Je pense qu’il faut différencier les associations. Il y a celles qui travaillent dans l’urgence d’une crise et celles qui aident à monter des projets. Il est évident qu’envoyer de la nourriture (du riz !) en Afrique ne peut pas durer.
En exemple, je pense à la coopérative de mangues séchées (et de confitures délicieuses) que nous avons visitée dans le sud : les premiers séchoirs ont été offert par une association française, pour lancer le projet, mais depuis ça tourne bien et ils fonctionnent seuls. C’est ce genre d’association qui m’intéresse, personnellement, puisqu’il s’agit vraiment de monter des projets viables sur du long terme, et qui ne dépendront pas de « l’argent des blancs » (enfin, ce sont quand même les blancs qui achètent les confitures !)
Sur l’aide en temps, je suis assez partagée dès lors qu’il s’agit d’enfants. Je crois que c’était au Cambodge qu’ils ont essayé de sensibiliser les touristes sur ce point : les enfants s’attachent à des gens qui vont repartir. Du coup, il faudrait rester assez distant, ne pas être trop au contact des enfants..
aaaaaaah, tout ça me rappelle tellement de souvenirs !!!
Je découvre ton blog ce jour. Un régal...
Mon voyage au Mali, je l’ai fait en 98 (Côte d’Ivoire + Mali, quelques 4000 km avec les moyens du bord, entre Abidjan et le pays dogon).
Quelques années plus tard (si on excepte les derniers jours) rien n’a l’air d’avoir changé. J’avais moi aussi été déçue par l’attitude des enfants, ceux de Côte d’Ivoire que j’avais croisés juste avant étant moins demandeurs.
Je n’ai eu le temps de faire qu’une journée d’excursion au pays dogon (dommage), et suis passée rapidement par Bandiagara.
Le bus qui ne part que quand il est plein, souvenir aussi... Lors du retour entre Bamako et Korhogo, dans le Nord de la Côte d’Ivoire, nous avions pris un taxi brousse, de nuit, qui nous avait arrêté à mi-chemin, parce qu’il n’allait pas dans notre direction (ce que nous ne savions pas au départ...). A 3 h du matin, le bus ne se remplit pas vite... nous avions abandonné l’idée du bus, pour trouver un taxi (après plus de 12 h de voyage, attendre le petit matin avec tous les bagages sans endroit pour dormir, pas évident, nous étions deux jeunes femmes toubaboues »).
Je continue de lire la suite...
J’ai eu la chance de visiter le Mali il y a quelques années de cela et j’avais été surpris par la diversité de ce pays. J’ai adoré les grandes dunes de sable et les marchés de Bamako très colorés.
Il est aujourd’hui beaucoup plus dangereux de s’y rendre donc je suis content d’avoir pu faire ce voyage.
J’étais quand même attrister de voir la pauvreté du pays, même si ce n’est jamais très agréable d’être vu comme un distributeur de bonbons ambulants...