Je le confesse, je voulais voir des hippopotames. J’avais renoncé aux éléphants du Gourma pour cause de mecs bizarres et armés derrière les dunes, mais je comptais quand même sur d’autres pachydermes aquaphiles. Le titre de cet article vous donne cependant un indice quant au résultat de cette quête...
Comme nous étions hébergés chez l’habitant grâce à La Case à Voyage, nous avions un contact à Markala. Et c’est d’ailleurs uniquement par ce biais que nous avons découvert la ville et décidé d’y aller.
On y trouve le plus grand barrage du Mali, destiné à retenir de l’eau (bah oui) pour les cultures des alentours ; et c’est à peu près la seule curiosité locale, hormis un festival de marionnettes qui a lieu plus tard dans l’année. Mais c’est ce qui nous plaisait : une petite ville au bord du Niger !
S’y rendre fut étonnement facile. Ça commence pourtant mal : Sidibé, le papa, était sur répondeur. Impossible de prévenir de notre arrivée. Comme nous avions l’adresse, nous avons décidé d’y aller quand même, quitte à dormir à l’hôtel. Nous partons de Ségou tôt le matin et à peine nous atteignons le goudron qu’un minibus ralentit devant nous. Le Belge crie « Markala », le chauffeur nous fait signe, et nous voilà en route, surpris par la rapidité !
Comme à chaque fois, on s’arrête toutes les cinq minutes pour faire monter ou descendre des gens et des sacs de riz, et le plafond, fait d’un simple bout de tôle rouillée repeinte, tremble à chaque sac chargé. Nous le fixons, pas très en confiance, et ça amuse beaucoup nos voisines de derrière...
Markala est en fait divisé en plusieurs quartiers, et on va découvrir à nos dépends qu’ils sont assez éloignés. Nous marchons longtemps avant de rejoindre le quartier de Kirango. On demande plusieurs fois notre route, histoire d’être sûrs de notre direction (tout droit, en fait, mais bon ; on se méfie, depuis l’Inde), se demandant si c’est vraiment une bonne idée de débarquer dans un endroit paumé où on ne nous attend pas.
Il nous faut maintenant trouver la bonne rue, et la bonne maison. Et là encore, tout se déroule bien : nous demandons par hasard à un ami proche de la famille qui nous accompagne et nous présente à Khadija, la femme de Sidibé. On lui explique qu’on n’a pas réussi à les avoir au téléphone, elle nous explique que son mari n’est pas là, mais qu’on peut rester sans soucis. Et là, on rencontre une bande d’adorables garçons qui s’affairent à vider la chambre de l’aîné que nous occuperons.
Et après manger, ce sont justement les garçons qui nous emmènent visiter le coin. Il y a bien une fille dans la fratrie (!), heureusement, mais c’est la petite dernière et elle marche à peine. Nous partons vers le barrage, en découvrant au passage la « maison du ministre » (un mec originaire du coin qui a une TRÈS belle baraque, gardée par le futur mari de leur cousine...), d’anciennes maisons coloniales qui sont soit décrépies soit ultra protégées par moult barbelés. Et nous voilà au barrage. En fait, Markala a beaucoup souffert de la colonisation, et le barrage s’est construit dans le sang et la sueur du travail forcé...
Sur le retour, nous empruntons un autre chemin. A plusieurs reprises, nous sommes dépassés par des blancs dans de gros 4×4 quand, d’un coup, on voit passer un pick-up rempli d’hommes armés encagoulés. Sur le moment, j’ai un mouvement de recul. Mais ils poursuivent leur route en nous faisant un signe de tête. Amadou nous explique que ce sont des militaires, qu’il y a un gros camp ici, et qu’ils partent vers le Nord (il y a eu une nouvelle attaque quelques jours plus tôt à Gao). On en regarde d’autres passer, toujours impressionnés. Il y a des gros machins mitrailleurs sur l’arrière des pick-up, et aucun n’a de réel uniforme. Entre les cagoules et les vêtements civils, ils ne sont franchement pas rassurants...
Le soir, nous rencontrons Sidibé, rentré de son voyage d’affaires au Burkina. Je ne saurais vous résumer nos conversations, mais c’est un homme passionnant (qui travaille à l’adaptation des techniques de culture au réchauffement climatique, après s’être intéressé aux domaines de l’écologie et du développement durable) qui a su nous faire regretter de repartir si vite ! Il nous a ainsi présenté à l’artisan qui réalise les marionnettes du festival, puis à sa belle famille qui nous a parlé de la période coloniale (sans nous mettre mal à l’aise, il ne s’agissait pas de nous rendre coupable de quoi que ce soit, juste de raconter l’histoire de la famille) et nous avons fini la soirée chez un ami à lui, à regarder un match de la Coupe d’Afrique des Nations (je me souviens juste que les enfants encourageaient la Lybie).
Le gros point fort de Markala, outre le calme et la super famille, c’est aussi la faune. Nous sommes restés longtemps assis au bord du fleuve à regarder les oiseaux. Malheureusement, aucun hippopotame ne montrera le bout de son popotin... Enfin, il y avait des martin-pêcheurs, c’est déjà bien ! (et puis des moutons, aussi...)
Le lendemain matin, Sidibé nous a accompagné au marché, l’occasion de voir la ville en effervescence et de tester les tuk-tuks collectifs où, tant que ça rentre, bah, ça rentre, avec des inscriptions humoristiques dessus... Le propriétaire du « taxi climatisé » trouvait d’ailleurs sa blague très drôle ! Quelques jours plus tôt, nous avions également vu des pinasses climatisées... L’humour malien est assez proche de l’humour français. Le second degré, qui marche dans peu de pays, passe ici très bien.
Et comme à chaque fois, il a fallu partir, sur une promesse intérieure de revenir, parce que c’était tellement agréable, et surtout, parce que la famille était vraiment géniale. Des enfants hyper bien élevés, curieux, éveillés...
Dans le prochain épisode, nous prendrons la direction du Sud !








14 commentaires
Ah, un peu de chance dans vos déplacements, ça équilibre les 6h d’attente dans le bus collectif ! 😀
Sinon, encore de belles aventures, les Maliens ont vraiment l’air gentils avec les étrangers, c’est ce qui ressort de tes articles en tous cas...
Ah sinon, rien à voir, mais ton flux RSS est planté, enfin regarde toi-même en cliquant sur le bouton en haut à gauche, moi depuis quelques temps mon agrégateur me mettait une erreur sur ton flux, là j’ai testé sur le site, et il me donne une erreur XML... C’est grave, docteur ? 😉
Arf, la mise à jour wordpress fait toujours planter le RSS, et à chaque fois on oublie...
Sinon, oui, ils sont hyper gentils, et c’est tellement agréable d’avoir une langue commune pour échanger. Je crois aussi que l’hébergement chez l’habitant nous a pas mal permis de profiter du voyage sur l’axe « rencontre ». 🙂
Dommage pour les hippos, mais j’ai l’impression qu’avec les rencontres faites, vous n’y avez pas perdu au change ! Comme quoi, le voyage n’est pas toujours tel qu’on l’imagine et est souvent même mieux 🙂
Au passage, la dernière photo, le portrait qui sert également de vignette est absolument superbedans sa compo comme dans ses couleurs, bravo !
« Et comme à chaque fois, il a fallu partir, sur une promesse intérieure de revenir » c’est tellement vrai... je commence à en faire moins de promesses de ce genre : la liste est déjà trop longue pour ces 5 prochaines années 🙂
Donlope : tout à fait, les rencontres sont vraiment le point fort ! On fera un safari en Tanzanie, pour compenser et voir des animaux 😀
Et ce gamin est adorable... Et comme le gamin adorable de Ségou, il s’appelle Mohamed ! Ils ont tous les deux les yeux qui pétillent de malice !
Curieuse Voyageuse : c’est pas faux... Mais je crois sincèrement qu’on le fera, enfin j’espère. Je me vois bien retourner au Mali avec des enfants, et retrouver les gens quelques années après, voir ce qu’ils sont devenus. On voudrait faire la même chose en Mongolie, où les contacts avaient aussi été très importants pour nous... Voir le pays sous un autre angle, à une autre saison...
Les photos sont super (toujours très « chaude », dans les rouges, c’est très chouette) les croquis vraiment bons... mais qu’est-ce que tu attends pour faire un livre ?
Gaspard : un éditeur ? ^^ J’aime bien réchauffer mes photos, c’est vrai, et je trouve que ça se prête bien à ces pays, avec la terre orange, parfois hyper vive !
Oui, c’est vrai que c’est parfait pour le sujet.
C’est tout a fait le genre de photos qu’ils cherchent
en agence : propres, hyper colorés, chaudes...
Ca aussi, tu devrais y penser.
Gaspard, tu vas faire gonfler mon égo, chut 😉 un jour je bougerai mes fesses et j’essayerai tout ça !
Le portrait du gosse est superbe !
Merci Régis 🙂 (malheureusement, en grand, la mise au point n’est pas top :/ mais sur le blog ça passe !)
Bonjour,
Je viens de découvrir votre blog via la page facebook de La Case à Voyage. Une amie te moi même étions au Mali et au Sénégal en Août/Septembre dernier et avons logées dans de nombreuses familles de La Case à Voyage. Quel bonheur de voir comme les enfants de Lassine ont grandi ! C’est fou comme le petit Mohammed a changé en si peu de temps ! Je me demande si la petite dernière a autant changé. Encore merci pour ces quelques photos qui me replongent avec nostalgie dans le souvenirs de mon propre voyage ! Bonne continuation !
Magali : bonjour et bienvenue 🙂 ça doit être amusant de les voir grandir à distance ! La petite pleurait en nous voyant (même si c’était du cinéma pour retourner dans le dos de sa mère). Elle ne marche pas encore vraiment, mais commence ! ça va tellement vite à cet age là 😉
Je peux voir vos photos quelque part ?
Bonjour,
Quelle joie de lire quelques mots sympa sur mon village natal. Qu’il me manque ce beau petit coin si pauvre et à a fois si riche en hospitalité, en amitié,... bref en humanité. Malheureusement, moi qui suis né en plein sahel sous des températures de 30 à 40 degrés Celsius, vis à Quebec au Canada. Merci pour vos mots qui donnent dès fois des larmes aux yeux. Je suis de Diamarabougou donc un adversaire voir un concurrent de Kirango !!