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Une fuite

par Madame Oreille

Je vous livre ici le conte­nu d’un car­net de route. 
J’ai long­temps hési­té avant de publier ce récit, très dif­fé­rent de ce que vous pou­vez habi­tuel­le­ment lire sur ce blog.

J’y parle de choses per­son­nelles et intimes.
Je tiens à pré­ve­nir les lec­teu­rices les plus sen­sibles que cer­tains pas­sages évoquent des scènes de vio­lence, notam­ment sexuelle.

Dans le train, juillet 2020.

J’entame ce car­net comme un tes­ta­ment. L’envie de hur­ler au monde mon his­toire. Que quelqu’un sache ce qu’il s’est pas­sé. Comme si ça pou­vait chan­ger quelque chose.

Je suis partie.

Il y a plein de façons de par­tir. Par­tir tra­vailler, par­tir en week-end, par­tir en voyage. Et puis il y a les grands départs. Ceux dont on ne revien­dra pas. Quand on se pré­pare à une nou­velle vie, un nou­veau départ.

Pen­dant des années, j’ai voya­gé pour fuir. Je suis pas­sée maî­tresse dans l’art du départ. Plier les t‑shirts, ran­ger les culottes, attra­per deux brosses à dents et embar­quer ma fille quelque part, loin. Loin.

Mettre de la dis­tance, nous offrir une res­pi­ra­tion. Nous étions heu­reuses pen­dant quelques jours, quelques semaines. Tro­quer la peur contre les rires.

Au milieu des rizières d’In­do­né­sie, dans les champs de thé du Sri Lan­ka ou quelque part dans les cam­pagnes fran­çaises, nous pou­vions rede­ve­nir une mère et sa fille. Elle jouait avec les autres enfants. J’a­vais l’im­pres­sion de lui offrir une belle vie mal­gré tout. Une parenthèse.

Je savais que ça ne dure­rait pas. Nos fuites n’é­taient que de courte durée. Chaque départ appe­lait un retour. J’a­vais beau par­tir le plus long­temps pos­sible, il fal­lait tou­jours ren­trer. Adieu les rires, l’in­sou­ciance. Les amis ren­con­trés sur place allaient nous man­quer, mais nous regret­te­rions sur­tout l’im­pres­sion d’une vie nor­male, pleine de légèreté.

Je regarde le pay­sage défi­ler. J’aurais aimé écrire une envo­lée lyrique sur le rou­lis du train, les bruits de la machine. Mais c’est un TGV. Tout ce que j’entends, ce sont les gens autour de moi.
Tu serais mon conseiller ban­caire. Voi­là une heure qu’elle lui explique com­ment diver­si­fier son patri­moine immo­bi­lier ain­si que le prin­cipe des actions. Tu ne peux pas être un grand finan­cier sans être atten­tif au monde qui t’entoure. Tu vois, y’en a qui ont réus­si à anti­ci­per la crise du Covid en sor­tant l’argent avant que la bourse ne s’écroule ! Elle est blonde, petites lunettes, mari­nière rouge et blanche. Elle enchaîne sur les classes moyennes fran­çaises qui font confiance aux uni­ver­si­tés, pour toi y’a ce qui s’appelle les grandes écoles, mais il faut d’abord qu’ils t’ac­ceptent. Le gamin réplique “mais j’ai de bonnes notes !”. Il doit avoir 9 ou 10 ans.
À côté de moi, deux jeunes ado­les­cents com­parent les fesses de la copine de Rapi­noe, celle qui est bonne, au foot hein, et de la gar­dienne de l’équipe de France. Voi­là 3h que le train est par­ti. Ils ont joué à “Devine qui c’est ?” avec des joueurs de foot. Puis au petit bac avec des joueurs de foot.
“Mais il ne faut pas que tu oublies que le plus impor­tant dans la vie, ce sont les valeurs humaines”, conclut la maman de devant.

Place 11. Le train file à tra­vers les champs. Place 11, comme le 11 jan­vier. Le jour où j’ai su qu’il fal­lait que je parte.

[20:25, 11/01/2019, mes­sage What­sapp vers mes parents] Auré­lie : Je l’é­cris ici tant que c’est frais mais je ne veux pas que vous pre­niez peur. Ce soir, Alice* fai­sait un caprice, Luc* est mon­té jouer les grands princes. Je lui ai deman­dé de ne pas inter­ve­nir. Il a mena­cé de me jeter par la fenêtre. De me mon­ter à l’é­tage pour me jeter de l’é­tage.
« tu vas sau­ter »[20:27, 11/01/2019] Auré­lie : Il m’a jetée sur le tipi. Il m’a pous­sée vio­lem­ment, agrip­pée par le poi­gnet. Avec des insultes. Connasse. Alice pleu­rait. Il puait l’al­cool. « quand ma fille demande quelque chose, on lui donne »[20:33, 11/01/2019] Auré­lie : Le tipi est cas­sé

J’ai choi­si une boucle, un iti­né­raire où on revient au point de départ. Ce n’est pas un voyage ini­tia­tique où la marche trans­cende l’héroïne. Je vais tour­ner en rond. Mes pas n’ont plus d’im­por­tance, je n’ai aucun contrôle sur ma vie. Oh, j’ai essayé. Je me suis bat­tue. J’ai pas­sé des nuits dans des dos­siers. J’ai accu­mu­lé les preuves. Tout ce que je trou­vais. Mais la jus­tice m’a broyée.

Le bruit du clas­seur qu’on referme. La voix froide qui annonce. Je ren­drai ma déci­sion le 22 novembre, d’i­ci là Alice reste sco­la­ri­sée à Houilles. Sans un regard. Je m’ef­fondre. Ma tête tourne. Mon avo­cate me presse vers la sor­tie. On reste impas­sible devant un juge. Même lorsque inté­rieu­re­ment on a envie de hur­ler. Res­ter à Houilles ? Retour­ner chez moi, chez nous, avec lui ?

C’est un jour d’au­tomne comme un autre à Ver­sailles. En d’autres occa­sions, j’au­rais visi­té la ville. Les feuilles craquent sous mes pieds. Lui repart tran­quille­ment. Moi, ma vie s’effondre.

C’est à cet ins­tant que j’ai com­pris que j’allais devoir me battre. Que rien ne me serait facile. J’avais confiance en la jus­tice. Je pen­sais que si on avait un bon dos­sier, on nous croyait. Je pen­sais qu’ils nous pro­té­ge­raient, ma fille et moi. Je pen­sais que si je docu­men­tais tout, que je démon­trais qui il était, j’aurais le droit de par­tir. Je pen­sais que ce jour mar­quait la fin du cal­vaire, ce n’é­tait en réa­li­té que le début.

J’en­tends la voix de son avo­cate dans ma tête. Madame Amiot cherche à faire pas­ser Mon­sieur pour un monstre, alcoo­lique, violent, miso­gyne, raciste... La véri­té, c’est que ce ne sont que des dis­putes de couple, et que c’est Madame qui les pro­voque pour pou­voir se pla­cer en victime.

Une prise de sang, pour prou­ver qu’il n’est pas alcoo­lique. Quelques témoi­gnages de gens que je ne connais pas pour dire qu’il est for­mi­dable. Et puis des men­songes, bien sûr. Et s’il ne s’est jamais occu­pé de sa fille, c’est parce que j’ai un emploi du temps allé­gé. Quant à sa col­lec­tion d’armes, il aurait suf­fit que je demande pour qu’il s’en débar­rasse, voyons.

C’est bien connu. Les 149 femmes mortes en 2019 auraient d’ailleurs pu y pen­ser. Hé, s’il te plait ché­ri, j’aime pas trop quand tu menaces de me tuer, tu peux arrêter ?

Mon voi­sin est silen­cieux. Il a ache­té un maga­zine à la gare, pour se don­ner une conte­nance, sans doute. Mais il n’a pas lâché son télé­phone depuis que nous avons quit­té Paris. Quant à moi, je garde les yeux vers la fenêtre. Le masque cache en par­tie mon visage. Et heu­reu­se­ment. Ce masque en tis­su, c’est ma cara­pace face au monde exté­rieur. Je contemple les som­mets qui com­mencent à se des­si­ner. Et per­sonne ne peut savoir ce qu’il se passe sous le masque.

J’ai eu quelques jours pour trou­ver un endroit où vivre. Aucune famille sur place, mais obli­ga­tion de dépo­ser ma fille tous les matins à l’é­cole. Je n’ai pas eu le choix. Si elle lou­pait un jour de classe, je per­dais toute chance d’a­voir la garde. Je la condamnais. 

Petite ville de ban­lieue sans réel charme, aucun hôtel. J’ai éplu­ché Boo­king, Air BnB, Clé Vacances, Abri­tel. J’ai appe­lé. Déjà pris, ne veut pas d’en­fant, pas dis­po­nible. J’ai élar­gi mes recherches jus­qu’à trou­ver un petit appart dans une ville voi­sine. 1500€ les trois semaines. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que le déli­bé­ré aurait deux semaines de retard. Puis encore deux semaines. Puis encore une semaine. Il me fau­drait donc trou­ver un autre appar­te­ment, en catas­trophe, et vivre au jour le jour sans savoir quand la déci­sion tomberait... 

J’ai la gorge ser­rée par la colère. Com­ment une socié­té peut-elle pré­tendre pro­té­ger les femmes dans ces condi­tions ? Si je n’a­vais pas eu la chance d’a­voir de l’argent, j’au­rais été condam­née à retour­ner chez moi, dans la mai­son que j’ai payée.

Puisque oui, pen­dant que je devais trou­ver des endroits où vivre avec ma fille, pen­dant que je sabor­dais mon acti­vi­té pro­fes­sion­nelle en ne pou­vant tra­vailler et en n’ayant aucune visi­bi­li­té sur les mois à venir, m’o­bli­geant à annu­ler peu à peu les pro­jets, hé bien lui vivait tran­quille­ment dans la mai­son. J’ai four­ni l’ap­port, le cré­dit est à nos deux noms. Je conti­nue de payer, sans pou­voir y vivre. C’est la triple peine. Je dois payer pour son toit à lui, je dois loger ma fille, je dois vivre dans la peur à proxi­mi­té de lui.

J’ai cru que j’avais oublié les sar­dines. Je me voyais ran­ger la tente après avoir tout tes­té, mais je ne voyais pas les sar­dines. Je n’avais pas pu les plan­ter dans le car­re­lage du salon, bien sûr. Je les avais lais­sées dans leur pochette. J’avais mon­té la tente pour m’entraîner, une der­nière fois. Une tente une place, légère. Mais avais-je pen­sé à mettre les sar­dines dans le sac ?
Je m’i­ma­gi­nais, arri­vée sur mon pre­mier bivouac, décou­vrant que j’avais oublié les sar­dines. J’ai vidé mon sac sur le siège du RER. Les sar­dines étaient dedans, j’ai pous­sé un sou­pir de soulagement. 

L’idée d’aller faire le Tour du Mont Blanc était venue quelques semaines plus tôt. J’avais un mois seule. Un mois sans ma fille. Je vivais chaque semaine sans elle comme un déchi­re­ment. Ce mois serait une tor­ture. Je le savais. On m’arrachait ma fille pour la confier à son géni­teur. Lui qui ne s’était jamais occu­pé d’elle avait aujourd’hui les pleins pou­voirs. Pou­voir de la sépa­rer de moi. Pou­voir de lui faire du mal.
Il fal­lait que je fasse quelque chose de ce temps. Que je m’occupe les mains, la tête, les jambes. Alors j’ai choi­si d’aller mar­cher. J’espérais que bou­ger mes jambes me vide­rait la tête. Je pen­sais qu’avoir le souffle cou­pé ferait pas­ser l’envie de hur­ler. En réa­li­té, il y a des images qui ne vous quittent jamais. Et mar­cher en silence pen­dant 10h ne les chasse pas.

Allon­gée par terre, je regarde autour de la pièce. Il est debout, face à moi, il parle fort. Alice est sur le cana­pé. Elle nous regarde. Le tipi est cas­sé. Je suis des­sus. L’armature s’est bri­sée lors­qu’il m’a pro­je­tée des­sus. Je vais te jeter de la fenêtre du pre­mier étage, a‑t-il pro­mis. Les mots sortent de sa bouche comme des cailloux qu’il me jette, un flot conti­nue d’in­sultes. Alice ne bouge pas. J’ai essayé de m’ap­pro­cher d’elle, de la ras­su­rer. Il m’a sou­le­vée par le col. Ancien boxeur, une tête de plus que moi. Je ne fais pas le poids. Je me traîne jus­qu’à la porte. Je crie. À l’aide.

Tout s’ar­rête. Je prends ma fille dans mes bras. Je pleure. Elle aus­si. Je lui dis qu’elle n’y est pour rien. Je ne sais pas laquelle de nous deux a le plus besoin de se blot­tir contre l’autre.

J’en­voie des mes­sages à mes parents. Je leur raconte tout. Il est redes­cen­du dans le sous-sol. J’en­tends le bruit des canettes. Je ne sais pas s’il va mon­ter dor­mir avec nous. Je ne sais pas si je serai tou­jours en vie demain matin. Alors je serre ma fille contre moi, et j’é­cris. Que quel­qu’un sache.

Il faut tout de suite trou­ver un avo­cat, pré­vient ma mère en arri­vant. Elle ne me lais­se­ra plus seule avec lui. Et nous enta­mons ensemble le com­bat. Il faut que je parte. Que je mette de la dis­tance entre lui et moi. Qu’il ne puisse plus me faire du mal. Qu’il ne puisse sur­tout pas se ven­ger sur notre fille.

Je tremble. Ma main sur ma bouche ne peut conte­nir les sons que j’émets mal­gré moi. Je suis dans le hall du tri­bu­nal de Ver­sailles. Ma mère a pas­sé son bras autour de mes épaules. Ma main peine à tenir le papier. Les san­glots par­courent mon corps entier. Chaque phrase est plus vio­lente que la pré­cé­dente. Madame ne peut pas prou­ver la dan­ge­ro­si­té de mon­sieur. Mon­sieur semble être un père dévoué. Garde alternée.

C’est la veille des vacances. Joyeux Noël.

J’arrive à la gare des Houches. Le train conti­nue vers Cha­mo­nix, et moi je cherche l’indication du sen­tier. Le che­min com­mence par une route sans trot­toir. C’est un couple de pro­me­neurs qui me l’indique, eux cherchent à retour­ner à leur chambre d’hôte. Une grande mon­tée m’attend. Che­min pour 4×4, puis sen­tier plein de cailloux. Je marche sous les arbres. Ce départ n’a rien d’agréable.
Un Christ en béton de 25m de haut se dresse face à la val­lée. Quelques tables et bancs sont ins­tal­lés der­rière lui. Je pose mon sac pour pro­fi­ter de la vue. Face à moi, le Mont-Blanc et ses gla­ciers. Je souffle un peu. Mon sac est lourd, sur­tout après plu­sieurs mois de confinement.

Je dis­cute avec une mère et ses ados qui finissent le Tour. Puis avec une deuxième famille. Voir des enfants heu­reux me tord l’estomac. Tout ce que j’ai pu faire pour ma fille s’est retour­né contre moi. Qu’elle soit décrite comme épa­nouie, curieuse, bonne élève, n’a pas été la preuve que j’étais une bonne maman, mais qu’il ne se pas­sait rien de grave.

Je conti­nue de mon­ter. Je souffre. J’ai du mal à res­pi­rer et j’ai la tête qui tourne. Je mets ça sur l’altitude, même si je ne suis guère à plus de 1500m. J’ai mal dor­mi la nuit der­nière. Comme la nuit d’avant. J’avance à petit pas en me deman­dant quelle est la der­nière fois où une nuit s’est pas­sée sans que je fasse de cauchemars.

J’en­tends ses pas dans l’al­lée. Ma gorge se noue. Les cailloux sous ses chaus­sures. J’ai envie de vomir. Il sait ce qu’il va se pas­ser. Moi aus­si. Il n’a même plus besoin de négo­cier. Autre­fois, il pre­nait le couf­fin, allait poser Alice dans la pièce voi­sine. Elle appe­lait, elle pleu­rait. Elle était si petite. Je priais pour que tout aille vite. J’a­vais les yeux humides, les dents ser­rées. J’a­vais mal. Mal parce que l’ac­cou­che­ment était encore récent. Mal parce que chaque cri de ma fille me tailla­dait les pou­mons. Son mou­ve­ment de va et vient me don­nait la nau­sée. J’a­vais la tête qui tourne. J’a­vais envie de lui crier d’ar­rê­ter, de me lais­ser aller cher­cher Alice. Je fer­mais les yeux. Qu’il finisse, vite. Et je cou­rais, dégou­li­nante, la retrou­ver tan­dis qu’il s’en­dor­mait, satisfait. 

Appuyée contre le bord de la bai­gnoire, je lui tourne le dos. Je lui demande de ne pas me tou­cher. Je ne sup­porte plus ses mains. Tout me dégoûte en lui. Il remonte son pan­ta­lon. Je ne le regarde pas. Je ne sais plus s’il lance un « bonne jour­née ». Il a dû le dire, à une époque. Je tire le rideau et tourne le robi­net. Com­bien de litres faut-il lais­ser cou­ler pour ne plus se sen­tir sale ?

Je suis par­tie mais pas vrai­ment. J’ai vou­lu m’enfuir mais je suis res­tée là, prise au piège. Inter­dite de mettre de la dis­tance entre lui et moi. Le soir, en fer­mant mes volets, je scrute l’obs­cu­ri­té pour véri­fier qu’il n’est pas là. Et le matin, je me ras­sure en me disant qu’il n’a pas l’a­dresse. Pour l’instant.

Je m’arrête au bord du che­min. Un replat domine la val­lée. Je m’assois. Je regarde le Mont-Blanc en me disant que ça vaut peut-être le coup, cette ran­don­née, quand même. J’attends que le soleil baisse pour plan­ter ma tente. Cher­cher un endroit à peu près plat. Virer les cailloux. Tapis de sol, chambre, arma­ture, sar­dines. Je regarde le soleil se cou­cher. Les mon­tagnes prennent des teintes rosées, orangées. 

J’écoute le silence. Je me demande si j’ai peur, là, toute seule, dans ma tente minus­cule. J’entends les brin­dilles qui glissent contre le bas de la toile. Je ferme les yeux. J’ai mis 650km entre lui et moi aujourd’hui, rien ne peut m’arriver. 

Que je le veuille ou non, être une vic­time fait par­tie de moi. Cela ne me défi­nit pas, mais ça impacte toute ma vie, mon quo­ti­dien. C’est parce que je suis une vic­time que je sur­saute à chaque bruit de scoo­ter. C’est parce que je suis une vic­time que je scrute chaque sil­houette loin­taine un peu trop fami­lière. C’est parce que je suis une vic­time que j’ai des cau­che­mars. C’est parce que je suis une vic­time que je suis en colère.

Et ce matin-là, c’est dans la colère que je puise l’éner­gie pour mon­ter jusqu’au som­met. Le sen­tier ser­pente à tra­vers la forêt, avant d’enfin me lais­ser aper­ce­voir quelque vue déga­gée. Je prends mon temps. Je rem­plis ma gourde dans un cours d’eau. Je laisse pas­ser les ran­don­neurs pres­sés. J’admire la bruyère. Com­ment on fait pour ne pen­ser à rien, déjà ?

C’est aus­si la colère qui m’a fait tenir ces six der­niers mois. Et l’espoir, un peu. Impos­sible de le perdre tota­le­ment, mais impos­sible de s’y lais­ser aller plei­ne­ment. C’est dan­ge­reux, l’espoir, quand on sait qu’aucune issue n’est possible. 

J’ai mis du temps à assu­mer le terme vic­time. À asso­cier l’idée de vio­lence conju­gale à ma vie. À dire le mot viol. Je n’ai jamais eu le visage tumé­fié. De l’extérieur, nous avions une vie par­faite. Il ne sera jamais condam­né. Je ne serai jamais recon­nue comme vic­time par la jus­tice. Comme des mil­liers d’autres femmes.

Je m’arrête gri­gno­ter quelques abri­cots à côté du cha­let de Bel­la­chat. Il est tôt. Je me serais bien lais­sée ten­ter par une tarte aux myr­tilles, mais le res­tau­rant n’est pas ouvert. Je laisse par­tir un homme qui chante à tue-tête loin devant. Au bout du che­min rocailleux, le Brévent, 2525m et des dizaines de tou­ristes, venus admi­rer la vue en télécabine.

Je me sou­viens de la pre­mière semaine. L’huissier est pas­sé. J’étais sur le par­king de Cas­to­ra­ma. Je ne sais plus ce que j’étais venue ache­ter. Était-ce une lampe pour le nou­vel appar­te­ment, ou des car­tons pour le démé­na­ge­ment ? J’ai signé le papier. L’ordonnance du juge­ment. Je n’avais plus le droit d’aller cher­cher ma fille à l’école. Je ne la rever­rai pas avant une semaine com­plète. Elle n’avait pas son dou­dou, aucun vête­ment à sa taille, ni pyja­ma ni culotte. Mais il avait sa fille. Il avait le droit, alors il allait la prendre. Elle était à lui. Et ni elle ni moi n’avions notre mot à dire.

Pen­dant trois mois, les semaines impaires se sont res­sem­blées. Le lun­di, elle m’expliquait com­bien elle était heu­reuse avec papa, que c’était lui sa vraie famille puisqu’elle avait son nom. Elle me disait qu’elle n’avait jamais connu le bon­heur avant, qu’il n’y avait que main­te­nant, avec lui, qu’elle était bien. Que nos sou­ve­nirs n’étaient que des men­songes. Elle s’isolait dans sa chambre. Elle ne vou­lait pas me voir.
Le mer­cre­di, nous avions la jour­née pour nous. Dou­ce­ment, je la retrou­vais. Elle recom­men­çait à me regar­der dans les yeux. Elle recom­men­çait à rigo­ler.
Le week-end pas­sait tou­jours trop vite, et chaque dimanche était un nou­veau déchi­re­ment.
Au fil des semaines, elle a com­men­cé à arrê­ter de me repous­ser. À se confier. À m’expliquer le tiraille­ment, mais aus­si la peur, les colères. Je crois qu’elle a fini par com­prendre que, peu importe toutes les hor­reurs qu’elle pour­rait me dire, je serai tou­jours sa mère, là pour elle, les bras ouverts, inconditionnellement. 

La des­cente du Brévent par le col n’est pas facile. Les nuages noir­cissent le ciel, il ne faut pas s’attarder. Rocailles, névés, échelles à prendre à l’envers. Plu­sieurs fois, je perds le che­min. J’a­per­çois d’abord un cha­mois, fugace, tra­ver­sant la neige. Puis des bou­que­tins, plus loin. Je m’approche, dou­ce­ment, mais deux mar­cheurs arri­vant en face de moi les font fuir.

Je pour­suis la des­cente quand j’en vois un autre, au détour d’un che­min. Il prend la pose. Me toise. Je retire mon sac à dos. Il se met dans la lumière. Le rayon caresse par­fai­te­ment sa tête. Je m’approche. Dou­ce­ment. Je sors l’appareil pho­to. Je déclenche. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il se laisse faire. Il me regarde. Un ins­tant, j’ai l’impression qu’il a envie de com­mu­ni­quer.
Les gouttes com­mencent à tom­ber. Je range l’appareil dans mon sac. Le temps de rele­ver la tête, et le bou­que­tin a dis­pa­ru. Je charge mon sac sur mon dos. Je des­cends quelques mètres, et dans un der­nier regard, je le vois, pos­té sur un pro­mon­toire rocheux, m’observant.
Je ne sais pas com­bien de temps je suis res­tée avec lui. Je ne sais pas quelle heure il est. Il com­mence à pleu­voir. Je ne croise plus per­sonne. Je décide de m’arrêter au pro­chain endroit un tant soit peu plat que je trouve.

Lorsque j’ouvre la tente, au petit matin, de jeunes bou­que­tins broutent à quelques mètres. Je ne fais pas de bruit. Je les regarde. Ils me sur­veillent du coin de l’œil, comme s’ils avaient com­pris que je ne pré­sen­tais aucun danger. 

Je me suis sou­vent deman­dée com­ment j’avais pu res­ter aus­si long­temps avec lui. La véri­té, c’est qu’au début, on ne se rend pas compte de la vio­lence qui monte. Il ne m’a pas frap­pée au pre­mier ren­card. Il ne m’a pas vio­lée la pre­mière nuit. Il ne m’a même pas insul­tée dans les pre­mières semaines. Non. Il était par­fait. Gen­til. Pré­ve­nant. Géné­reux. Char­mant. Nous étions d’accord sur tout. Il avait eu une enfance dif­fi­cile, et en gar­dait un côté gueule cas­sé. Le gen­til voyou.
Tout est allé très vite, sans que je me pose réel­le­ment de ques­tion. On a rapi­de­ment emmé­na­gé ensemble. Et puis il y a eu les pre­mières colères. Les pre­miers cris. Les pre­mières insultes. Les objets qui valsent. Je par­don­nais. Je trou­vais des excuses, son enfance, l’alcool, une mau­vaise jour­née. Et le len­de­main, tout allait mieux. Pour quelques heures.
Je me disais que ça pas­se­rait. Que ça s’a­mé­lio­re­rait avec le temps. Qu’avec beau­coup d’amour, il per­drait son impul­si­vi­té. Que je pou­vais l’aider à cana­li­ser cette vio­lence en lui.

Sac sur le dos, je regarde les mar­mottes jouer à cache-cache dans le pier­rier. Je ne suis pas en grande forme. Mon mate­las est per­cé. J’ai ten­té une répa­ra­tion, mais c’est le plas­tique qui devient poreux en vieillis­sant. Il se dégonfle. Je vais le gar­der, je n’ai aucun endroit où le jeter et il fait office de couche iso­lante mal­gré tout. Les tem­pé­ra­tures chutent dès le cou­cher du soleil, et il a plu une bonne par­tie de la nuit.
Le che­min se pour­suit dans la rocaille, puis en bal­con, jusqu’à une auberge. J’en pro­fite pour faire une pause. Devant une tarte aux myr­tilles sur­ge­lée hors de prix, je savoure la dou­ceur du soleil. 

L’auberge est reliée à la val­lée par une télé-cabine. De nom­breux vacan­ciers affluent. Ils vont pas­ser quelques heures au Lac Blanc, l’un des lieux les plus tou­ris­tiques de mon iti­né­raire, mais aus­si l’un des plus beaux. On y arrive après une mon­tée. Rien de tech­nique. Rien de dif­fi­cile. Juste une mon­tée qui semble s’allonger au fur et à mesure qu’on croit se rap­pro­cher du but.
Un vent froid m’accompagne jusque sur le bord du lac. En ce début d’été, il est entou­ré de névés, et cer­tains flottent à sa sur­face, offrant un très pho­to­gé­nique contraste entre le bleu vif de l’eau et le blanc des glaces.
La scène a quelque chose de cap­ti­vant. Apai­sant et fas­ci­nant à la fois.

T’es plus con qu’une chaise qui voit un cul. Je vais te tuer. Connasse. Je vais t’en don­ner une, tu vas dor­mir trois jours. Sale Pute. T’es où ? Tu baises qui ? Demain, on fait les gros titres, tu vas cre­ver. Ta gueule. Je suis chez moi. C’est ma fille. Je fais ce que je veux. T’es fri­gide. Sale pute. En véri­té t’étais avec qui ? Tu retrouves un peu d’hon­nê­te­té ou ça a dis­pa­ru avec ta digni­té et le reste ? Achète toi une per­son­na­li­té. Une per­son­na­li­té ache­tée, une libi­do offerte. Ca va très sou­vent ensemble, y’a des offres de ouf comme ça. Si je t’en mets une, tu vas dor­mir trois jours Si j’ai pas de nou­velles à 21h, j’appelle la police. Sale Pute. Fais-toi soi­gner. N’essaye même pas de par­tir, ou tu ne rever­ras plus ta fille.

Les nuages recouvrent peu à peu les som­mets. Ce soir, on annonce des orages. Alors en der­nière minute, je décide de m’offrir une nuit au chaud. Dans un lit. Avec un petit-dej. Je déchante rapi­de­ment quant à ma hâte de prendre une douche chaude : elles sont fer­mées. J’emprunte une bas­sine à la gar­dienne du refuge. L’eau est gla­cée. Elle arrive direc­te­ment du lac. Un vent tout aus­si gla­cial balaie les sani­taires. Plon­ger mon gant de toi­lette dans l’eau suf­fit à ce que le froid pénètre ma peau. Je frotte fré­né­ti­que­ment. Enle­ver la couche invi­sible des sou­ve­nirs. Dehors, le brouillard a enva­hi les montagnes. 

Au matin, le refuge se vide. Je décide de res­ter un peu. La météo annonce de la pluie et des orages sur les deux pro­chains jours. Et je suis bien ici. Cou­pée du monde, au milieu de la brume, je regarde les bou­que­tins jouer sur les névés.
Je marche un petit peu, autour du lac. J’attends que le mau­vais temps passe. Je des­cends voir les lacs des Che­se­rys, juste en des­sous puis je remonte en direc­tion du lac de Per­sé­vé­rance, au-des­sus. Sitôt enga­gée sur ce sen­tier, il n’y a plus per­sonne. Silence com­plet. J’arrive face à un immense névé, très pen­tu. Une trace laisse devi­ner quelques pas­sages, avant moi, pour le tra­ver­ser. Je m’engage des­sus. Et je le regrette quelques mètres plus tard. La pente est trop abrupte pour essayer un demi-tour. Et j’ai lais­sé mes bâtons de marche à l’auberge. Je plante mes doigts dans la neige, m’assurant de mettre tout mon poids sur la jambe oppo­sée à la des­cente. J’avance dou­ce­ment. Ma main vire au rouge. Mes doigts me brûlent. Quelle idée à la noix ! 

La dou­leur est vive, lorsque je porte mes doigts à ma bouche, une fois le névé tra­ver­sé. Je grimpe à tra­vers un pier­rier, empreinte d’espoir. J’attends le pay­sage somp­tueux, caché au bout de ce che­min mys­té­rieux. Je monte encore. J’ai retrou­vé l’usage de mes doigts. Je me fau­file jusqu’au point le plus haut.
Des cailloux à perte de vue. Une éten­due miné­rale en nuances de gris, d’ocre et de verts. Les quelques mar­mottes se sont vite cal­feu­trées. Je souffle un peu. Les nuages enrobent le Mont-Blanc, face à moi. Je cherche des yeux un échap­pa­toire, un che­min alter­na­tif qui m’éviterait de tra­ver­ser de nou­veau le névé. Je monte sur quelques rochers. Je tourne et contourne. Rien à faire : la tra­ver­sée dans la neige reste l’option la plus sécurisante. 

Les doigts dans la neige, j’avance un pied après l’autre, dou­ce­ment. La pente mène droit sur quelques tas de cailloux et le lac, encore gelé. Il com­mence à fondre par endroit. On voit le bleu trans­per­cer la glace. Quelques chou­cas coassent au loin. Je me concentre sur mes pieds.

Je décide de pas­ser une seconde nuit au refuge. Je vou­drais voir les lacs par un temps déga­gé. Et je n’ai pas envie de mar­cher dans le brouillard, entre deux averses. Je n’ai pas de date de retour. Pas de réser­va­tion. Je peux prendre mon temps, allon­ger le séjour. Le refuge, plon­gé dans le brouillard, a quelque chose d’apaisant, de rassurant.

Je dis­cute avec une alle­mande. Je ne sais pas son nom. Elle me semble un petit peu plus jeune que moi. Elle est par­tie seule, elle aus­si, mais elle suit un autre iti­né­raire, jusqu’en Suisse. Et comme moi, elle s’est rabat­tue sur le refuge au vu du mau­vais temps. Ma moti­va­tion à finir le tour avait bais­sé avec la gri­saille, mais pas­ser la soi­rée à dis­cu­ter avec une autre ran­don­neuse me donne un regain d’éner­gie. On ouvre les cartes, on com­pare les iti­né­raires. On dis­cute de voyage et de lit­té­ra­ture. Le temps d’une soi­rée, j’ai le cœur léger.

Il y a quelque chose d’agréable à être ain­si volon­tai­re­ment blo­quée au refuge. L’écrin du brouillard nous met hors du temps. La jour­née s’écoule len­te­ment sans que je ne m’ennuie. Je regarde les nuages bou­ger. J’observe les bou­que­tins tra­ver­ser les névés. C’est un calme abso­lu, oua­té, où la visi­bi­li­té se réduit par­fois à quelques mètres, mais où l’esprit peut vaguer. J’essaie de me vider la tête. Ne sur­tout pas pen­ser à Alice. Me concen­trer sur le brouillard qui enroule les aiguilles. Ne pas pen­ser qu’au fond de moi, je n’ai aucune envie d’être ici, toute seule, tan­dis qu’elle est sans moi. Ne pas pen­ser que je ne sais pas ce qu’elle fait de ses jour­nées, si elle va bien, si elle a mes mes­sages. Me concen­trer sur ces nuages qui masquent le Mont Blanc. 

Je passe l’après-midi à attendre les bou­que­tins, plan­quée dans les rochers. Ils dis­pa­raissent aus­si vite qu’ils appa­raissent, ava­lés par le brouillard. Et puis je rejoins le refuge, une der­nière fois. La météo reste incer­taine, mais j’ai déci­dé d’avancer.
Le soir venu, je dîne avec les seuls hôtes du refuge : un groupe de quatre pari­siens. Je mau­dis la ser­veuse d’avoir mis mon assiette à une table avec des hommes. Ils finissent leur tour du Mont Blanc. Ils sont fiers d’eux. Ils ont souf­fert, il fal­lait por­ter le sac. On ne se parle pas. Ils listent leurs exploits, et la dis­cus­sion se pour­suit dans le dor­toir. “Ahah, on est des fous, je ne connais per­sonne qui aurait fait la même chose”. Ils passent en revue leur iti­né­raire, fai­sant défi­ler les pho­tos sur le smart­phone pour se remé­mo­rer les anec­dotes. La navette entre Trient et Argen­tière, le bus en Suisse, le taxi, et demain, ils rejoin­dront le som­met du Brévent en télé­phé­rique avant de finir la der­nière étape en train. C’est plus de la ran­do, c’est un road-trip. Ils sont bruyants, cen­trés sur eux-mêmes. Ils passent leur temps à se plaindre du poids de leur sac (alors qu’ils n’ont pas de maté­riel de bivouac) tout en s’autocongratulant d’être géniaux, entre deux blagues sexistes, homo­phobes ou racistes, au choix.
Mes ren­contres pré­cé­dentes avaient été empreintes d’humilité. Des couples, des groupes de copines, heu­reuses de mar­cher, recon­nais­sant l’effort mais sans se prendre pour des gens extra­or­di­naires. Je me retiens toute la soi­rée de leur dire que, dès le pre­mier jour, j’ai croi­sé des familles avec des enfants qui finis­saient le même tour.

Au petit matin, le brouillard est tou­jours là. Je traîne un peu après le petit déj. Je prends le temps de bien ran­ger mon sac. Tout le monde pense que ça va res­ter comme ça toute la jour­née. Je quitte l’auberge en fin de mati­née, encore indé­cise quant à mon point de chute du soir. Je des­cends vers les lacs qui jouxtent l’auberge. Pre­mière éclair­cie. Je décide d’attendre un petit peu, et d’autres éclair­cies me confortent dans l’idée de pas­ser la nuit ici.
C’est un endroit connu, où les traces de feux de camps sont bien visibles, un peu par­tout autour du lac. Je m’attends à ce qu’il y ait du monde, le soir venu, mais je me dis que le pay­sage, au petit matin, sera cer­tai­ne­ment superbe. Je repère un coin plat et pose mon sac. Les ran­don­neurs com­mencent à arri­ver. Cha­cun s’installe dans son coin, atten­dant la tom­bée de la nuit pour mon­ter la tente. Je dis­suade un jeune couple de s’installer à 30cm de moi, et je dis­cute avec une famille, qui a fait plu­sieurs fois le Tour et me conforte dans l’idée de ten­ter une variante, le len­de­main.
C’est à ce moment que com­mence le bal­let des bou­que­tins. Une femelle et quelques jeunes s’approchent du lac. Ils déam­bulent entre les tentes, sans crainte. Les petits jouent entre eux, sau­tillent. L’un d’eux tente d’initier une bagarre. Il se dresse sur ses pattes arrière pour se lais­ser retom­ber, cornes en avant, sur un autre petit qui n’a aucune envie de jouer à ça. Le bagar­reur s’approche de sa mère, recom­mence la manœuvre. Se dres­ser sur les pattes arrière, pen­cher la tête, et mettre tout son poids dans les cornes. La mère rentre dans son jeu, gen­ti­ment. Le petit y met toutes ses forces, et elle pare les attaques avec douceur. 

Plus haut, c’est un groupe de mâles qui broute tran­quille­ment. Je m’installe sur un caillou, à dis­tance, pour les obser­ver. Les cornes sont impres­sion­nantes, mais ils n’ont rien de bel­li­queux. Ils avancent en brou­tant, tran­quille­ment, et je me retrouve rapi­de­ment au milieu d’eux. Je recule un petit peu, pré­fé­rant gar­der un mètre de sécu­ri­té avec ces énormes cornes. L’arrivée du brouillard marque la fin du spec­tacle, et le retour de la bruine. Il est l’heure d’aller se mettre à l’abri.

Ma tente n’est ni grande, ni chaude, mais elle me suf­fit. Il y a quelque chose de la renais­sance dans le fait de quit­ter un homme violent. Il faut redé­cou­vrir ses goûts, retrou­ver une per­son­na­li­té. C’est une affaire de sur­vie. Se créer un cocon pro­tec­teur. S’approprier un espace. Avoir le droit d’exister.
Je ferme les yeux. Ici, je peux me repo­ser sans crainte. Ici, je suis loin de lui.

J’ai essayé de par­tir, autre­fois. Je savais que ça fini­rait mal. Je savais que ça ne pou­vait durer. J’ai même cru, un temps, qu’une autre vie, heu­reuse, pou­vait m’attendre, loin de lui. J’avais ren­con­tré P. par hasard. Nos weeks-ends ensemble étaient autant de paren­thèses insou­ciantes. Je ne rêvais que d’une chose, tout quit­ter, m’enfuir, refaire ma vie, loin. Mais à chaque retour à la mai­son, je me retrou­vais face à lui, téta­ni­sée, inca­pable de dire quoi que ce soit. J’ai essayé de lui par­ler hors de l’appartement. Ce week-end à Turin, ces vacances au Viet­nam. Ce fut pire. Il savait que je vou­lais par­tir. Et il savait com­ment me faire peur. C’est à ce moment-là que les menaces de mort ont com­men­cé. Si tu pars, je vous bute toutes les deux. C’est aus­si à ce moment-là que je suis tom­bée enceinte. 

Je sors de ma tente quelques minutes avant que le soleil ne se lève. Le froid me sai­sit immé­dia­te­ment, tout comme la beau­té du pay­sage qui s’offre à moi. L’Aiguille Verte et le Mont-Blanc com­mencent juste à être cares­sés par la lumière rose carac­té­ris­tique des pre­miers rayons. Quelques curieux sortent dou­ce­ment des tentes. Le silence règne. Le mas­sif entier se reflète dans le lac et per­sonne ne semble vou­loir bri­ser la magie de l’instant par un commentaire.

Je fais durer le plai­sir avant de retour­ner à ma tente, reprendre la rou­tine. Rou­ler le duvet. Com­pri­mer mon mate­las dégon­flé. Comp­ter les sar­dines. Plier la tente. Ran­ger le sac. Ava­ler une barre de céréales et quelques abri­cots. Ser­rer mes lacets. Vis­ser le sac sur mes épaules. Rem­plir la gourde. En route.

Les nuages com­mencent à mon­ter depuis la val­lée, mais la jour­née s’annonce pour­tant déga­gée. Je passe les pre­mières heures à des­cendre. Tout d’abord par un petit sen­tier, au milieu des rho­do­den­drons. Je croise quelques bou­que­tins qui pro­fitent du soleil mati­nal, puis quelques ran­don­neurs qui montent au Lac Blanc pour la jour­née. Plus je des­cends, plus la pente devient raide et caillou­teuse. Je sou­ris à chaque mar­cheur, en signe d’encouragement.

Le sen­tier tra­verse un par­king, puis se pour­suit le long d’une route. C’est une variante de l’itinéraire clas­sique du Tour du Mont-Blanc, sup­po­sée offrir de beaux pano­ra­mas en bal­con, tout en étant moins fré­quen­tée. Pour l’instant, je ne suis guère convain­cue. Je marche seule, certes, mais le bruit des voi­tures couvre la rivière… 

J’arrive à Val­lor­cine en fin de mati­née, pre­mier vil­lage que je croise depuis le départ, et der­nière étape avant la fron­tière Suisse : c’est le moment de faire le ravi­taille­ment. J’erre un long moment dans le vil­lage avant de trou­ver l’épicerie qui s’apprête à fer­mer. Quelques fruits, du fro­mage, du pain, un yaourt pour le plai­sir. Je mange léger, il me reste un peu de marche avant d’arriver à l’étape du soir, et je m’en féli­cite dès les pre­miers mètres : la côte est si pen­tue que je demande confir­ma­tion du che­min à un cou­reur de trail. Mais si, nous sommes bien sur la variante, il faut suivre le che­min pour raquettes. D’accord. Je monte. Le soleil com­mence à taper. Je fais des pauses, troque mon pan­ta­lon contre un short. Le che­min ser­pente au milieu de la forêt, ça semble cohé­rent avec ma carte jusqu’à ce que j’at­teigne un croi­se­ment. Per­sonne. Aucun pan­neau. J’hésite long­temps. Je décide de pour­suivre vers ce qui semble logique. Je n’ai plus d’eau. Je marche encore. Tou­jours aucun pan­neau qui indique Trient. Je continue.

Le che­min me mène au pied d’une piste de ski, où coule un ruis­seau. Je rem­plis ma gourde, en fil­trant l’eau. Elle est fraîche. Je sais que je suis per­due. Mais je suis à l’ombre, avec de l’eau. Je réflé­chis. Je vais dans la bonne direc­tion. Je ne suis juste pas sur le bon sen­tier. Il ne doit pas être très loin. Je n’hésite pas long­temps entre rebrous­ser che­min et remon­ter la piste de ski, et je choi­sis de prendre de la hau­teur, pen­sant naï­ve­ment que j’a­per­ce­vrai le sen­tier depuis le som­met. J’aurais dû hési­ter plus long­temps ! Je suis épui­sée lorsque j’arrive en haut, et guère plus avan­cée dans ma quête d’un sen­tier. Je conti­nue plein est, me disant que je fini­rai bien par tom­ber sur un che­min. Mais c’est un ber­ger que je croise d’abord. Il me dit qu’il n’est pas rare de trou­ver des ran­don­neurs per­dus, ici. Ce qui me ras­sure un peu, quelque part. Nous dis­cu­tons, et il m’indique un sen­tier, sur l’autre ver­sant de la mon­tagne, à quelques cen­taines de mètres. 

Je tra­verse une petite forêt, une rivière, et me retrouve enfin sur un sen­tier, sou­la­gée. L’après-midi est déjà bien enta­mée, et mon corps com­mence à avoir envie de faire une pause. J’ac­cé­lère jusqu’à un croi­se­ment. Quelques pan­neaux, enfin ! Aucun ne men­tionne ma des­ti­na­tion. Aucun n’indique le pic­to­gramme TMB, l’itinéraire du Tour du Mont-Blanc. Je sors ma carte, j’essaie de me repé­rer. Val­lor­cine, Catogne, Col de Balme. Le Châ­te­lard semble me rap­pro­cher de Trient. 

Le che­min des­cend en fond de val­lée. Je croise d’autres pan­neaux. Tou­jours aucune men­tion de Trient. Je pour­suis jusqu’à atteindre la route. J’ai mal aux pieds. Je me sens vidée de toute éner­gie. Je suis loin, et je ne com­prends pas vrai­ment com­ment c’est possible. 

J’entends une voi­ture pas­ser, je me retourne et sors le pouce. Il fonce. Une deuxième, une troi­sième, une qua­trième. Je conti­nue de mar­cher. La cin­quième s’arrête. Salut, tu vas où ? Trient, n’importe quel cam­ping. Un père et son fils. Il a le même âge qu’A­lice. Il regarde un livre sur les dino­saures, après avoir pas­sé la jour­née à faire du vélo. Je dis­cute un peu avec le père. Je me suis per­due. Le bivouac est inter­dit en Suisse, je dois m’arrêter au cam­ping. C’est beau par chez vous. 
Je sens mon esto­mac se nouer. Je ne sais pas si c’est la faim, ou le fait de voir un père qui s’occupe de son enfant. Il s’arrête sur une place, je rejoins le cam­ping. J’ai mal aux jambes. J’ai envie de vomir. Je monte ma tente en vitesse, avale un mor­ceau, met un peu de crème à l’arnica sur mes mol­lets, et m’allonge. Nous sommes trois au cam­ping, cette nuit. Un couple en van, et moi. Aucun gar­dien. De toute façon, y’a pas grand chose à garder. 

Je me réveille avec l’estomac en vrac. Il fau­drait que je parte tôt. J’ai quelques lacets et un bon déni­ve­lé avant de retrou­ver l’itinéraire du jour. Mais je n’en ai pas envie. Je traîne. Je n’arrive pas à mar­cher. J’ai envie de vomir. Je range labo­rieu­se­ment ma tente et pro­fite des tables du cam­ping pour man­ger mon petit-déjeu­ner. Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai pas envie de faire le deuil de ma fille. Pen­dant 5 ans, j’ai tou­jours été là pour elle. J’étais là quand il était ivre. J’étais là quand il fal­lait s’interposer. J’étais là quand elle fai­sait un cau­che­mar. J’étais là pour ses pre­miers pas, ses pre­miers mots, le vélo sans rou­lettes ou la lec­ture toute seule. D’un coup, je me retrouve éjec­tée de sa vie. Maman en poin­tillé, à mi-temps. Inca­pable de la pro­té­ger. Condam­née à devoir l’écouter me confier les colères de son père, la peur qu’elle res­sent, sans pou­voir agir. Cette impuis­sance me ronge. Je suis sup­po­sée assu­rer la sécu­ri­té de mon enfant. Et je la remets une semaine sur deux à un homme qui me fait peur.  

Je me sens vide, broyée. Je reste assise. Est-ce qu’à un moment tout s’a­paise ?
Com­ment on conti­nue d’avancer, sans colère ? Je n’ai plus la force de mar­cher.
Il y a un arrêt de bus devant le cam­ping. Ce soir, je serai à Paris.

* Les pré­noms ont été changés.

Ce texte a été écrit pen­dant l’é­té 2020.

J’ai récu­pé­ré la garde de ma fille quelques semaines plus tard. L’his­toire se ter­mine donc mieux, à défaut de bien. Ce sera peut-être l’ob­jet d’un cha­pitre 2, un jour.

Pour éclai­rer le récit : lors­qu’un père demande la garde alter­née, il a 9 chances sur 10 de l’ob­te­nir (chiffres 2017 du minis­tère de la jus­tice). Les vio­lences conju­gales, même recon­nue, ne consti­tue pas un motif de retrait de la garde. Les faibles pour­cen­tages de pères pro­fi­tant de gardes alter­nées sont dus au faible pour­cen­tage de père deman­dant la garde. Au final, les pères n’ob­te­nant pas de garde alors qu’ils l’a­vaient deman­dée repré­sentent 2% des situa­tions (et c’est tou­jours moti­vé par des vio­lences et mau­vais trai­te­ment envers les enfants). 

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61 commentaires

Alexandra 26 novembre 2020 - 9:23

Je suis venue pour le Mont Blanc et tes pho­tos sublimes (tou­jours), et j’ai été sai­sie par ce texte qui m’a émue aux larmes... Sou­tien abso­lu. De tout cœur avec toi.

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Hélène 12 décembre 2020 - 21:17

C’est si joli­ment écrit pour un récit si dur, malh­reu­se­ment le cas de beau­coup trop de femmes. J’aimerais que la jus­tice avance plus vite et que des codes soient acce­sibles a tout le monde pour aider les femmes bâtues. Force et cou­rage à vous et à votre famille.

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Iaoranamoana 26 novembre 2020 - 9:31

Un com­pa­gnon violent ne fait jamais, jamais un bon père. Beau­coup de cou­rage à toi pour ce che­min qui, s’il se finit mieux, reste quand même à tra­cer pour toi. Beau­coup de cou­rage à ta fille. Tu es là, tu t’es bat­tue, et dans un sys­tème qui broie les femmes, tu as sur­vé­cu. Je te sou­haite le meilleur ❤️

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Lucie 26 novembre 2020 - 9:34

Ton récit est vrai­ment poi­gnant. En te sui­vant sur Twit­ter ces der­niers mois, j’a­vais per­çu que quelque chose n’al­lait pas. C’est vrai­ment cou­ra­geux de le racon­ter et ça me conforte dans l’i­dée de la néces­si­té des com­bats fémi­nistes. Cou­rage pour la suite

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mmarie 26 novembre 2020 - 9:45

Je te découvre aujourd’­hui – toi, ta plume, tes pho­tos – à tra­vers ce récit.
J’ai­me­rais trou­ver les mots qui ras­surent et réchauffent. T’of­frir une épaule ami­cale, un endroit et un temps où vider ton sac.
En pen­sées avec toi

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Marion 26 novembre 2020 - 10:30

Je viens de finir ton témoi­gnage et je ne sais pas trop quoi dire... A part que je te sou­haite beau­coup de force et de cou­rage pour la suite. Bra­vo d’a­voir livré bataille, d’a­voir réus­si à vous sor­tir de là.

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Clementine Tangerine 26 novembre 2020 - 11:31

J’é­tais à la fois émer­veillée par tes magni­fiques pho­tos, comme tou­jours, et émue... en lisant ton histoire.

Cou­rage pour la suite. Et plein de bon­heur, à toi et ta fille. ♥ xx

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Lucie 26 novembre 2020 - 12:12

Quelques indices lais­sés sur Twit­ter depuis quelques mois. Une colère cachée sans jamais pou­voir t’ap­por­ter le sou­tien néces­saire avec la peur d’être indis­crète. J’ai tou­jours pen­sé que la fuite était une bonne chose et ton récit ne fait que confor­ter cette idée. Cepen­dant ce que je vois ici n’est pas une femme qui a pris la fuite, mais une per­sonne qui a su se battre avec force et patience. La garde de ta fille est une vic­toire que tu peux ché­rir pré­cieu­se­ment. Les mots me manquent (pas les larmes) mais les tiens semblent là en pan­se­ment de tes plaies, pour conti­nuer avec rage de vivre fièrement.
Pour moi, tu es cette femme qui m’a ten­du la main un jour de Grand Bivouac, en me pro­po­sant de venir à votre table alors que j’é­tais prise en étau dans des pen­sées néga­tives. Alors n’ou­blie pas qui tu es : une per­sonne ins­pi­rante, qui fini­ra un jour le Tour du Mont-Blanc... avec sa fille. ♥ Et ça, il ne pour­ra jamais te le prendre.

« May the force be with you ». Tout mon soutien.

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Wariongi 26 novembre 2020 - 12:56

C’est bou­le­ver­sant, gla­çant et tel­le­ment injuste. Je te sou­haite beau­coup de cou­rage et une belle vie future pour toi et ta fille.

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Chacha 26 novembre 2020 - 13:11

Comme les copines de la tri­bu voyages, cer­tains de tes tweets m’a­vaient inter­pel­lé mais la timi­di­té m’a empê­ché de t’en­voyer un MP. Je ne vou­lais pas que tu prennes cela pour de la curio­si­té mal­seine .quoi­qu’il en soit je ne l’ai pas fait et j’en suis désolée.
Alors qu’on enviait tous tes voyages à l’autre bout du monde, tu t’é­chap­pais de l’hor­reur de ton quotidien.
Je ne dis sou­vent que nous ne savons pas ce que les gens vivient réél­le­ment une fois la porte de chez eux fer­mée. Der­rière des sou­rires sur papier gla­cé, il y a par­fois l’impensable.
Je t’embrasse fortn fort toi & ta fille, je vous sou­haite le meilleur du monde.

Je suis de tout coeur avec toi & si d’une manière ou d’un autre je peux vous aider n’hé­site sur­tout pas.

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Martine 26 novembre 2020 - 13:17

Je suis navrée de lire le cal­vaires que tu as vécu.
Je suis de tout cœur avec toi. Je ne peux que te sou­hai­ter bon cou­rage pour la suite.

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Maxence 26 novembre 2020 - 13:26

J’ai l’im­pres­sion que ce sont plu­tôt des femmes qui visitent ce blog... et bien je suis là pour réta­blir un peu de parité (!).
A la base, je suis venu car j’ai ado­ré vos pho­tos. Par curio­si­té, je me suis plon­gé dans votre récit, et vos mots sont très forts, votre his­toire est bou­le­ver­sante. Il me semble qu’en effet, vous êtes loin d’être la seule...
En tout cas, bra­vo pour votre cou­rage, car par­tir n’est pas facile, mais c’est mal­heu­reu­se­ment la seule solution.
Je vous sou­haite le meilleur pour les pro­chains chapitres.
Oh, et si un jour vous ren­con­trez quel­qu’un à nou­veau, ini­tiez le rapi­de­ment à la CNV (com­mu­ni­ca­tion non violente) 😉
Bonne continuation 🙂

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Rémi 26 novembre 2020 - 13:53

Mer­ci de par­ta­ger ton his­toire per­son­nel. J’i­ma­gine la dif­fi­cul­té pour toi de divul­guer ça, le tra­vail que tu as du faire sur toi pour sur­mon­ter toutes ses epreuves. j’i­ma­gine aus­si le sou­la­ge­ment que cela peut faire d’é­crire, de poser des mots, d’ex­pli­quer, de ne plus cacher ça. Force à toi pour la suite.

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Audrey 26 novembre 2020 - 13:55

Je n’ai pas l’im­pres­sion d’a­voir lu une fuite mais un cal­vaire sui­vi d’un départ libé­ra­teur. Le patriar­cat nous serine que si on ne s’ac­croche pas à ces hommes qui nous font mal, on fuit, on ne fait pas assez d’ef­forts. Tu as assez souf­fert, tu n’a­vais pas à souf­frir, c’est lui qui devrait fuir de honte devant ta colère et celle de toutes les femmes. Je suis heu­reuse que tu aies retrou­vé la garde de ta fille et même si je connais­sais ces sta­tis­tiques gla­çantes sur la garde accor­dée au père, consta­ter une fois encore que les hommes vio­lents sont consi­dé­rés comme de bons pères me donne envie de tout cas­ser. Je te sou­haite du cou­rage et de la paix pour la suite.

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Mathilde 26 novembre 2020 - 14:04

Ton article est bou­le­ver­sant, j’en ai les larmes aux yeux. Je n’ai pas les mots, mais en tout cas je vou­drais te sou­haite un bon cou­rage pour la suite et conti­nuer de tra­ver­ser les épreuves. On se rend compte qu’il en faut du cou­rage pour par­tir et arri­ver à se libé­rer de l’emprise d’un conjoint violent et que rien ne semble fait pour faci­li­ter la vie aux femmes qui subissent des vio­lences conju­gales. Bra­vo pour ton témoi­gnage car en par­ler publi­que­ment est éga­le­ment dif­fi­cile je pense.

Répondre
anne-fleur 26 novembre 2020 - 14:10

La parole des femmes est tel­le­ment invi­sible, c’est révol­tant. Tu te bats si fort, bra­vo pour tout ce que tu as fait et pour cette force d’a­van­cer pour vous deux ! Les asso pour femmes vic­times de vio­lence peuvent faire un bien fou. Par­ler, être recon­nue et soutenue.
Tu as déjà accom­plie un che­min bien dif­fi­cile, par­tir. Je te sou­haite tout le meilleur pour la suite.

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Sophie 26 novembre 2020 - 14:56

Un récit bou­le­ver­sant. Tu as eu le cou­rage de te battre pour ta fille, pour une autre vie. Tu as le cou­rage de par­ta­ger aus­si à tra­vers ce récit gla­çant. Comme le dit Cha­cha, on ne sait jamais vrai­ment ce qui se passe dans la vie des gens, pour moi aus­si tu étais la blo­gueuse voyage qui s’é­cla­tait dans son métier, je ne pen­sais pas du tout que der­rière cette vitrine pou­vait se jouer tout autre chose. Après ce par­cours dif­fi­cile, je te sou­haite comme l’on dit : tout le bon­heur du monde.

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Malicyel 26 novembre 2020 - 15:08

Je suis tel­le­ment déso­lée que tu aies vécu tout ça, et tel­le­ment contente que tu aies su par­tir. Et je te com­prends tel­le­ment quand tu dis que la vio­lence ne se mani­feste pas for­cé­ment au pre­mier ren­dez-vous. Qu’elle ne com­mence pas tout de suite. J’ai pu le voir chez une amie. Et dans mon propre couple, même s’il n’y a jamais eu quoi que ce soit envers moi, j’en ai per­çu les pré­mices et... ça me fai­sait peur. Pour­tant, je suis res­tée, parce que j’a­vais pré­ve­nu que si cer­taines choses se pas­saient de nou­veau c’é­tait fini, parce que je voyais qu’il avait de suite obéi à ma « menace », parce qu’il met­tait du sien et que si il voyait que je réagis­sais mal quand il s’é­ner­vait, il me ras­su­rait tout de suite. Parce que son dis­cours évo­luait aus­si et parce qu’il n’a­vait jamais eu per­sonne pour lui dire que ce n’é­tait pas « nor­mal » de réagir ain­si, parce que j’y croyais en fait. On est plus ensemble aujourd’­hui, il n’a jamais été violent ni par la parole ni par les gestes envers moi. Mais au fond, je peux te l’a­vouer, je n’ai jamais eu la cer­ti­tude abso­lue qu’il ne le serait jamais. 

C’est très dur de par­tir aux pre­miers coups. Parce que trop sou­vent, l’homme qui les com­met n’a­git pas en monstre. Il regrette. Il veut se faire par­don­ner. Il ne com­prend pas. Il n’au­rait jamais du faire ça, ça ne se repro­dui­ra pas. Il était fati­gué, il avait trop bu. Beau­coup de gens ne com­prennent pas ça. Que la vio­lence, c’est comme le viol, ça n’ar­rive pas que dans des ruelles sombres, ça ne se pré­sente pas tou­jours avec le visage de l’hor­reur. Mais quand on sait ce que c’est, on sait aus­si à quel point, par­tir, ça a l’air de rien, mais c’est tout.

Je te sou­haite beau­coup de cou­rage pour te recons­truire en tout cas, beau­coup de bon­heur aus­si, pour toi et ta fille, et toute ta vie <3

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Madi 26 novembre 2020 - 17:42

Je suis tel­le­ment déso­lée de ce que tu as subi.
On ne se connait pas vrai­ment, je suis tes voyages depuis long­temps, ici puis sur twit­ter. Je me suis éton­née de la dis­pa­ri­tion du père de petite oreille du pay­sage, puis de ton silence ces der­niers mois, j’ai pen­sé que tu vou­lais sur­ement res­ter dis­crète sur ta vie pri­vée. Je ne sais pas ce qu’on peut faire quand on est un simple lec­teur, à part t’en­voyer un sou­tien somme toute très virtuel.
Tu as fait ce que tu pou­vais pour pro­té­ger ta fille. Et pour te pro­té­ger toi. C’est très cou­ra­geux. Il fau­dra encore sur­ement beau­coup de temps pour arrê­ter d’a­voir peur. Mer­ci d’en avoir par­lé, pour celles qui ont besoin de savoir que c’est pos­sible, de par­tir et de recom­men­cer une nou­velle vie. Je suis sou­la­gée pour toi que ça finisse moins mal. Vous allez pou­voir vous fabri­quer une meilleure vie toutes les deux.
Ton texte est très émou­vant, c’est pas du tout mon style les grandes effu­sions mais là tout de suite je vou­drais te ser­rer dans mes bras. Vous avez bien méri­té un peu de dou­ceur pour la suite. Elle ne peut être que meilleure que ce que vous avez traversé.

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Julie 26 novembre 2020 - 16:26

Quel récit bou­le­ver­sant, je vous sou­haite, à ta fille et toi, beau­coup de bon­heur pour la suite.

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Claire 26 novembre 2020 - 17:00

Bon­jour Auré­lie, mer­ci d’a­voir par­ta­gé un récit aus­si personnel.
Mal­gré ce que fait pen­ser le sys­tème dans lequel nous vivons, tu n’es pas seule, nous te voyons et t’en­ten­dons. Tu as pris les bonnes déci­sions depuis le début, tu es impor­tante, tu es forte et puissante.
Tu as le droit à la sécu­ri­té et à la bienveillance.
Ta fille va pou­voir s’é­pa­nouir et se struc­tu­rer grâce à toi et aux actions que tu as déjà faîtes et celles que tu feras. Vous êtes main­te­nant ensemble sur le che­min de la recons­truc­tion, je vous sou­haite tout le meilleur à toutes les deux.
J’es­père que tu conti­nue­ras de nous faire rêver avec tes voyages, tes textes et tes pho­tos. Très bonne fin d’an­née à toi. Claire

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Colette 26 novembre 2020 - 17:53

Je vous suis depuis très long­temps , vos pho­tos , vos récits de voyage me font rêver !
J’é­tais loin de me dou­ter de ce qui vous arri­vait .... pen­sant à une pause !
Je peux sim­ple­ment vous dire que vous avez été cou­ra­geuse et avez fait le bon choix !
Je vous sou­haite le meilleur pour la vie à venir pour vous et votre petite fille

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katell 26 novembre 2020 - 19:21

Quel texte poi­gnant, com­bi­né à tes magni­fiques pho­tos (par­ti­cu­liè­re­ment celles des bou­que­tins ), j’en ai eu plu­sieurs fois les larmes aux yeux. Bra­vo à toi pour avoir eu le cou­rage de par­tir. Je ne te sou­haite pas bon cou­rage car c’é­tait avant que tu en avais besoin....maintenant tu es libé­rée, com­plè­te­ment si tu as la garde exclu­sive de ta fille.
Mer­ci pour ton témoi­gnage <3

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Piotr 26 novembre 2020 - 22:48

Texte dur à lire... parce que c’est une réa­li­té qui est dif­fi­cile à ima­gi­ner pour ceux qui n’y ont jamais été confrontés.
Cou­rage à vous deux. Tu as subi mais tu t’es bat­tue jus­qu’au bout et tu as gagnè le com­bat. Pour toi. Pour elle.
J’espère que tu auras l’oc­ca­sion de faire de belles ran­don­nées à l’a­ve­nir aux côtés de ta fille.
J’es­père que le temps t’ai­de­ra à te reconstruire...
P.S : superbes pho­tos de bouquetins

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Romain 27 novembre 2020 - 5:50

Très tou­ché par ce témoi­gnage ; je suis lec­teur (silen­cieux) de très longue date, je retra­çais à l’instant ton par­cours par­ta­gé dans ces pages et les sou­ve­nirs que j’en ai gar­dé, l’impression de vous connaitre un peu, toi et ta fille…
Je vous sou­haite le meilleur à toutes les deux, de pou­voir vous recons­truire en sécurité.

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Gaëlle 27 novembre 2020 - 12:38

Ton texte est bou­le­ver­sant, tes pho­tos très belles et ton com­bat prend aux tripes. Je suis heu­reuse de savoir que tu as récu­pé­ré la garde de ta fille et j’es­père que le che­min devant vous s’an­nonce déga­gé et léger. Prends soin de toi et d’elle.

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Salomé 27 novembre 2020 - 15:19

Mer­ci pour ton témoi­gnage. Je suis de tout coeur avec vous.
Et tes pho­tos sont tou­jours aus­si magnifiques.

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Fanny 27 novembre 2020 - 16:19

Mer­ci pour ce temoi­gnage bou­le­ver­sant. C’est tel­le­ment impor­tant d’en par­ler et en meme temps quand on voit com­ment la parole des femmes est sys­te­ma­ti­que­ment remise en ques­tion, cela est dou­ble­ment dif­fi­cile. Je suis heu­reuse que tu aies pu recu­pe­rer la garde de ta fille et elle a de la chance d’a­voir une maman aus­si forte ! J’aime beau­coup tes pho­tos et j’a­dore « voya­ger » à tra­vers tes images et tes his­toires. Je t’en­voie beau­coup de cou­rage et de forces d’Am­ster­dam ! <3

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Laurent 27 novembre 2020 - 18:09

Dif­fi­cile de trou­ver les mots pour réagir à ton récit d’une réa­li­té gla­çante. Je te sou­haite en tout cas d’autres tours du Mont Blanc plus serein et plus joyeux, ou des tours d’îles accom­pa­gnés de sou­rires indo­né­siens ou autre avec Petite Oreille. Apai­ser cette souf­france et tour­ner autant qu’il est pos­sible la page de ce cauchemar.

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Nicolas 27 novembre 2020 - 18:47

Je ne sais pas quoi dire, on se connait très peu, mais je suis bou­le­ver­sé par ton texte...
Tes pho­tos sont tou­jours aus­si magni­fiques et tu écris très bien !
Je n’ose ima­gi­ner à quel point ça doit être dur de taper ces mots, quelques mois après, trai­ter ces pho­tos qui doivent te replon­ger dans des émo­tions que tu aime­rais sûre­ment ne plus ressentir.
Avec tout mon sou­tien. Si un jour je peux aider, tu sais com­ment me trou­ver, je le ferai avec grand plaisir.

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Bianca 27 novembre 2020 - 20:46

Je ne com­mente pas sou­vent, mais là...

Je suis remuée, ren­ver­sée. Par ce que tu as dû tra­ver­ser et avec quoi tu dois encore com­po­ser cer­tai­ne­ment, par le récit, pognant, vrai, dif­fi­cile, par le contraste entre la beau­té de tes pho­tos et l’in­ten­si­té des vio­lences qu’il a diri­gé vers toi, entre ta dou­ceur et l’ab­sur­di­té du com­bat que tu as dû mené pour te pro­té­ger et pro­té­ger ta fille.

Prends bien soin de toi et d’elle maintenant...

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Mari Carmen 28 novembre 2020 - 11:55

Bue­nos días, Auré­lie. Leo tu blog desde hace muchos años, porque me gus­ta la foto­grafía y porque es una mane­ra de prac­ti­car mi fran­cés. Te des­cu­brí sien­do tu hija un bebé. Me encan­tan tus fotos y tu mane­ra de des­cri­bir los viajes. Desde hacía un tiem­po me pre­gun­ta­ba el por qué de tus viajes sola con tu hija. Pen­sé que tu mari­do habría muer­to, o que te habías divor­cia­do. Aho­ra lo entien­do. Has sido muy valiente por com­par­tir tu his­to­ria. Me ale­gra que pue­das empren­der una nue­va vida con tu hija y jun­to a las per­so­nas que te quie­ren. Yo segui­ré espe­ran­do tus repor­tajes, tus fotos, y deseán­dote lo mejor para ti y tu niña. Cuí­date mucho.
Salu­dos desde Madrid.
Mari Carmen

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Laurélen 29 novembre 2020 - 12:25

Bon­jour Aurélie,
Dif­fi­cile de trou­ver les mots après la lec­ture de cet article et de ne pas être mal­adroite. L’an der­nier, après avoir publié l’un de tes sublimes articles sur ton voyage en Indo­né­sie avec Petite Oreille, une per­sonne t’a­vait deman­dé sur Twit­ter « et la place du père dans tout ça ? ». Je me rap­pelle avoir trou­vé cette ques­tion extrê­me­ment vio­lente parce qu’on ne sait pas ce qu’il se passe dans la vie des gens. Aujourd’­hui, tu peux être fière de toi et du che­min par­cou­ru. Mais encore une fois, c’est une remarque en demi-teinte car je ne peux ima­gi­ner la vio­lence de devoir conti­nuer à côtoyer ton bour­reau et de devoir lui lais­ser ta fille une semaine sur deux... Je vous sou­haite plein de bonnes choses pour la suite à toutes les deux. Une vie rem­plie de dou­ceur, d’a­mour et de moments heu­reux à deux.

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Marie 29 novembre 2020 - 14:48

Bon­jour Aure­lie. Je suis la maman de Aude. Je t’ai connue gamine. Ton récit est très émou­vant. Je connais­sais ta situa­tion et cela fai­sait mal au cœur de savoir que tu devais lais­ser ta puce en com­pa­gnie d’un monstre. Tu as récu­pé­ré la garde de ta petite et cela me fait chaud au cœur. Je sais que tu vas pro­fi­ter de cette nou­velle vie au maxi­mum. Conti­nue tes voyages... Et pro­fites, mais ça, je sais que tu vas le faire

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Julien 29 novembre 2020 - 14:58

Ces mots, il fal­lait que tu les écrives et qu’ils soient lus. C’est impor­tant, essen­tiel, pri­mor­dial. Quand je revois le sou­rire de ta fille lors de cer­tains voyages où nous nous sommes retrou­vés, quand je repense à elle qui n’avait que quelques mois... Je sais. Je sais que tu es une mer­veilleuse maman. Aujourd’hui, ma com­pagne est enceinte et nous atten­dons l’arrivée d’une petite prin­cesse. Je n’ai qu’un modèle, qu’une autre petite à laquelle j’adorerai qu’elle res­semble : ta fille. Je ne sais pas. Je ne sais pas de quoi il est capable, jusqu’où il peut aller. La cer­ti­tude est que son pas­sif, ses pas­sions et son gaba­rit ne font pas de lui un ange. Tu as fait les bons choix, je ne doute pas que l’avenir sera bien plus joyeux. Tu, vous le méri­tez, elle et toi. Fina­le­ment, les che­mins les plus com­pli­qués à tra­ver­ser ne sont pas les mon­tagnes ou déserts, mais les mau­vaises sur­prises de la vie.

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Marie-Julie 29 novembre 2020 - 14:58

Bou­le­ver­sée, je suis. Entre les lignes, j’avais per­çu beau­coup de dou­leur. Mais jamais tout ça. Gros câlin à toutes les deux et sur­tout, dou­ceur et paix. Prends bien soin de toi.

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lalydo 29 novembre 2020 - 15:38

Dif­fi­cile de trou­ver les mots juste après la lec­ture de ton récit. Prends bien soin de toi et ta jolie Petite Oreille, le che­min sera long mais toutes les deux, vous serez plus fortes ♥

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Maud 29 novembre 2020 - 18:01

Ton récit et ta déter­mi­na­tion m’ont pro­fon­dé­ment touché...cette réa­li­té m’a mise en colère car par­fois je reste sans mot devant cer­taines inco­hé­rences de notre système.
Je te suis depuis tes débuts et je suis en admi­ra­tion devant tes pho­tos. Je me sou­viens très bien cet été quand tu annon­çais ton départ pour ce périple vers le Mont Blanc, ma sœur y était au même moment. J’espère que tu conti­nue­ras à nous faire par­ta­ger ta pas­sion de l’image et j’espère un jour avoir la chance de par­ti­ci­per à un de tes voyages photos.
La prio­ri­té est que tu retrouves calme, séré­ni­té et que tu puisses pro­fi­ter de ta fille, vous trou­ve­rez la force de vous recons­truire ensemble.
J’ai beau­coup d’admiration pour ta force et ton cou­rage car oui il faut un cou­rage inouï pour sor­tir ce vécu dou­lou­reux du plus pro­fond de soi, et de la force pour se battre contre un sys­tème et des per­sonnes qui ignorent ou pré­fèrent balayer d’un revers de la main des com­por­te­ments ou situa­tions inacceptables.
Il y a du che­min mais il faut se battre pour que ce que tu racontes ne soit plus accep­té ou mini­mi­sé dans notre société.
Mer­ci pour ta sin­cé­ri­té, je par­tage ta colère mais je te sou­haite sur­tout un ave­nir meilleur avec ta fille.
Je vous envoie des pen­sées positives
❤️🌸🍀❤️

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Natacha 29 novembre 2020 - 23:08

Il s’a­git d’un récit poi­gnant et criant de tris­tesse et de détresse qu’on ne peut que com­prendre. La vie nous joue bien des tours ! Je vous envoie beau­coup de cou­rage et de ten­dresse pour tra­ver­ser cette étape dif­fi­cile e la vie vers des jours plus heu­reux <3

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Anne-Marie 29 novembre 2020 - 23:22

Bon­jour Auré­lie. Je viens de finir la lec­ture de ton texte. Bou­le­ver­sant ! J’ai été émue aux larmes tout au long de ton récit, par tout ce que tu as tra­ver­sé, de la dou­leur de vivre avec un homme violent et mani­pu­la­teur. J’ai com­pris tes voyages, ces fuites avec ta fille. L’éloge de la fuite. C’était le seul moyen de ne pas te perdre, de res­ter debout pour toi et ta fille. Tu as pris la bonne déci­sion : par­tir ! Ne plus le lais­ser te détruire, détruire ta fille ! Sur­vivre pour toi et ta fille ! Toi seule sait ce qui est bien pour ta fille et pour toi. Ne laisse pas les gens te juger. Il est le seul res­pon­sable de ses actes. J’ai vrai­ment été sou­la­gée de lire que fina­le­ment tu as la garde com­plète. Ouf ! Ne le laisse plus jamais essayer de te bri­ser, ni bri­ser le lien très fort que tu as avec ta fille. Tu est une jeune femme pleine d’extraordinaires qua­li­tés, cou­ra­geuse, solide, sen­sible, aimante, atten­tive aux autres et une grande artiste de la pho­to. Je t’envoie de mon loin­tain Qué­bec, plein de « pou­tou-pou­tous », 😘d’encouragements. Suis tou­jours ton ins­tinct pour toi et ta fille. Garde espoir en l’avenir. Sois heu­reuse. Je te sou­haite beau­coup de beaux moments, de petits et grands bon­heurs avec ta fille. J’ai confiance en toi.
Anne-Marie 🤓❤️

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Hélène 26 juin 2021 - 13:06

Bon­jour,
Beau­coup de belles choses vous attendent toutes les deux. C’est un com­bat d’une très grande vio­lence et tel­le­ment injuste que tu as du mener, tu es incroya­ble­ment forte. Mer­ci d’a­voir par­ta­gé, on oublie­ra pas.
Via Felicia

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Emilie 30 novembre 2020 - 16:04

Bou­le­ver­sant .... je n’ai pas d’autres mots !
Mer­ci de par­ta­ger ces mots, cette expé­rience, et ces photos.
Je ne veux pas être mal­adroite, alors je n’en dis pas plus, à part, bon courage !

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Mathylde Mordue de voyages 30 novembre 2020 - 22:12

Je ne sais sais pas quoi dire. Mer­ci d’a­voir témoigné. ❤❤❤

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Paul 1 décembre 2020 - 11:29

Tout mon sou­tien pour toi ! Tu as eu rai­son de racon­ter cette his­toire dra­ma­tique, il ne faut jamais hési­ter même si c’est ter­ri­ble­ment dif­fi­cile... Il faut oser dénon­cer, aller jus­qu’au bout, même si c’est vrai actuel­le­ment, le sys­tème de pro­tec­tion des vic­times de vio­lences conju­gales est défaillant. Toutes mes pen­sées vont vers toi et bon cou­rage pour ce nou­veau départ...

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Amélie 1 décembre 2020 - 14:56

Auré­lie, bou­le­ver­sée de te lire. Tes mots m’ont pro­fon­dé­ment tou­chée. Je vous sou­haite le meilleur, à toi et à ta fille. ❤

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Thierry 2 décembre 2020 - 17:30

Auré­lie, je te suis depuis 2013 envi­ron, j’ai vu arri­ver Petite Oreille dans ta vie, et j’ai vu dis­pa­raître la sil­houette mas­cu­line qui repré­sen­tait « l’é­chelle humaine » dans tes pay­sages, sans jamais soup­çon­ner le drame per­son­nel qui se jouait en cou­lisses. J’ai donc pris ton récit comme une claque, comme une mau­vaise nou­velle que m’an­non­ce­rait une vieille amie.
Bra­vo pour avoir osé reprendre en mains ta vie et celle de ta fille avec beau­coup de cou­rage, et pour avoir par­ta­gé ton his­toire. Je vous sou­haite beau­coup de bon­heur à toutes les deux, et je te sou­haite de faire les bonnes ren­contres qui te feront oublier ce cha­pitre douloureux.
Ah, et per­so, la rési­lience par la ran­do en mon­tagne, je dis oui bien sûr 🙂

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Celine 2 décembre 2020 - 22:27

Quel récit bou­le­ver­sant. Je n’ai pu m’empêcher de pleu­rer devant tant de souf­france, de colère et d’injustice. Je suis tel­le­ment heu­reuse que tu ai pu avoir la garde de ta fille.

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JCB 3 décembre 2020 - 23:02

Très ému de lire ce texte, rien n’ex­cuse une telle vio­lence ! Quel cou­rage dans ton par­cours, dans cet article aus­si, je t’ad­mire et te sou­tiens, en tout cas virtuellement.

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Aline 4 décembre 2020 - 20:50

Chère Auré­lie,
Je te crois.
Je t’en­voie de l’a­mour, des tor­rents d’a­mour et j’es­père enfin de la légè­re­té et du bon­heur insouciant.

Je t’embrasse,
Aline

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Alexis 15 décembre 2020 - 10:39

Les pho­tos sont superbes !!!

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Clara 16 décembre 2020 - 8:24

Quel miroir... moi qui pen­sais que la jus­tice avait changé ...
je suis aus­si une bour­lin­gueuse avec son reflex... son com­pa­gnon. Voyage et pho­to sont vitaux !!!
Ai fal­li moi aus­si pas­ser par la fenêtre ... et moi aus­si ai eu cet espoir que la jus­tice est là pour nous pro­té­ger et que le cal­vaire va ces­ser le jour où on décide de por­ter plainte... et qu en fait...
Et ces voyages, ces pro­jets, qui sont la bouf­fée de oxy­gène !!! Qui sont vitaux !!!
J’ai la chance de ne pas avoir la bles­sure de l’arrachement d’un enfant et d’avoir pu le sor­tir de ma vie, pas d’obligation envers lui.. Ma soli­tude m’a per­mis de m’enfuir à l’autre bout du monde... et de reve­nir dans qu il ne soit plus jamais là plu­sieurs années après. Des années de com­bat, mais pour moi c’est un autre livre qui est ran­gé. Et ma vie est eper­due­ment pho­to et voyages. Car contrai­re­ment à ce que ces hommes disent, et bien oui on est fortes et capables.
Mais com­ment faire confiance aujourd’hui même des années après ? Un reflex sera tou­jours là... puis une tente, (ou un van) et soi même en fait c’est bien aussi 🙂 

Oui les gens nous envie sans savoir ce qu il y a derrière ...
Mais c’est ma vie, elle est à moi et per­sonne ne me l enlè­ve­ra ! Sur­tout pas des bourreaux !

Je vous sou­haite tout le cou­rage nécessaire !
Mer­ci pour votre témoignage !
Triste de voir que rien ne change ...

Au plai­sir que le hasard nous fasse nous croi­ser sur un che­min de ran­don­née ... un che­min de vie 

Et bien sûr je m’en vais suivre votre for­ma­tion sur empa­ra 🙂 qui je sais, va me mettre les larmes aux yeux...! Sur­tout en ce moment que les ailes sont coupées ... 

Bien à vous
Forca !!!

Cla­ra

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Stéphanie 17 décembre 2020 - 16:35

Bon­jour Auré­lie, je ne vous connais qu’à tra­vers votre blog que je suis depuis un moment. Je vou­lais vous remer­cier d’a­voir publié votre témoi­gnage. Je tra­verse pra­ti­que­ment la même chose que vous : le har­cè­le­ment moral (ain­si que le viol conju­gal) a débu­té à la concep­tion de notre fille qui a 10 ans et se pour­suit encore à ce jour, 5 ans après le divorce alors qu’il a refait sa vie (et moi aus­si). Il a man­qué de me tuer 3 fois (je me suis retrou­vé abu­si­ve­ment en garde à vue), me vomit ver­ba­le­ment des­sus en per­ma­nence et me rabaisse, mani­pule notre fille. Rien ne peut l’ar­rê­ter et la der­nière déci­sion de la jus­tice pré­co­nise une énième enquête sociale alors que j’ai une avo­cate et que le dos­sier est béton. De plus, suite au divorce, il a gar­dé la mai­son et refuse de me rem­bour­ser la soulte dont il m’a for­cé à renon­cer chez le notaire. j’ai donc vécu 3 ans dans 26 m² avec notre fille en garde alter­née et à trier mes car­tons puis­qu’il m’a­vait tout jeté en vrac dedans. J’ai l’im­pres­sion de vivre un cau­che­mar et que jamais je ne serais libre de mes faits et gestes. Par moment, je suis comme vous, je ne rêve que de par­tir très loin avec notre fille...
Je vous sou­haite plein de cou­rage et de bon­heurs à venir avec votre fille
Stéphanie

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Marieke 9 janvier 2021 - 15:26

Auré­lie
Quel récit poi­gnant. Je suis bou­le­ver­sée par ton his­toire mais aus­si par le peu de cré­dit don­né à une femme en détresse. Quelle dou­leur à lire tes mots, j’ai les larmes aux yeux. Je suis fière de toi, de ton com­bat, qui semble enfin abou­tir. J’es­père sin­cè­re­ment que l’ho­ri­zon sera désor­mais plus serein pout ta fille et toi.

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Hassan 21 janvier 2021 - 15:59

Je suis cho­quée de reve­nir sur ton blog et décou­vrir ton cal­vaire et sur­tout pour ta belle petite fille.
Il va fal­loir du temps pour te recons­truire mais tu as déjà effec­tué une pre­mière étape, la libé­ra­tion, main­te­nant le temps, les beaux moments, les loi­sirs et l’a­mour de ta fille feront le reste. Je pense que ta recons­truc­tion pas­se­ra par l’é­cri­ture et la pho­to pour les­quels tu as une réel talent. Bon cou­rage et féli­ci­ta­tion de t’être sor­ti de cette pri­son psy­cho­lo­gique et physique.

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Le P'tit Nicolas 2 février 2021 - 21:54

Quelle force de racon­ter tout cela... Bon cou­rage pour sur­mon­ter cette période difficile !

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Julie 13 février 2021 - 18:03

Récit bou­le­ver­sant. Plein de cou­rage et de bon­heur avec ta fille.

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Aurélie 2 mars 2021 - 15:03

Ton ex est un gros con qui fini­ra en taule et je suis hyper contente que tu ais la garde de ta fille. Tu as fait un bou­lot magni­fique avec elle. J’ai vu les voyages toutes ces années sur ton blog avec elle. Aucun doute, elle a une chance incroyable d’a­voir une maman pareille.
T’in­quiète pas, ton future sera lumi­neux, comme toi.

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Aurelie 4 mars 2021 - 12:34

Par­don pour les fautes de mon mes­sage pré­cé­dent, ce texte m’a beau­coup troublée.

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Isaac 30 août 2021 - 21:01

Mer­ci beau­coup Madame

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coralie 23 janvier 2022 - 20:44

J’ai vécu la vio­lence et les menaces contre nous deux, moi et mon fils, mais j’ai eu beau­coup de chance, il n’a pas mis ses menaces a exé­cu­tion après notre départ, et n’a pas non plus deman­dé la garde alternée.
Il prend tout de même mon fils le week-end, et ça suf­fit déjà un peu à lui retour­ner le cer­veau et à ce qu’il me dise par­fois des choses déplo­rables. Mais il n’est pas violent avec lui heureusement.
Par­tir a été très com­pli­qué. On a démé­na­gé en cachette un matin où il était absent. J’a­vais fait toutes les démarches en secret et on a empor­té ce qu’on pou­vait dans une camion­nette louée. Je sais main­te­nant – je l’ai su après- qu’on n’a pas le droit de faire ça. C’est la toute pre­mière chose que m’a dit l’a­vo­cat que j’ai appe­lé pour me renseigner.
La loi fran­çaise pro­tège vrai­ment bien les droits des pères appa­rem­ment. Comme si être un géni­teur était un exploit. Comme si ça suf­fi­sait à faire un bon parent. Nos enfants n’ou­blie­ront jamais ce qu’ils ont vu quand ils étaient petits.
Heu­reu­se­ment, aller en jus­tice lui fai­sait peur, et de toute façon il n’a­vait pas envie de s’oc­cu­per de son fils une semaine sur deux.
Ca a du être extrê­me­ment dur pour toi de lui lais­ser ta fille à chaque fois. Je suis vrai­ment heu­reuse que tu aies pu la retrouver.

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Titouan 23 février 2022 - 23:21

Je suis arri­vé par hasard sur ton blog, à tra­vers l’ar­ticle « com­ment je me suis décom­plexée du por­trait ». Je l’ai beau­coup aimé, et je pense qu’il me ser­vi­ra gran­de­ment. J’ai aus­si appré­cié ta façon d’é­crire, et j’ai par­cou­ru la suite du blog avec entrain. Tes pho­tos sont très belles, et le tout forme un ensemble harmonieux.
Ce der­nier article très per­son­nel m’a tou­ché, inter­ro­gé, ouvert les yeux aussi.
C’est très cou­ra­geux d’a­voir par­ta­gé ce récit.
Je te sou­haite le meilleur avec « petite oreille » et je conti­nue­rai de suivre tes publications.

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