Rencontre avec Rémi, apiculteur à la Grange du Bois.
Voilà 10 ans que Rémi est apiculteur. Il a commencé pour le plaisir, avec trois ruches, avant de développer son activité sur plusieurs ruchers répartis dans la région. Ce matin-là, je le retrouve dans la forêt, au-dessus de la Grange du Bois. Il s’apprête à aller vérifier ses colonies et à appliquer un traitement bio contre le varroa, un parasite qui s’attaque aux abeilles.
Tandis qu’il prépare son enfumoir, Rémi m’explique avoir longtemps hésité entre travailler dans le social et devenir botaniste. Il a choisi la second voie sans pour autant oublier ses envies de contacts, en particulier avec des jeunes.
À la fin de ses études, il a travaillé comme jardinier, animé des ateliers dans des maisons de quartier puis est parti voyager. Une année de woofing plus tard, Rémi et sa compagne ont repris le gîte de la Grange du Bois avec l’idée de proposer également de l’accueil en milieu rural pour des jeunes pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Puis ils ont donné les clefs du gîte à Nathalie pour se consacrer à l’accueil social, et mixent ainsi aujourd’hui plusieurs activités, entre découverte de l’apiculture, production de miel, botanique, accueil de jeunes, et promenades avec des ânes. Rémi sourit en m’expliquant combien il aime voir ces jeunes faire des selfies au milieu des abeilles ou apprendre à prendre soin d’un âne. Rémi n’a certainement pas le temps de s’ennuyer !
Je demande à Rémi comment il a choisi le lieu où installer son rucher. Nous sommes sur une colline, en lisière de bois, face à la Roche de Solutré. Il liste ce qui lui paraît indispensable. Pour lui permettre d’apporter facilement du matériel, un accès en voiture. Pour le confort des abeilles, une exposition est/sud et un emplacement ombragé ainsi que des haies ou une pente qui protège des vents du nord. Les abeilles régulent elles-mêmes la température intérieure de la ruche, mais ne peuvent pas supporter des chaleurs prolongées trop intenses. Et puis, bien sûr, il faut des plantes mellifères alentour, pour produire le miel. Et pour cela, le Grand Site de France Solutré-Pouilly-Vergisson a une particularité que Rémi apprécie particulièrement...
En s’approchant du rucher, Rémi commence par ouvrir une boîte particulière : c’est un piège à frelons asiatiques. Un entonnoir, pourvu d’une série de trous, permet à tous les insectes d’entrer et de ressortir, sauf le frelon asiatique. Le frelon s’alimente de fruits ou de nectar, mais capture aussi des insectes pour nourrir ses larves, notamment des abeilles. Dans la boîte, cette fois-ci, il n’y a que trois frelons.
Rémi ouvre une première ruche, minutieusement, et donne quelques coups d’enfumoir. Il plaisante en disant que si ça se trouve, la fumée n’a aucun effet sur les abeilles, mais elle leur indique que « c’est bon, c’est le type en blanc, on ne risque rien, on reste calme » !
Il vérifie la présence de la reine et la santé globale de la colonie. Il laisse l’essaimage*EssaimageEssaimer, c’est quitter la ruche. Cela peut notamment se produire lorsque la reine vieillit et que les abeilles partent alors fonder une nouvelle colonie. se faire de façon naturelle et doit donc surveiller chaque ruche régulièrement. Rémi sort un premier cadre, puis un second. Cette première colonie va bien. Il ne lui reste plus qu’à placer son traitement à base de thym contre le varroa*VarroaSon nom complet, varroa destructor, donne une bonne idée du personnage... C’est un acarien originaire d’Asie qui était capable de vivre en symbiose avec les abeilles asiatiques, mais cause des maladies aux autres abeilles. .
Le nombre d’abeilles varie d’une ruche à l’autre, en fonction, notamment, de l’âge de la colonie, mais regarder chaque cadre « grouiller » d’abeilles, et les regarder voler tout autour de nous est très impressionnant. Rien que sur ce rucher, elles sont plus de 100 000... (il y a donc plus d’abeilles ici que d’habitants sur tout le Grand Site de France !)
Ce que Rémi aime particulièrement ici, juste à côté de la Roche de Solutré, c’est la variété et la richesse de la flore. Il m’explique que nous nous trouvons à un carrefour climatique, avec une forte influence méditerranéenne. La Grange du Bois marque un changement de sol et de végétation. On passe du calcaire au grès et au granite, et des vignes au bocage. Ainsi, sans avoir besoin de déplacer ses ruches, Rémi peut produire plusieurs miels différents grâce aux floraisons très étalées et à une grande variété de fleurs accessibles aux abeilles. De plus, le paysage vallonné et les pentes permettent d’éviter les gelées.
Au sortir de l’hiver, les abeilles produiront un miel de printemps grâce aux haies typique du bocage : fleurs d’aubépine et arbres fruitiers sauvages.
Ensuite, elles produiront du miel d’acacia, l’arbre étant répandu autour de la Roche de Solutré.
Enfin, en été, ce sera du miel de ronce et de châtaigner.
Rémi regarde les derniers cadres. Le rucher se porte bien et ce sera à nouveau une très bonne année pour le miel.
Sur le chemin, il a taillé quelques branches qui dépassaient. Il les dépose sur les ruches dans le but de faire plus d’ombre. Le traitement contre le varroa se diffuse avec la chaleur, et Rémi espère le rendre plus efficace en évitant que le soleil ne tape trop sur les ruches.
Il commence d’ailleurs à faire particulièrement chaud dans la combinaison, même à l’ombre des arbres. C’est l’heure de laisser les abeilles et d’aller se rafraîchir au restaurant du gîte de La Grange du Bois, juste à côté, où Rémi et sa compagne ont travaillé pendant quelques années, et où on trouve, justement, leur miel.
Découverte de l’apiculture et promenades avec des ânes.
Ladina et Rémi : 06 72 73 33 48
Cet article a été écrit dans le cadre d’une collaboration avec le Réseau des Grands Sites de France,
le Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson et RP Digital.
1 commentaire
Bravo et surtout merci pour ces belles photos et article. Je ne connaissais pas vraiment les raisons de ma venue ce matin là et je ne m’attendais pas du tout à un tel rendu, c’est chouette. Je ne sais pas comment vous avez fait pour mémoriser toutes les infos retranscrites dans l’article.
Au plaisir.
Rémi