Randonner, c’est apprécier d’avancer lentement sur un chemin pour ressentir chaque kilomètre et savourer les paysages. C’est donc une activité qui pourrait être parfaite pour de nombreux photographes. Immortaliser les changements du paysage depuis un sentier est très grisant, même s’il n’est pas rare, au retour, en regardant ses images, de réaliser qu’on n’a que des photos qui se ressemblent !
Pourtant, randonnée et photographie ne font pas toujours bon ménage, et c’est même l’occasion de gros dilemnes pour de nombreux marcheurs photographes.
J’avais une fois écrit un article sur la différence entre faire des photos pendant ses voyages, et voyager pour faire des photos. La conclusion est aussi vraie pour la randonnée : les compromis ne seront pas les mêmes selon que la priorité est donnée à la qualité des photographies, ou au plaisir de la marche en pleine nature. Et l’emplacement du curseur entre randonnée photo et photos de rando reste une chose très personnelle.
Je vais donc essayer de vous aiguiller dans les questions à vous poser pour ramener des photos de vos randonnées : quel matériel (photographique) choisir, quel sac pour transporter la tente et l’appareil, quels accessoires.
Pendant le trek du Laugavegur, en Islande
Quel appareil photo choisir ?
Ah. La grande question.
Réponse : ça dépend.
Voilà. Hop. Question suivante !
Bon, en vrai, on peut faire des bonnes photos avec tous les appareils, pas besoin d’un gros reflex. Selon moi, le meilleur appareil est celui avec lequel vous vous sentez bien.
Mais il faut penser à deux détails : le poids et l’autonomie.
Si votre sac semble assez léger en le sous-pesant, il faut imaginer ce qu’il donnera sur vos épaules pendant plusieurs heures, avec la gourde remplie et les provisions. Et le sac qui semblait si léger à l’aéroport devient bien lourd à la fin de la première journée de trek !
Il faut aussi être sûr que la batterie de l’appareil tiendra pour toute la durée de la randonnée, surtout dans le cas des treks en autonomie sur plusieurs jours. N’oubliez jamais que les batteries se déchargent beaucoup plus vite par temps glacial !
Il faut donc adapter le matériel en fonction de plusieurs facteurs, dont vous seul êtes maître (ça sonne bien ça, hein ?).
Choisir un appareil photo
A titre personnel, je reste une adepte du reflex full frame car quand on y a goûté, il est difficile de s’en passer. Généralement, je l’équipe du 16 – 35, mon objectif favori. La photo reste primordiale pour moi, et j’aime tellement la profondeur d’un grand capteur...
Pour autant, ce n’est pas forcément ce que je conseillerais à tout le monde. Ainsi, après avoir testé plusieurs fois des hybrides sur mes voyages (notamment celui-ci), je pense que ça y est, ils ont révolutionné le monde de la photo et sont maintenant une réelle alternative aux reflexs pour ceux qui veulent de la qualité en voyageant léger.
Le défaut principal de l’hybride en randonnée reste la faible autonomie. Comme l’appareil est très gourmand en batterie, il est nécessaire de le recharger très souvent. Pour le coup, c’est aussi ce que j’aime dans mon reflex : je peux canarder une semaine entière sur la même batterie.
Rando en raquettes dans les montagnes du Jura
Choisir son objectif
Je dis bien « son » au singulier, car j’ai tendance à alléger au maximum en randonnée. Bien sûr, si on part en rando dans le but d’aller observer la faune ou d’immortaliser les fleurs des montagnes, l’équipement sera différent. C’est toujours la règle en photo : choisir l’objectif qui correspond à ce qu’on espère photographier. Dès qu’on voyage, on apprend à restreindre ses envies, et encore plus en rando où on se mordra vite les doigts d’avoir pris le téléobjectif de 3kg pour rien (c’est quand on ne le prend pas qu’on voit des animaux, non ?)
Donc, j’ai envie de vous conseiller de vous contenter d’un seul objectif qui corresponde à vos envies photographiques. Pour ma part, c’est donc un grand-angle pour les paysages ! (mais qui me permet quelques portraits à 35mm !)
Les accessoires indispensables
En rando, il n’y a pas grand chose d’inspensable à la photo puisqu’on va justement essayer de s’allèger drastiquement. Mais il y a des accessoires que je garde quand même et dont je ne me sépare jamais :
- la batterie (ou les batteries selon la durée du voyage) de rechange chargée à bloc : parce qu’on n’est jamais à l’abri d’une batterie vide et qu’il n’y a rien de plus frustrant !
- le filtre polarisant et le pare-soleil : c’est bien simple, ils sont vissés en permanence sur mon appareil. Outre les avantages qu’ils offrent pour faire de meilleures photos, ils me permettent aussi de protéger mon objectif. Je change d’ailleurs mon polarisant tous les ans, tant il se raye, mais mon optique est comme neuve !
- housse en caoutchouc pour mon boitier et protections lenscoat pour mon objectif : bien sûr, ça ne le sauvera pas en cas de chute de 10m, mais ça protège de tous les petits chocs et rayures.
Choisir un sac photo pour la rando
La question épineuse du sac photo. J’ai un peu tout testé au fil des années : le sac d’épaule en bandoulière pour l’accès rapide mais qui devient encombrant dès qu’on doit un peu escalader, l’appareil dans le sac de rando protégé par un pull... A l’heure actuelle il existe pour moi deux possibilités :
Le sac Off-Road de Manfrotto
Je l’ai embarqué récemment sur un bout de GR20 en Corse. Le compartiment photo se trouve dans la partie inférieure du sac, où je logeais mon appareil, une batterie de rechange, quelques filtres. Dans la partie supérieure, j’avais mon duvet, des vêtements, les affaires de toilette et un peu de nourriture pour la journée. Il a vraiment bien tenu le coup. J’ai notamment apprécié la petite sangle qui permet de plaquer l’appareil contre soit lorsqu’on passe en mode escalade de rocher !
Le sac Off-Road pendant mon dernier voyage en Slovénie
Je lui avais consacré un article entier ici, et je pense que ce sac rempli bien sa tache pour les randonnées où on n’est pas trop chargés.
Les sacs F‑Stop
Le concept des sacs F‑Stop est simple, tout est modulable : on choisit la taille du sac puis la taille du compartiment photo qu’on met à l’intérieur. Tout un tas d’accessoires permettent ensuite de venir fixer une tente en bas, un matelas en haut, etc. Le défaut c’est qu’il est très cher et introuvable en France sans passer par la vente par correspondance. Personnellement, j’ai le modèle Satori, je l’ai bien traîné partout et il est toujours vraiment résistant. Je lui avais consacré un article ici après un mois de vadrouille au Vietnam (avec forcément, du trek dans le nord du pays).
Le F‑Stop dans le parc de Snowdonia, Pays de Galles
La question du trépied
Faut-il emmener un trépied en randonnée ?
A quoi sert un trépied : principalement à prendre des photos quand on ne peut pas tenir l’appareil ou à prendre des poses longues. Est-ce qu’une de ces deux utilisations vous concerne ? Si oui, prenez un trépied, sinon, hé bien, allégez votre sac et préservez votre dos !
Un soir, dans le plus haut refuge du GR20, j’étais contente de me coltiner un (micro)trépied :
Que photographier pendant ses randonnées ?
Assez parlé matériel, parlons photo ! Car oui, un fois l’appareil choisi et le sac rempli, on va enfin pouvoir s’amuser. Marcher, s’émerveiller et déclencher !
Prendre des photos tous les dix mètres
C’est le problème en rando : on avance lentement, et du coup, on ne se rend pas toujours compte qu’on va prendre des photos similaires pendant quelques kilomètres. C’est particulièrement vrai lorsqu’on grimpe sur une montagne. On se retourne, on se dit wow, on déclenche, mais finalement, il n’y aura pas de grandes différences entre chaque image.
Par exemple, ci-dessus, j’ai trois fois le même cadre, avec des détails qui changent. J’ai aussi la version avec un randonneur en petit sur un sentier, avec un arbre rigolo, avec les pierres peinturlurées aux couleurs du GR20... Bref, il y a du tri à faire. Mais pourtant, j’ai prise toutes ces photos en connaissance de cause. Je préfère faire du tri au retour et devoir choisir entre deux photos correctes que de m’interdire d’en faire sur place et le regretter ensuite. Sur le moment, je ne suis jamais capable de véritablement juger de la qualité d’une photo ou de sa composition. Donc, même si j’ai l’impression de refaire plusieurs fois la même image, hé bien je déclenche autant de fois que ça me semble nécessaire. Par contre, je me force à essayer de trouver des variations : chercher le premier plan, la lumière, le détail que je n’avais pas dans la photo précédente. Le but étant bien sûr de faire le plus possible de bonnes photos pour ensuite choisir la meilleure.
Les paysages
Photographier les paysages est finalement un exercice difficile. Cela semble aisé, au premier abord. On pourrait croire qu’il suffit de s’arrêter, clic-clac et hop c’est reparti. Mais non. Si on ne veut pas être déçu de ses photos au retour, il va falloir soigner sa composition, essayer de trouver des « astuces » qui mettent en valeur le cadre et dynamisent les photos.
Vous trouverez sur le blog de nombreux conseils sur le cadrage (règle des tiers, etc.), je vais juste vous donner deux conseils très spécifiques à la randonnées (mais applicables quand même ailleurs).
Sortir des sentiers
On peut randonner en restant sur le chemin, profiter des paysages, les immortaliser pour le souvenir et être heureux ainsi. Mais si on veut rapporter de belles images, il faudra chercher le beau cadrage. Dans le respect des lieux où vous vous trouvez, bien sûr, mais il ne faut pas hésiter à monter un peu plus haut par exemple, ou à s’approcher d’une rivière, tourner autour d’un arbre. Repérez les endroits qui vous offriront une plus belle vue, ou les éléments intéressants à intégrer dans vos images.
Prédire les belles lumières
Parce que la photo c’est avant tout la lumière, il faut essayer d’avoir toujours un oeil sur le parcours et l’autre sur les nuages, et ne pas hésiter à attendre quelques minutes si vous êtes à l’endroit parfait mais que le soleil va envoyer sous peu un rayon qui va tout sublimer.
Les autres marcheurs
C’est un conseil que j’ai souvent donné ici, mais intégrer des humains dans ses photos est souvent un bon moyen de les dynamiser, mais aussi de donner une échelle aux paysages (y’a un article qui en parle ici).
21 commentaires
Article très intéressant avec comme toujours de sublimes photos !
merci 🙂
Top ! Partagé sur ma page http://www.trekkingetvoyage.com 😉
merci !
article intéressant, comme d’habitude. Pour info, les sacs F‑Stop se trouvent en France, notamment chez Prophot à Paris ou chez Digit Photo à Metz
Super article !
Bonjour Madame Oreille, en troisième option vous devriez tester (si c’est pas déjà fait ) le petit sac ventral 🙂 très sympa pour la rando.
Votre photo de la voie lactée est très réussi.
Hello Aurélie !
Moi qui passe mes journées le sac sur le dos et l’appareil sur l’épaule, ton article m’a forcément interpelé !
Pour ma pratique, le plus important, c’est d’avoir l’appareil toujours à disposition. Je n’ai pas trouvé d’autre solution que de le porter à l’épaule en permanence (du coup, j’ai de la corne entre le pouce et l’index à force de pendre ma main à la sangle 😉
C’est sympa les compartiments dans le sac, mais je trouve que poser le sac (18 kg pour ma part...) pour choper le matos à chaque fois, c’est pas vivable. Je n’ai pas trouvé de sac qui satisfasse mes besoins. Mais je ne connaissais pas les fstop, merci pour la découverte, ils ont l’air bien foutus !
Du coup le compromis que j’ai trouvé c’est un sac rando vraiment taillé pour la rando avec des poches solides sur la ceinture ventrale où je range mes deux petites focales fixes (leur intérêt, justement, c’est d’être petites et légères). Ainsi j’ai toujours tout sous la main !
Je préfère me trimballer trois optiques top moumoute (21mm, 35mm et 110mm, j’avais justement choisi Pentax pour la compacité) plutôt qu’un gros zoom qui fait tout pas trop bien pour un poids et un encombrement trop importants (je sais le débat ne date pas d’hier...). Avec ça, je suis équipé pour presque tout. Certes, pour mes photos d’animaux, une large partie du cadre est réservée... au paysage !
On ne change pas une recette qui fonctionne ! Toujours un régal de vous suivre
Merci beaucoup 🙂
Très intéressant !
Je me réjouissais de lire cet article quand j’ai vu le poste sur Facebook l’autre jour et je ne suis pas déçue. Pour notre part, nous avons choisi de faire l’acquisition d’un hybride à cause de notre amour pour la randonnée et je suis heureuse de notre choix. On emmène toujours notre 16 – 55mm et notre 55 – 200mm pour si jamais, c’est rageant de voir des animaux et de ne pas pouvoir les prendre en photo. Pour palier à la batterie qui se vide rapidement, j’ai un Xtorm Powerbank qui me permet de recharger plusieurs fois la batterie et c’est vraiment un super compromis. Nous pouvons partir une semaine en randonnée sans aucun problème si on n’oublie pas de le charger of course 🙂 Pour le sac, j’ai un sac Bach (50+5 litres) de rando complètement normal et j’ai une petite housse que je croche à la ceinture de celui-ci, encore un avantage de l’hybride, on peut le mettre à la ceinture. Pour l’instant nous n’avons pas encore de trépied alors on s’organise avec les moyens du bord et on pose l’appareil sur une veste, un sac ou caillou et on met le déclencheur à deux secondes pour éviter de bouger.
Ça donne envie de partir en randonnée ^^
Le gros problème de la photo en rando pour moi, c’est mon compagnon qui n’est pas du tout patient avec mes arrêts intempestifs ! Monsieur Oreille est peut-être plus compréhensif ?
« il va falloir soigner sa composition », tu résumes bien le problème (enfin, mon problème pour être exacte) ! 9 fois sur 10, je reviens de rando enchanté par les paysages traversés, la tout va bien, limite je crie à la terre entière « mais c’était génial », et puis j’enchaîne sur « tu vas voir les photos », et là, bah ça tourne au drame 🙁 Je n’aime pas m’arrêter sans arrêt quand je marche. Je suis tout sauf un stakhanoviste de la rando, mais j’aime trouver un rythme qui me va et le tenir. Du coup, pour soigner les compos, c’est raté, le drame de ma vie quoi 😉
C’est la photo qui m’a poussé à apprécier la randonnée. Avancer lentement, prendre une photo, admirer le paysage, continuer... Bref c’est vraiment une activité plaisante.
Merci pour ces conseils, c’est vrai que le filtre polarisant est un excellent accessoire. Je pense m’en procurer un. Tu en a un à me conseiller d’ailleurs ? 🙂
En voilà un article intéressant !
Je partage ton avis, notamment sur le fait d’intégrer des gens aux photos. Sinon il m’arrive fréquemment de prendre des photos tout en marchant, quand je suis au milieu d’autres marcheurs justement, pour ne pas perturber le rythme, et le résultat est parfois très sympa.
Bonne continuation !
Très bon article. Pour la question d’un trépied en randonnée, moi je pense bien qu’il faut alléger son sac sauf si on a un trépied petit et léger et qui peut devenir longue. Mais si on est bien parti pour une randonnée, il faut bien s’équiper avec un trépied professionnel, car on ne sait jamais ce qu’on peut trouver a photographié.
Petit ajout : quand vous emportez une ou plusieurs batteries de rechange par temps froid, placez-les dans la poche de poitrine de votre chemise. Ainsi elles resteront au chaud et donc mieux chargées.
Bonjour, super article
j’utilise un sac ventral LOWEPRO Etui Toploader Zoom 55 AW II Noir avec le harnais Topload Chest Harnessdes acheté sur amazon. L’appareil reste à portée de main et est protégé
Bonjour Aurélie,
Merci pour tous tes conseils. J’ai egalement testé le sac Manfrotto et il est pas mal. Il y a peu de sacs qui permettent autant de modularité. En plus, c’est plus discret en voyage car cela fait moins sac photos et plus sac de voyage. Pas mal pour certains voyage.