C’est une nuit d’été au bord de la mer Égée. La musique résonne, les gens dansent au son de la fanfare. Ce pourrait être n’importe quelle nuit mais ce n’est pas le cas : cette nuit, ma copine L. se marie, et je suis réconciliée avec la Turquie. Cet article, c’est donc un peu comme un conte pour enfants, où à la fin du week-end ils se marièrent et vécurent très heureux.
Oui, je vais utiliser des initiales, L., M. A., comme dans une série pour adolescentes. L. fêtait donc son mariage avec M. Une jolie histoire à la façon d’un film de Klapisch, où une française rencontre un turc lors d’un érasmus en Allemagne. Depuis quelques années, ils sont installés à Amsterdam. Alors ce soir là, ça ressemblait un peu à une blague belge, avec toutes les nationalités réunies sur une piste de danse.
C’était notre dernier soir en Turquie. Nous ne restions pas longtemps, je craignais la chaleur estivale. Juste quelques jours pour revoir les copains, et découvrir Izmir.
De la Turquie, je ne connaissais qu’Istanbul, et j’en gardais un souvenir mitigé, envoûtée par l’architecture, agréablement surprise par les quartiers « jeunes », mais mal à l’aise dès que je sortais des zones touristiques. J’avais fait l’erreur d’y aller seule, et j’avais dû supporter nombre de regards pesants. Surtout, mon séjour avait commencé comme un mauvais gag : la jolie chambre avec balcon réservée sur internet s’était transformée en sordide cagibi qui ne fermait même pas à clef (je vous passe les détails sur l’état général du truc et mes compagnons de chambrée à 6 pattes). Le site m’avait remboursée ultérieurement mais je ne voulais surtout pas avoir le même genre de surprise cette fois-ci, en famille avec un bébé de moins d’un an.
J’ai donc suivi les recommandations de L. et M. et me suis retrouvée, comme presque tous les invités du mariage, au Mövenpick. Et je ne l’ai pas regretté ! Quasiment au dernier étage, nous avions une vue superbe sur la baie, et tout était fait pour les familles : chaises hautes (propres et nombreuses !) au restaurant, petit lit bébé impeccable, et toute une collection de petits cadeaux sympas qu’on a pu garder avec nous (une déclinaison de produits autour du canard pour le bain, du peignoir au jouet !). Le personnel était aux petits soins pour réchauffer sa nourriture, au point que nous avons pris quasiment tous nos repas à l’hôtel.
[column][/column]A Izmir, je voulais principalement voir deux choses : le marché de Konak, et la cité antique voisine. Nous avons commencé par le bazar, pas très loin de notre hôtel. Notre petit monstre dans son porte bébé regardait partout, et tout le monde autour de nous était chaleureux, souriant. Nous longions un peu les murs, cherchant l’ombre, mais le bazar est un bon endroit pour découvrir la culture d’un pays.On y découvre les commerces, encore organisés par rues thématiques : si vous voulez des chaussures orthopédiques, ce sera telle rue, et pour les bijoux, telle autre. Les bijoux, parlons-en justement, ils tiennent une place tellement importante ici. Non que tout le monde s’affiche avec des parures clinquantes, c’est simplement le moyen d’offrir des cadeaux qui ne perdront pas leur valeur ; un placement, en quelque sorte.
Nous avons donc déambulé dans le marché, passant des odeurs des épices à celles des poissons, découvrant les brocanteurs et leurs vieux 33T de variété française, puis les arbres et les fontaines partout.
La promenade au marché s’est finie sur la place Konak. Nous aurions pu pousser jusqu’à l’Ascenseur, cette attraction qui permet une belle vue panoramique sur toute la ville, mais la chaleur bouchait complètement l’horizon.
Cherchant la fraîcheur, on a pris l’option promenade en mer. Pour se déplacer dans Izmir, on peut prendre le bateau. Ils sont réguliers, et peu chers pour des bourses françaises. A bord, l’air est frais, la vue agréable, et on sirote tranquillement des jus d’oranges pressés (car oui, j’ai retrouvé ma lubie d’Istanbul : profiter de ces oranges pressées devant vous, un délice !).
Je voulais voir les ruines d’Éphèse, une ancienne citée grecque, à quelques kilomètres d’Izmir. Grandeur et décadence, la mer s’est peu à peu retirée, causant la mort de la ville qui fut l’un des plus grands ports de l’époque. Il reste donc des ruines, et ce qui fut l’une des sept merveilles du monde.
Ayant envie d’aller au plus simple, nous avons demandé à une agence locale de nous y emmener pour la journée, et avons embarqué ma copine A. et son conjoint J. dans cette aventure. Une journée d’excursion dans un minibus tout de cuir vêtu.
Premier arrêt, une petite maison qu’on suppose avoir été très au conditionnel un endroit où la Vierge Marie aurait fini ses jours. Notre guide était convaincu de la véracité des faits, chaque élément du décor n’étant qu’une preuve de plus que Jean et Marie vécurent ici. La maison a été transformée en chapelle, une ligne de peinture délimitant la reconstruction de la ruine originelle. A l’extérieur, la ferveur religieuse bat son plein, cierges, eau bénite et mur de messages... Pour nous, c’est surtout l’occasion de remplir le brumisateur avec de l’eau fraîche. Vade retro Satanas, je me pchite de l’eau bénite pour survivre au cagnard.
Nous arrivons enfin dans la cité antique. Ne vous fiez pas aux photos, c’était noir de monde (si vous n’aimez pas les gens cliquez ici). Le site est en perpétuelle rénovation, chaque pierre devant retrouver sa place initiale, un jour. Sous le soleil, tout ce blanc nous éblouit, mais le lieu est magique, un véritable saut dans le temps.
La visite s’achève avec une envie de revenir un autre jour, moins chaud, plus longtemps. Notre guide nous emmène au restaurant. Il nous prévient, c’est un endroit particulier, une école. Il vend bien le truc, ça sent l’authenticité. Mais nous savons très bien à quoi nous en tenir, l’école est surtout un magasin de tapis où après chaque repas il faut assister à la démonstration. Le manège est fascinant, tout est rodé. On nous explique toute les étapes, de l’arrivée des matières premières jusqu’à la finition. Puis c’est le grand déballage. Nos vendeurs ont bien compris que nous n’achèterons rien, ils ne semblent pas s’en formaliser et déroulent des dizaines de tapis devant nous pour que nous constations leur variété et leur qualité. Nous, ça nous amuse bien.
Nous nous rendons ensuite au musée, où sont conservés les plus belles pièces d’Éphèse. La finesse des sculptures, la justesse des proportions, je reste fascinée par cette période et la maîtrise technique que de telles œuvres demandent.
La journée s’achève sur des fous rires. Après les tapis, puis les céramiques (je vous épargne les photos, mais finalement c’était le plus intéressant, le vendeur étant un véritable personnage) nous voilà dans une usine de cuir. Certes, le cuir est une spécialité locale, mais plutôt que de visiter un artisan, nous sommes dans un magasin d’usine. Lequel propose à chaque client d’assister à un défilé avant d’entrer dans la boutique. Nous voilà donc au premier rang, à regarder des modèles défiler, présentant des choses au goût douteux avec un enthousiasme proche du néant mais une bonne humeur amusante. Les pauvres passent ainsi leur journée à marcher devant des touristes coincés dans ce genre d’excursions, celles où on essaie de nous faire acheter des souvenirs pour récupérer une commission. Mais tant pis, on a visité Éphèse avec un guide qui connaissait son sujet, on a bien rigolé, et on a un brumisateur plein d’eau bénite.
Mon matériel photo sur ce voyage
Sac National Geographic Africa – Appareil reflex Canon 5d mark II – Objectif Canon 16 – 35 II – Objectif Canon 50 1.4 – Filtres dégradés LEE
8 commentaires
Hello !
Héhé, les fameux déballages de tapis... ça en deviendrait presque gênant des fois, puisque l’on sait bien dès le départ qu’on ne va rien acheter 🙂
Petite question concernant les photos au bazar : comment faisais-tu pour photographier les gens devant leur boutique ? Leur demandais-tu l’autorisation ? Comment réagissaient-ils ? Dois-tu parfois payer pour faire ces photos ?
J’ai beaucoup de difficultés à photographier les gens en voyage pour ces raisons... Il me semble qu’il y a quelques années, il ne suffisait que d’un grand sourire, d’une demande d’autorisation polie et d’une éventuelle discussion sympathique ensuite (selon le degré de timidité et de bavardage de chacun) pour pouvoir photographier. Mais maintenant, j’ai l’impression que touriste avec un appareil photo = machine à sous ambulante.
Merci !
Super la description de ton matériel photo à la fin de l’article. C’est une très bonne idée
ton reportage est superbe comme toujours et m’a rappelé plein de souvenirs et de fous rires lors de notre journée où l’on a visité Ephèse ! Pas de tapis pour nous mais une bijouterie immense et le défilé dans la boutique de cuir ! on a vraiment beaucoup ri ... heureusement la beauté d’ephèse en valait bien la peine !
Bonjour
Très belles images comme d’habitude. Et quel récit !!
J’ai la même question que Marion..?? demandez vous la permission ?
C’est vrai que tirer le portrait de quelqu’un en lui demandant..on perd le naturel.
Il n’y a qu’en Asie où la plupart du temps, c’est avec le sourire , notamment le Japon.
Bravo pour votre site et bonne route à tous.
Même en plein soleil, le rendu de t’es photos est superbe ! Comment fais-tu ?
Les ruines de la ville grecque sont impréssionantes
Super article, comme tu le sais mon voyage à Istanbul a été mitigé, je ferai bientôt un compte rendu de mon séjour là bas, car comme toi, d’autres choses m’ont dérangé, mais j’imagine très bien que la turque est un pays qui s’apprivoise et qu’il faut savoir y retourner pour se faire d’autres impressions. Encore bravo pour tes photos, et au passage curiosité, tous tes portraits du marché sont des « demandés » ? 😉
Bravo pour l’article ! Je ne connais pas encore la Turquie mais ton article me donne envie d’aller y passer quelques jours ! Les photos sont magnifiques, comme d’habitude !