En faisant la rétrospective des voyages que j’ai raconté sur le blog en 2013, je me suis rendue compte qu’un grand nombre de mes photos avaient un point commun : j’intègre très souvent le soleil dans mes cadres. C’est certainement le fait du 16 – 35, l’objectif qui ne quitte quasiment jamais mon reflex depuis que j’en ai fait l’acquisition, il y a un an et demi.
Montrer le soleil, jouer avec lui dans ses compositions, c’est un bon moyen pour donner une dynamique ou du relief à la photo, alors que l’heure n’est pas la plus jolie pour la lumière, puisque typiquement, on fera ça lorsque le soleil est encore assez haut ! (Si on attend qu’il se couche, les problématiques rencontrées sont alors différentes : voir cet article !)
Donc, aujourd’hui, petit article technique sur comment on peut photographier le soleil !
Alors, avant toute chose, ici je vais parler du fait d’inclure le soleil. C’est une nuance importante : n’utilisez pas ces conseils pour aller photographier le soleil au téléobjectif ! C’est une très mauvaise idée !
Ce n’est pas possible avec tous les appareils photos
Inclure le soleil sans avoir une grosse boule blanche qui crame tout (ou un paysage tout noir) n’est pas possible avec tous les appareils photo. Il est nécessaire d’avoir un capteur qui offre une dynamique suffisamment importante pour garder de l’information dans tous les extrêmes, sans obtenir une image trop contrastée. Le matériel influence également le rendu du soleil et du flare : la forme des pointes, et les « reflets », ces aberrations chromatiques qui apparaîtront peut-être dans les coins.
A titre d’exemple, voici deux images, brutes (sans retouche), prises au même endroit, à quelques secondes de décalage. La première est prise au 5dII (16−35, donc !) et la deuxième avec un iPhone. Les gros ronds roses sont le flare classique des smartphones...
Si je voulais être honnête, je préciserai que le 5DII partait avec un avantage très net, qui sera un accessoire très utile dans ces situations : un filtre polarisant sur l’objectif. En effet, celui-ci va densifier le ciel et renforcer le contraste avec le soleil.
Autre accessoire qui sera souvent utile : les filtres dégradés. Mais je vais les laisser de côté pour cet article, ça reste du matériel spécialisé et couteux.
La clef est dans l’exposition
Lorsque vous prenez une photo, l’appareil décide des réglages en se calant sur ce que devrait être une bonne exposition selon lui (une image ni trop claire ni trop foncée). Par exemple, vous êtes en mode Priorité à l’Ouverture, vous choisissez un diaphragme de 2.8, et le reflex va calculer qu’il faut une vitesse de 1/500ème de seconde pour que l’image soit exposée correctement. Si vous êtes en Priorité à la Vitesse, le boitier se basera sur cette même mesure de l’exposition pour choisir l’ouverture nécessaire, et si vous êtes dans un mode automatique, il choisira lui même les deux valeurs.
La mesure d’exposition est un truc auquel on fait rarement attention. Il en existe trois différentes :
- La mesure évaluative ou matricielle est certainement celle sur laquelle votre appareil est réglé. L’appareil analyse l’ensemble de la scène et détermine l’exposition en fonction de la luminosité globale. C’est simple à utiliser, et polyvalent.
- La mesure sélective à prépondérance centrale fonctionne un petit peu de la même manière, mais privilégie le centre de l’image.
- La mesure spot est assez rarement utilisée car l’analyse est faite sur un point très précis de l’image (chez Canon, il s’agira du collimateur central, et chez Nikon ce sera le même collimateur que celui de l’auto-focus).
Il n’y en a pas une meilleure qu’une autre : c’est à vous de choisir selon votre façon de travailler.
A titre personnel, j’aime beaucoup utiliser la mesure spot : je fais la mise au point et la mesure d’exposition avec le collimateur central, je verrouille les deux puis je fais mon cadrage et déclenche. Le plus compliquer sera de déterminer la partie de l’image qui sera, donc, correctement exposée. Ce ne sera pas le soleil, sinon le reste de l’image sera trop sombre. Ce ne sera pas les ombres, sinon le soleil sera trop blanc. Généralement, vous choisirez donc un entre deux, et si jamais c’est loupé, hé bien vous la referez en changeant vos réglages !
Sous-exposer son image
Une solution pour obtenir de beaux soleils en étoile consiste à sous-exposer volontairement son image. Cela consiste à dire à l’appareil « je veux ce réglage, mais je veux que mon image soit globalement plus sombre qu’avec l’exposition normale ». Sur mon 5DII, il me suffit de tourner la deuxième molette (celle de la face arrière du boitier), sur d’autres appareils il faudra maintenir un bouton enfoncé en tournant l’unique molette. N’allez pas trop loin dans la sous-exposition, le but n’est pas d’avoir une image sombre, mais de compenser un peu l’excès de luminosité qui gâche un peu le ciel.
Notons tout de même que ça n’est pas possible partout ni tout les jours : il faut avant tout une belle journée avec un beau ciel bleu !
De l’importance du RAW
J’ai souvent, sur ce blog, parlé de l’importance d’utiliser le format RAW, même en voyage. C’est un format qui, certes, demandera quelques minutes de développement au retour, mais qui permet de garder toutes les informations de la photo, ou tout du moins beaucoup plus qu’en jpeg.
C’est au développement qu’on va en profiter pour pousser quelques curseurs : donner un peu de lumière dans les tons sombres, un peu de matière dans les tons clairs. Il est impossible de vous donner des réglages types, tant tout dépendra de la photo, mais voici celle de Turin avant et après :
18 commentaires
Merci pour ces infos, j’ajouterais que la qualité et le type d’optique jouent aussi pas mal dans le rendu final. Certaines optiques rendent mieux le soleil de face en créant un belle forme étoilée plutôt qu’une grosse boule blanche.
L’utilisation d’un pare soleil peut aussi aider à limiter les reflets parasites sur l’image – qui peuvent aussi être intéressants à garder -
C’est vrai oui, c’est là qu’on voit la différence de prix entre deux optiques ! Mais même avec un bon objectif (j’ai le 16 – 35 de Canon) ça reste difficile d’avoir des belles étoiles en toutes circonstances. On reste dépendant de la météo (etc.) malheureusement.
Excellent billet. En effet, le filtre polarisant est un accessoire indispensable pour ce type de photographies !
C’est vrai que la mesure d’exposition est un élément que l’on ne modifie que trop rarement (enfin dans mon cas).
Une mise en garde toutefois, prendre ce genre de photo nécessite des précautions car il est dangereux de regarder le soleil dans le viseur. Quand je prends ce genre de photo, j’essaye de cadrer sans fixer le soleil, presque à l’aveugle.
Note : il ne s’agit pas d’aller photographier le soleil en lui même hein, mais juste de l’inclure, en petit, dans le cadre.
Un gros merci pour ce billet, je vais pouvoir tester tout ça lors de la prochaine journée ensoleillée !
Le soleil est souvent problématique dans les photos car on sait jamais comment s’y prendre. On va attendre un peu plus de soleil pour tester tout ça.
Plein de bons trucs pour réaussir l’exposition de ses photos, merci. Juste une petite précision, on obtient de beaux soleils en étoile en fermant beaucoup le diaphragme, soit en choisissant une valeur f élevée (f22 par exemple).
J’aurais dû le préciser, effectivement. Par contre, je déconseille les diaphragmes trop fermés car on perd beaucoup en piqué. Il vaut toujours mieux éviter les valeurs extrêmes des objectifs pour une qualité optimales.
Il pleut.
Hier je cherchais des infos sur internet suite à des flares gênants sur mes dernières photos ; j’ai lu ce post... et j’ai commandé aussi sec un filtre et un pare-soleil !! Merci donc !
Bonsoir, une petite piqure de rappel avec cet article est la bienvenue, la théorie est assimilé mais la pratique c’est pas automatique!!
[…] Inclure le soleil dans ses photos (et comprendre la mesure d’exposition). […]
merci pour cette technique, je prends aussi de nombreuses photos et je n’avais pas eu jusque là l’idée de jouer avec le soleil... mais en voyant le résultat particulièrement réussi sur ton site, je me dis que cela vaut le coup d’essayer de l’inclure dans la composition ! Merci pour les conseils !
Ces techniques peuvent être très utiles en effet, je me suis toujours demandé comment faire pour intégrer le soleil sur une photographie sans qu’il ne l’éblouisse totalement ! Tes astuces me permettront de m’en sortir la prochaine fois que je fais une session photographie de paysages. Merci à toi, j’enregistre ton article dans mon dossier techniques de photographies, à bientôt !
Les photos sont super magnifiques !!!!
J’ai découvert ton blog récemment par hasard et je dois dire que je bois tes articles. Le blog est vraiment chouette, joli template et tes photos sont magnifiques. Je pensais justement prendre des cours de photos bientôt mais je vais décaller un peu et aller fouiller ton blog. Ce n’est pas si souvent que l’on tombe sur de vrais beaux blogs alors c’est toujours bien de le mentionner 🙂
Bonne continuation !
J’ai hâte d’essayer pour le soleil en étoile ! mais c’est pas pour tout de suite !