Récit d’une journée humide dans les Cairngorms... qui se termine par une belle rencontre !
Aviemore, Écosse, un matin d’automne.
Il fait encore nuit quand je me réveille. Je suis arrivée la veille dans les Cairngorms, en fin d’après-midi. Je quitte mon hôtel, le Macdonald Highlands, en centre ville, d’un pas décidé. Le temps semble être légèrement nuageux. Je veux arriver dans les montagnes avant que le soleil ne soit trop haut.
Je marche jusqu’à la gare. Je vérifie l’horaire du premier bus. Les rues sont vides. Je contemple la gare et souris en pensant à Albus et Scorpius, qui vinrent ici il y a quelques années*.
Le bus arrive, j’achète mon aller-retour, il démarre. Nous ne sommes que trois dedans, en comptant le chauffeur. L’autre passagère descend peu de temps après. Moi, je vais jusqu’au terminus.
Je regarde les montagnes depuis la fenêtre du bus, les nuages semblent s’accumuler autour du sommet. J’ai un mauvais pressentiment. Je croise les doigts. La pluie commence à s’abattre sur les vitres. Je regarde les gouttes glisser sur le verre, en me demandant dans quoi je m’embarque. Le bus roule jusqu’à la station de téléphérique sous les rafales. Le vent secoue le véhicule, lourdement. Plus l’on gagne en altitude, plus la météo empire. Il va pourtant falloir que je sorte du bus, et que je trouve un abri.
Sitôt descendue du bus, je suis happée par le souffle. Le vent est violent. La station est encore fermée, il est beaucoup trop tôt. Je repère tout de même une porte ouverte et file me réfugier. Je dois lutter contre le vent pour avancer, et une fois à l’intérieur, je réalise que je suis déjà trempée.
Je m’installe dans un coin, tente de me réchauffer autant que possible. Me voilà condamnée à attendre. A attendre que la station ouvre, à attendre que le vent s’arrête. Je l’entends siffler par les interstices. Et de temps à autre il ouvre la porte avec fracas.
Une soupe aux champignons, bien chaude. La station de téléphérique abrite aussi une boutique de souvenirs et un petit restaurant. A l’ouverture, j’apprends, sans surprise, que le vent empêchera les téléphériques de fonctionner. Les rafales sont trop violentes, c’est dangereux.
Je m’installe dans la chaleur du restaurant. Le vent ne faiblit pas. Je suis rivée à la fenêtre, frustrée d’être cernée par de si jolis paysages, sans pouvoir en profiter. Comme un air de déjà vu, la météo de Grande-Bretagne ne semble pas avoir pitié de moi.
J’avais prévu de randonner le matin, seule, pour quelques photos aux jolies lumières, puis de retrouver un ranger à midi pour effectuer l’ascension du Ben Macdhui, l’un des plus hauts sommets de Grande-Bretagne. J’échange quelques mots avec lui, même si la randonnée ne pourra pas se faire. On l’appellera Neville car je ne me souviens plus de son nom.
La pluie a cessé. On voit même du ciel bleu par endroits.
Neville me propose de faire quelques mètres sur un sentier, pour me montrer les montagnes, m’expliquer un petit peu le type de flore que l’on trouve ici.
Je reconnais certaines plantes trouvées au Groenland. Il me confirme qu’ici, la biodiversité est proche de celle qu’on trouve dans les régions arctiques. Ça tombe bien, il fait justement un froid de canard. La pluie a repris de plus belle. Neville retourne se mettre à l’abri dans son bureau.
Je pourrais retourner prendre le bus, rentrer me mettre au chaud à l’hôtel. Il est très bien mon hôtel, il y a une piscine, une grande salle de sport et un cinéma juste à côté. Mais je décide de tenter ma chance sur le chemin, malgré tout. Ne pas regretter de ne pas avoir essayer. Je serre ma capuche et c’est parti.
Le vent ne faiblit pas. Tantôt de face, tantôt de côté, il rend mon avancée pénible. Mais je ne désespère pas. Parfois, les paysages brumeux peuvent avoir une certaine poésie.
Je prends quelques photos au fil de la marche. Le temps de regarder dans le viseur, l’objectif est couvert de petites gouttes. J’essaie de privilégier les cadrages dos au vent, protégeant mon matériel avec mon blouson, tant bien que mal. Je sais que ce ne sera pas une bonne journée pour la photo, mais je n’ai pas envie d’abandonner. Peut-être vais-je trouver un superbe point de vue au bout du chemin ?
Non.
Après plus d’une heure, trempée jusqu’à l’os, j’arrive face à un mur. De hautes montagnes se dressent devant moi. Le chemin se perd dans les éboulis. Et ma motivation aussi.
J’ai du mal à tenir debout tant le vent est fort. Je décide qu’il est temps de déclarer forfait. Impossible de penser traverser ce champ de cailloux quand je manque m’envoler à chaque pas. Je repars dans l’autre sens. Le vent souffle dans mon dos, me pousse. Mes pieds glissent sur les gravillons, par la seule force d’Éole.
J’avance, beaucoup plus vite qu’à l’aller, trébuche plusieurs fois à cause des rafales.
Et soudain, la pluie se calme, le vent aussi, et un arc-en-ciel se dresse face à moi.
Je continue d’avancer, quitte un petit peu le chemin pour un meilleur angle... et me retrouve nez-à-nez avec un renne ! Il détale en courant, j’essaie de le prendre en photo rapidement et je réalise qu’il y a en fait tout un troupeau, au pied de l’arc-en-ciel.
Je n’ai pas de téléobjectif avec moi sur ce voyage. Alors je m’installe et je les regarde, à une dizaine de mètres. Les rennes avaient totalement disparu d’Ecosse jusqu’à il y a quelques années. Le plateau des Cairngorms est parfaitement adapté pour eux : c’est le plus haut et le plus froid de Grande-Bretagne, au point d’y avoir encore de la neige en plein été. Les rennes ont donc été réintroduits dans le parc national. On trouve un troupeau semi-domestique et des troupeaux sauvages, comme celui-ci, qui descendent manger de temps en temps.
Ils finissent par sauter par-dessus une petite rivière pour passer de l’autre côté de la montagne. Je suis déjà trempée, je les regarde s’éloigner sans essayer de les suivre. Puis je reprends mon chemin, heureuse de cette rencontre un peu magique.
Le vent se lève à nouveau, mais le soleil fait son apparition. Le retour n’est pas désagréable.
* Ceci est un clin d’œil à Harry Potter, désolée pour les non-initiés
Mon matériel photo sur ce voyage
Sac National Geographic Africa // Appareil reflex Canon 6d // Objectif Canon 16 – 35 2.8 avec filtre polarisant
// Filtres dégradés LEE + Big Stopper // Trépied Manfrotto Befree carbone //
Ce voyage a été réalisé en partenariat avec Visit Scotland et Visit Britain dans le cadre du #STSInverness. Néanmoins, je reste libre dans mes choix de voyageuse comme dans ceux de blogueuse.
12 commentaires
Des photos à l’ambiance mystique ! J’adore !
Magnifiques photos!!
Certainement notre prochaine destination l’Ecosse, tu nous donnes encore plus envie d’aller découvrir cette contrée.
Superbes photos, à l’ambiance orageuse et surréaliste, avec ce magnifique arc-en-ciel qui donne un petit air onirique au paysage... Ton récit est vraiment chouette, on est plongé dans ce que tu racontes et on imagine ce que tu as pu ressentir... Parfois, l’imprévu et au rendez vous et nous fait oublier tout le reste, j’ai déjà vécu le même genre de situation, et le souvenir que j’en garde est impérissable ☺
Très très bel article ! Des photos magnifiques et un texte qui enrichit l’émotion qu’on ressent en suivant ce voyage. Bravo !
Il faut parfois s’accrocher (sans mauvais jeux de mots), ton récit en est la preuve ! Quelle rencontre, cela valait le coup 🙂
L’Ecosse c’est juste... wow. Je n’ai plus de mot, j’ai épuisé tout le champ lexical à force d’en parler ! Et tes photos toujours aussi réussi !
Vos photos sont sublimes ! Je ne connaissais pas du tout votre blog et je cherchais des infos randonnées à faire pour mon prochain voyage en écosse... Merci merci merci ! Une belle immersion avec des pays à couper le souffle. Des endroits qui creusent l’appétit et qui nourrissent mon désir de les visiter.
Super photos avec l’arc-en-ciel.
Superbe billet et magnifiques photos qui me rappellent des souvenirs ! Si je n’ai fait que traverser les Cairngorms, je connais un peu les Highlands pour y avoir randonné à plusieurs reprises et la météo est toujours « intéressante ». Passionnante en fait... L’incertitude des éléments, l’aspect imprévisible et terriblement fluctuant du temps écossais, tout cela rend humble face à la nature, patient et au final, les Highlands nous le rendent toujours à travers des couleurs uniques et des paysages épiques qui se méritent. Il y a une tendance à penser que ce sont ces moments là les plus marquants, l’aspect dramatique de ces montagnes est encore plus poignant sous les nuages, la pluie, le vent, dans la tempête, que par grand soleil, enfin il s’agit d’un constat personnel bien sûr, mais ce sont des moments qu’on oublie jamais ! 😉
J’adore les photos, quelle ambiance ! Très cinématographique comme lieu. Ça me rappelle le dernier « Macbeth ».
Tous ces clichés sont superbes, comment faites-vous pour prendre de si belles photos ? Tout ce que je vois jusqu’à présent me donne encore plus envie de voyager. Continuez à poster d’autres articles.