Conseils pas à pas pour réussir ses photos d’aurores boréales : quel matériel ? quels réglages ?
- C’est quoi, une aurore boréale ?
- Où voir des aurores boréales ?
- Quand peut-on observer les aurores ?
- Quel est le matériel nécessaire pour photographier les aurores ?
1. Le boîtier
2. L’objectif
3. Le trépied
4. La télécommande
5. Les batteries - Mise au point, réglages et marche à suivre
Comprendre les aurores polaires
On les appelle aurores boréales dans l’hémisphère nord et aurores australes dans l’hémisphère sud mais elles résultent du même phénomène : une histoire de particules solaires qui s’électromagnétisent. La libération de cette énergie crée le phénomène coloré. Si les aurores sont généralement vertes, c’est tout simplement parce qu’il s’agit de la couleur dégagée par l’oxygène, l’élément dominant dans les particules solaires. Toutefois, selon l’altitude et les composants des particules, on peut également observer des aurores polaires violettes, bleues ou rouges.
Je ne vais pas rentrer plus dans les détails ici. Allons directement à la conclusion : la puissance de l’aurore dépend de phénomènes strictement physiques qu’on sait mesurer. Ce qui veut dire qu’on est aussi capable de les prévoir un minimum ! (il reste une part d’aléatoire, comme avec les prévisions météorologiques, bien sûr).
Où observer les aurores boréales ?
Pour admirer les aurores dans l’hémisphère nord, il faut se rapprocher du Pôle. On pourra choisir d’aller en Scandinavie, en Islande ou en Sibérie. On pourra aussi aller au Groenland ou dans certaines régions du Canada. De manière générale, si vous entrez dans le cercle polaire arctique, vous avez de bonnes chances d’en voir ! A titre personnel, j’en ai vu en Alberta (Canada) ainsi qu’aux Iles Lofotens, en Norvège.
Quand peut-on voir les aurores boréales ?
Pour voir une aurore boréale, il faut qu’il fasse nuit. Je ne vous apprends donc rien si je vous dis que la meilleure période se situe entre septembre et avril. Plus on se rapproche des latitudes nordiques, plus les journées hivernales sont courtes (en été, à l’inverse, l’ensoleillement est très long ; ces mêmes régions bénéficient du soleil de minuit). Selon le lieu et le mois, on peut donc commencer à observer les aurores boréales dès 16h ! Pour connaître, entre autre, la durée d’ensoleillement d’un lieu à un date précise, rendez-vous sur ce site (ma référence quand j’organise mes journées !).
Lorsque vous prévoyez votre voyage, évitez les semaines de pleine lune. Pour toutes les photos de nuit en général, si on veut voir les étoiles, il vaut mieux choisir des moments sans lune car celle-ci génère beaucoup de lumière parasite !
Pour savoir s’il sera possible de voir une aurore boréale, il y a deux données à connaître : la météo et l’indice Kp. Les aurores se produisent à haute altitude, bien au dessus des nuages : il faut donc un ciel dégagé pour avoir la chance de les observer. L’indice Kp vous indique les probabilités d’aurores. Ce n’est pas une donnée fiable à 100%, mais c’est un bon indice (ahah).
Il y a donc quelques sites et applications donnant des prévisions :
- Pour iPhone : Live!Aurora, Aurora Fcst
- Pour Android : Aurora Buddy, Aurora Forecast
- Sites web : en Alaska, en Islande, un site généraliste, un autre site généraliste, en Scandinavie, au Canada...
Si un gros indice Kp ne garantit pas une aurore boréale, il faut aussi savoir que de nombreuses aurores de faibles intensités restent photographiables. Ces aurores seront moins impressionnantes, moins jolies, et peut-être même invisibles à l’œil nu, mais les capteur de nos appareils sont plus sensibles à ces couleurs que nos yeux.
Voici par exemple quelques images, brutes, issues d’un timelapse. Sur place, impossible de voir les traînées vertes, elles était imperceptibles. Pourtant, mon appareil les a bien vues, lui ! Preuve qu’il ne faut pas hésiter à sortir le soir même si l’indice Kp est faible !
Quel matériel utiliser pour photographier une aurore boréale ?
Le boîtier
Il est indispensable d’avoir un appareil avec lequel vous pouvez, d’une part, régler le temps de pose et d’autre part, monter en sensibilité. Cela ne veut pas dire qu’il est impératif d’avoir le dernier reflex haut de gamme hors de prix, mais que ce sera plus facile de faire une belle photo dans de bonnes conditions. Pour simplifier, votre appareil doit être capable de faire de belles photos de nuit.
Un reflex ou un hybride sont donc à recommander pour ce type de photo.
L’objectif
Un objectif grand-angle lumineux sera le plus confortable pour photographier le ciel et le paysage, mais vous pouvez aussi choisir d’isoler certains éléments du décor avec une focale plus longue. A titre personnel, j’utilise le 16 – 35 2.8 de Canon ainsi que le 20mm 1.4 de Sigma.
Le trépied
Le trépied est obligatoire !
(Note : dans le voyage photo en Islande dont je vous parle plus haut, des trépieds Manfrotto sont mis à la disposition des participants, comme dans tous les stages photo que j’organise !)
Vous devez pouvoir faire des poses de plusieurs secondes sans que l’appareil ne bouge. Il faut donc un bon trépied, stable et solide. Si votre trépied n’est pas pourvu de petites accroches en mousse, enroulez généreusement du scotch tissé sur chaque pied : toucher le métal à mains nues par des températures négatives n’est guère agréable (voir méga douloureux, je vous jure !).
La télécommande
La télécommande a ici une double utilité. La première, c’est de ne pas faire trembler l’appareil en appuyant sur le déclencheur (on pourrait alors utiliser le retardateur). La seconde, c’est de pouvoir mettre la télécommande dans ses poches pour garder les mains au chaud !
Les batteries de rechange
Avec le froid, les batteries semblent se vider très vite. En réalité, elles ne sont pas vides et il suffit de les réchauffer un peu pour les réutiliser. L’astuce est donc simple : garder une ou deux batteries au chaud, remplacer la batterie de l’appareil dès que nécessaire en la rangeant elle aussi au chaud. Pour acheter des batteries de rechange et quelques conseils pour la photo par grand froid : un petit guide ici.
Une lampe frontale
C’est un petit accessoire qui sert toujours (parce qu’on ne peut pas compter sur un téléphone portable par ‑30°C !), pour regarder où l’on met le trépied, voir où l’on fait sa mise au point, et rentrer à l’hôtel en toute sécurité !
De quoi vous réchauffer !
Parce que la photographie d’aurores boréales comporte beaucoup d’attente dans le froid, il faut prévoir des vêtements chauds, éventuellement quelques chauffe-mains, un thermos, etc. Plus d’infos sur la photographie par grand froid sur ce lien.
Aurore boréale à Reine, Norvège
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17€ en version papier, 9€ en version numérique.
Le livre est disponible ici.
Réussir sa photo d’aurore boréale : réglages et marche à suivre
Vous avez enfilé votre manteau le plus chaud, vous avez tout votre matériel, le ciel est dégagé et l’indice Kp élévé. Il est temps de passer aux choses sérieuses : photographier une aurore boréale ! Oui, mais on fait comment ?
Faire des repérages
Idéalement, dans la journée, vous avez vu un beau paysage et vous savez qu’il n’en sera que plus beau avec une aurore dansant au dessus. Il suffit alors de retourner sur place !
Le repérage tient une grande place dans la réussite de la photo.
Le spot parfait est suffisamment éloigné des villes pour qu’aucune pollution lumineuse ne vienne gâcher le spectacle. (Note : à titre personnel, j’ai déjà contourné ce problème en utilisant des filtres dégradés pour assombrir, dès la prise de vue, les zones urbaines). Trouvez un paysage qui soit déjà photogénique, un lieu particulier, un endroit qui raconte une histoire : l’aurore boréale viendra sublimer l’image !
Checker le matériel avant de sortir
Avant de partir à la chasse aux aurores boréales, vérifiez votre matériel photo :
- au moins une batterie de rechange dans une poche intérieure, au chaud
- le sabot du trépied fixé sous le boîtier (parce que ce ne sera pas facile à faire dehors, de nuit, avec les doigts gelés !)
- le format de fichier réglé sur RAW (de toute façon, vous photographiez tout le temps en RAW, non ?)
- le filtre polarisant bien rangé (parce qu’il ne servira pas pour les aurores boréales, et risque d’assombrir l’image)
Installez-vous confortablement
Direction le spot photo ! N’attendez pas que les aurores arrivent, prenez le temps d’installer le trépied, de faire vos réglages.
Pensez cadrage
Tout comme les photos d’étoiles, une photo d’aurore boréale est plus intéressante avec une composition soignée : un premier plan, un décor, un sujet qui raconte une histoire. Ne photographiez pas que le ciel, cherchez à inclure des éléments pour enrichir le cadre et montrer où vous vous trouvez.
Néanmoins, évitez de placer les premiers plans trop proches de vous : on va devoir choisir des ouvertures élevées, et on aura donc une profondeur de champ très faible. Un arrière plan trop flou n’est pas forcément souhaitable quand il s’agit d’aurores boréales !
aurore boréale au dessus des icebergs, en Islande
Faire la mise au point
Vous pouvez, au choix, vous mettre sur l’infini pour que l’aurore soit nette, ou faire la mise au point sur votre premier plan. Dans tous les cas, une mise au point manuelle s’impose ! Personnellement, j’utilise souvent le LiveView pour pouvoir zoomer sur la partie concernée. J’utilise alors ma lampe frontale pour éclairer la scène et ainsi faire la mise au point. C’est assez artisanal mais c’est la seule solution que j’aie trouvée : l’appareil ne sait pas faire la mise au point dans le noir !
Les réglages
Sélectionnez le mode Manuel de votre appareil : vous allez régler la vitesse d’obturation, l’ouverture et la sensibilité. Il n’existe pas de réglages pré-établis, ils vont varier selon les situations (intensité et vitesse de l’aurore, type de paysage, etc.). De manière générale, il faut savoir qu’une aurore boréale est mobile : si on veut distinguer les « ondes », il faut donc éviter les vitesses trop lentes.
Choisissez la plus grande ouverture possible, ainsi que la plus haute sensibilité ISO tolérable (=celle où l’image est encore jolie, pas couverte de bruit, façon bouillie de pixels !). Sur un appareil récent, on peut monter facilement à 2500 ISO voire 3200.
Réglez ensuite la vitesse sur 10 secondes et regardez le résultat. Si votre image est trop sombre, il faudra soit augmenter le temps de pose soit augmenter la sensibilité. Si elle est trop claire vous pouvez au contraire réduire ces paramètres. Sachez qu’avec des vitesses trop lentes, l’aurore ressemblera à un voile vert, et il est possible que les étoiles ne soient plus nettes (à cause du mouvement de la terre). Le but est en général plutôt de figer ces espèces d’ondes en mouvement.
Attendre
Vous avez fait quelques essais de réglages, vous êtes content de vous, il ne reste plus qu’à... attendre... et croiser les doigts.
Tadaaaa !
Ça y est ! Elle est là, toute verte, toute belle ! Vite, l’œil dans le viseur, on peaufine le cadrage une dernière fois et on déclenche ! Et puis on regarde le résultat, tout de suite, pour vérifier l’exposition. Trop clair ? Trop sombre ? Hop, modifier les réglages, et recommencer ! Et puis recommencer encore jusqu’à la disparition de l’aurore, en variant les cadrages si possible, histoire d’avoir des photos différentes !
Et puis, aller se coucher !
Eh oui ! Parce que le lendemain soir, il faudra recommencer ! Mais avant de vous enfourner dans une voiture chauffée, un rorbu cosy ou un hôtel douillet, prenez le temps de glisser votre appareil dans votre sac à dos, voire dans un sac plastique s’il fait vraiment froid : les chocs thermiques ne lui plaisent pas trop, et la condensation ne fait pas bon ménage avec les composants électroniques... Je vous conseille à ce sujet cet article dédié à la photo par grand froid !
17 commentaires
Bon ben y’a plus qu’à...
on a eu la chance d’en voir, et d’en photographier cet hiver en Islande.. juste magique, et on retente à nouveau notre chance en février prochain en Islande. j’ai partagé ton article, comme d’habitude : génial. et précis ! et que dire des photos ... merci du partage !
Merci à toi 🙂 Et bonne chance pour votre chasse de cet hiver !
J’ai des photos plein mon ordi maintenant je recherche plus des articles sur comment filmer en temps réel les aurores, quel matos, quels réglages de base etc sans dépenser non plus 4000€ :-/.. J’ai déjà réalisé des time-lapse mais c’est pas pareil. lors de mon prochain voyage dans le grand nord j’aimerais vraiment mettre toutes les chances de mon côté pour les filmer. Si vous avez des conseils ou des articles à me proposer je prends !
Merci vraiment pour les conseils, de partager votre savoir....j attends tj avec impatience vos voyages et vos photos✨
Merci beaucoup pour ce guide
Mon rêve de Groenland ou d’Islande une fois concrétisé, je compte bien mettre en pratique tous ces beaux conseils ! Je garde donc ton article en attendant dans ma blogbox ?? pratique, concis et des photographies comme toujours sublimes, merci pour toutes tes informations !
Si seulement j’avais pu lire cet article avant d’être allée en Islande ! J’ai mis une vitesse de 30s ce qui est beaucoup trop long mais je m’en suis pas rendue compte car sur l’appareil ça rendait bien mais une fois sur l’ordi c’était la cata... Du coup aucune photo valable ! ><
D’ailleurs je viens de m’acheter l’Olympus M10 mark ii (j’ai vu ton article où tu as pu le tester). Tu me conseilles quel objectif pour les prises de ciel ou aurore boréales ?
Merci pour cet article !! On comprend mieux 😉
Je ne les connais pas assez pour te conseiller un objectif précis mais si tu prends un grand angle (focale la plus petite possible) lumineux (2.8 minimum) tu ne devrais pas être déçue !
super, merci ! =)
juste splendide ! a deux doigts de t’envier 🙂
Les photos sont sublimes. Les conseils sont simples et efficaces. Bref, super !
Bonjour je pars en Laponie la semaine prochaine. J’ai un lumix TZ70 je ne sais pas comment le régler pour les aurores boréales. J’ai compris iso j’ai 6400. C’est bon ? Sinon je suis archi débutante. Format 4:3 ? Qualité ? Format image 12 M ? Je n’y comprends rien.??? Peut on gentiment me guider pas à pas ? Un grand merci d’avance ????
Bonjour, tout d’abord merci pour vos conseils que je vais tenter d’appliquer à la lettre. Par contre j’ai une question. Je pars dans deux mois en Finlande pour y photographier des aurores boréales avec mon 750D.. Est ce qu’il y a des risques pour l’appareil photo ? Est ce que le froid polaire peut l’abîmer ? Merci beaucoup
coucou, je decouvre le blog que je fouille de partout... depart en finlande pour bientot... j ai un nikon d5100 ... je cherche de ce fait des objectif compatible pour tenter la photo des aurores boréales (si on a de la chance) mais je ne sais quel objectif choisir.... je suis novice... j’ai un petit budget, j’ai vu un objetif 35mm en f1.8 et je cherche un autre type 16 – 35 que tu préconise mais je ne trouve pas.... peux tu me conseiller s’il te plait ? merci
BOnjour
Pour ma part, j’aurai aimer prendre un bridge. Car nous faisons la laponie et ensuite Cuba... Pas la même luminosité.
Quel model me conseillez vous ?
Merci
Solen
Bon et bien je vais suivre vos conseils. Mon épouse rêvait de voir les aurores boréales, donc en bon petit époux nous irons les voir pour son anniversaire à la fin du mois. Photographe depuis plusieurs décennies (en amateur puis pro, puis retraite) je crois avoir tout couverts du sport au docu, au portrait etc... et, pas facile, les feux d’artifices. La technique s’en approche un peu mais il vaux mieux consulter ceux qui savent et qui ont fait.
Et oui je vais protégé du froid mon matériel. Pour cela j’utilise des chaufferettes pour les batterie set rien pour le reste dans le sac après une mauvaise aventure : des vues à partir d’un hélico sans portes en hiver. ‑30 aux sondes pitos, mon objectif qui était bien au chaud a gelé rapidement à cause du changement de température et comme je suis un gros lourdeau... plus d’automation ? et bien je passe en manuel et pan sur le diaph et pan sur la mise au point. Et pan sur la carte bancaire. Chère la leçon (Internet naissait) à l’atterrissage on aurait pu récupérer les lentilles au sol.
En fait tout cela pour écrire que j’apprécie les gens qui partage leurs expériences que l’on apprends pas en école ou stage photo.
J’ai donné des cours photo et vidéo, mais là j’aurais séché.
Merci