Allongées sur la plage, les cheveux dans les yeux, on était bien toutes les trois. C’était les vacances.
Un week-end d’errance sans itinéraire. Une histoire avec deux sœurs et une petite fille de 16 mois, du soleil et de la pluie, de la mer et de la montagne.
Février 2016, un matin à Saint Raphaël.
Il y a deux lits dans la chambre. Ma fille dort bras et jambes écartés, je suis recroquevillée pour ne pas tomber du lit. A côté, ma petite sœur dort encore, elle aussi. Nous avons pris le train la veille. Je devais donner une conférence, et plutôt que de faire l’aller-retour toute seule, j’ai proposé à ma sœur de venir avec moi pour quatre jours de vadrouille en famille.
Je connais mal le sud de la France. Le sud-est, du moins. Une semaine au festival de Cannes quand j’étais lycéenne, une correspondance à Marseille, une autre à Toulon, et quelques heures à Saint Raphaël l’an passé déjà, enfermée dans le Palais des Congrès. Je n’ai pas vraiment d’image en tête. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais j’espère un peu de soleil. Ça nous ferait du bien.
Nous faisons le tour des agences de locations pour trouver ce qui sera sans doute une des dernières voitures disponibles pour le week-end. Ma sœur me lance des « je te l’avais dit » du regard parce que je n’ai pas pris le temps de réserver. Aucun itinéraire, aucune réservation, j’ai juste dans l’idée d’aller voir les calanques. Une recherche sur Google semble dire que Cassis serait un bon endroit pour les explorer. Nous réglons le GPS droit dessus. En moins de deux heures, nous arrivons à Cassis.
Il fait beau. J’ai envie de pique-niquer au bord de la mer. Mais le GPS et les panneaux ne sont pas d’accord sur le code de la route local. On tourne en rond un bon moment avant de comprendre où se trouve le parking d’où part un fichu petit chemin.
Pas d’itinéraire, pas de plan, pas de porte-bébé, et des chaussures de ville. C’est un petit peu tout ce qu’il ne faut pas faire réuni en un seul voyage. On marche lentement, à la vitesse de mon petit monstre, fascinée par ce qui l’entoure. Elle répète « bateau », « bateau », en boucle, toute contente de dire un nouveau mot. Et forcément, y’en a quelques uns, des bateaux, à Port-Miou.
On marche toute l’après-midi dans les cailloux. Je prends ma fille dans les bras quand ça glisse un peu trop. Ma sœur crapahute seule quand elle veut aller dans des endroits un peu trop risqués pour nous. Je regrette de ne pas avoir pensé à prendre mon porte bébé, et des chaussures de rando.
Le lieu est magnifique. On croise quelques familles, elles aussi venues profiter du beau temps au bord de l’eau. Les gens sont souriants, tout le monde est détendu. Je ne fais pas de photos, ma fille est trop occupée à jouer avec mon appareil, et je la laisse faire. Le bruit de l’obturateur la fait rire, c’est rafale sur rafale.
En fin de journée, nous regagnons la Presqu’ile, pour les derniers rayons de soleil. Un monsieur est venu avec un petit matelas pour bouquiner tranquillement. Un peu plus loin c’est un couple qui s’apprête à passer une belle soirée au bord de l’eau. A quelques degrés près, on pourrait se sentir en été.
Sur le parking, j’essaie de réserver un hôtel depuis mon téléphone mais la 3G ne passe pas. Heureusement, j’ai un joker magique, l’appel à un ami, Monsieur Oreille, qui nous dégotte un hôtel en moins de deux. Confortablement installées dans le centre-ville de Cassis, on s’endort en se demandant ce qu’on ira voir le lendemain.
Pas de réveil, c’est un week-end détente. Enfin, si, y’a le réveil le mieux réglé du monde, ma fille. C’est ainsi qu’on retourne sur la Presqu’Ile au petit matin, pour prendre un petit déjeuner avec vue. Mais le soleil de la veille a laissé place à des nuages bien menaçants. Les vagues sont fortes, on sent le vent se lever.
Ma fille les regarde éclater contre les rochers, comme si une chose extraordinaire était en train de se produire. Je refrène ses envies d’aller mettre les pieds dedans, l’écume qui éclabousse nos visages est bien suffisante.
Quelques goutes commencent à tomber, on se réfugie dans la voiture. Nous décidons d’emprunter la route des Crêtes, une route touristique, jalonnée de points de vue, qui rejoint La Ciotat depuis Cassis. On croise quelques cyclistes dans la montée qui nous emmène jusqu’au Cap Canaille. Je me dis qu’ils ont du courage, que la côte est raide. Puis en découvrant le reste de la route, je comprends mieux, et me prends à rêver de le tenter un jour à vélo.
On s’arrête sur chaque espace dédié, histoire de profiter des vues plongeantes.
Nous arrivons à La Ciotat un peu avant midi. On prend la direction du centre-ville, pour un bon resto, et une petite promenade. La lumière est moche, les nuages ne présagent rien de bon. Nous ne nous attarderons pas trop.
Nous reprenons la route des Crêtes dans l’autre sens, pour une nouvelle perspective.
La pluie ne semble pas décidée à tomber. Nous essayons de trouver l’entrée d’un parking pour accéder à une autre partie des calanques. Comme la première fois, rien n’est indiqué, et nous le loupons. Nous sommes sur une grande route, le GPS indique qu’un rond point nous permettra un demi-tour en toute sécurité, quelques kilomètres plus loin... et c’est ainsi qu’on se retrouve à Marseille, surprises d’être aussi proche de la ville.
Ma sœur et moi échangeons un regard interrogateur. Les nuages ne semblent pas se dissiper, l’après-midi est bien entamée et il sera difficile de marcher dans les calanques s’il pleut ou fait nuit. Nous décidons de continuer tout droit et d’explorer Marseille, ville que ni l’une ni l’autre ne connaissons vraiment.
On suit les panneaux indiquant le centre, étonnées par certaines rues très escarpées. Nous nous retrouvons rapidement sur le Vieux Port, et je comprends enfin ce que les gens peuvent aimer ici, cette quiétude et cette nonchalance. C’est un samedi de février, il fait bon, les Phocéens sont en terrasse ou se promènent en famille, le long de l’eau. Nous passons à côté du Mucem, d’une grande roue, puis apercevons Notre Dame de la Garde, la Basilique qui surplombe la ville. Ni une ni deux, c’est là que nous irons finir la journée avant de rentrer dormir à Cassis.
Nous grimpons les marches pour une vue panoramique sur Marseille et la mer, toute proche. La lumière est étrange, je ne sais pas si c’est habituel ici, mais elle n’a rien à voir avec une fin de journée parisienne.
Sur le parvis, les marseillais se donnent rendez-vous. Des rires et éclats de voix, je comprends qu’un match de football est proche. Les touristes aussi, sont présents en nombre, venus se recueillir à l’intérieur, ou juste admirer la vue. Deux coréennes s’amusent à prendre des selfies avec ma fille, je recroise l’espagnol qui la veille était perdu dans Cassis, échange quelques mots avec des nonnes d’Amérique du Sud. C’est cosmopolite, à l’image de la ville, finalement.
Lorsque nous nous levons ce dimanche matin-là, il pleut des cordes. Nous attendons un peu, persuadées qu’une accalmie arrivera, forcément. Mais non.
Notre train est à 16h à Saint-Raphaël ; nous partons dans cette direction, espérant retrouver un peu de soleil, ou au moins quitter l’averse. Nous passons devant l’entrée de la route des Crêtes. Un panneau indique qu’elle est fermée. Entre le vent et la pluie, y conduire serait sacrément dangereux.
Il pleut ainsi pendant tout le trajet. Et jusqu’au soir. J’avais rarement vu un tel volume d’eau tomber aussi longtemps, sans discontinuer. Nous ne profiterons pas vraiment de la journée, devinant que les alentours de Saint-Raphaël sont sans doute jolis, mais par une autre météo !
Note : certaines de ces photos ont été réalisées avec trucages, bien sûr ! Elles sont destinées à illustrer un article à venir mais j’avais envie de les poster dans celui-ci, même si elle sont truquées !
7 commentaires
Magnigique les photos !
J’étais à Cassis il y a deux jours, heureusement il faisait beau contrairement à aujourd’hui. Je n’habite qu’à 30min de Cassis mais je n’ai pas le réflexe d’y aller, je m’aventure beaucoup plus sur Aix-en-Provence.
Je crois qu’il y a fort à faire, photographiquement parlant, dans toute la région !
C’est magnifique ces paysages et le coucher de soleil tout rose ! ça me donne envie d’évasion !
Et bien... le coin semble de toute beauté !
Tu parles de celle où ta fille se trouve toute seule au bord du rocher ? Je me languis du prochain article pour connaître tes astuces car c’est vrai que les effets sont vraiment beaux à voir.
Il y a les astuces de prise de vue (elle ne risquait rien, au bord du rocher !) et les trucages : je ne suis jamais grimpée avec elle sur le promontoire, par exemple ! Je m’amuse à retoucher certaines images, pour les rendre impressionnantes, mais je ne suis pas une mère indigne 😉
Super balade. Et le temps a joué pour beaucoup je pense, avec le ciel bleu habituel à Marseille tu aurais eu d’autres ambiances, mais pas aussi dramatiques ! C’est beau là-bas... ça me dit juste qu’il faut que j’y retourne.