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Comment je me suis décomplexée du portrait

par Madame Oreille

Je suis quel­qu’un de plu­tôt timide et intro­ver­ti. A l’in­verse de mon copain Julien, aller vers les gens pour leur tirer le por­trait n’est pas une chose natu­relle pour moi. Pour­tant, j’aime les visages et les scènes de vie...

J’a­vais ini­tia­le­ment inti­tu­lé ce billet com­ment je me suis décom­plexée de la pho­to de rue, avant de réa­li­ser que peu des pho­tos que j’a­vais choi­sies pour l’illus­trer avaient été réel­le­ment prises dans la rue. C’est une affaire de goût, j’aime pho­to­gra­phier les gens dans leur uni­vers. Par exemple, quand, il y a deux ans, je me suis lan­cée dans une série de por­traits en Mayenne, chaque lieu de prise de vue a été choi­si en rap­port avec une des facettes de la per­son­na­li­té des personnages.
Aus­si, même quand il s’a­git de pho­tos spon­ta­nées, j’aime gar­der cette approche. La rue en tant que telle m’in­té­resse au final assez peu. Mais je crois que l’ap­proche reste la même, qu’il s’a­gisse de pho­to­gra­phier un com­mer­çant dans sa bou­tique ou un pas­sant sur le trot­toir : le pro­blème est tou­jours d’o­ser, oser deman­der, oser faire une pho­to, et ne pas res­ter à angois­ser d’un hypo­thé­tique refus.

J’ai mis du temps à trou­ver une tech­nique qui me convienne. Je ne suis pas très sociable, je n’ai pas un contact facile ou natu­rel avec les gens. Par­fois, je laisse pas­ser un super por­trait, mor­ti­fiée à l’i­dée d’ap­pro­cher la per­sonne. Pour­tant, j’ai consta­té une chose : j’es­suie peu de refus si j’ose deman­der. Et sur­tout, quand on me dit non, j’es­saie de ne pas rumi­ner, de ne pas me bra­quer. Ce fut long­temps un de mes défauts : quel­qu’un refu­sait, et je pas­sais des heures à tout remettre en ques­tion. Je me pour­ris­sais la jour­née, et arrê­tais par­fois pen­dant plu­sieurs jours de deman­der à tirer un portrait.

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C’est une affaire de principe, je ne vole pas de portrait.

Lors de mon pre­mier voyage, j’ai volé une pho­to. Sur le moment, je n’a­vais pas l’im­pres­sion de faire quelque chose de mal. J’é­tais à Ulan Bator, la capi­tale mon­gole, et j’ai vu une scène qui m’a­mu­sait. A peine avais-je déclen­ché que mes per­son­nages m’ont invec­ti­vée, et même sans par­ler mon­gol, j’ai bien com­pris qu’ils n’é­taient pas d’ac­cord avec ce que je venais de faire. Plus tard, j’ai com­pris que pour eux, il était impor­tant de paraître bien sur les pho­tos, et que la scène qui m’a­mu­sait témoi­gnait sur­tout pour eux d’une cer­taine pré­ca­ri­té. Je me suis sen­tie extrê­me­ment mal après coup. C’est le moment où j’ai com­pris que je vou­lais avoir une approche de la pho­to qui soit res­pec­tueuse des gens.

En ren­trant de Mon­go­lie, j’ai impri­mé pra­ti­que­ment tous mes por­traits pour les envoyer par la Poste à notre inter­prète (qui avait pour mis­sion de les dis­tri­buer ensuite). Du coup, pour pou­voir don­ner les pho­tos direc­te­ment, j’ai ache­té une pola­roid Pogo que j’ai emme­née dans les voyages sui­vants. C’est une impri­mante por­table qui per­met de don­ner immé­dia­te­ment la pho­to, for­mat carte de cré­dit. L’im­pres­sion n’est pas très belle, mais ça a tou­jours fait des heureux.
Le pro­blème c’est qu’elle n’est aujourd’­hui plus pro­duite, et que toutes les impri­mantes de poche qu’on trouve sur le mar­ché fonc­tionnent en wifi ou en blue­tooth, deux tech­no­lo­gies encore peu pré­sentes sur les réflexs. Je ne peux donc pas vrai­ment vous conseiller d’en ache­ter une. Néan­moins, si vous avez un smart­phone avec vous lors de vos voyages, vous pou­vez uti­li­ser la pola­roid Zip. (Il est aus­si pos­sible de trou­ver des jouets type Ins­tax, à la manière des anciens pola­roids, mais cela sup­pose de s’en­com­brer d’un deuxième appa­reil photo).

Les pho­tos qui illus­trent cet article ont été prises soit avec un ultra grand angle, soit avec un 50mm : des objec­tifs qui obligent à la proxi­mi­té. Je n’ai jamais uti­li­sé un télé­ob­jec­tif pour cho­per un por­trait en mode nin­ja, et je suis en oppo­si­tion avec un cer­tain nombre de pho­to­graphes de rue qui pro­posent mille et unes astuces pour pho­to­gra­phier sans être vu. Ça donne cer­tai­ne­ment de belles images, mais ça n’a jamais été mon approche ni de la pho­to­gra­phie, ni du voyage. On pho­to­gra­phie des gens, parce qu’on aime les gens, non ?

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Une pho­to mal cadrée, mais des gens heu­reux d’être pho­to­gra­phiés, aux USA (oui, c’é­tait facile de devi­ner le pays)

Étape 1 : oser

Sou­vent, ce qui empêche de d’o­ser se lan­cer, c’est la peur. Mais il faut se deman­der, de quoi avons-nous peur ? Que peut-il se pas­ser de grave ? Ben pas grand chose ! Au pire, quel­qu’un vous sti­pu­le­ra qu’il n’a pas envie d’être pris en pho­to... (Certes, dans cer­tains pays on évi­te­ra de pho­to­gra­phier les mili­taires, et si quel­qu’un vous dit non, il ne fau­dra pas insis­ter, mais c’est du bon sens !) Alors voi­là, il faut oser, fran­chir le pas, se dire que dire de grave ne va arri­ver si on ose deman­der à prendre une pho­to, quelle que soit la réponse !

En 2010, je suis allée en Inde. C’é­tait mon deuxième voyage hors d’Eu­rope, je man­quais alors encore beau­coup d’as­su­rance. C’est un pays par­fait pour s’i­ni­tier à l’exer­cice du por­trait et de la pho­to de rue. Quelques minutes dehors, et vous avez déjà dix pho­tos. Pour autant, il y a de grandes chances que ces pho­tos ne soient pas très inté­res­santes, ou en tout cas pas celles que vous vou­lez. Mais c’est pas grave ! Pour­quoi ? Parce que c’est en fai­sant des por­traits sans inté­rêt qu’on apprend à oser. En tout cas, c’est ce qui m’aide beau­coup, per­son­nel­le­ment. On apprend que fina­le­ment, beau­coup de gens aiment être pris en pho­to, ou sont indif­fé­rents, et sur­tout, on gagne en confiance en soi, et ça, c’est capi­tal. Ensuite, quand on est plus à l’aise, il faut essayer de construire quelque chose, une com­po­si­tion, une histoire.

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Voi­ci quelques pho­tos prises en Inde, donc. C’est un pays par­fait pour oser se lan­cer dans le por­trait, c’est vrai, il faut juste essayer de ne pas se limi­ter à la faci­li­té. Ain­si, pour la pre­mière pho­to, nous avons croi­sé ces gamins alors qu’ils sor­taient de l’é­cole. Ils ont vu mon appa­reil pho­to et ont cou­ru vers nous, se col­lant à l’ob­jec­tif. J’ai essayé de faire une pho­to cor­recte, pleine de vie.
Pour la deuxième pho­to, c’est lui aus­si un gamin qui est venu me voir, vou­lant abso­lu­ment une pho­to : j’ai fait plu­sieurs images jus­qu’à ce qu’il regarde ailleurs, ça me sem­blait plus inté­res­sant, même si, comme pour la pre­mière, la pho­to ne raconte rien.

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La pho­to avec les deux jeunes hommes qui jouent dans l’eau me plaît déjà un peu plus : y’a du mou­ve­ment, une impres­sion de vie, on sent qu’ils sont heu­reux au moment de la pho­to. C’é­tait un groupe d’a­mis en train de jouer, un jour de grosse cha­leur. Pour obte­nir cette image, j’en ai prises beau­coup d’autres, suis res­tée long­temps à dis­cu­ter, et ils ont pris au moins autant de pho­tos de moi que moi d’eux. Bref : il y a une confiance mutuelle qui s’est installée.

La der­nière pho­to est de loin ma pré­fé­rée, même si y’a des défauts tech­niques. Nous sommes en pleine mous­son, les rues sont inon­dées dès qu’il pleut, mais ce jeune ven­deur reste à côté de son étal comme si de rien n’é­tait. L’é­change avec lui a été bref, quelques regards, un hoche­ment de tête. Je savais déjà quel cadrage je voulais.

Si je vous montre ces quatre pho­tos, c’est parce qu’il y a une gra­da­tion dans l’in­ves­tis­se­ment que j’y ai mis : aller cher­cher un cadrage, construire une his­toire. C’est toute la dif­fé­rence entre canar­der et essayer d’a­voir une démarche pho­to­gra­phique. Au fil du voyage, j’ai réus­si à lais­ser de côté ma peur de deman­der pour pou­voir me concen­trer sur le conte­nu de mes images.

Étape 2 : ne pas rester sur un refus

Vous essuie­rez des refus, c’est inévi­table. Vous ver­rez des gens vous jeter des regards sus­pi­cieux, par­fois vous aurez peut-être même droit à des mots doux. Pour­tant, il faut essayer de ne pas se bra­quer, res­ter posi­tif, sou­riant et sûr de soi. Comme je vous le disais plus haut, c’est quelque chose que j’ai beau­coup de mal à faire. Si je débarque dans un pays et que la pre­mière per­sonne refuse, je vais avoir du mal à recom­men­cer. Je sais donc d’au­tant mieux à quel point il est impor­tant de se for­cer à rées­sayer, comme quand on tombe de vélo. Oui, une per­sonne a refu­sé, mais com­bien seront contents par la suite ? Est-ce que la peur du refus jus­ti­fie de se frustrer ?

Étape 3 : oser s’approcher

Oser s’ap­pro­cher ne veut pas néces­sai­re­ment dire que vous allez pho­to­gra­phier un très gros plan du visage de la per­sonne mais que vous allez essayer de créer un lien avec elle. Ça peut être une longue dis­cus­sion, ou par­fois un simple échange de sou­rires. Il ne faut pas cher­cher à fuir les regards des autres, bien au contraire. D’ailleurs, je garde sou­vent les deux yeux ouverts, ça évite de don­ner l’im­pres­sion que je me cache der­rière mon gros appareil.

Selon les situa­tions, je m’a­dapte, mais j’ai tou­jours la même recherche : que mon sujet m’ait vue, avec mon appa­reil, et soit en posi­tion de refu­ser. Cette façon de faire est un cercle ver­tueux : je suis bien dans mes chaus­sures, je me motive plus faci­le­ment à oser deman­der, je dégage un meilleur kar­ma et les gens disent plus faci­le­ment oui !

Et puis par­fois, on a une bonne sur­prise en deman­dant. Une pho­to qui donne une belle ren­contre, une his­toire à racon­ter au lieu d’une simple image.

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J’ai pris ces deux pho­tos au Japon, lors d’un récent voyage. Dans les deux cas, j’ai deman­dé à prendre la pho­to et obte­nu un grand oui. Dans chaque cas, je savais exac­te­ment ce que je vou­lais. Pour le « che­mi­not », je l’ai vu au bon moment. il allait ouvrir la fenêtre, j’é­tais à quelques mètres. Je lui ai fait un grand sou­rire. Il me l’a ren­du et je l’ai sen­ti fier d’être vu ain­si à l’œuvre. Il n’a pas hési­té une seconde quand je lui ai mon­tré mon appa­reil pho­to. J’ai déclen­ché une pre­mière fois, lui ai sou­rit à nou­veau. Je savais que cette pre­mière pho­to ne serait pas la bonne. C’est une astuce que j’u­ti­lise sou­vent : la pre­mière pho­to est trop figée, les sui­vantes le sont moins. Et j’ai gar­dé une des sui­vantes, jus­te­ment, quand l’un de ses col­lègues l’a appelé.

Dans le cas de la pre­mière pho­to, c’é­tait jus­te­ment l’in­verse que je recher­chais : un por­trait posé, regard camé­ra, où l’homme dont je visi­tais la mai­son invite le lec­teur à le rejoindre. J’ai pris la pho­to à la fin de la visite. Ça m’a per­mis à la fois d’a­voir le temps pour lui par­ler, mais aus­si pour décou­vrir toutes les pièces. Dans un coin de ma tête, je rete­nais les endroits qui m’in­té­res­saient, pour une rai­son ou pour une autre. A la fin, lorsque je lui ai deman­dé s’il accep­tait que je le prenne en pho­to, je savais donc exac­te­ment où je vou­lais qu’il se mette. C’é­tait l’une des pre­mières pièces, magni­fique, celle où étaient reçues les per­sonnes impor­tantes. Il s’est prê­té au jeu sans pro­blème, et je suis plu­tôt contente de l’am­biance qui se dégage de la pho­to : le choix de la pièce et du cadre était pri­mor­dial pour cela.

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J’ai pris cette pho­to cet été, à Izmir, en Tur­quie. J’en ai d’ailleurs prises plu­sieurs, sur le même prin­cipe, au même endroit : des com­mer­çants dans le bazar. La pho­to donne l’im­pres­sion que l’homme attend non­cha­lam­ment le client, per­du dans ses rêve­ries. J’au­rais cer­tai­ne­ment pu le pho­to­gra­phier sans lui deman­der, me cacher, aller vite. Mais j’aime ce cadrage fron­tal. Je me suis donc arrê­tée devant la bou­tique, sou­riante. J’ai mon­tré mon appa­reil. Il n’a mon­tré ni enthou­siasme ni gène : ma pré­sence sem­blait plu­tôt l’in­dif­fé­rer. Alors j’ai pris ma pho­to, tranquillement.

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La pho­to ci-des­sus est l’op­po­sé de la pho­to d’Iz­mir dans l’i­dée : je suis en Loire Forez, je découvre une super bou­tique, à la fois confi­se­rie et salon de thé, et je demande à la patronne de poser pour moi. Géral­dine n’est pas à l’aise, ce n’est pas son uni­vers. Pour­tant, elle se prête au jeu qui est pour le coup, par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile : il s’a­git de poser, pas d’être pho­to­gra­phié dans l’ac­tion. C’est typi­que­ment un moment où vous ne savez plus com­ment vous tenir, où vous ne savez pas où mettre vos mains. Je le sais pour ne pas être à l’aise, moi-même, devant un objec­tif. Alors pour faire la pho­to, il faut par­ler, détendre la per­sonne, plai­san­ter, et réus­sir à trou­ver ce moment qui lui ren­dra hom­mage, où on ver­ra les yeux qui pétillent et le sou­rire, au lieu de la gène.

Étran­ge­ment, on a l’im­pres­sion que c’est plus com­pli­qué de prendre des pho­tos en France. Il y a cer­tai­ne­ment un fond de véri­té : les gens peuvent être méfiants, se deman­der où va atter­rir la pho­to, quel usage vous allez en faire. Pour­tant, en France, on a l’a­van­tage de la langue. Il suf­fit bien sou­vent d’ex­pli­quer ce que vous vou­lez faire, de façon simple et hon­nête. Et Géral­dine savait donc par­fai­te­ment qu’elle serait en pho­to sur ce blog !

Pour prendre ce genre de pho­tos, outre la confiance à gagner pour convaincre le sujet d’ac­cep­ter, il y a aus­si un fac­teur chance : être là au bon moment. Il m’est donc arri­vé d’at­tendre la fin du ser­vice pour obte­nir une pho­to du chef, par exemple. Dans le cas où une per­sonne nous accorde quelques minutes sur son temps de tra­vail, il fau­dra alors être irré­pro­chable : savoir ce qu’on veut, que le maté­riel et les réglages soient prêts.

Étape 4 : l’autorisation tacite

C’est à cette étape qu’on arrive à s’é­pa­nouir en pho­to de rue, il me semble. La fron­tière entre por­trait et pho­to de rue est par­fois sub­tile, mais il suf­fit sou­vent de s’in­ter­ro­ger sur le sujet de la pho­to. Il ne s’a­git pas des pro­por­tions prises dans l’i­mage par un per­son­nage, mais d’un contexte. Est-ce qu’on tire le por­trait de quel­qu’un, ou pho­to­gra­phie-t-on une scène de vie ? Est-ce que ce qui nous inté­resse c’est la per­sonne en tant que telle, ou ce qu’il est en train de se pas­ser ? Oui, la fron­tière est mince.

Réus­sir à obte­nir une auto­ri­sa­tion tacite, est la meilleure façon d’ar­ri­ver à se décom­plexer par rap­port à la pho­to de rue. On ne cherche pas un gros plan sur un visage, on veut immor­ta­li­ser une scène de vie. Hors, inter­rompre une dis­cus­sion pour dire « Ola, se puede tomar une pho­to­gra­phia de ustedes ? » (oui, les deux pho­tos qui vont ser­vir d’exemples ci-des­sous ont été prises au Pana­ma et mon espa­gnol est rouillé) cas­se­rait toute l’am­biance, et gâche­rait la pho­to. Ils pour­raient dire oui, bien sûr, mais l’ins­tant qu’on vou­lait immor­ta­li­ser se serait déjà envo­lé, et on se retrou­ve­rait avec des per­son­nages qui prennent la pose. Alors il faut trou­ver des astuces.

Pre­nons donc deux exemples, dans les rues de Pana­ma City.

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En mar­chant dans la rue, je vois un groupe d’é­co­liers en uni­forme. Je regarde rapi­de­ment autour de moi : je veux un bel arrière plan. Je repère un mur blanc, avec deux tâches jaunes. Parfait.
Je me place en face, je regarde dans mon viseur, pré­pare mon cadrage. J’ai mon idée en tête. L’ap­pa­reil est tel­le­ment visible qu’un auto­mo­bi­liste s’ar­rête pour me lais­ser prendre ma pho­to, et que l’un des gamins me regarde (et j’aime beau­coup les regards caméra).

J’ai la pho­to que je vou­lais, je n’ai déran­gé ni offus­qué personne.

Tou­jours dans une rue pan­améenne, mon regard est atti­ré un étal de cha­peaux. La scène est très gra­phique. Une des nappes est assor­tie aux poteaux et à une plaque de tôle ins­tal­lée contre le mûr. Un miroir ren­voie l’i­mage d’une façade dont le rouge fait écho à la nappe et à la route fraî­che­ment refaite. Les trois cou­leurs se répondent entre elles, comme dans un tableau de Mondrian.
Je m’ar­rête en face, sou­rit à la ven­deuse. Je suis cer­tai­ne­ment la dixième tou­riste à pho­to­gra­phier sa petite bou­tique aujourd’­hui, elle ne semble pas s’in­té­res­ser à moi. Mon appa­reil est dans ma main, bien visible, elle sait que je vais prendre une pho­to. Et voi­là qu’ar­rive un gar­çon. Il est habillé en bleu, elle est en jaune, j’ai la touche finale à mon tableau, je déclenche. J’at­tends quelques secondes, espé­rant qu’une per­sonne en rouge tra­verse mon cadre, mais ce ne sera pas pour cette fois-ci !

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Pour ces deux pho­tos, j’é­tais sur le trot­toir d’en face. Il y avait peu de voi­tures, l’es­pace était déga­gé. Ils auraient pu tra­ver­ser, m’in­ter­pel­ler, me signi­fier un refus. Mais ma pho­to ne les déran­geait pas, alors ils m’ont lais­sée faire.

Conclusion

Je ne serai jamais la pho­to­graphe la plus extra­ver­tie au monde, j’au­rai tou­jours un temps d’hé­si­ta­tion avant d’al­ler abor­der quel­qu’un, avant d’o­ser déclen­cher. Mais avoir une approche éthique de la pho­to me faci­lite les choses : je ne vis plus la pho­to comme une intru­sion. J’aime mettre les gens en valeur, les mon­trer beaux, et j’es­saie que cela se res­sente lorsque je prends une pho­to. Être à l’aise avec son maté­riel (ne pas cher­cher son réglage) est aus­si impor­tant qu’être à l’aise dans son approche de la pho­to­gra­phie : savoir ce qu’on veut pho­to­gra­phier, et comment.

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Quelques conseils pour s’entraîner

Toutes les pho­tos qui suivent ont été prises lors d’un voyage au Mali, en 2012. C’est un pays où faire des pho­tos est à la fois très facile et très com­pli­qué, cer­taines per­sonnes se méfient des appa­reils par super­sti­tion. Ils sont mino­ri­taires, mais j’ai eu droit à des réac­tions assez viru­lentes. Aus­si, j’ai pris de grosses pin­cettes à chaque fois que j’ai vou­lu tirer un portrait !

Loger chez l’habitant

C’est simple, loger chez des gens est le meilleur moyen de sym­pa­thi­ser avec eux. J’ai pris cette pho­to à Bama­ko. La fillette s’ap­pelle Ma, c’est la voi­sine du mon­sieur chez qui nous dor­mons. Nous ne sommes pas dans un quar­tier très tou­ris­tique, et de toute façon, il n’y a presque plus de tou­ristes au Mali à ce moment-là.

Ma joue toute la jour­née dans la cour com­mune. Et for­cé­ment on com­mence à échan­ger, avec elle mais aus­si avec sa famille. Le fait de loger dans le quar­tier nous per­met de ren­trer dans le quo­ti­dien. La confiance s’ins­taure beau­coup plus facilement.

 

Provoquer les occasions

Dje­ba est le neveu de notre logeuse, Ami­na­ta, à Ségou. Tous les soirs, les tou­ristes en chambre d’hôte (juste moi et Mon­sieur Oreille, en fait) et la famille fai­saient table com­mune. Dje­ba venait man­ger avec nous avant de repar­tir dor­mir chez lui.

J’a­vais déjà pris quelques pho­tos de Moha­med, le petit fils d’A­mi­na­ta. Très pho­to­gé­nique, tou­jours très expres­sif, il aimait se voir sur l’é­cran LCD et sur­tout être au centre de toutes les atten­tions. Son grand frère, Abu, agé d’une dizaine d’an­née, nous regar­dait du coin de l’œil. Je voyais bien qu’il mour­rait d’en­vie de se faire prendre en pho­to, lui aus­si. Alors je lui ai pro­po­sé. Je lui ai dit où s’ins­tal­ler pour avoir de la lumière sur son visage, et j’ai déclen­ché. Il s’a­mu­sait à faire le gros dur sur la pho­to, et rigo­lait en se regar­dant ensuite.

De fil en aiguille, j’ai ain­si tiré le por­trait de presque chaque membre de la famille, et je sais qu’ils ont pas­sé une jolie soi­rée à rire, et en plus gar­dé les petits tirages de la Pogo (l’im­pri­mante por­table dont je par­lais plus haut) comme sou­ve­nirs. Ici, l’ap­pa­reil pho­to était vrai­ment un moyen d’é­change, cha­cun venant regar­der la pho­to sur l’é­cran, se moquant du grand frère, ou riant d’une grimace.

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Profiter de chaque rencontre

Nous sommes dans le Sud du pays. En emprun­tant une route pleine de caillasse, nous avons cas­sé la pédale de frein de notre moto. Comme elle nous a été prê­tée par l’a­mi de quel­qu’un ren­con­tré sur place, nous ne vou­lons pas la rendre abî­mée. Nous nous arrê­tons tour à tour dans deux « gara­gistes » de bord de route, qui mettent tout en œuvre pour rem­pla­cer la pédale foutue.

Nous dis­cu­tons avec eux. Ils rigolent quand on explique qu’on a pas­sé la jour­née sans pédale de frein, l’am­biance est bon enfant. La situa­tion pour­rait ne pas prê­ter à rire, sur­tout qu’il faut qu’on se dépêche. Le soleil des­cend rapi­de­ment, et nous vou­drions ren­trer de jour. Mais je passe le temps en pho­to­gra­phiant nos gara­gistes au travail.

Il ne faut jamais oublier que chaque évé­ne­ment peut deve­nir une occa­sion de prendre une pho­to, et chaque per­sonne que l’on ren­contre deve­nir le per­son­nage d’une image. Si on a déjà échan­gé quelques mots avec la bou­lan­gère en ache­tant du pain, pour­quoi ne pas pous­ser la conver­sa­tion en deman­dant si on peut prendre une photo ?

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39 commentaires

laura 23 mars 2016 - 10:01

Je me retrouve beau­coup dans ce que tu décris. Pas facile de deman­der au début mais quel bon­heur ensuite car cela crée des moments insoup­con­nés. Je trouve tou­jours cela tres impres­sion­nant de pho­to­gra­phier quel­qu’un. L envie de rendre hom­mage, d embel­lir la per­sonne, de la res­pec­ter rend l’ex­cer­cice tel­le­ment stres­sant pour moi. L’as­tuce de ne pas regar­der dans son viseur est déclen­cher des pre­mières pho­tos marche bien pour décoincer.
Mon astuce pour prendre des per­sonnes en pho­to ce sont les mar­chés, j’ar­rive faci­le­ment à dis­cu­ter avec les mar­chands et après avoir papo­ter un peu je trouve cela plus simple de demander.
Quand on crée ses petits moments de rela­tion même si la pho­to n’est pas par­faite elle aura tou­jours un petit plus affec­tif qui lui don­ne­ra quelque chose de plus. Mon plus beau sou­ve­nir de por­trait s est pas­sé au gua­te­ma­la quand se sont deux femmes qui m’ont deman­dé à être prise. Même si je n ai pas été à la hau­teur de leur demande tech­ni­que­ment j’a­dore cette photo.
Je vais essayer de mettre en pra­tique tous ses bons conseils à Mada­gas­car pro­chai­ne­ment. Il faut que je me per­fec­tionne pour don­ner cet asoect lumi­neux aux visages !

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Samuel 23 mars 2016 - 10:04

Et voi­là, suite à mon expé­rience à Istan­bul, même si il ne s’a­gis­sait pas de por­trait mais de pho­to de rue, ton article apporte de l’eau à mon mou­lin, je conti­nue à lire les avis de cha­cun sur la ques­tion, ça me fait du bien. 🙂

Répondre
Thomas 23 mars 2016 - 10:23

Bon­jour,
Mer­ci pour cet article, très inté­res­sant pour les per­sonnes timides (comme moi). Je par­tage ton point de vue sur les pho­tos de rue volées. Il est pré­fé­rable d’a­voir l’ac­cord de son sujet même si ce n’est pas tou­jours évident.

Voi­ci ce que je peux par­ta­ger de mon expé­rience parisienne.
– Il est plus facile de prendre des pho­tos de rue lors de grands évé­ne­ments (Fête de la musique, 14 juillet, JDL, salons etc...)
– Dans les lieux les plus tou­ris­tique de paris (ce n’est pas for­ce­ment les cadres les plus intéressants)
– Tou­jours avec un grand sourire.
– Par­ler, dis­cu­ter et échan­ger avec les per­sonnes dans la rue. (punks, artistes, autres pho­to­graphes!, tou­ristes...) Ils ont tous une histoire.

J’ai rare­ment eu des refus, à l’in­verse beau­coup de per­sonnes me demande de prendre des pho­tos pour eux (avec leurs appareils)

Il y a un point que tu n’as pas abor­dé dans ton article. Lors de tes voyages, as-tu des demandes d’argent contre une pho­to ? Et si oui, qu’elle est ta posi­tion à ce sujet ?

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Ella 23 mars 2016 - 14:40

tres bel article, mer­ciii ! et mer­ci pour tes conseils. Il est vrai que si j’ai eu un refus un peu viru­lent, je n’ose plus trop deman­der après... merci !

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Laure-Line 23 mars 2016 - 14:58

Mer­ci beau­coup pour cet article !
Je suis moi-même en voyage et pas du tout à l’aise avec la pho­to de rue/portrait ! Je me retrouve beau­coup dans ce que tu dis.
Je ne savais pas trop com­ment abor­der les per­sonnes dans la rue et j’a­vais l’im­pres­sion qu’en deman­dant je per­drais l’i­mage que je vou­lais. Je me rend compte à tra­vers tes pho­tos que tu arrives à obte­nir de belles pho­tos même en demandant !
Bon allé, demain je me lance !
Merci !

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Catherine 23 mars 2016 - 15:15

Mer­ci Auré­lie, je vais pas­ser au décom­plexage je crois aus­si !! Je ne prends jamais de por­trait mais j’ai bien envie de m’y mettre au moins d’es­sayer sans idée préconçue.

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Emilie 23 mars 2016 - 16:19

Bon­jour et mer­ci pour cette article qui donne envie de se lan­cer ! Que conseille­rais tu de faire si on n’a pas la pos­si­bi­li­té d’im­pri­mer des pho­tos en direct pour don­ner aux gens ? Il y a ega­le­ment des fois ou les per­sonnes acceptent la pho­to mais demande des sous apres coup, com­ment faire dans ce cas ?

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Anne LANDOIS-FAVRET 23 mars 2016 - 16:24

De très bons conseils que je vais essayer d’ap­pli­quer un peu plus sou­vent. Je ne suis pas non plus une pho­to­graphe extra­ver­tie. J’ha­bite en Ile de France, et ça ne m’aide pas à me lan­cer, les gens sont sou­vent à faire la tête et n’ont pas des airs à dire oui, mais peut-être que je pour­rai m’en­traî­ner en Pro­vince où je serai sûre que la per­sonne ne pour­ra pas me suivre jus­qu’à chez moi en des­cen­dant à ma gare ! 😀

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Thomas 23 mars 2016 - 17:22

De mon expé­rience, il est plus facile de prendre des pho­tos de rue en Ile de France qu’en Province.

Sur Paris, la foule ne remarque pas tou­jours ta pré­sence, et si des per­sonnes te remarque ils sont habi­tués à voir des photographes.

En pro­vince, j’ai eu beau­coup plus de regard méfiant. Après peut être qu’en fonc­tion des villes et des régions les per­sonnes se laissent prendre en pho­to plus facilement.

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Anne LANDOIS-FAVRET 24 mars 2016 - 11:43

Oui je com­prends ton avis, mais ce n’est pas sur cet axe exac­te­ment que je par­lais. Sur Paris, je n’ai pas trop de sou­ci, je passe pour une tou­riste, il y a beau­coup de monde, donc ça passe. Mais c’est plus sur mon tra­jet de tous les jours, en petite et grande cou­ronne. Je tra­vaille dans le Val-de-Marne et vis en Essonne, je passe par des coins comme Juvi­sy, Gri­gny et Evry et j’ai déjà ten­té de juste sor­tir l’ap­pa­reil, les gens sont à 2 doigts de te sau­ter à la gorge très sou­vent ... Bref, « est sport !

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Julien 23 mars 2016 - 21:56

Super article !
Chaque culture, chaque pays a une approche dif­fé­rente de la pho­to his­toire de com­pli­quer un peu la situation...
J’ai der­niè­re­ment éprou­vé plus de dif­fi­cul­té au Gua­te­ma­la qu’au Sri Lan­ka mal­gré avoir uti­li­sé la même approche.
Tes conseils sont les bons, et comme tu le dis : au pire ils disent « non » et c’est tout...
Prendre le temps est une évi­dence : la beau por­trait se fait rare­ment sans complicité.
Dis­cu­ter, mon­trer de l’in­té­rêt et être ouvert... La suite se fait naturellement.
Et c’est cool de taper la discute ^^
PS : j’a­dore le malien fati­gué devant sa bou­tique, elle est magique cette photo !

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Letizia 24 mars 2016 - 13:43

Oui super article !
J’ai beau­coup de res­pect pour les gens qui font des por­traits car j’ai vrai­ment beau­coup de mal avec ce type de pho­to­gra­phie. Je pré­fère presque tou­jours prendre les per­sonnes de dos plu­tôt que de face alors que la pho­to serait beau­coup plus belle... J’é­tais à Lis­bonne der­niè­re­ment et j’ai vu une situa­tion magique, un homme jouait de la musique sur un Mira­dor, le soleil des­cen­dait dans son dos. J’ai déclen­ché sans réflé­chir et il m’a lan­cé un regard noir. Il a détour­né le visage à chaque fois que je le pho­to­gra­phiais et même si sur le moment ça m’a un peu ennuyé, ça m’a tout de même beau­coup fait réflé­chir... J’au­rais dû lui deman­der son avis, je le sais main­te­nant. J’ai effa­cé toutes les pho­tos que j’ai faites ce soir-là. La pro­chaine fois, j’es­saie de prendre mon cou­rage à deux mains et j’i­rai deman­der. Julien à rai­son, c’est tou­jours sym­pa de se taper la discute 🙂

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carla 24 mars 2016 - 14:09

excellent article qui donne matière à réflexion sur sa propre pra­tique ! l’ac­cord tacite, avec une cer­taine dis­tance comme l’es­pace de la chaus­sée par exemple, ou d’un étal est celui qui me mets cer­tai­ne­ment le plus à l’aise. Cer­tains visages, aux regards ou sou­rires ave­nants, font oser poser la ques­tion plus faci­le­ment aus­si... mais dans l’en­vi­ron­ne­ment proche je trouve ça bien plus dif­fi­cile ! je vis sur une île où les « images » sont nom­breuses, mais au final n’ose pas sou­vent quand c’est à côté de chez moi,arghhh... cet article me reboos­ter et me donne envie de vrai­ment fran­chir ce cap ... mer­ci pour ce par­tage et ces superbes photos !

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Mathilde - Voyager en photos 25 mars 2016 - 20:27

Super article ! Je me retrouve beau­coup dans ce que tu dis. Je suis quel­qu’un de très timide et plu­tôt intro­ver­tie, pour­tant main­te­nant, je n’ai (plus trop) peur de deman­der aux gens pour les prendre en pho­tos. Bien sur, cela dépend des endroits, et j’ai moins peur de deman­der après un pre­mier oui !
J’ai consta­té qu’il était vrai­ment mal vu de faire des pho­tos dans les pays mul­su­mans. J’ai eu à m’ex­pli­quer pour avoir pris des pho­tos de rue, où c’é­tait pour le coup vrai­ment la rue qui était le sujet et non quel­qu’un en particulier...
Sinon je ne demande pas for­cé­ment tout le temps, mais je fais en sorte que la per­sonne voit que je la prends et je lui fait un geste avec un sou­rire, sou­vent ça suf­fit. Une fois j’ai vou­lu pho­to­gra­phier sans deman­der des papis sici­liens qui dis­cu­taient. Je ne vou­lais pas les déran­ger car ils étaient vrai­ment trop bien sur le vif. Ils m’ont sur­prise et ensuite se sont bien moqué de moi qui était toute gênée de les avoir pris sans auto­ri­sa­tion. Ils étaient morts de rire et je me suis sen­tie un peu bête ^^
Sinon je par­tage tes conseils. Je n’aime pas le prin­cipe des pho­to­graphes de rue qui t’a­gressent en te fla­shant dans la figure (je pense à Tho­mas Leu­thard et Eric Kim même si j’a­dore je résul­tat qu’ils arrivent à obte­nir, je trouve pas le pro­cé­dé très fair play)

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Garance eyes 26 mars 2016 - 12:14

Wow ton article est juste superbe... Tes pho­tos sublimes ! Ton point de vue est très inté­res­sant. J’a­dore faire de la pho­to, et par­fois dans la rue j’ai­me­rais pou­voir prendre une scène qui me paraît magique, mais c’est vrai que je n’ose pas, de me prendre des caillous dans la figure ! Mais grâce à ton article je vais peut-être réus­sir à me lan­cer. Alors mer­ci, de nous avoir faire par­ta­ger ton expé­rience ! Bonne continuation !

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jasparis 26 mars 2016 - 23:38

Mer­ci pour ton article, c’est vrai que je passe à côté de plein de pho­tos car je n’ose pas demander !

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Tellou 27 mars 2016 - 9:34

Mer­ci beau­coup pour cet article qui leve cer­taines inhi­bi­tions. Memes dif­fi­cultes pour deman­der... mais ce qui m’embete ce n’est pas tant le refus que de perdre la spon­ta­neite d’une situa­tion, la reve­rie dans un regard etc....

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Violaine 31 mars 2016 - 16:24

Superbe ! Et que de chouettes conseils 🙂
Petite ques­tion techi­nique, tu uti­lises quel(s) objectif(s) pour les por­traits en général ?
Mer­ci et bonne journée !
Violaine.

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Oreille 1 avril 2016 - 0:37

ça dépend des situa­tions, mais je navigue géné­ra­le­ment entre 16 – 35 2.8 et 50 1.4 (canon tous les deux)

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Violaine 1 avril 2016 - 11:58

J’u­ti­lise le 16 – 35 2.8 aus­si, mon fétiche qui ne me quitte jamais 🙂 , 50mm 1.4 OK, j’ai le 1.8 (très bon rap­port qua­li­té-prix). Bon à savoir ! Mer­ci ! Je vais uti­li­ser tes conseils pour les por­traits, je suis moi aus­si timide et ose rare­ment prendre les gens en pho­to de peur de me faire engueu­ler 😀 ahah

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Céline 2 avril 2016 - 13:41

Bon­jour Madame Oreille !

Je suis une lec­trice dis­crète mais pas­sion­née par le blog ! Chez nous c’est un peu l’in­verse, Mon­sieur prend les pho­tos et moi je suis l’as­sis­tante ! Tou­jours est-il que ce soir en lisant cet article j’ai recon­nu chaque atti­tude, chaque façon de faire ... Au début de notre voyage je déplo­rais que Mon­sieur ne prenne jamais les pho­tos que moi j’i­ma­gi­nais : l’en­fant avec sa maman, le petit ber­ger avec son trou­peau, le vieillard qui fume... Après tout il y a des blogs qui regorgent de pho­to volées et elles sont plu­tôt réus­sies. Mais non. mon­sieur avait son éthique de la pho­to­gra­phie et il était impos­sible de l’en faire démordre. Aujourd’­hui je me rends compte que cette éthique du por­trait et de la pho­to de rue nous a per­mis de faire les plus belles ren­contres, On a lais­sé der­rière nous des gens aus­si heu­reux et sou­riants que nous, on a faché per­sonne, on a essuyé de rares refus mais tant pis. Je me rends suis aus­si ren­due compte que les pho­tos volées n’ont pas cette fran­chise, ce contact avec l’ob­jec­tif ( le « regard camé­ra » comme tu dis) qui rends la pho­to vivante et lui donne du sens.
Alors bra­vo pour cette phi­lo­so­phie du por­trait. J espère que cet article va être beau­coup lu et qu’on ver­ra de moins en moins d’ap­pren­tis papar­ra­zis fous bra­quer leurs objec­tifs à 3cm de quel­qu’un sans même dire bonjour ....

PS : nous uti­li­sons la mini impri­mante pho­to LG pocket pho­to, ça fait tou­jours son petit effet et elle marche très bien !

Céline
xjetceline.wordpress.com

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Catherine 4 avril 2016 - 9:25

Excellent article, j’ai ado­ré te lire et décou­vrir tous ces conseils 🙂

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Aline 9 avril 2016 - 16:38

Mer­ci pour ce très bon article. Je me suis tou­jours posée beau­coup de ques­tions sur ce sujet et tu y répond entiè­re­ment. Je me retrouve entiè­re­ment dans cette phi­lo­so­phie et tes mots vont me per­mettre de le mettre d’a­van­tage en appli­ca­tion. Sur­tout que cer­taines de tes pho­tos ne manquent abso­lu­ment pas de spontanéité.

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Cédric 11 avril 2016 - 7:47

Un bien bel article avec des conseils que je vais éssayer de mettre en pra­tique lors de mes pro­chaines esca­pades. J’a­dore les por­traits mais je n’ose jamais aller deman­der. Je culpa­bi­lise après coup, mais « l’an­goisse » du refus prends tou­jours le des­sus... Mer­ci pour ces pré­cieux conseils !

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Thierry 9 mai 2016 - 14:04

Je débute en pho­to­gra­phie de rue et adhère com­plè­te­ment au prin­cipe de res­pect des per­sonnes pho­to­gra­phiées consis­tant à deman­der avant de prendre des pho­tos. Je m’in­ter­roge tou­te­fois sur les cir­cons­tances consti­tuant des excep­tions à cette règle. Les pho­tos prises au Pana­ma pou­vant illus­trer mon idée qui est la sui­vante : quand on ne peut pas faire autre­ment que de prendre sa pho­to avant, pour­quoi ne pas aller après coup trou­ver les per­sonnes concer­nées, leur mon­trer la pho­to et la sup­pri­mer de la carte s’ils ne l’aiment pas ? Je fais déjà ça avec les por­traits de mes proches et du coup ils ne se lassent pas de me voir les prendre sous toutes les cou­tures car ils savent que je n’en gar­de­rai que très peu, les plus flatteuses..

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Lauren - Visions d'Ailleurs 2 juin 2016 - 15:32

Mer­ci pour cet article ! Comme toi, j’ai du mal à « voler » des por­traits, d’au­tant plus qu’en 3 secondes la pho­to est rare­ment esthé­tique et sera effa­cée plus tard. Je me sens tou­jours gênée lorsque j’ar­rive avec mon gros appa­reil pho­to, seule tou­riste au milieu d’un mar­ché local par exemple. Comme je ne peux pas me fondre dans la foule, j’ai plus de mal à prendre mon temps et pho­to­gra­phier les scènes de vie. Mais je vais suivre tes conseils à pré­sent, et ten­ter de fran­chir le pas 🙂

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freddides 2 juillet 2016 - 9:15

bon­jour,
Quelle super article, je souffre du même pro­blème, je n’ose pas ! Et cela me rend fou tant j’aime le por­trait spon­ta­né et la pho­to de rue.

Je reviens de 4 jours à Mar­ra­kech, et je n’ai pas un seul por­trait de Maro­cains, pour­tant il y avait de quoi faire. Mais cela a été très dif­fi­cile. J’ai eu l’im­pres­sion très vite que j’al­lais être obli­gé de payé la moindre pho­to au modèle ce qui casse tout le coté spon­ta­né de la chose...

Etes-vous déjà allé à Mar­ra­kech ? Est-ce les maro­cains qui ne se laissent pas for­ce­ment bien pho­to­gra­phier ? Bref je reviens de mon voyage un peu perplexe...

Dom­mage de n’a­voir pas vu votre article avant....

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yolandabegood 22 juillet 2016 - 16:10

Non mais je découvre ton blog, tes pho­tos sont extra­or­din­naires, je sais que tu le sais, mais il est bon que je te le rap­pelle Madame Oreille <3 JE SUIS FAN

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Christine 21 août 2016 - 19:45

Mer­ci pour tes conseils ! J’aime beau­coup les por­traits de Steve McCur­ry jus­te­ment et j’ai tou­jours vou­lu en faire, mais je n’ose jamais vrai­ment par­ler aux gens et deman­der la per­mis­sion. Je me concentre plu­tôt sur les pho­tos de rues où jus­te­ment comme tu dis, ça bri­se­rait le moment t’in­ter­pel­ler la per­sonne. Ce ne serait plus la même pho­to et après tout les scènes de rues se déroulent tel­le­ment vite. Je vais essayer de me moti­ver comme toi tu l’as fait. Tes pho­tos montrent que l’ef­fort en vaut la peine. Je t’a­voue que je trouve ça plus facile dans un pays où je ne connais pas la langue et c’est avec un regard et en mon­trant ma camé­ra que je com­prends si oui ou non je peux faire une pho­to. Petite ques­tion, je sais que l’au­to­ri­sa­tion ver­bal ne vaut pas autant qu’une signa­ture pour de futurs publi­ca­tions, mais je trouve ça étrange de faire signer un papier pour une pho­to. Ça doit pro­vo­quer des ques­tion­ne­ments au sujet aussi !?

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photospicy 14 novembre 2016 - 23:21

très beau par­tage sur le res­sen­ti et l’ap­proche dans la pho­to portait.

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guy 14 novembre 2016 - 23:23

très beau par­tage sur le res­sen­ti et l’ap­proche dans la pho­to portait.

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Idil Fortin 27 avril 2017 - 18:40

Quel bel article, si com­plet et illus­tré d’exemples ! C’est très dif­fi­cile pour moi de deman­der à prendre une pho­to... et en même temps j’a­voue que je n’ai jamais vrai­ment essayé. J’ai volé quelques pho­tos et je n’en suis pas fière, je me suis pro­mis récem­ment de ne plus le faire alors ton article tombe très bien ! Mer­ci à toi pour ces conseils très concrets ! Féli­ci­ta­tion, par ailleurs, pour ces si belles images ! C’est un plai­sir d’a­voir décou­vert ton blog !

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cédric barbier 20 septembre 2018 - 13:43

Je m’y retrouve aus­si dans votre texte. Je réa­lise en effet des por­traits vidéos de pari­siens ori­gi­naux. En tant que timide c’est pas facile, mais la camé­ra m’aide à décou­vrir de nou­velles per­sonnes, à ren­trer dans de nou­velles com­mu­nau­tés. bra­vo pour votre article, c’est com­plè­te­ment moi 🙂

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Patrice GIRAUD 18 janvier 2019 - 12:52

Je n’ai pas encore lu tout l’ar­ticle, mille excuses si ce point est déjà évoqué.
Pour mes por­traits de voyage, dans un pays dont je ne maî­trise pas la langue, je me faire écrire « S’il vous plaît, per­met­tez-vous que je vous prenne en pho­to ? » dans la langue locale. Je m’ap­proche de la per­sonne, la salue, lui sou­rit, et lui montre mon petit bout de papier. Elle le déchiffre alors, me sou­rit, et sou­vent me donne son accord. Bien sûr je lui montre ensuite les pho­tos prises à l’é­cran de mon appa­reil. Il peut m’ar­ri­ver de pas­ser une dizaine de minutes avec elle ou par­fois plus ...et de rater tous mes por­traits ! Mais quand je les retrouve cela m’é­voque une belle rencontre.

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Tiphanya 9 août 2019 - 13:10

À l’in­verse de Lau­ra, les mar­chés sont vrai­ment les pires endroits pour moi. J’ai peur de déran­ger du coup je ne prends aucune photo.
Ta réflexion est inté­res­sante, et effec­ti­ve­ment les rares fois où j’ai osé deman­der je n’ai eu que des réponses posi­tives. Mais je n’a­vais jamais pen­sé à l’ac­cord tacite, à me rendre très visible. J’ai donc l’im­pres­sion que de nom­breuses et nou­velles pho­tos m’attendent.

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Estelle 30 août 2019 - 6:00

MERCI pour cet article ! je suis tou­jours hési­tante à pho­to­gra­phier des per­sonnes que je ne connais pas et m’ar­rête au 1er refus, en res­sas­sant la « bonne » pho­to que j’au­rai pu prendre. j’aime beau­coup votre approche très res­pec­tueuse. je trouve votre idée d’im­pri­mer les pho­tos pour les per­sonnes juste géniale ! je vais cher­cher quel maté­riel me convien­drait le mieux. vous êtes tou­jours de bons conseils. je me suis lan­cé un chal­lenge 365 mais aucun por­trait « sur le vif » par manque de confiance [sou­vent je n’ose même pas deman­der, comme ça pas de refus ;-)]. comme j’aime les défis je m’en­gage à pos­ter un por­trait de rue lun­di sur mon blog en sui­vant vos conseils ! encore MERCI !

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vincent 14 janvier 2021 - 12:33

Super article, qui m’au­rait bien ser­vi il y a 4 ans lors de mon tour du monde. Je suis d’ac­cord le plus dur c’est d’o­sé la pre­mière fois. D’ailleurs c’est un exer­cice que je donne à mes élèves en for­ma­tion. Je suis pho­to­graphe et depuis je forme des par­ti­cu­lier à se ser­vir de leur reflex et un des exer­cices est de me rame­ner une pho­to d’un com­mer­çant dans sa bou­tique. Et pour com­pli­qué la chose et évi­té les nin­ja de la pho­to, elle doit être réa­li­sé au 50mm max mais je pré­fère le 24 ou 35.

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Guillaume FERNEZ 8 juin 2021 - 15:24

Bon­jour,
Super article, je ne revien­drais pas sur les détails inté­res­sants. Moi même, j’ai­me­rais me mettre au por­trait mais je n’ose pas... timi­di­té ? pudeur ? ou peur tout sim­ple­ment ! Je dois avouer que dès que l’on se docu­mente sur le droit à l’i­mage ça fait peur... Vous faites signer des auto­ri­sa­tions écrites à tous les gens dont vous tirer le por­trait ?! Si oui com­ment gar­der de la spon­ta­néi­té dans tout ça, si non ça veut dire qu’on prend le risque de se faire atta­quer ? Vu l’a­gres­si­vi­té qui monte (pan­dé­mie aidant je trouve) et le côté de plus en plus pro­cé­du­rier des gens en France, j’a­voue flip­per sur ce point.

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Matthieu 10 janvier 2022 - 11:48

Bon­jour,
Super article, cela reflète très bien mon par­cours de vie et de photographe.
Je suis intro­ver­ti de base et lorsque je suis par­tie voya­ger plus de deux ans en Amé­rique du Sud, je me suis pas­sion­né pour la pho­to de rue. Le por­trait de rue est arri­vé tout natu­rel­le­ment, pas évident au début d’al­ler deman­der à quel­qu’un si il est ok pour qu’on lui « tire le por­trait » mais je dois avouer que même si j’ai essuyé quelques refus jamais je n’ai eu de mau­vaise expérience.
Aujourd’­hui, je suis deve­nu pho­to­graphe pro­fes­sion­nel à Lyon et je gagne ma vie en pre­nant des por­traits professionnels.
Il y 5 ou 6 ans en arrière, je n’au­rai jamais ima­gi­né pou­voir être capable de la faire mais petit à petit l’oi­seau fait son nid 🙂

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