Je suis au Vietnam depuis mi-janvier. Après quelques jours autour de Hanoï (j’ai un billet d’avion aller Paris-Hanoï et retour Ho Chi Minh-Paris ; au moment où j’écris cet article, je suis dans le sud du pays, au soleil !), je suis partie pour Sapa, une ville du Nord qui sert de point de départ pour de nombreuses randonnées. Je vais commencer par quelques infos pratiques, pour les pressés, puis je passerai au récit.
Sapa : Infos Pratiques
Aller à Sapa
Aller à Sapa est simple et pénible à la fois. J’ai acheté mon billet de train dans une des nombreuses agences de Hanoï. La commission est minuscule et j’avais lu qu’il était difficile d’obtenir un ticket à la gare pour un touriste (je n’ai pas voulu vérifier cette info, je partais quelques heures après et trouvais plus simple de rester en centre-ville et d’avoir à traiter avec un anglophone).
Le train va jusqu’à Lào Cai. Il y en a plusieurs chaque soir, à différents horaires, et il s’agit en fait de wagons de compagnies différentes attachés les uns aux autres. De fait, il est assez compliqué de s’y retrouver. Personnellement, j’ai simplement demandé une couchette dans un compartiment à 4 (on étouffe un peu dans ceux à six, m’a-t-on dit), avec un matelas (oui, important le matelas), et c’était très bien (enfin, le groupe de vietnamiens d’à côté a écouté de la musique toute la nuit...)
Le train part de la deuxième gare de Hanoï, située juste derrière la première.
Pour le retour, l’agence m’avait donné un voucher qui ne m’inspirait pas franchement. Un bout de papier avec quelques instructions et un numéro de téléphone. Je devais retrouver un certain M. Minh une heure avant le départ de mon train... En fait, c’est relativement simple une fois qu’on connaît le système. Juste devant la gare, on trouve des mecs assis par terre avec des tickets dans les mains et des listes de noms. Faut juste trouver le bon, et échanger le voucher...
Pour aller de Lào Cai à Sapa, il faut grimper dans un des nombreux minibus qu’on trouve sur le parking, à quelques dizaines de mètres sur la gauche de la gare en sortant (suivez le flux de gens). Vous vous ferez aborder, et il faudra négocier. Pour l’aller, je n’ai pas réussi à descendre sous 100.000 dongs (et j’avais envie de partir vite, loin des chauffeurs de taxi). Pour le retour, j’ai obtenu 50.000 sans vraiment discuter.
Au retour, les minibus se prennent à côté de l’église de Sapa. Prévoyez de la marge, parce qu’il fera le tour de la ville pendant une heure ou deux jusqu’à être complet...
Trouver un hôtel
Je n’avais rien réservé et j’ai donc fait la tournée en arrivant, jusqu’à atterrir au Pinocchio, pour 10$. A ce prix-là, j’ai eu ma salle de bain, une jolie vue, mais pas de chauffage. Et, en janvier, c’est un peu dur, sans chauffage (dans une grande chambre sans isolation...). Ce n’est pas dramatique mais si j’avais su, j’aurais fait attention à ce petit détail. Cela étant, c’était encore pire dans les homestays où j’ai séjourné pendant mon trek : murs en bambou tressé et couvertures rigides dans lesquelles on ne peut pas vraiment s’emmitoufler. J’ai regretté d’avoir laissé mon duvet à Hanoï...
Où manger
Moquez-vous mais la veille de mon départ en trek, j’avais envie de manger chaud, un truc qui tienne au corps et ne soit pas vietnamien (je m’attendais à manger du riz matin, midi et soir, pendant trois jours). J’ai atterri au Delta (dans la rue principale), un restaurant italien absolument divin. Je voulais des pâtes. Je pensais me retrouver avec un truc moyen, un peu de sauce en boîte, et hop. Et non, c’était délicieux, avec des pâtes fraîches, du vrai parmesan, tout ce qu’il faut.
Du coup, pour ceux qui veulent prendre des forces avant d’aller marcher, c’est une très bonne adresse.
Sinon, on peut facilement acheter des fruits au marché (en janvier, il y avait des espèces de petites mandarines très sucrées un peu partout, parfait !)
Que faire à Sapa
Euh... Sapa n’a aucun charme. C’est un point de départ. On peut aller faire quelques micro marches autour de la ville, on peut grimper à la tour radio (montagne Ham Rong ; entrée 70.000 dongs), où il y a une jolie vue et des statues d’un goût douteux (rien de scabreux, c’est juste moche).
Partir en trek
Vous lirez un peu partout que Sapa est une usine à touristes. C’est vrai. Mais la plupart font des petites randos et, surtout, font tous les mêmes. Résultat, il est aisé de sortir des sentiers battus et de ne croiser personne. Ainsi, le premier jour, j’ai dépassé un groupe de canadiens puis croisé une vingtaine de gens en arrivant au restaurant où beaucoup mangent (sur mon itinéraire, nous devions pique-niquer, mais nous sommes parties tôt et avons marché vite, ma guide a donc profité du lieu avec des chaises et des toilettes !) et, enfin, il y avait trois personnes au même homestay que moi, ce soir-là. C’est tout. Sur une journée, c’est assez peu... Les jours suivants, ce fut le désert complet, mis à part les trois personnes qui faisaient à peu près le même trajet que moi et que je retrouvais le soir (ce qui n’est pas plus mal, parce que les soirées auraient pu être longues, sinon).
Bref, on peut choisir de s’intégrer dans un groupe, payer peu cher, partir à la journée, ou partir plus longtemps, en demandant d’autres choses. Tout est très modulable (surtout avec de l’argent) et c’est juste à vous de demander à ne pas faire les grosses routes.
Inconvénients : le harcèlement
Par contre, qui dit gros coin touristique, dit aussi inconvénients. Et, à Sapa, ce sont les femmes des minorités ethniques qui vous arrêtent dans la rue constamment, pour que vous achetiez des bibelots, des bracelets... « Buy someting from me » est la phrase que vous entendrez le plus souvent. Et il vaut mieux dire tout de suite non et les ignorer.
Mon trek à Sapa
L’idée du reportage
J’arrive à Sapa avec une idée en tête. Plutôt que de raconter une énième randonnée, ou de photographier les minorités ethniques, comme ils les appellent, je veux vous faire découvrir la région à travers des portraits d’écoliers. Certains marchent plus d’une heure tous les matins, et autant le soir. Pour ne rien vous cacher, je destine également ce sujet à un magazine.
Je me dis qu’en partant trois jours, je peux voir plusieurs écoles et montrer plusieurs facettes des montagnes. J’explique mon projet à l’Office du Tourisme, qui me présente un trajet idéal et me parle d’une agence sérieuse. J’insiste sur l’importance d’avoir un guide anglophone qui puisse faire la traduction. Il me répond que j’aurai quelqu’un issu des minorités, histoire de pouvoir parler dans les villages. Je paie. Cher.
Le lendemain matin, après avoir attendu ma guide quinze minutes, passé un long moment dans le bureau de l’agence, et regardé la guide faire des courses, nous partons enfin. Le trajet du début n’a franchement aucun intérêt : traverser la ville jusqu’à la sortie. Puis, on entame la montée par un petit chemin boueux et pentu.
Il est tôt quand nous passons devant une première école. A l’Office de Tourisme, on m’avait dit de partir tôt, justement pour pouvoir la voir. Mais la guide me dit qu’on aura mieux plus tard. Je lui fais confiance et on continue la marche. Je le comprendrai plus tard mais elle ne veut tout simplement pas aller là où il n’y a pas de prof d’anglais car elle ne parle pas vietnamien...
La guide qui ne parlait pas vietnamien
C’est en fait un vrai problème chez les minorités. Au début, je lui demandais s’il n’y avait pas de risque que sa langue s’éteigne, puisqu’elle n’était pas enseignée à école. Mais en réalité, c’est loin d’être le cas pour l’instant, c’est même clairement l’inverse, et ça soulève pas mal de questions quant à l’intégration des minorités.
Ma guide s’appelle Ming, elle est Hmong, la trentaine, elle a quatre enfants et n’a jamais quitté ses montagnes. Le plus loin qu’elle soit allée, c’est Lào Cai. Elle est adorable, parle très bien anglais, même si parfois je dois me concentrer pour saisir son accent qui mélange les « ch » et les « f », notamment. Elle a appris l’anglais sur le tas, avec les touristes. Mais jamais le vietnamien, et ça me semble totalement incompréhensible. Je sens que le sujet est sensible. Elle élude mes questions.
En fait, les ethnies n’ont jamais vraiment été intégrées, et restent très méprisées par le gouvernement vietnamien. Du coup, elles n’ont pas de désir de se mélanger et d’apprendre la langue officielle du pays. Parler anglais leur permet de gagner de l’argent, alors que parler vietnamien ne leur serait d’aucune utilité. Certaines ethnies peuvent se comprendre entre elles, d’autres pas du tout.
Ainsi, pendant trois jours, à chaque fois que nous avons mangé ou dormi quelque part, le lieu était tenu par des Hmongs...
Une fonctionnaire consciencieuse dans une dictature communiste
Après une première journée de marche et une nuit glaciale, nous nous rendons enfin dans une première école ; même si j’ai dû lourdement insister pour cela. L’idée était d’arriver pendant la récréation, d’expliquer aux professeurs le projet, puis de discuter avec plusieurs élèves (idéalement deux filles et deux garçons d’ages différents, expliquai-je) et, enfin, de faire quelques photos.
Ma guide n’arrive pas du tout à parler au premier professeur, qui surveille la cour. Elle me demande d’écrire en anglais ce que je veux faire, me disant qu’il comprendra à la lecture. Je trouve ça bizarre. C’est à cet instant que je comprends qu’elle ne parle pas vietnamien.
Une deuxième prof arrive, c’est celle qui enseigne l’anglais. Je lui explique, tout se passe bien, et quatre élèves se portent volontaires. Je leur pose plein de questions, la prof d’anglais et Ming font la traduction. Ils ont tous 12 ans et sont dans la même classe. Il y a Chang, l’introverti, qui n’habite pas très loin et aide ses parents avec les animaux quand il n’est pas à l’école. Il aime étudier mais n’est pas sûr que ses parents pourront lui payer des études. Il y a Gińh, qui marche 6km tous les matins avec ses frères et sœurs, qui aime lire, et voudrait devenir prof de littérature. Il y a Mắy, qui habite tellement loin qu’elle est interne et qui, tout comme Minh (le quatrième gamin), aime regarder la télévision, parce qu’ils n’en ont pas chez eux.
Tout se passe bien, je remplis mon petit carnet, et je commence à faire des photos. Ils ont du mal à se détendre mais je me dis que ça sera mieux quand ils seront dehors puis en cours. Et là, la prof d’anglais qui s’était absentée, revient. Elle me pose quelques questions, puis me demande d’arrêter de faire des photos parce que le directeur n’est pas d’accord. Je lui dis que je peux peut-être discuter avec lui, lui expliquer. Elle me répond qu’il vient de partir. Bref, je suis priée de tout arrêter net. Je vois la tête des gamins un peu déçus, et je ne comprends pas vraiment pourquoi on m’a laissée passer autant de temps avec eux si c’est pour finalement demander qu’on arrête tout.
Je me dis que dans une école française, ça serait encore pire, il faudrait attendre trois mois pour faire signer chaque parent mais ça n’a en fait rien à voir. En repartant, ma guide me dit que je n’aurais pas dû poser autant de questions, pas dû noter les noms des enfants non plus. Ça éveille les soupçons, et on n’aime pas les questions. Le directeur n’a probablement jamais été au courant, et la prof a flippé et préféré tout couper plutôt que de se faire mal voir par sa hiérarchie.
Corruption et mensonge
Les écoles n’étant pas ouvertes l’après-midi, il faudra que j’attende le lendemain matin pour en revoir une. Et ne gâchons pas le suspens : elle sera fermée, ce qui fera beaucoup rire ma guide, mais moi un peu moins.
Avant d’y aller, Ming me donne des conseils. Poser moins de questions, d’abord. Inventer les prénoms des enfants, mélanger les histoires de la veille avec les photos que l’on va prendre aujourd’hui. Je lui réplique que c’est quand même du mensonge, et que j’essaie de respecter une certaine éthique dans mon travail. Du coup, elle me suggère de glisser des billets aux profs. Je lui dis que c’est encore moins éthique, même si ça ne semble pas la choquer mais ça semble être, d’après elle, la seule solution. Je n’aurais même pas à répondre au dilemme, le sujet est tombé à l’eau.
Après un tel échec cuisant, j’ai retenu pas mal de choses, et notamment ce que j’aurais dû faire autrement pour que tout se passe, peut-être, mieux. Je réessayerai lors d’un prochain voyage !
23 commentaires
J’imagine ta déception, apparemment tu as été mal conseillée pour le coup non ? T’es-tu retournée vers l’agence ensuite ?
Honnêtement, j’avais juste envie de rentrer à Hanoï, retrouver la maison de ma sœur et mon lit chaud ! L’agence n’aurait pas pu faire grand chose, c’était trop tard...
Olala, dur...Tu as du être trop déçue. Bon, mais après tout c’est comme cela que l’on apprend...Cela fonctionnera sans doute une prochaine fois ! L’idée de reportage était vraiment sympa en tout cas, c’est dommage 🙁
C’est ce que j’essaie de me dire : retenir ce qui n’a pas fonctionné pour que ça ne se reproduise pas !
Ce qui fonctionne en France ou dans certains pays, ne peuvent pas fonctionner partout. En Asie, le fait de payer pour le silence est plutôt commun.
Après cette expérience va t’aider pour te calibrer pour le futur. Poser des questions est parfois mal vu. En Asie, les personnes vont te dire oui alors qu’en générale, ils ne veulent pas le faire donc prendre des pincettes lorsque l’on te promet mont et merveilles.
Et, oui, c’est toujours compliqué de faire un reportage « prévu », même à l’autre bout du monde.
Et on rapporte parfois un sujet bien différent de celui que l’on souhaitait...
Ici, l’histoire de ce loupé se lit avec plaisir.
Bonne continuation.
Quelle aventure!! J’imagine vraiment ta déception face à cette guide ! Déjà tu t’es pas mal débrouillée^^ j’aurais pas réussi à en faire le quart :p Comme tu dis, tu sais ce qu’il ne faudra pas faire la prochaine fois ! J’aime beaucoup les photos en tout cas et j’ai hâte de voir le reste du périple !
J’étais aussi passé par Sapa et on m’avait aussi dit que c’était l’usine à touriste. Mais comme tu le dis, en sortant des grands axes, on se retrouve vite tout seul d’autant que les gens ne partent généralement que pour 1 journée.
Par contre pour le reportage, pas cool...
Raté pas si inintéressant, vivement la suite 😉
je lirai quand j’aurai écrit le mien (suis à la bourre) histoire de comparer mais je sens qu’on va être proche en impression
Très bonne idée ton reportage. Après quelques essais similaires j’ai l’impression que la seule solution idéale est de passer du temps pour instaurer une relation de confiance (qqs jours).
C’est aussi compréhensible qu’ils aient peur d’avoir des ennuis, et comme tu le dis faire la même chose en France ne serait pas forcément plus aisé.
Photos top comme d’hab.
Je me suis posée la question, de si ça ne vaudrait pas la peine de revenir le lendemain, pour retenter le coup en rencontrant le directeur. En fait, il aurait fallu les contacter longtemps à l’avance, sauf que les écoles dans les montagnes n’ont pas vraiment de moyen de contact aisé...
On est à Sapa actuellement, et oh que je te comprend... Tu es partie avec l’agence des sisters par hasard ?
Nous avons opté pour un de ces treks sur 2 jours, on nous avait promis un groupe de 6... alors oui nous étions bien 6 dans notre groupe, mais c’était sans dire que nous allions marcher à la queue leu-leu avec 20 autres groupes... bref un sacré fail pour le coup !
C’est vraiment dommage pour ton reportage, mais cela ne m’étonne que à moitié... je pense effectivement que ça aurait pu se régler avec un billet, et c’est bien triste.
Je suis partie avec TravelMates et si je n’avais rien attendu de plus qu’un trek en solitaire, ça aurait été parfait. En soit, l’agence est plutôt sérieuse (faudra juste leur expliquer que si on ne donne que 33cl d’eau par jour, on ne peut pas dire « water included », mais c’est un problème récurrent partout) je la conseillerais sans problème à qui veut aller marcher là-bas.
Dommage pour le reportage :(. Enfin ce sont les aléas du voyage, j’imagine.
ahh mais quelle déception. Ca aurait fait un super reportage. Comme tu nous laisse un peu sur notre curiosité sur ta dernière phrase, que conseillerais-tu comme approche pour une prochaine fois ? J’ai toujours eu également cette curiosité d’en savoir plus sur le mode de vie des populations, mais j’ai justement peur d’être confrontée à ce type de réaction. Quelle serait l’approche idéale selon toi ?
Tant que je reste sur un échec, je ne vais pas me permettre de donner des conseils sur le sujet. Je vais attendre de réussir !
C’est vraiment dommage parce que cet angle me semblait vraiment intéressant à approfondir. Une autre fois j’espère...
L’apprentissage est dur !
Au lieu de noter tu aurais dû utiliser un tel portable avec une appli dictaphone (pas besoin de noter et ni vu ni connu bien planqué dans la poche)
Question langues, faut pas oublier que la France est une exception dans le monde en étant quasi mono langue (à coté de chez nous, regardez la Belgique, la Suisse ou l’Espagne). Ne pas oublier aussi que le vietnam n’est un pays que depuis 1975 car c’est la réunion de la Cochinchine, de l’Anam et du Tonkin avec des langues différentes + des ethnies avec chacunes leur langue. Deplus plusieurs ethnies des montagnes étaient dans le camps Français/US durant la guerre du vietnam et à la fin ont parfois continué a faire la guerrilla ce qui n’aide pas à l’aculturation...
Incroyable, pourtant ça ne m’étonne pas ! Je suis allée à Sapa il y a 2 ans, et je reconnais bien toutes les choses que tu dis ! Dommage... l’idée était très bonne, mais du coup, ce sera pour une prochaine fois !
Sapa, le train de nuit, les minibus, les femmes des minorités ethniques, les « Buy someting from me », ou « You buy from me, I follow you, ok ? » ça me parle bien 🙂 C’est vrai qu’elles sont agaçantes au début. Mais, si tu les regardent et que tu leur parles, elles sont vraiment très sympas et je les ai trouvées sincères, beaucoup plus que beaucoup de vietnamiens qui s’arrêtent net de sourire dès qu’ils ont empoché leurs biftons.
Alors, certes, elles ont fait le pied de grue jour et nuit devant notre hôtel, et on leur a acheté des bracelets à 3 centimes pour toute une vie. Mais finalement, vu qu’y’à rien d’autre à faire à Sapa que ça ou un massage... Autant taper la discute avec elles. Elles dorment dans la rue, elles habitent trop loin pour pouvoir rentrer chez elle chaque soir. Elles ont un rythme du style 3 semaines en ville, 1 semaine chez elles.
On a pris une guide Hmong pour un trek, très sympa et qui parvenait à faire des études malgré tout. Elle n’avait qu’une idée en tête, ficher le camp de là. Je n’ai pas très bien compris sur le coup.
Puis on a rencontré un Américain à Hanoï, marié à une Hmong noire. Il nous a expliqué qu’ils étaient complètement discriminés, et le mot est faible. Ils n’ont le droit de rien faire, même pas d’ouvrir un b&b. Ils sont obligés, pour tout, de passer par un Vietnamien qui, vous vous en doutez, raffle un max au passage. En gros, on les condamne à rester dans une pauvreté extrême, dans des conditions sanitaires dégueulasses ; il ne leur reste qu’à faire la manche en ville auprès des touristes en vendant des babioles. Ils sont traités comme des animaux.
De l’autre côté des montagnes en Thaïlande, ça n’a pas l’air bien différent, vu qu’ils les expulsent au Laos... qui, lui, interdit tout contact avec ces populations et toute aide alimentaire et médicale. Certains parlent même de génocide...
Ça m’a franchement laissé un goût amer. J’étais même dégoûtée en repartant, pour te dire la vérité.
Apprenant tout cela, malheureusement après coup, j’ai voulu envoyé de l’argent à la petite guide de 19 ans qui se battait pour dégager de là. Mais bien sûr, je n’avais pas pris son adresse (reçoivent-ils même du courrier ?). J’ai donné une fausse raison au contact vietnamien que j’avais pour avoir des nouvelles, mais il ne m’a jamais répondu. Comme par hasard...
Pour ton sujet, j’imagine que ce contexte n’aide pas quant à la corruption, à l’ouverture et aux étrangers photographes qui viennent poser plein de questions...
Bon visiblement j’ai plein de trucs à en dire, faudra que j’en fasse un article... moins léger que d’habitude.
Oui, il y a plein de subtilités sur un sujet très complexe... Il mériterait une vraie enquête et un article complet !
Bravo pour ton idée de reportage, c’est quand même super intéressant d’avoir pu lire cette expérience « ratée » !! Et puis ce n’est pas grave, cela ta permis de voir comment faire mieux la prochaine fois. En tous cas, tes photos sont magnifiques !!