Projet pour 2016 : Retour au Groenland, une aventure familiale !

C’est un pro­jet qui me trot­tait dans la tête depuis long­temps. C’est cette idée que vous avez dans un coin, et à laquelle votre cer­veau répond tou­jours « oui, un jour ».

J’ai déci­dé que ce serait cette année : cet été, je me lance dans un pro­jet peut-être un peu fou, mais ô com­bien motivant !

Avant de ren­trer dans les détails, je vous laisse décou­vrir le pro­jet avec un petit tea­ser en vidéo :

En 1980, mon père s’est ren­du au Groen­land. Il m’a sou­vent par­lé de ce voyage qui l’a énor­mé­ment mar­qué, entre gla­ciers, grandes éten­dues, et ice­bergs. Cet été, nous y retour­nons, ensemble, et j’emmène ma fille. Nous retour­ne­rons sur les traces de son voyage. Il expli­que­ra à sa petite-fille ce qui a chan­gé, outre le nom des villes (tout était en danois, à l’é­poque), et je fil­me­rai notre aven­ture. Une réflexion sur la trans­mis­sion, un film intime, une aven­ture transgénérationnelle.

1980, Groenland

[column size=1/3] [/column]A l’époque, les villes portent des noms danois. Mon père (c’est lui sur la pho­to, à gauche), pas­sion­né de ran­don­née, de spé­léo, de nature et de pho­to­gra­phie, explore prin­ci­pa­le­ment la baie de Dis­ko. Il mitraille les grandes éten­dues, campe à proxi­mi­té des ice­bergs en espé­rant les entendre se retour­ner (mais pas trop près, un ice­berg qui se retourne pro­voque une sacrée vague !).
Je ne sais pas com­bien de fois il a pu me par­ler de ce voyage mais une chose est sûre : il l’a mar­qué. Il a gar­dé, bien sûr, pré­cieu­se­ment, ses dia­pos de l’é­poque, tout comme les cartes et docu­ments divers. Ils ont ce charme vin­tage, char­gés d’his­toire et d’a­nec­dotes. Ain­si, à l’é­poque, le nom était ins­crit à la main sur les billets d’a­vion, et l’un d’eux ne porte même pas le nom de mon père : il l’a­vait échan­gé sur place avec une autre fran­çaise, pour pro­lon­ger son voyage alors qu’elle vou­lait ren­trer plus tôt. Une autre époque !

2016, Retour au Groenland

Depuis, Jakob­shavn est deve­nu Ilu­lis­sat, Søndre Strømf­jord est deve­nu Kan­ger­lus­suaq et God­havn s’est trans­for­mé en Qeqer­tar­suaq. Google Maps laisse devi­ner que les villes ont gran­di, les héli­ports fait place à des pistes d’at­ter­ris­sage pour avions.

J’ai envie d’al­ler mettre des images sur les mots de mon père, de com­pa­rer ses dia­pos à la réa­li­té d’au­jourd’­hui. Et j’ai envie de le fil­mer, lui, retour­nant sur ses propres pas, 36 ans plus tard. Nous par­ti­rons donc en sui­vant son iti­né­raire de l’é­poque, for­cé­ment adap­té à la réa­li­té d’un voyage aujourd’­hui, plus facile qu’à l’époque.

Je vou­drais que le pro­jet existe sous trois formes : celle des articles sur ce blog, bien sûr, celle du film (que j’ai­me­rais pou­voir dif­fu­ser ensuite en fes­ti­vals), et celle du web­do­cu­men­taire en « scrol­li­tel­ling ». Ce der­nier sup­port se prê­te­rait très bien à une his­toire racon­tée à tra­vers plu­sieurs formes, pas­sant du texte à la vidéo, en agré­men­tant le tout de cartes et de beau­coup d’i­mages. Ce que je fais déjà un peu ici, dans mes car­nets, mais en plus pous­sé, avec une page tota­le­ment dédiée au projet.

Une aventure familiale

Parce que c’est avant tout une his­toire de famille, j’emmène ma fille avec nous. Elle aura presque 2 ans, l’âge idéal pour com­men­cer le cam­ping. Sa géné­ra­tion n’au­ra peut-être pas la chance de voir beau­coup de gla­ciers et d’i­ce­bergs. Ce sera un pro­jet trans­gé­né­ra­tion­nel. Ce qui m’in­té­resse, c’est de fil­mer leurs réac­tions res­pec­tives et leurs échanges.

Un film intime

Qui dit aven­ture fami­liale dit ambiance intime. C’est un par­ti pris qui me per­met­tra un dis­cours per­son­nel mais per­met­tra aus­si de valo­ri­ser la parole de mon père. Ce n’est pas avec n’im­porte qui que je suis au Groen­land. Ma proxi­mi­té avec lui me per­met­tra d’a­voir des réac­tions sin­cères, de m’af­fran­chir de la gène que pour­rait pro­vo­quer le fait d’être fil­mé par des inconnus.
Sans grosse équipe de tour­nage et avec un maté­riel qui sera volon­tai­re­ment mini­ma­liste, nous pour­rons à la fois aisé­ment ran­don­ner, mais aus­si aller plus faci­le­ment à la ren­contre des familles locales, connaître leur regard sur les chan­ge­ments qui ont eu lieu depuis 1980.

Un film sur la transmission

Je suis cer­tai­ne­ment influen­cée par 5 années d’é­tudes appro­fon­dies des film de Chris Mar­ker, mais la trans­mis­sion sera le sujet cen­tral du film : celle de la mémoire, et celle de la pla­nète. C’est l’his­toire d’un homme qui par­tage ses sou­ve­nirs avec sa fille, et qui se demande quel monde il va lais­ser à sa petite-fille. Mais ce n’est pas un film pes­si­miste, au contraire : c’est une aven­ture humaine ponc­tuée de scènes de vie, de moments d’échanges.

Note du papa de la « petite-fille » : Le tout n’est pas de savoir quel monde on laisse à notre enfant mais quel enfant on offre à notre monde.

Quelques photos prises par mon père en 1980

Place à la préparation !

Les mois qui viennent s’an­noncent studieux.
Ce pro­jet va deman­der beau­coup de tra­vail en amont, bien plus que je n’en fais d’ha­bi­tude. Écrire le film, d’a­bord, car il ne s’a­git pas d’im­pro­vi­ser sur place mais de pré­voir ce que j’ai envie de dire, com­ment. Puis, toute la logis­tique qui va autour du voyage (équi­pe­ment, orga­ni­sa­tion...), pour ne rien lais­ser au hasard et pou­voir véri­ta­ble­ment retra­cer l’i­ti­né­raire de mon père sur place. Bref, je rêve déjà d’icebergs !