Après le résumé en iPhonographie, place aux « vraies » photos et à un récit plus complet !
Nous arrivons à Å de nuit. Depuis le ferry, nous ne distinguons que vaguement les montagnes. Un chauffeur de taxi nous attend à l’embarcadère de Moskenes. Je sais déjà que cela va nous coûter un bras mais il est n’est pas loin d’une heure du matin, tout est sous la neige et il n’y a plus de bus depuis longtemps.
La voiture file sur la petite route qui traverse l’île. Nous sommes collés aux vitres. Il est toujours frustrant d’arriver de nuit, sans rien voir des paysages. Mais quelle magie lorsqu’on a la surprise, le matin, de découvrir enfin les montagnes que nous devinions.
Nous nous levons avant le soleil. Notre rorbu est face à la mer, plein Est, parfait pour admirer le début du jour.
Et avant de vous emmener visiter les alentours, il faut que je vous fasse visiter notre rorbu, justement. Un rorbu, c’est donc cette petite cabane sur pilotis, généralement rouge. Nombre d’entre elles ont été retapées (certaines datent du XVIIIè siècle) pour accueillir des touristes, et c’est un hébergement typique des Lofoten. C’est bien sûr très cher (on est en Norvège, quand même : le SMIC est à 1800€net, tout s’aligne). Pour autant, non seulement il y a des réductions en hiver, mais en plus ça peut vite devenir intéressant : on loue la maison entière, et nombre d’entre elles sont équipées pour recevoir une dizaine de personne. De plus, qui dit maison entière dit salle de bain privative mais surtout cuisine, et donc grosse économie (en même temps, nous n’aurions pas vraiment eu le choix, vu que les restaurants restent fermés en basse saison...).
Les rorbuer (pluriel de « rorbu ») sous tous les angles...
Cliquez pour voir les photos en grand
Petite visite guidée du rorbu que nous avions : Å Hamna Rorbuer
Une pièce à vivre avec salon, salle à manger et vraie cuisine, une salle de bain, une entrée, une chambre avec un lit double, une deuxième chambre avec deux lits superposés et la possibilité de grimper à l’échelle pour dormir sur les matelas placés à l’étage : on loge à sept ou huit dans ce rorbu !
Non seulement c’est plus grand que notre appart, mais en plus ça a un charme fou. Rentrer au chaud, dans sa cabane norvégienne, et se faire des soupes en écoutant les mouettes... Seuls dans cette ville presque fantôme...
Å, c’est le bout du monde. Bon, pas vraiment, mais presque. C’est la dernière ville des Lofoten, tout au sud, et en hiver, c’est quasi vide, de voyageurs comme d’habitants. Décrire l’ambiance est impossible. Il faut imaginer cette lumière dorée et ce soleil rasant toute la journée, la neige que nous sommes les premiers à piétiner, les montagnes qui nous encerclent, le silence assourdissant.
C’est ce silence qui m’a le plus marquée je crois. Une chose que je n’avais jamais ressentie, jamais expérimentée. Tant que nous restons proches de la mer, il y a toujours le clapotis des vagues, le cri des mouettes. Mais dès qu’on s’éloigne, il n’y a plus un son. Vraiment, le silence absolu. Il faut s’arrêter au milieu d’un lac gelé, réaliser que les montagnes qui nous encerclent devraient amplifier le moindre bruissement, et pourtant, tendre l’oreille, bloquer sa respiration et ne rien entendre. Rien !
Randonnée en raquettes autour du lac de Å : Ågvatnet (comptez un bon après-midi entier pour faire la dizaine de kilomètres)
Pourtant, dans la neige, on repère les pas de quelques mammifères, ou les skis de promeneurs passés avant nous, mais non : pas un bruit.
Randonnée depuis Sørvågen jusqu’au lac de Trolldalsvatnet (environ 18km, avortée faute de chemin praticable pour monter sur les sommets)
Il faut aussi que je vous parle de morue. Le cabillaud, c’est l’activité locale dans les Lofoten et, en février, ils commencent à remplir les étendoirs. Ainsi, partout, on voit et on sent des poissons morts en train de sécher. Et, selon les villes, on verra plutôt des corps ou plutôt des têtes. Ainsi, à Å, ils étendaient les corps et laissaient les têtes dans des bacs. A Reine, la ville où nous avons séjourné pour la deuxième moitié de cette semaine dans les Lofoten, ils sortaient les têtes des bacs pour les faire sécher, en grappes.
Les morues séchées de Å et de Reine
Est-ce que ça sent ? Bah oui, c’est quand même du poisson mort. Mais c’est pas forcément choquant, et on s’y fait vite !
25 commentaires
Super photos (par contre quand on clique dessus il n’y en a toujours qu’une seule qui s’affiche en grand parmis les 2÷3÷4÷5 qu’on voit en petit)
C’est un diaporama, il suffit d’utiliser les petites flèches pour faire défiler les photos
Pour infos, le salaire moyen norvégien tourne plutôt autour de 5200€ 😉 http://www.journaldunet.com/economie/salaire/pays/norvege.shtml
L’article parle de SMIC et non de salaire moyen, il me semble...
C’est toute la nuance entre médian et moyen (qu’on mélange souvent, c’est vrai). D’après le même site, le salaire moyen en France est de 2572, alors que 50% des français gagnent moins de 1500€... Du coup, il doit quand même y avoir une partie de la population qui rame un peu, même si c’est plus choquant pour un français en voyage, bien sûr.
Non mais oui en effet, je me suis rendu compte après que mon commentaire était erroné, au niveau différence salaire minimum et salaire moyen, my bad ! 😉
superbes photos comme d’hab !
ça donne envie !!
Hmmm ça me donne envie d’y retourner ! J’avais moi aussi été agréablement surpris par cette alternance entre silence absolu et cri des mouettes/clapotis des vagues, le tout agrémenté de l’odeur d’iode et de poisson séché.
Merci pour le partage ! 🙂
Miam les têtes de poissons.
Les photos sont magnifiques. Comme f’hab.
La cabane est bien ce petit nid douillet qui nous protège du froid 🙂
Et cette solitude assourdissante... qui ne l’a pas expérimenté un jour, au coeur de l’hiver en campagne. Ici, au milieu des montages norvégiennes, cela devait prendre une toute autre dimension.
Ah que je t’envie 🙂
Bravo pour cet article ô combien dépaysant.
Ca donne envie de partir s’isoler en Norvège !
Les photos sont splendides... Mon moment d’émotion et d’évasion de ma journée... 1000 merci. 🙂
Ah les Lofoten ! Ça fait longtemps que j’y pense. Quelle lumière incroyable, et ce soleil...
Ah c’est tentant ! J’ai juste très peur du froid 😉
moment poésie pour clore ma journée de bureau, merci les voyageurs 🙂
Du coup vous avez mangé du cabillaud à chaque repas ? 😀
Hé bien figure toi que c’est super difficile d’en acheter en hiver : tous les magasins sont fermés, et les quelques épiceries qu’on a trouvées ne vendaient que du poisson pané surgelé 😀
Ayant vu le dernier épisode d’Echappées Belles en Norvège, pas très loin de là ou vous étiez, je comprends mieux ce que vous avez ressenti.
Cette atmosphère magique et un régal pour les photographes comme toi, avec cette lumière « bonne » tout le temps !!
Pour les intéressés et pour mieux vivre le voyage, le replay : http://t.co/y1eFrx1b16
Récit et photos magnifiques... ça donne très envie d’y aller !!
On pourrait avoir les Exif ou plus de détails (sur les objectifs utilisés, la post-prod, etc.) ? 🙂
A quelques exceptions près, elles sont toutes prises au Canon 16 – 35, en raw, mais le plus important c’est la lumière qu’il y a là-bas !
Ces photos, on dirait du HDR, c’est magnifique ; Bravo !
splendide ! et quelle netteté dans tes photos...wow !
Superbes images et récit, comme toujours !
Vivement que je prenne le temps de faire de même...
Bravo pour cet article ! Cela est dépaysant pour quelqu’un qui ne va pas voyager cet été...
Tes photos sont superbes, et tes écrits envoûtants.
Merci beaucoup de nous faire voyager !
Hello,
Tu parles dans ton article, qu’à cette période (Novembre si j’ai bien compris?!) il est facile d’avoir une ristourne.
Tu saurais me dire à combien s’élevait la nuit dans les cabanes à Reine par ex ?
J’y voyage le mois prochain..
Autrement, je me demandais si il valait la peine de réserver en avance en cette période creuse ou aller directement sur place demander une chambre c’est jouable ?
Merci de ton retour.
A bientôt